Accueil > Procès des 15 Faucheurs de Nonette, à Clermont-Ferrand : témoignage

Procès des 15 Faucheurs de Nonette, à Clermont-Ferrand : témoignage

Publie le dimanche 25 septembre 2005 par Open-Publishing

Le 16 septembre 2005, j’étais à Clermont Ferrand avec Georges mon mari, René, Solange ... pour le procès des 15 de Nonette (faucheurs volontaires d’OGM arrêtés à Nonette le 27/08/05).
Cette journée va rester marquée dans nos mémoires.

Les 15 : des femmes et des hommes courageux, dignes , réfléchis et déterminés.
Parmi eux, Franck, mon frère.

Plus de 300 personnes ont signé une déclaration de co-responsabilité, demandant à comparaître volontairement avec eux au tribunal.

9h00 : les 15 sont rentrés dans le tribunal, acclamés par environ 400 personnes. A l’extérieur, des forces de l’ordre présentes en nombre. Derrière les grilles du tribunal des CRS, et au balcon de ce tribunal, des policiers qui n’ont cessé toute la journée de filmer et photographier tous les manifestants ... vive la liberté !

Durant la matinée, les 15 ont expliqué un par un leurs motivations :

 obligation morale d’agir et de stopper la prolifération des cultures OGM en plein champ, thérapeutiques en particulier, devant le danger reconnu et prouvé scientifiquement qu’elles représentent.

 désobéissance civique, seule réponse possible face à un gouvernement qui protège des cultures dangereuses en ignorant délibérément les appels à la prudence de nombreux scientifiques et en omettant sciemment d’informer les citoyens de façon objective.

 les fauchages volontaires ne sont en rien comparables à du vandalisme, ils sont accomplis sans violence, à visage découvert et pleinement justifiés par les connaissances scientifiques.

Pendant ce temps, une conférence débat, animée par Lilian CEBALLOS, Biologiste, Pharmacien Écologue, a lieu non loin du tribunal, dans la maison du peuple. Cette très grande salle est pleine, des gens sont même assis par terre car il n’y a plus de place. Un exposé remarquable de clarté et de précisions sur les alternatives possibles et les risques liés à la culture des OGM en plein champ, OGM thérapeutiques en particulier.

La contamination par le pollen n’est pas seule en cause. Par les racines, le sol est également contaminé sans aucune possibilité de maîtriser ce processus... et histoire d’en rajouter une couche, les cultivateurs d’OGM broient les plantes et les enfouissent dans la terre après avoir récolté les graines ... Résultat : des cellules génétiquement modifiées répandues en large quantité se disséminent ensuite par le biais successif des bactéries, de l’eau, des insectes ... etc.
Ce ne sont pas des suppositions, mais des faits constatés et reconnus dans les pays où les cultures OGM existent depuis plusieurs années. Il y a des publications scientifiques à ce sujet.

Il y a atteinte à la bio diversité et un risque sanitaire considérable, des principes médicamenteux actifs pouvant ainsi se retrouver de manière incontrôlable dans des cultures alimentaires.
Des alternatives existent, notamment pour la production de lipase gastrique, élément qui sert dans le cadre du traitement de la mucoviscidose. Parmi ces alternatives qui nous ont été exposées, la culture de cellules végétales en bio fermenteur (milieu confiné) permet une production bien plus efficace et sans danger de contamination.

Problème de coût de production ? Aucune étude sérieuse n’a été faite à ce sujet. On peut même penser logiquement que les traitements nécessaires à l’extraction de la lipase à partir de plantes cultivées en plein champ doivent coûter plus cher que ceux qu’il faut réaliser à partir de simples cellules végétales ... Cela laisse songeur et l’on en revient à un triste constat : sous prétexte de fabriquer des médicaments, on fait passer en force des cultures OGM.

Vers 13h30 : toujours sous les acclamations, les 15 ressortent du tribunal pour une courte pause de 1 heure.

Seconde partie du procès avec les témoignages suivants :

 Le Professeur SERALINI, Professeur des Universités, Chercheur en Biologie Moléculaire, siégeant en France à la commission gouvernementale chargée d’évaluer les OGM,
et le Docteur Christian VELOT, Maître de Conférences - Génétique Moléculaire - à l’Université Paris-Sud XI,
témoignent en faveur des 15, expliquant les constats scientifiques qui ont été faits sur la culture d’OGM en plein champ et les dangers considérables mis en évidence.
Ce ne sont pas des suppositions, mais des faits.

 La maman d’un enfant atteint de mucoviscidose explique que pour ces raisons, et également parce qu’il existe des alternatives à la production de lipase gastrique, elle approuve pleinement les actes de fauchage volontaire, et va même plus loin en s’associant à leur mouvement.

 Le Maire de Nonette raconte comment en dépit de l’arrêté municipal qui avait interdit la culture d’OGM sur les terres de sa commune, ces cultures ont été imposées. Il décrit les conséquences que les habitants de Nonette subissent : champs surveillés en permanence par des projecteurs et des force armées, contrôles policiers multiples sur les routes d’accès à la commune ... Ses administrés en ont plus qu’assez !

 José BOVE témoigne sur la nécessité de désobéissance civique.

Face à tous ces arguments, MERISTEM estime que toutes les précautions sont prises pour limiter la contamination par les pollens et que cela suffit à éliminer tout risque ! Et il faudrait le croire ...

Ce n’est pas une poignée d’hommes qui a décidé de détruire ces cultures OGM._
Il y a aujourd’hui 5 000 faucheurs volontaires en France qui s’appuient sur des constats scientifiques irréfutables et qui se sentent moralement responsables.
Ce sont des citoyens respectables et désintéressés qui accomplissent leur devoir, pas des vandales.

C’est peu après 22 heures que les 15 sont sortis du tribunal ; acclamations et applaudissements étaient étourdissants, l’émotion était profonde. La solidarité n’est pas un vain mot chez les faucheurs volontaires.

Le Procureur a requis 1 mois de prison ferme pour chacun des 15.
La décision du juge sera rendue le 4 novembre prochain.

Quelque soit la décision que prendra le juge, nous avons tous admiré la détermination des faucheurs volontaires, le courage avec lequel ils sont allés au procès, prêts à assumer toutes les conséquences de leurs actes, y compris la prison si il le faut, avec la volonté de provoquer un vrai et grand débat public démocratique sur la culture des OGM.

Leur conclusion : vous pouvez nous condamner à la prison, nous continuerons à faucher : c’est un acte de résistance dont la répression ne viendra pas à bout.

Christine