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La sale loi

Publie le mardi 20 décembre 2005 par Open-Publishing
5 commentaires

de Serge Rivron

Elle sera vraisemblablement votée, la sale loi, et même pas en catimini, malgré un choix de dates d’examen au Parlement qui voudrait le faire croire : les lobbies scélérats, les grosses firmes, les juristes marrons, les défenseurs du riche et du mercanti n’ont aucun besoin de se cacher pour accomplir leur forfait.

La loi DADVSI (que cet anagramme imprononçable lui va bien, qui s’expulse comme un crachat !) sera votée parce qu’il est dans le sens de l’histoire monstrueuse que nous laissons écrire de formater l’Esprit, de l’empêcher de respirer, de l’interdire et d’en commercialiser toujours plus cher des succédanés toujours plus délavés.

La loi DADVSI sera votée parce que les quelques parlementaires qui auront à se prononcer ont été encore mieux formatés que nous, et qu’ils ont une revanche à prendre sur un référendum qui les a frustrés de leur capacité de nuisance.

La loi DADVSI sera votée parce que nos milliers de signatures n’ont aucun poids, parce que les millions d’internautes libre-échangistes que nous sommes font se tordre de rire et saliver d’avance la petite centaine d’escrocs qui œuvre avec patience depuis cinq ans, qui arme les missions de toutes les commissions spéciales, de tous les faiseurs de juridiction, de tous les tartineurs de protection des mineurs et du droit sacré de la culture à vendre.

La loi DADVSI sera votée parce que nous sommes dans leurs pattes, déjà accrocs, prêts à consommer.

La loi DADVSI sera votée parce qu’ils l’ont dictée depuis le ventre de leurs immeubles surveillés, renseignés, vitrifiés, badgés, climatisés, où le profit qu’ils font se mesure aux nombres d’ascenceurs programmables et de portes vitrées à reconnaissance digitale ou vocale qui s’ouvrent sur des aquariums à majors de toutes les promos qui comptent, MBA, ESSEC, HEC, HARVARD, ..., des serviteurs zélés de la machine à gagner gros, plus, toujours plus, et surtout ne rien laisser se perdre.

La loi DADVSI sera votée parce qu’elle leur va si bien au teint, elle est sale, elle pue la mort du sens, de l’échange, de la gratuité, de l’invention, de la curiosité, de la création et de la liberté.

La loi DADVSI sera votée, et il nous restera à les foutre dehors.

Messages

  • A noter dans Metro de ce matin les quelques titres à ce sujet (de mémoire) :
    "Le numérique écrit son règlement intérieur"
    "La révolution culturelle numérique"

    Visiblement, cette loi est une révolution au sens positif du terme, et la loi en question n’est qu’une sorte de règlement intérieur... de l’hygiénique tout au plus donc.

    Et à France Info, tjs de mémoire, une remarque de deux secondes à peine qui explique que contourner les dispositifs de protection seront punis de contrefaçon... rien sur les menaces sur le logiciel libre, rien sur les pétitions... tout au moins, le débat ne semble pas être présent dans les médias... ces chers médias qui mériteraient d’être "pluralistes" plutôt que "démocratiques" et dont les journalistes sont des professionnels (sans guillemets par respect pour le travail de RSF (boite à rires)...) qui ne méritent pas d’être remis en cause autrement que par d’autres professionnels.... (cf. un débat sur le sujet y-a pas si longtemps...)

    Voilà, je mélange tout... mais peut-on éviter de tout mélanger quand tout est si imbriqué ?

    • INSURRECTION DES CONSCIENCES !!!
      ARRËTONS DE CONSOMMER LE SUPERFLU POUR VOIR CE QUE CA PEUT DONNER. N’EST CE PAS LA SEULE ARME DONT NOUS DISPOSIONS ? A BAS L’INFO QUI NOUS PREND POUR DES TAUPES ! JETONS LES TELEVISIONS !
      L’UNIQUE PORTE VOIX QUE NOUS PUISSIONS BRANDIR EST LE BOYCOT ! FAISONS OU ABSTENONS NOUS DE FAIRE AVANT QU’IL NE SOIT TROP TARD.
      bon courage à tous, être humains ! k

    • Pas mieux. Le reportage d’hier soir sur RANCE3 était consternant d’ommissions. Un relent de désinformation digne de la période référendaire. Ils se foutent de nous, c’est incroyable ! Je pense qu’ils ne connaissent pas bien le peuple de France. Ils vont au-delà de drôles de surprises... En fait, ils précipitent leur chute de jour en jour, malgré leurs lois scélérates.

  • Le choix est peut être dans notre camp.

    Eux, ils ne vivent que par, pour, avec, le fric
    ils nous font croire que chaque oeuvre telechargee quelles qu’en soient les circonstances fait perdre un fric fou aux travailleurs de la culture et a eux bien sur
    comme si chaque fois qu’un "vilain pirate" copie, il aurait acheté le cd complet ou le dvd pour l’avoir absolument
    alors que la réalité c’est qu’une oeuvre telechargee n’égale pas vente loupee mais souvent avant ou a la place du telechargement il y a la copie, le pret par un ami, un voisin, un parent, la television, la copie sur des supports anciens, le cinéma, les concerts etc.
    dans la réalité les pertes sont négligeables et le bénéfice important par la publicité gratuite faite autour d’une oeuvre qui circule sur le net et qui booste les ventes pour les morceaux connus et qui ne change rien aux autres...
    ils veulent controler totalement et de plus en plus ce qu’on doit voir, écouter, acheter...
    faut se battre sur tous les terrains, pétition, assemblée, juridique, soutenir les organismes et organisations très sérieuses qui proposent des solutions valables mais on doit pouvoir aussi les toucher au porte monnaie en leur montrant qu’ils se mettent à dos des millions de gens qui SONT LEURS CLIENTS et qui comme tels peuvent refuser d’acheter ou choisir ce qu’ils achetent ...

    • Hier, sur Europe 1, un représentant de l’UFC Que Choisir indiquait et rappelait que :

       d’une part, le ministre avait mis en place ce débat et cette loi sans vraiment commander d’étude préalable sur l’état des lieux réel, les besoins des professionnels et les attentes des consommateurs ;

       d’autre part les abonnés aux fournisseurs d’accès, d’après une étude réalisée pour l’UFC, étaient prêt à payer un forfait mensuel allant jusqu’à 6 euros si le téléchargement devenait légal et "gratuit" en échange ;

       enfin qu’avec déjà un "droit de passage" de 2 euros par abonné à internet, cela pouvait payer quasiment 50% des revenus de l’industrie du disque.
      A ce propos il rappelait d’ailleurs que cette fameuse industrie du disque rapporte en france un chiffre d’affaire de 900 millions d’euros. Ce qui est une somme relativement faible en rapport de biens d’autres secteurs d’affaires et surtout en rapport du foin qu’ils nous font tous les jours. (ne parlons même pas des gens de Virgin venant faire leur démo en plein hémicycle !! Marchands du temple avez-vous dit ?!)

      Pour moi c’est décidé : Jusqu’à aujourd’hui, j’achetais en moyenne 4 à 5 disques par mois. C’est terminé, je ne paierai pas pour un support ultra-protégé, incopiable ou dont la qualité de copie (personnelle et privée !) ne me convient pas. Désormais je n’achète plus rien que ce soit sur le net ou en magasin, je ne télécharge plus que ce que l’on trouve de totalement gratuit sur le net et sous licence Creative Commons (ou équivalent). Goutte d’eau dans un vase empoisonné, mais c’est ma seule façon d’agir à ce jour. Et ce n’est pas de gaité de coeur. Multiplié par plusieurs centaines de milliers de personnes, ils pourraient alors vraiment voir où leur perte se situe... mais là, autant hurler dans le désert.

      Stéphane.