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OGM : de la morale à l’illégalité

Publie le mercredi 21 septembre 2005 par Open-Publishing
5 commentaires

de Bernard Lallement

Ironie du calendrier : c’est après la découverte de quelques centaines d’hectares de maïs génétiquement modifiés, cultivés à des fins commerciales, que devrait se close, aujourd’hui devant la Cour d’Appel de Toulouse, le procès de neufs "faucheurs volontaires" poursuivis pour l’arrachage de maïs transgénique en juillet 2004.

La présence parmi les prévenus d’élus Verts, comme Noël Mamère, Gérard Onesta, europarlemantaire, Michel Daverat, conseil régional d’Aquitaine ou Gilles Lemaire, ancien secrétaire général des Verts, n’est pas du goût des parties civiles. Sans compter, bien sûr, la présence de José Bové.

Le groupement interprofessionnel des semences (GNIS) prétendait, dans un communiqué, que 40 % des essais d’OGM aurait été détruits par les « faucheurs volontaires » et réclame des « sanctions exemplaires contre ce vandalisme », tout en s’insurgeant de la présence d’élus parmi les personnes poursuivies. « Les représentants du peuple sont censés faire respecter les lois et non les transgresser. »

Gérard Onesta, qui avec Noêl Mamère a renoncé à son immunité parlementaire, a beau jeu de rappeler que la directive communautaire de 2002, imposant la transparence et des règles de sécurité, n’est toujours pas transposée en France. L’obligation de la tenue d’un registre public sur les cultures d’OGM n’est pas appliquée dans notre pays.

Michel Davenat précise que le conseil régional d’Aquitaine a émis un vœu pour que soient interdites les cultures transgéniques sur son territoire, tandis que Gilles Lemaire se désole de voir les arrêtés de maires du Gers, proscrivant les OGM, annulées par le Préfet.

Quant à José Bové, sur France3, il accuse les firmes américaines Pioneer et Monsanto de « semer partout sans en informer les Français. »

Là est le problème. Le parlement ne s’est jamais saisi de ce dossier et le débat public paraît impossible. L’ontologie du secret, en ce domaine, semble être la règle. Aussi, les parlementaires invoquent-ils la « désobéissance civique » pour alerter l’opinion publique. L’institution judiciaire se (re)trouve donc prise en otage d’une réelle question de société.

Retrouver le chemin de l’épistémologie

Il ne s’agit pas, en la circonstance, de nier l’utilité du progrès scientifique et la nécessité d’avoir recours à des essais afin de valider les hypothèses émises. Encore faut-il être assuré de sa pertinence. La vérité de l’homme ne réside pas dans la science mais dans l’ontologie. Ce que dit la science est un fait, non une valeur absolue. Que le maïs transgénique puisse apporter un remède à la résolution de certaines maladies orphelines, peut-être, qu’il puisse être une réponse à la famine dans certains pays mérite attention, mais cela ne justifie pas d’occulter l’examen des risques générés par cette découverte et d’apprécier l’opportunité des recherches et de leurs mises en application.

Ceci doit se faire en toute transparence à partir du moment où il y a un doute, ne serait-ce qu’infime, pour la santé et le devenir de l’homme.

Hélas, la problématique est loin d’être circonscrite aux OGM. Nous pourrions avoir le même questionnement pour le nucléaire où règne une grande opacité sur les risques réels encourus par le voisinage des centrales et des communes recueillant les déchets radioactifs. Ces derniers sont enfouis dans des sites de grande capacité, comme celui de Soulines Dhuys dans l’Aube qui en accueille plus d’un million de mètres cubes. On parle, même, de découpler leur capacité alors que, dans le même temps, on reconnaît ne pas être en possession du savoir permettant, à terme, de les décontaminer.

Cette situation illustre, au demeurant, le paradoxe d’une croyance sans faille dans le progrès scientifique et technique.

Dans les années 1970, après le choc pétrolier, nous avons fait le choix du tout nucléaire au préjudice des énergies alternatives (solaires, éoliennes). Nous allons, même, construire, un réacteur d’une nouvelle génération, à Caradache. Mais nous ne savons toujours pas, non seulement, que faire des résidus mais surtout comment les rendre inoffensifs pour l’homme.

Tel l’autruche, nous les enfouissons en terre dans l’attente, toujours hypothétique à ce jour, de pouvoir endiguer leur radioactivité.

Bel exemple d’héritage transmis aux générations futures. Car on prend garde de ne pas se poser la question, la seule qui devrait heurter nos consciences et inciter à la prudence : que se passera-t-il si nos enfants, eux non plus, ne trouvent pas ?

Nous leur avons légué la mort en sursis !

L’homme ne peut, pour assurer son destin, s’en remettre à la seule science. Il est nécessaire, et urgent, de retrouver le chemin de l’épistémologie.

Article parue dans le blog "SARTRE" de Bernard Lallement :
http://sartre.blogspirit.com/archiv...

Messages

  • Avec la pollution et le réchauffement planétaire, au train où va l’inaction des gouvernements, le problème des déchets radioactifs risque de devenir un problème secondaire, voire ne plus se poser du tout .... faute d’habitants !!!

    Il est curieux de voir combien les problèmes d’écologie peinent à être pris au sérieux. Quand on pense que les USA n’ont pas encore ratifier le protocole de Kyoto !!

    • Les gouvernements prendront à coeur les problèmes d’environnement lorsque l’écologie leur rapportera du fric...Le jour où une entreprise investira suffisamment pour développer, par exemple des moteurs de voitures fonctionnant à d’autres énergies et accessibles financièrement par le plus grand nombre, le jour où celle-ci sera côtée en bourse, alors LA les gouvernements auront une subite volonté de fer et de faire...

      Isabelle

  • C’est pas la peine de s’enflammer,

    de toute facon, on est une espece en voie de (proche) disparition, autant l’accelerer,
    le meilleur sera sans doutes apres nous.

    Notre seule espoir, c’est l’auto modification genetique.
    Va t’on supprimer le gene de la connerie ?
    Malheureusement, je crains que le jour ou cette technologie sera disponible on ne l’utilise pour genetiquement
    selectionner les oncs, de la meme facon qu’on selectionne les brillants esprits a l’entree de l’ENA.

    Qui, croyez vous nous remplacera ? Les meduses ? Les insectes ?
    Ah, mon beau dino, toi aussi tu te croyais perenne.

    Ha oui, les OGMs. Ca fait un an que j’habite Chicago, pour l’instant ca va, mais j’ai un peu peur.
    Je me sens devenir individualiste petit a petit. Dites vous croyez que c’est un dommage
    collateral du maiis que je bouffe ? Ou alors me leve-je la nuit pour mater la tele sans m’en rendre compte ?

    Et dites, combien de temps avant que je puisse choisir le QI de mes enfants ? 50 ans, un siecle ?
    Moi je les choisirai tres cons, pour pas qu’ils puissent se rendre compte de ce qui leur arrive (et comme ca, leur
    temps de cerveau disponible, il vaudra rien).

    Et vous savez quoi, dans mon universite, ils ont reussi a prolonger l’esperance de vie de rats de 50% par modification
    genetique. Bientot, les riches seront sur la selle beaucoup plus longtemps.
    "Mon petit, si tu ne travailles pas a l’ecole, tu vivras pas plus longtemps qu’un pauvre. Oh non maman, je veux etre un rat !"
    Imaginez : chirac president pendant 30 ans. Que du bohneur.

    Allez, ya de l’espoir, va,
    Il parait qu’on va coloniser mars.

    Deux livres, des bons, c’est pas du MH ni du AN, non c’est de la vraie balle.
    "Un Cantique pour Leibovitz" de miller,
    "Le troupeau aveugle" de brunner.

    Nimbus

  • La justice française est à la justice ce que la musique militaire est à la musique : Une imitation d’une rare injust’esse’....

    Isabelle

  • Il faut absolument qu’on resiste aux OGM, non seulement en s’informant, mais aussi en agissant !

    Agir signifie s’organiser, car c’est une lutte contre des interets puissants qui eux sont tres organises (meme si ils sont peu nombreux). Ne pas agir seul, mais se mettre en contact avec des organisations qui s’occupent du probleme et organisent manifs, journees d’informations, etc.

    J’ai remarque’ qu’un de vos lecteurs demandait a se mettre en contact avec d’autres faucheurs.... A ce propos, une suggestion a Bellaciao : a cote’ de chaque article, mettre des links qui puissent diriger les lecteurs qui veulent agir vers ces organisations.

    Il faut aussi elargir le debat : il ne s’agit pas simplement des OGM... c’est le system de l’agriculture industrielle intensive et le controle des semences par une minorite’ de societe’s (Monsanto, Syngenta, DuPont, Dow, Limagrain, etc...) et de leurs actionnaires qui est le vrai probleme. C’est le principe democratique qui est en jeu : qui doit pouvoir determiner comment s’organise le systeme productif de l’agriculture ? Une minorite’ de compagnies de l’agribusiness, ou la majorite’ de la population qui est force’e d’en consommer les produits ?

    Sacha S-I.