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Monogamie souple ou la fin de l’exclusivisme sexuel conjugal

par Christian Delarue

Publie le dimanche 18 octobre 2020 par Christian Delarue - Open-Publishing
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Monogamie souple ou la fin de l’exclusivité sexuelle du couple monogame.

 Discussion de café près d’un tribunal

"Si le "devoir conjugal" tombe, l’exclusivité sexuelle dans le couple tombe aussi !" Et à échelle de masse, on irait vers un désordre sexuel, soit une grave menace de l’institution familiale pilier de la société. Ou plutôt vers une "monogamie assouplie" ? Que pensez-vous d’un assouplissement de la monogamie - qui existe déjà dans de vielles jurisprudences du droit de la famille encore marquées par la doctrine catholique de l’Eglise et qui évoquent la "tromperie coup de canif" comme étant "pardonnable" ? Cela existe mais c’est du non reconnu ! Et la "monogamie assouplie" ce n’est plus de "la tromperie coup de canif" , c’est du "trio établi" . Le droit doit sauver le couple, la famille, le patriarcat et tout l’ordre social. Mieux vaut conserver des "couples simplement co-habitants". Dura lex sed lex !

Explicitons

La notion patriarcale de "devoir conjugal" qui oblige à satisfaire les besoins sexuels de l’autre dans une relation sexuelle pas pleinement consentie voire en pleine période de refus de toute activité sexuelle était et reste tolérée voire soutenue par les divers régimes patriarcaux qui estiment qu’il ne saurait y avoir ici de viol, notamment au sein d’un couple homosexuel ou hétérosexuel mutuellement choisi (premier régime du couple fondé sur la rencontre amoureuse et le choix réciproque de l’autre).

Dans les sociétés ou le mariage est beaucoup plus une affaire de famille et ou le couple ne s’est pas formé "par amour" mais par arrangement extérieur (second régime), le devoir conjugal se traduit ici par une autorisation permanente au viol régulier de l’épouse. La polygamie, qui se rencontre dans ce type de régime patriarcal, offre alors une possibilité d’espacer la "corvée sexuelle" . Tout se tient dans ce modèle patriarcal plus ancien et plus lié à une religion.

Les féminismes militent, toute tendances confondues, depuis longtemps et partout pour jeter aux orties la notion de "devoir conjugal" assimilée à un viol . On ne saurait donc soutenir l’idée et la pratique du "devoir conjugal" lorsqu’on se veut progressiste et en refus de la domination masculine et patriarcale . Mais il y a des résistances institutionnelles y compris en France :

COMMUNIQUE DE PRESSE - En 2020, le devoir conjugal s’impose toujours aux femmes en France - Fondation des Femmes
https://fondationdesfemmes.org/devoir-conjugal/?

Messages

  • Texte en lien

    En 2020, le devoir conjugal s’impose toujours aux femmes en France

    Paris, le 1er octobre 2020

    En France, pour la justice du XXIème siècle, avoir des relations sexuelles avec son mari reste un devoir, refuser, une faute. C’est la conséquence choquante d’une décision de la Cour de Cassation en septembre dernier dénoncée par la Fondation des Femmes et le Collectif Féministe contre le Viol.

    Après un premier arrêt de la Cour d’appel qui avait prononcé un divorce aux torts exclusifs d’une épouse au motif qu’elle n’aurait pas “honoré le devoir conjugal” à l’égard de son époux, la Cour de cassation a rejeté, sans justifications, en septembre dernier, le pourvoi de la victime.

    Rappelons que le « devoir conjugal » n’existe pas dans la loi. Il existe de fait parce que des juges ont choisi d’interpréter la loi de manière à ce que le « devoir conjugal » découle du devoir de cohabitation des époux. Cela revient à imposer aux personnes mariées d’avoir des relations sexuelles et, par là même, contredit les textes sur le viol. Pourtant, la même Cour de Cassation avait été pionnière, dès les années 90, à reconnaître l’existence du viol conjugal, entré depuis dans la loi le 4 avril 2006.

    La Fondation des Femmes et le Collectif Féministe contre le Viol s’indignent du refus de la Cour de cassation de se prononcer alors qu’elle avait l’occasion de faire disparaître cette aberration juridique : refuser d’avoir des rapports sexuels au sein du couple est une faute civile, mais obliger son conjoint est un crime de viol. Les associations s’étonnent d’ailleurs de la discrétion affichée par la Cour, qui a choisi de prendre une décision de rejet qui, du fait de son absence de motivation, ne sera pas publiée. Partout en France, des juges pourront continuer de prononcer le divorce aux torts exclusifs des époux.ses qui refusent des rapports sexuels.

    L’enjeu est grave, et les associations rappellent qu’il a fallu de nombreuses années de lutte pour pénaliser cette zone de non-droit où l’on sait que se produisent la majorité des viols (dans 45% des viols et tentatives de viols, l’agresseur est le conjoint ou l’ex-conjoint de la victime*). Laisser le « devoir conjugal » c’est maintenir un outil d’intimidation pour les agresseurs sexuels violeurs dans le couple.

    La justice pourrait être un moteur puissant au service de l’émancipation des femmes et de la lutte contre les violences sexuelles dont elles sont victimes. Pour s’inscrire dans la lignée de Gisèle Halimi et reprendre ses mots, il existe des lois ineptes, à nous d’en faire le procès. Il est impérieux, pour les droits des femmes, que la Cour de cassation se ressaisisse.