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"Nous refusons de participer à ce système d’exclusion"

Publie le jeudi 26 janvier 2006 par Open-Publishing

de Fanny Doumayrou

Chômage . Salariés des ASSEDIC, des ANPE et chômeurs étaient réunis hier contre les mesures de contrôle des demandeurs d’emploi.

« C’est la première initiative commune entre chômeurs, agents des ASSEDIC et des ANPE », se félicitait hier François Desanti, porte-parole des comités de chômeurs CGT. Deux cents personnes étaient rassemblées en début d’après-midi devant le ministère du Travail, pour protester contre les mesures de contrôle accru des chômeurs mises en place à l’ANPE et aux ASSEDIC. Le rassemblement était composé de chômeurs, à l’appel des organisations Apeis, CGT, MNCP et AC !, mais aussi d’agents de ces institutions. La CGT-ANPE, SUD-ANPE et la CGT-ASSEDIC, appelaient à une journée nationale de grève et d’action. En Île-de-France, les syndicats SNU, FO et CFDT de l’ANPE se sont joints à l’appel.

« Ce que nous refusons tous ensemble, c’est qu’on en arrive à une situation où les chômeurs aient une frayeur en voyant un courrier ANPE dans leur boîte aux lettres, résume François Desanti. Les mesures de sanctions sont refusées à la fois par ceux qui les subissent, et ceux qui sont chargés de les appliquer ».

En août dernier, le gouvernement a publié un décret élargissant les possibilités de sanction des chômeurs par les agents ANPE et ASSEDIC, en cas de refus d’emploi ou de formation. La mise en oeuvre de cette mesure coïncide avec la mise en place depuis janvier du « suivi mensuel des demandeurs d’emploi », et du profilage. Dès l’inscription, le chômeur sera catalogué en fonction de son profil - employable ou pas -, et orienté vers des parcours différentiés. En outre, le rapprochement ASSEDIC-ANPE va se solder par un système informatique commun, et un dossier unique du demandeur d’emploi.

« Ce suivi mensuel n’a pas pour objectif un meilleur accompagnement, mais une augmentation automatique du nombre de sanctions, proteste Corinne Lavigne, de SUD-ANPE. Nous recevons des injonctions pour mettre en relations les chômeurs avec le plus d’emplois possible, quelles que soient les conditions de travail, les salaires, la distance. Ils vont forcément refuser. Tout ça va être enregistré dans leur dossier. Alors, même si l’agent ne sanctionne pas, cela peut être fait par d’autres, par exemple par les Assedic, qui auront accès à toutes les informations. Quant au profilage, il sert à concentrer les efforts sur les chômeurs employables, et à laisser les autres de côté. Nous refusons de participer à ce système d’exclusion. » D’après la syndicaliste, ce système aura un double effet : les chômeurs indemnisés subiront des suspensions ou amputations d’allocations. Les non-indemnisés se désinscriront de l’ANPE qui ne leur apportera que des soucis, et contribueront ainsi à la baisse (statistique) du chômage. « On assiste à une militarisation de l’ANPE, à la fois contre les chômeurs et contre les personnels, estime Vincent Strobel, de la CGT-ANPE. Les chômeurs ne pourront plus se présenter spontanément en fonction de leurs besoins, mais seulement quand on les convoquera. »

« Nous dénonçons le flicage des chômeurs et la pression sur les agents Assedic et ANPE pour faire du chiffre », affirme Denis Lalys, de la CGT-ASSEDIC, qui devait participer à une délégation reçue au ministère du travail. « Nous dénonçons aussi la convention UNEDIC en passe d’être agréée par le gouvernement, car elle fait peser toute la responsabilité du chômage sur les chômeurs, et élude celle des employeurs. » La réunion du Conseil supérieur de l’emploi, où le gouvernement consulte les syndicats en vue de l’agrément, a lieu vendredi matin.

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