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De José Bové aux militants bretons : statut politique !

Publie le jeudi 26 juin 2003 par Open-Publishing

PRISONNIERS POLITIQUES, STATUT POLITIQUE !

Communiqué de presse.

« Le statut de détenu politique, qui n’existe plus depuis une
vingtaine d’années après la disparition de la Cour de Sûreté de l’Etat,
permettrait au porte-parole de la Confédération Paysanne de recevoir
plus d’une visite par semaine de la part de ses proches, ainsi qu’un
accès privilégié à la bibliothèque et aux journaux », a affirmé son
avocat.

Contrairement à ce que feint de croire l’avocat de José Bové, nous
savons que les prisonniers politiques, cela n’existe pas en France, on
nous le répète assez souvent, il n’y en jamais eu d’ailleurs. Pourtant,
à une certaine époque, avant 1981, il y avait des prisonniers à statut
spécial : les insoumis, les militants bretons, corses, basques , les
espions, les témoins de Jéhovah , les travestis, etc. Tous ces gens
avaient des aménagements dans leurs conditions de détentions
(regroupement, aménagement des parloirs, etc. ), mais ils étaient tous
reconnus pour ce qu’ils étaient.

Aujourd’hui ce n’est plus le cas, les prisonniers qui dépendent de la
tristement célèbre Quatorzième Section du Parquet de Paris sont tous
systématiquement classés D.P.S (détenu particulièrement surveillé), ce
qui implique, dès leur incarcération, un isolement quasi total avec
pour conséquence une limitation de leurs activités au sein même du lieu
de détention. Cet isolement peut amener à une dégradation rapide de
l’état physique et mental du prévenu qui, ajouté au manque de soins
évident, peut le conduire dans un état physique définitivement dégradé.

Contrairement à ce qui se passe dans de nombreux pays européens, dans
les prisons françaises le droit à l’information est limité. Pour les
détenus politiques, cette situation est encore aggravée, par le biais
de la censure, on leur interdit de recevoir un certain nombre de revues
intellectuelles, culturelles, politiques bretonnes, en français ou en
breton. Le but est clairement de les isoler de tout ce qui peut se
passer en Bretagne, sur l’évolution de la vie culturelle et politique
de leur pays, et de les déconnecter des réalités.

Reste le problème des familles. La centralisation des instructions à
Paris et la mise à l’isolement impose à nos détenus une incarcération
disséminée dans différentes maisons d’arrêt de la région parisienne. La
famille d’un détenu politique obtiendra un permis de communiquer
seulement au bout de quelques mois. Il faudra ensuite qu’elle fasse
plus de huit cent kilomètres aller et retour pour une demi heure ou
trois quart d’heure de parloir. La réglementation des droits de visite
étant différente selon chaque prison, les familles ne peuvent même pas
se regrouper pour effectuer les voyages. Cette même réglementation et
l’éloignement obligent certains visiteurs à prendre des jours de congés
pour effectuer ces visites. A cause de tout cela, un prisonnier
politique breton n’a pu voir ses deux filles mineures qu’au bout du
seizième mois de détention. Pour qu’un autre enfant mineur puisse
visiter son père, libéré après près de trois ans de détention « 
provisoire », il nous fallait trouver une personne pour faire le
voyage Bretagne - Paris aller-retour avec lui dans la journée, et une
autre personne ayant un permis de visite pour le père détenu afin de
l’accompagner ; coût minimal : 180 Euros. Pour un prisonnier
ordinaire, sous le régime du droit commun, régime logique dans un Etat
de Droit, tel que l’Etat Français, l’instruction, la détention si elle
est nécessaire, se font dans le secteur où a été commis le crime ou le
délit.

La longueur de l’instruction, certains détenus n’ont pas été entendus
dans le cadre d’une affaire depuis plus de neuf mois, fait que
plusieurs d’entre eux sont en détention provisoire depuis maintenant
plus de trois ans, dans le cas d’Alain Solé, c’est 44 mois et 15 jours
 ! . Deux ans, c’est la durée limite que préconise la Convention
Européenne des Droits de l’Homme ; une nouvelle fois la France risque
d’être condamnée. Ce que nous demandons c’est la libération de nos
prisonniers, tous offrent des garanties de représentation et de vie
sociale couramment demandée pour une remise en liberté sous contrôle
judiciaire. Ce que nous demandons aussi, c’est que l’Etat Français
reconnaisse et donne un statut spécial aux militants bretons déférés
devant la Quatorzième Section du Parquet de Paris puisque de fait la
loi, le droit, le droit commun français ne leur sont pas appliqués.

La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme affirme : « article10
.Toute personne a droit, en pleine égalité, à que sa cause soit
entendue équitablement par un tribunal indépendant et impartial… »

Où est l’indépendance quand le parquet et les juges sont nommés par
le gouvernement dans une affaire politique ? « article11. toute
personne accusée d’un acte délictueux est présumée innocente jusqu’à ce
que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d’un procès
publique ou toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront
étés assurées. »

La présomption d’innocence a été bafouée à de nombreuses reprises par
des ministres en exercice et cela pour influencer les médias et le
public dans le sens contraire à la présomption d’innocence. Les
détenus bretons actuellement incarcérés sont des prisonniers
politiques, un statut spécial doit leur être accordé.

Un statut spécial de prisonniers politiques, c’est pour eux :

 Le regroupement dans une seule prison,
 Le droit de tenir des réunions,
 Le droit d’avoir des activités spécifiques à leur engagement politique
(cours de Breton…),
 Le droit à l’information dans la langue qu’ils souhaitent,
 Un aménagement des parloirs , les familles venant de loin, elles sont
pénalisées par rapport aux droits des familles des prisonniers gérés
par le droit commun (centralisation des instruction à Paris).

Les prisonniers eux-mêmes devront se prononcer pour pouvoir compléter
cette revendication du statut spécial.

Pour la Coordination Anti-Répressive de Bretagne,
Le porte-parole,
Claude Le Duigou.