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Jeunes chercheurs : travailleurs précaires

Publie le vendredi 8 juin 2007 par Open-Publishing
6 commentaires

de Marine Roussillon

Lorsqu’un jeune chercheur commence sa thèse, les ailes lui poussent, surtout s’il a un financement décent ; la seconde année, commencent les premières aspérités du travail scientifique. C’est à ce moment aussi que le jeune chercheur fait connaissance avec la lugubre philosophie de Madame Parisot : "la vie et l’amour sont précaires ; pourquoi le travail échapperait –il à cette loi ?"

Un jeune chercheur qui commence une thèse a déjà plusieurs années d’études derrière lui, à la fac, en classes prépas ou dans une grande école. Souvent aussi, il a passé l’agrégation dans sa discipline. Il a étudié 5 ans au moins après le BAC, et il a entre 23 et 25 ans. À cet âge-là, la question des moyens de subsistance est urgente : comment payer son loyer, avoir un chez soi ? Pour vivre pendant sa thèse, le jeune chercheur peut bénéficier de bourses ou de contrats à durée déterminée pendant 3 ans. À moins de travailler en partenariat avec une entreprise privée, il ne gagne pas plus de 1400 euros par mois, à Paris, à Bordeaux ou à Nevers.

Au terme de ces trois années de travail, si la thèse n’est pas finie – et c’est le plus souvent le cas pour les sciences humaines – il faut trouver de quoi vivre sans abandonner sa recherche. Et si elle est finie… et bien c’est la même chose. Il y a cinq ans, un tiers des doctorants en sciences « dures » trouvait un poste dans un organisme public de recherche, la proportion est tombée à un quart depuis. La thèse permet au jeune chercheur d’être qualifié pour un poste, mais ne lui garantit en aucune façon d’en obtenir un ! Il doit donc poursuivre ses recherches pour enrichir son CV jusqu’à obtenir un poste.

Le champ des possibles est restreint : il peut poursuivre un post-doctorat de 6 mois à deux ans, ou devenir Attaché Temporaire d’Enseignement et de Recherche (ATER) pour un an. Aujourd’hui, pour être recruté au CNRS, un post-doctorat à l’étranger est presque indispensable, et cela nécessite de financer l’expatriation sans garantie de retour. Et l’ATER ? L’ATER est employé par l’université, le poste est le plus souvent un poste à mi-temps, pour laisser le temps au jeune chercheur de faire de la recherche. L’ATER à mi-temps travaille donc à plein temps mais reste payé à mi-temps, soit un peu plus de 1000 euros par mois. Il a maintenant entre 25 et 28 ans.

Après un ATER, le jeune chercheur peut faire un post-doc, et après un post-doc, il peut occuper un poste d’ATER. Les post-docs sont plus nombreux dans les sciences « dures ». Les chercheurs en sciences humaines, eux, s’ils ont auparavant pensé à « assurer leurs arrières » en passant l’agrégation, peuvent aller enseigner dans le secondaire en attendant un hypothétique poste à l’université. Formidable spirale de la précarité multifacette !

Entre 25 et 30 ans, avec des diplômes et des concours en poche, ces jeunes adultes n’ont pas les moyens de construire leur vie, de s’installer. Comment peut-on encore faire le projet de s’engager dans des études longues, quand le seul avenir envisageable, c’est la précarité ? Que sera la recherche française de demain, si rien n’est fait pour donner un statut aux jeunes chercheurs ? Si la recherche est une vocation, elle ne doit pas être un sacrifice.

Pour le PCF, il faut construire un statut du jeune chercheur lui assurant toutes les garanties qu’offre celui de fonctionnaire stagiaire, pour que la carrière du jeune chercheur commence là où commence sa production scientifique : dès la thèse.

http://marineroussillon.fr

Messages

  • Excellent article. Je vais entamer mon master 2 avant d’envisager une thèse en histoire antique. Mais pour faire quoi ? La France renie ses futurs chercheurs. Malheureusement je crois que l’étranger est bien souvent la seule possibilité. C’est grave, l’ETat nous aide et en retour nous embauche pas. On marche sur la tête. Financer des études de haut niveau pour ne pas se servir de ces éléments c’est sutpide.
    Un pays qui renie sa recherche est un pays mort.

    • un extrait d’un discours de Fillon prononcé devant des chercheurs :

      "Les savoirs liés aux travaux que conduisent, par exemple, nos
      spécialistes des sciences humaines et sociales sur l’histoire, les comportements, les fondements sociétaux de nombreux pays dans le monde constituent un patrimoine culturel qui justifie, en soi, la recherche.
      Imaginons ce que pourrait être l’existence de séminaires réguliers,
      organisés autour de ces savoirs au profit de nos cadres et dirigeants
      d’entreprises engagés dans la compétition économique mondiale. Ils
      trouveraient là des clés de comportement pour négocier avec leurs
      partenaires étrangers et augmenter ainsi leurs chances de pénétration
      des marchés. La qualité du rapport à autrui passe évidemment par la
      connaissance de ses références culturelles et comportementales.
      Dès lors, au-delà de sa valeur propre, la recherche dans ces domaines
      offrirait ici une plus value significative dans un univers où on ne
      l’attend pas. L’innovation ce peut être aussi ça."

      F. Fillon, Orsay, 1 juin 2007"

    • Ben, il faut que "ça rapporte", et comme dirait un enfant : "ils n’ont que des dollars dans les yeux" !

    • Les discours de ce gouvernement ne sont de toute façon qu’un tissus de mensonges.

      Dans la réalité le patronna francon n’a rien à fouttre de gens ne gagnant rien car la seule valeur qu’ils reconnaissaent est celles de la définition de leur club : gagner plein de fric sur le dos de beaucoup de monde.

      Comprendre autrui ils n’en on que faire : leur principal comportement est celui du mépris d’autrui, l’orgueil de la domination destructrice d’autrui

      leur credo je suis fort parce que j’en écrase plein d’autre

      ces gens là sont incultes et haïssent les producteurs de connaissance plus encore que les autres productifs

      leur "travail" consiste en restaurant et baise d’esclaves sous payés

      ce qu’il aiment c’est voire la vie d’autrui être détruite

      ce sont des criminel contre l’humanité qui n’ont aucun intérêts à ce que les chercheurs finissent par pondre des études sur l’impact destructeurs de leur comportement sur les économies humaines

      quand est-ce qu’un homme ou une femme politique va hurler l’accusation à l’égard de ces salauds

      fillon et son sir ne sont en rien respectables

      ils sont l’émergence de la bêtification des populations orchestrée par ce patronnat de dominateurs destructeurs

      oui à la peine de mort pour les nouveaux criminels en cols blancs : car combien de vies ont-ils détruites silencieuseement ? hitler c’est de la gnognotte à côté

    • Que dire des vacataires de l’enseignement supérieur qui, comme moi, travaillent à la tâche depuis des decennies, et qui, tout en donnant beaucoup plus de cours à l’année que les maîtres de conférence et les professeurs d’université (à des étudiants de 2e et 3e cycle), vivent en-dessous du seuil de pauvreté et auront 620 euros de retraite par mois ?

      Sans compter qu’ils sont payés tous les six ou neuf mois et qu’ils sont souvent obligés d’être travailleurs indépendant, donc de payer deux fois la sécu, les caisses de retraites - plus l’URSSAF, la CSG-RDF.

  • ALERTE : LA DESTRUCTION DU CNRS EST PLANIFIEE

    Pécresse et Sarkozy ont décidé de déclarer la guerre aux chercheurs.

    Ils s’appretent à bafouer le droit.

    Ils déclarent la guerre à l’intelligence.

    COMMUNIQUE DE PRESSE du SNCS FSU

    Selon des fuites, d’origine ministérielle de haut niveau, le gouvernement aurait décidé de transférer la totalité des chercheurs du CNRS vers les universités. Cette mesure revient à décapiter le CNRS qui deviendrait, comme l’a annoncé Sarkozy dans son programme, une agence de moyens sans personnel chercheur.

    C’est un coup bas donné à la recherche française dont une grande partie s’est, depuis 60 ans, structurée et développée autour de cet établissement largement reconnu au niveau national et international.

    Le SNCS ne laissera pas le gouvernement détruire les organismes de recherche.

    Dès maintenant, le SNCS alerte les personnels de la recherche et des universités. Il demande, de toute urgence, aux autres syndicats de réunir l’intersyndicale de la recherche et de l’enseignement supérieur pour envisager les actions à mener.

    Le SNCS appelle tous les personnels à alerter la population et tous les élus de la nation.

    Meudon, le 21 juin, 18 heures

    Syndicat national des chercheurs scientifiques (SNCS) 1 place Aristide Briand 92195 Meudon Cedex Tél. 01 45 07 58 70, Fax. 01 45 07 58 51 courriel : sncs@cnrs-bellevue.fr la toile : http://www.sncs.fr