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Chili : « Le sang coule, où est la communauté internationale ? appel grève générale

par bastamag et revol permanente

Publie le mercredi 23 octobre 2019 par bastamag et revol permanente - Open-Publishing
3 commentaires

https://www.bastamag.net/Chili-manifestation-repression-morts-violences-sexuelles-armee-Pinera-Pinochet

Chili : « Le sang coule, où est la communauté internationale ? »

par Pierre Lebret 23 octobre 2019

Plus de 18 morts, 2000 arrestations, des abus sexuels commis lors des détentions arbitraires. Face à un mouvement social inédit contre un système néolibéral, le gouvernement a donné l’ordre aux forces armées d’assurer un couvre-feu. Une situation intolérable dénoncée par le politologue Pierre Lebret.

La question que nous pouvons nous poser aujourd’hui c’est où se trouve la communauté internationale ? Devons-nous continuer à observer les images des chars de l’armée chilienne défiler à Santiago et contre son propre peuple ?

Les violences de l’armée continuent, l’Institut national des droits humains du Chili émet un bilan lourd : plus de 18 morts, 2000 arrestations, des abus sexuels ont également été commis lors des détentions arbitraires, et ce n’est que la version officielle. Cette situation est inacceptable, intolérable, dans ce pays qui doit recevoir dans quelques semaines les sommets de l’APEC [1] et la COP25 [2].

« Le peuple chilien se réapproprie le mot "dignité" »

Qu’attend la communauté internationale pour condamner cet État chilien qui viole la Convention de Genève en portant atteinte à la société civile. Nous avons écouté au sein de l’Assemblée nationale française les propos du Ministre Jean-Yves Le Drian, il exprime ses regrets tout en réaffirmant que le Chili est une démocratie. Nous attendons de la diplomatie des actes. La France peut exiger, pour l’apaisement de la situation, un retrait immédiat de l’armée au Chili. Les regrets ne suffisent pas. Jusqu’où peut aller un président au nom de la démocratie ?

Le peuple chilien se réapproprie le mot « dignité », il prend en main une transition démocratique inachevée il y a 30 ans, dans un pays où la Constitution est toujours issue de la dictature Pinochet. Le dialogue que propose le Président Piñera ne peut s’établir que si l’armée revient dans ses casernes et si tous les acteurs politiques et forces vives – mouvements sociaux, syndicats – de la nation sud-américaine sont invités à la table des négociations.


« Les chiliens manifestent contre un système néolibéral qui reproduit les inégalités à tous les niveaux de la société »

Les mesures proposées - mardi 22 octobre – par le gouvernement ne changent en aucun cas la situation actuelle, les chiliens ne manifestent pas seulement contre la vie chère, mais contre un système néolibéral qui reproduit les inégalités à tous les niveaux de la société et dont les élites se sont enrichies : 1% des plus riches y détient 26,5% du PIB ! [3] La tension est élevée du Nord au Sud de cette terre de poètes, l’espoir est là aussi, il faut que les élites cessent de résister à ce peuple en soif d’égalité, c’est un moment historique.

L’Etat doit reprendre en main l’éducation, la santé, les secteurs stratégiques comme l’eau et l’électricité pour un contrôle des prix et le rétablissement des droits sociaux. Pour cela il faut un nouveau gouvernement capable d’articuler politiquement cette sortie de crise. Il faut également une réforme fiscale de grande ampleur dans un pays où le taux d’imposition est un des plus bas de l’OCDE. Le modèle des chicago-boys et du néolibéralisme n’est plus, le temps d’un nouveau pacte sociétal est arrivé. La justice sociale et environnementale sont liés indissolublement et doivent être la base de tout système économique.

Pierre Lebret, spécialiste de l’Amérique Latine et des Caraïbes [4]

Notes

[1] La Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (APEC, Asia-Pacific Economic Cooperation) est un forum économique intergouvernemental.

[2] La COP25 est la 25e conférence des Nations Unies sur le changement climatique.

[3] Donnée issue de la Commission économique pour l’Amérique Latine et les Caraïbes des Nations Unie. Ces données sont précisées dans un précédent article de Pierre Lebret sur son blog. Selon une enquête de la Banque Centrale du pays, un ménage chilien consacre plus de 30% - en moyenne - de son revenu mensuel au paiement de ses dettes. C’est une vie à crédit.

[4] Pierre Lebret est actuellement consultant international en matière de coopération pour le développement. Politologue de l’Université Diego Portales (Chili), après avoir effectué un Master à la Sorbonne Nouvelle Paris III (Institut des Hautes Etudes de l’Amérique Latine), il a travaillé à la Commission économique pour l’Amérique Latine et les Caraïbes des Nations Unies, il fut également conseiller stratégique pour le gouvernement chilien en matière de coopération internationale, et représentant de ce pays auprès de l’Alliance du Pacifique et la Communauté des Etats Latino-Américains et Caribéens (CELAC). Les processus d’intégration régionale, la lutte contre le changement climatique, le développement rural et l’égalité des genres sont ses domaines d’action.

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https://www.revolutionpermanente.fr/Chili-Greve-generale-ce-mercredi-a-l-appel-des-syndicats-organisations-etudiantes-et-sociales

22.10.2019

Chili. Grève générale ce mercredi à l’appel des syndicats, organisations étudiantes et sociales

La mobilisation pour ce mercredi et ce jeudi a été confirmée lors d’une conférence de presse par les principaux syndicats, la fédération universitaire et la coordination contre le système de retraites privées.

Les organisations de travailleurs, étudiantes et sociales ont tenu une conférence de presse ce mardi pour convoquer une grève générale ce mercredi et ce jeudi.

A cette conférence initiée par le Colectivo Unidad Social, ont participé des organisations telles que la Central Unitaria de Trabajadores (CUT) [la principale centrale syndicale du pays], l’Unión Portuaria de Chile [principal syndicat des dockers], CONFUSAM [syndicat de travailleurs de la santé], le Colegio de Profesores [syndicat de professeurs], la Federación de Trabajadores del Cobre (FTC) [syndicat du cuivre], la Confederación de Estudiantes de Chile [Confech, principale organisation étudiante au Chili], Coordinadora de Trabajadores NO+AFP [la coordination des travailleurs contre le système de retraite privée] et encore d’autres.

Le document lu devant le public appelle à la grève avec mobilisation ce mercredi avec des marches qui partiront de la Plaza Italia [place centrale et point de convergence routier] au cœur de Santiago du Chili et d’autres lieux de mobilisation dans chacune des régions du pays.

Jeudi, la mobilisation se déroulera sous forme de rassemblements et d’assemblées.

Les revendications sont les suivantes :

1) Abrogation immédiate de l’état d’urgence et retour des militaires dans les casernes

2) Que les parlementaires effectuent une grève législative et que, tant que l’état d’urgence se poursuit, aucun projet de loi ne soit examiné.

3) Le retrait des projets de loi qui touchent le peuple chilien : pensions de retraite [le système de retraite chilien est basé sur une gestion privée des fonds de pension], réforme fiscale, le TTP 11 [traité transpacifique approuvé par l’assemblée nationale le 19 avril 2019, il offre plus de protections aux multinationales, il restreint le champ d’action des politiques publiques et affecte les droits sociaux], etc.

4) Mise en œuvre d’un ensemble de mesures d’urgence

5) Assemblée nationale constituante pour élaborer en particulier un nouveau cadre structurel et ouvrir la voie à un nouveau modèle de développement national qui mette fin au modèle néolibéral actuel.

6) Nous rejetons les déclarations de Piñera selon lesquelles « il est en guerre » contre le peuple chilien. Nous exigeons sa démission.

https://www.facebook.com/ColegiodeProfesoresChile/videos/387281082181766/

Les mineurs de cuivre rejoignent la lutte

Cet appel intervient après plusieurs jours de répression policière et militaire brutale, avec des centaines de blessés et d’arrestations, et au moins une douzaine de morts dans le cadre des opérations des carabiniers.

Lundi, l’appel à la grève générale initié par les dockers a eu un fort écho, et ces derniers ont paralysé les 20 ports les plus importants du pays.

De leur côté, les travailleurs de la mine de cuivre de La Escondida, la plus importante au monde, se sont joints à l’appel contre la répression gouvernementale et les abus des entreprises.

« Notre organisation syndicale n’acceptera pas d’abus ou de répression de la part des patrons ou de leur gouvernement, encore moins lorsque la répression touche y compris les enfants des travailleurs qui manifestent contre un système injuste qui a été imposé par ceux qui gouvernent actuellement. » C’est ce qu’affirment dans leur communiqué officiel les travailleurs du Sindicato N°1 de la mine Escondida.

Le communiqué publié par ce syndicat signale également : « Nous appelons tous les travailleurs des mines de notre pays à manifester pour protester contre la répression exercée contre le peuple et les abus patronaux. »

https://www.facebook.com/Laizquierdadiariochile/videos/526637921453265/

Echec de la politique de Piñera

Pour sa part, la politique d’unité tentée par Piñera avec toute l’opposition a échoué ce mardi. Le Parti socialiste (PS) et le Parti communiste (PC) n’ont pas participé à la réunion étendue par le Secrétaire de la Présidence Gonzalo Blumel à tous les partis politiques de l’"Opposition" - dont le Frente Amplio. L’objectif de ces réunions était de mettre fin aux manifestations massives qui ont éclaté contre l’état d’urgence et le couvre-feu au niveau national.

Dans le cas du PS, un communiqué a été publié expliquant leur absence dans cette réunion, alors que, pour le PC, son président, le député Guillermo Teillier a indiqué qu’il n’avait reçu l’invitation du ministre Blumel que vers 10 heures aujourd’hui, mais que, dans tous les cas, il se dissociait de cette réunion, compte tenu du contexte de répression.

« Curieusement, aujourd’hui à 10 heures, nous avons reçu une invitation du gouvernement et j’ai également reçu un appel du ministre Blumel qui m’a invité », a déclaré le député, ajoutant que « les mouvements sociaux ne sont pas entendus et on préfère faire ce genre de de réunion à La Moneda [le palais présidentiel] (...) sans savoir s’il y aura des définitions claires et précises », selon le media Radio Bio Bio.
Le Frente Amplio à la croisée des chemins face à la militarisation et à la répression

Dans le cas du Frente Amplio (FA) [coalition de partis et mouvements de gauche], il existe des divisions importantes en son sein. Selon le media "El Desconcierto", les partis Revolución Democrática (RD), Comunes y Convergencia Social (CS), considéraient encore quelques heures avant la possibilité de participer à cette réunion avec le président Piñera. Finalement, étant donné que le gouvernement a maintenu sa ligne répressive avec l’état d’urgence et les couvre-feux, il a été décidé qu’aucune des composantes de la coalition ne participe à la réunion.

Non au pacte social avec le gouvernement assassin et antidémocratique

Pour autant, il reste inacceptable de penser s’asseoir avec un gouvernement responsable de plus de 15 personnes tuées au niveau national, et qui reste réticent à mettre fin à sa ligne répressive et criminelle face à la protestation sociale, où militaires et policiers ont attaqué en permanence et parfois violé les dizaines de milliers de personnes qui crient haut et fort : “que se vayan los pacos y milicos de las calles” [« Flics et militaires dégagez des rues ! »].

Les dockers lundi, mais aussi les mineurs ont fait une petite démonstration : avec les mobilisations et la paralysie des ports et de l’activité minière, la grève est la modalité d’action qui peut faire tomber réellement non seulement l’état d’urgence et la répression, mais aussi le gouvernement de Piñera et tout ce régime pourrissant.

Portfolio

Messages

  • Quand Edouard Philippe répond Vénézuela à LFI, LFI peut répliquer Chili. Et le Chili ne bénéficie pas de l’embargo américain !!

  • Tout à fait en accord avec vous . Même Amnesty Internationale , l’OEA : les pays membres du groupe de Lima, se taisent sur le Chili . Par contre comme l’explique très bien Romain Migus sur sa page Facebook où il a invité Maurice Lemoine rien n’est dit sur les tentatives de coup d’Etat en Bolivie a contrario de la presse mainstream et de l’OEA .J’attends que Bellacciao fasse aussi un papier pour détailler à ses lecteurs dont je suis les tentatives de déstabilisation du gouvernement Evo Morales élu légitimement et que la droite et extrême droite locale ne veut pas reconnaître ainsi que l’OEA ,idem les Etats UNIS et l’UE qui donnent un écho favorable à la fraude rapportée dans les médias locaux et la presse mainstream occidentale . Le Peuple bolivien va vivre les mêmes tourments ( guarrimbas , violences , blocus économique et financier ...) que le Vénézuela et Nicaragua naguère et aujourd’hui

    • ANALYSE DE LA SITUATION AU CHILI

      23 OCT 2019

      Romain Migus

      Emilia Tijoux, sociologue, professeure à l’Université du Chili, analyse avec nous en français le mouvement social actuel au Chili, la répression, et le futur politique du pays.

      La sociologue chilienne insiste sur la nécessité de la solidarité internationale, alors fait un geste, et partage cette vidéo dans tes réseaux

      https://www.youtube.com/watch?v=PWgt2R_7n5w

      Merdias et journaleux, instrument de propagande et non "organe d’informations"

      18000 exécutions au Venezuela : le journal Le Monde a menti

      •Sortie le 22 oct. 2019

      Romain Migus

      Le journal Le Monde a publié, le 4 octobre 2019, un article mensonger sur un massacre organisé par l’Etat vénézuélien. Dans la vidéo suivante, Maurice Lemoine (journaliste), Pablo Fernandez (Conseil Général de la Police du Venezuela) et Romain Migus reviennent sur cette fake news en démontant, preuves à l’appui, la propagande mensongère des médias mainstream.

      Nous comptons sur vous pour diffuser cette vidéo au maximum car il en va de notre droit à être informé et de ne pas être considéré comme des cibles d’opérations psychologiques.

      https://www.youtube.com/watch?v=vtOsruVUkU8