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La bile haineuse du « Figaro »...

Publie le vendredi 4 juillet 2003 par Open-Publishing

pour info,
de jean-marc adolphe
(-http://mouvement.net)

La bile haineuse du « Figaro ». Un article au vitriol contre les
intermittents

Voici ce qu’on peut lire ce matin dans « Le Figaro » (4 juillet 2003), sous
la plume du chroniqueur Ivan Rioufol (« Bloc Notes, page 11). Sans
commentaire.

Le spectacle des intermittents

« Un mépris du public sommeille chez certains « cultureux ». Le mouvement des
intermittents du spectacle renforce cette impression, déjà éprouvée devant
les fumisteries artistiques. En retardant l’ouverture du festival
international d’art lyrique d’Aix-en-Provence, en faisant annuler le
festival de Montpellier et celui de Marseille, en menaçant les festivals
d’Avignon, Orange, Carhaix, Rennes, Pau, etc., les intermittents, enrôlés
par la CGT et FO, ont choisi de pénaliser les spectateurs. Ces supposés
créatifs se comportent comme des destructeurs.

Comment applaudir à ces coups de force, qui visent à empêcher des
expressions culturelles ? Une fois de plus, des mouvements de protestation,
encouragés par une gauche extrémiste, maltraitent la démocratie à des degrés
rarement atteints. Hier, des « profs » jetaient des livres dans les rues.
Aujourd’hui, des « artistes » se disant dépositaires de « l’art et de la
pensée » étranglent des représentations théâtrales, des spectacles de danse,
des concerts, des expositions. Une dictature s’acharnant sur le Savoir et la
Beauté ne ferait pas mieux.

Un vide culturel apparaît à travers ces luttes politisées, menées par des
« acteurs citoyens » qui semblent considérer le « spectacle vivant » et le
cinéma d’auteur comme des fantaisies bourgeoises, donc non respectables.
Quand le PS dénonce « un enterrement programmé de la culture » à travers
l’accord sur l’assurance-chômage - cause de l’épreuve de force engagée par
la CGT, qui menace de « tout faire sauter » -, ce parti se range avec une
indigne complaisance auprès de ceux qui ont choisi de saborder des ouvres de
qualité et de mettre en péril des festivals qui pourtant les font vivre.

Quelques mots sur cet accord contesté. Il tend à corriger des excès
dépensiers apparus dans le régime d’assurance-chômage des artistes et
techniciens qui travaillent épisodiquement. Actuellement, les intermittents
touchent huit fois plus d’allocations qu’ils ne paient de cotisations. Dans
ce système dévoyé, ce sont les manants du textile et de la métallurgie qui
financent les protections de la caste. Tout en préservant le régime très
favorable des intermittents, l’accord réduit ses conditions d’accès et
incite à travailler davantage. Il a été signé par la CFDT, la CGC et la
CFTC.

Mais une mentalité d’ayants droit s’est installée chez un certain nombre de
professionnels, surprotégés en vertu de l’« exception culturelle française ».
Subventions et allocations ont amené à déresponsabiliser des « créateurs »,
qui semblent s’être davantage rapprochés de l’assisté que de l’inspiré.
D’ailleurs, l’actuelle contestation des militants de l’intermittence est
menée par les syndicats non réformistes, défenseurs du statu quo pour les
fonctionnaires.

Le plus saisissant reste ces solidarités obligées de la quasi-totalité des
professionnels du spectacle et du cinéma, qui risquent pourtant de voir
leurs efforts menacés par une partie des leurs. Mais le monde de la culture,
qui a poussé jusqu’à la caricature le prêt-à-penser à gauche, se trouve
piégé par un mouvement qui entend participer au harcèlement contre le
gouvernement, la droite, le Medef... Les artistes sont menacés d’être
bâillonnés par leur propre famille, mais ils n’osent protester. Dans le
fond, peut-être subissent-ils ce qu’ils méritent. »

(Ivan Rioufol, Le Figaro)