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Fin des prospectus : les c…, ça ose décidément tout !

par Michel B.

Publie le mardi 28 juillet 2020 par Michel B. - Open-Publishing
5 commentaires

Nouvelle lubie en date de l’écolo-bobo parisien : haro sur les prospectus ! C’est inesthétique, polluant et tellement… province, ou pire, banlieue ! Oui, mais non. Une fois de plus, l’écologie punitive à bon compte tape sur la France qui se lève tôt avec une belle pétition de principes à cent lieues de la réalité quotidienne de nombreux français. Le prospectus, c’est l’un des derniers outils du pouvoir d’achat populaire, un de ceux qui résistent encore au matraquage de la bien-pensance écologiste ; c’est un de ces petits trucs quotidiens de la France qui roule en diesel Crit’Air 4, avant tout parce qu’elle n’a pas le choix, elle !

Les prospectus publicitaires distribués en boîtes aux lettres sont dans le collimateur des écologistes, déguisés désormais en « citoyens tirés au sort ». Mais ça sentait déjà le roussi ! Un premier rapport intitulé « Publicité et transition écologique », a permis de tâter le terrain début juin. Pas ou peu de réactions. La fameuse « Convention citoyenne pour le climat » a ensuite enfoncé le clou dans son rapport, avec moults diversions à la clé, dont les fameux et ubuesques 110km/h sur autoroutes. Au milieu du fatras de mesurettes, le sort des prospectus est expédié en deux lignes, avec un arrêt de mort en bonne et due forme, signé au 1er janvier 2021. Fermez le ban.

Mais puisqu’on est lancé, et qu’on ne sait pas, au fond, si le rapport de la convention ne va pas finir en bas de la pile, un projet de loi est déposé le 10 juillet par les 17 députés du groupe Ecologie, Démocratie, Solidarité (EDS). Objectif affiché de la proposition de loi : « faire de la publicité un levier au service de la transition écologique et de la sobriété » et « réduire les incitations à la surconsommation ». Belle formule, mais concrètement, au milieu de ce fourbis, expédié en deux lignes, le prospectus est encore sur la sellette : il s’agirait de passer de la logique du « Stop pub », actuellement en vigueur et dont personne, pourtant, ne conteste l’efficacité, à une logique du « Oui pub », où la publicité papier serait interdite, sauf dans les cas où un autocollant autorisant cette distribution est apposé sur la boîte aux lettres. Un nouveau « marquage au front » de la misère à arborer pour les plus démunis d’entre-nous, après celui apposé sur nos véhicules ? Autant dire qu’avant que l’autocollant n’entre dans les mœurs, le prospectus aura largement le temps de mourir tranquille. Et avec lui ?

Salaud de pauvres

Le prospectus, ça pèse dans l’économie, au sens propre comme au sens figuré. C’est 800 000 tonnes de papier, pour une large part provenant de la filière du recyclage, à laquelle il contribue ensuite largement d’ailleurs. Réduire les déchets et préserver les ressources, l’objectif poursuivi est louable, et la filière doit poursuivre ses efforts. Dont acte. Mais on met sous le tapis un détail essentiel : pour un grand nombre de petites gens, ces imprimés publicitaires sont synonymes de promotions et de bonnes affaires, et représentent un outil précieux pour préserver leur maigre pouvoir d’achat.

Et ils sont nombreux ceux qui tirent dur à la fin du mois. Les chiffres ne sont pas durs à trouver : selon un sondage Ipsos d’avril 2019, près de six Français sur dix (58 %) réalisent en effet leurs achats en comptant à 10 € près. Et près d’un sur huit (14 %) calcule même à l’euro près. C’est ça la réalité des Français. La promotion arrive en tête des critères de choix en magasin (à 86 %) et quatre Français sur dix reconnaissent être « très influencés » par les promotions. Et comment sont-ils informés des promotions, ces gens-là ? Par leur IPhone ou leur IPad dernière génération ?

Contrairement aux idées reçues, ancrées en particulier chez les Parisiens dont les boîtes aux lettres sont difficiles d’accès, qui ne prennent pas leur voiture pour aller faire leurs courses et qui sont moins à la recherche des promos proposées par les différents magasins environnants, les prospectus sont appréciés par une majorité de Français. Alimentation, mode, beauté ou bricolage, les consommateurs français lisent même en moyenne sept imprimés publicitaires par semaine.

Pour optimiser son pouvoir d’achat, il s’agit en effet de consommer malin. Et l’imprimé publicitaire, souvent couplé à des coupons de réduction, est, pour beaucoup de Français, un allié indispensable pour réduire ses dépenses du quotidien. Chaque semaine, les prospectus permettent au commerce de proximité de dévoiler ses nouvelles offres… Et aux consommateurs de comparer les promotions et de bénéficier ainsi de bonnes affaires. Pour une majorité de ménages, notamment parmi les plus modestes, il s’agit donc d’un outil précieux pour gérer au mieux son budget. Mieux, il s’agit parfois du seul outil à leur disposition pour se faire.

Ces petits boulots si loin de la « start-up nation »

Pour de nombreuses personnes isolées, qui ne reçoivent que peu de courrier dans leur boîte aux lettres, les imprimés publicitaires constituent également un vecteur de lien social, un lien direct avec la vie de leur territoire. Ils constituent également le moyen de communication le plus accessible et le plus efficace pour les artisans et les petits commerçants locaux, dont les ressources ne leur permettent évidemment pas de s’offrir des spots radio ou télé ou même de sites web pour se faire connaitre. Le prospectus, c’est aussi la pub du petit commerce, celui qui ne peut pas s’offrir de campagnes Facebook, et qui n’a pas de « community manager » pour twitter à destination des « followers ». Bref, le prospectus c’est aussi le média de ceux qui se lèvent tôt et bossent de leurs mains.

Enfin, les prospectus, ce sont aussi des emplois, et beaucoup. Un métier difficile, souvent exercé à temps partiel, mais qui ne requiert ni diplôme, ni qualification, et peut être exercé à proximité du domicile. Ces emplois constituent ainsi une source de revenus indispensable pour de nombreuses personnes, en particulier des retraités, des mères isolées ou des étudiants, qui en ont besoin pour vivre décemment. Ce ne sont peut-être pas les jobs rêvés de la « start-up nation » promise par nos élites, mais ils permettent aussi de remettre sur le chemin du boulot des personnes éloignées de l’emploi. Autant dire qu’avec sa fin programmée, on se prépare à un sacré plan social au profit des GAFA !

En ignorant toutes ces réalités économiques et sociales très éloignées du microcosme parisien, la volonté de tuer le prospectus ressemble surtout à un mépris total pour la situation de nombreux Français de banlieue et de province. Loin des enjeux stratégiques de la transition énergétique, comme la rénovation thermique des bâtiments ou l’évolution vers des transports plus propres, cette « mesurette » s’avère totalement déconnectée de la vie quotidienne des Français et de leurs préoccupations de pouvoir d’achat. Un bel exemple d’écologie irresponsable et dogmatique, dont les mêmes feront les frais, une fois de plus !

Messages

  • Depuis leurs dernières "victoires" aux élections municipales, les écolos ne se sentent plus. Ils nous la jouent père-la-morale antipopulaire ; ils nous la jouent psychorigides loin des réalités des terrains de banlieues et des campagnes populaires.
    Ils nous e.......
    Sans compter qu’ils jouent les Zorro tous azimuts sur tous les problèmes sociétaux (lèche aux indigéno-communautaristes, "cancel culture" importée directement des EUA, ...). Ils préparent 2022. Mais à force d’e...... le monde, comme Icare, ils vont se brûler les ailes et chuter de haut ; de très haut.

  • les c…, ça ose décidément tout ! et surtout le publicitaire qui a rédigé ce papier.

    Qui les paye ces prospectus publicitaires ?
    Ceux qui les lisent et vont acheter des produits qu’ils croient moins cher.
    En réalité, les promotions sont un racket des fournisseurs, qui doivent augmenter leurs prix le reste de l’année afin de compenser.
    Impossible de comparer les prix entre enseignes, donc.

    « Consommer malin »  , rien que l’utilisation de ces mots trahit le laïus de celui qui a fait une de ces soit disant « école de commerce ».

    Recyclage : Economisons le !
    C’est merveilleux de payer l’impression ces prospectus, afin de les mettre à la poubelle.
    Combien ça coûte ?
    Qui paye ?
    Tout le monde, dont celles et ceux pour qui la fin du mois commence le 1er du mois, même si elles/ils ne veulent pas de pub.

    Le petit commerce : Il ne distribue pas de prospectus.
    Qu’est ce que c’est que cet argument ?

    Lecture pour les personnes âgées ?
    C’est plutôt fait pour abrutir la publicité, son principe de base.

    Ceci dit, pas d’inquiétudes, les vert (de gris, kaki, caca d’oie . . .) ont fait voter une loi, qui ne sera jamais appliquée, ça occupe.

    Inquiétant ce qui se publie parfois sur Bellacio.

    Nota Benne : Installez un bloqueur de publicité sur votre ordinateur, il surfera beaucoup plus vite. Moi je suis trés content de Adblock, c’est gratuit.

  • Le prospectus publicitaire c’est l’essence même du systême capitaliste :
     construction de vraies-fausses promotions (en partant du prix net et en inventant le taux de remise)
     incitation à la consommation non essentielle et pire hors respect de la saisonnalité
     mise en exergue de la création de nouveaux produits pour le toujours plus de chiffre
     et, le plus grave, artificialiser la si vénérée "loi du marché" en imposant des limites dans le temps et/ou la quantité de marchandises disponibles concernées par la "promotion".

    Sur le plan du "boulot", cela commence par le forestier chargé de gérer la ressource en Betula papyrifera, passe par l’ouvrier en usine de cellulose, continue par l’infographiste et le photographe, puis viennent l’imprimeur et le logisticien et seulement en final le "un p’tit boulot sinon rien" (reportage de Là-Bas-Si-J’y-suis).

    Le papier recyclé ? Vendu à minima le double du prix du papier "frais". Normal puisque le taux de profit doit être le même avec une industrie plus "chimique" ...désencrage, particules polluantes...

    Tout ceci n’a rien à voir avec l’écologie politique, c’est juste le système qui nous emmène droit dans le mur : soit tu arrives à t’extraire de cette machine infernale avant le choc fatal, soit tu fais changer de cap au système pour un horizon plus serein pour l’espèce humaine.

  • On a bien eu la loi contre l’affichage sauvage (je crois en 1979) et l’affichage "sauvage" était utilisé par bien des associations.
    Les "écopolitiques" aujourd’hui s’attaquent aux prospectus, et derrière ce sont encore les tracts associatifs ou syndicaux qui vont insidieusement être visés, c’est de plus en plus des atteintes à la liberté d’expression (l’affiche, le tract sont de ces moyens).
    Aujourd’hui cette forme de " militantisme vert" est loin d’être anti productiviste...
    Pour eux le "velib" c’est la liberté ?...NON, pour moi la liberté c’est d’avoir son propre vélo (même pliable si pas de place) c’est de ne pas rentrer dans un système où il y a derrière des profiteurs... la voiture électrique en location c’est le même principe, et ils osent parler d’écologie ?
    Et, ils vont s’attaquer aux déperditions de chaleur dans les maisons ?...enfin tout ce qui peut rapporter de l’argent à de grosses sociétés, sans même se préoccuper si les familles ont assez d’argent pour se chauffer l’hiver...sans même prendre en compte que notre pays est en faillite et que les préoccupations vertes seront bientôt dans le rouge...
    Il est vrai que chez ces gens là, on ne compte pas...au sens propre comme au figuré...