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"Sauvons la rechecrhe" enterre le statut des personnels

Publie le samedi 20 mars 2004 par Open-Publishing
1 commentaire

C’est fait : à la fin de la manif d’aujourd’hui, les responsables de "Sauvons la
recherche", entourés de responsables syndicaux, ont été très clairs. Fini ou
presque les manifs, à présent c’est les "états généraux" qui comptent et il faut
tout faire pour que leurs conclusions soient "prises en considération". Le but
de ces "états généraux" : proposer une nouvelle loi d’orientation de la
recherche, "améliorer le fonctionnement de la recherche" (autrement dit, à
présent ce serait...), "faire des propositions", etc. etc... Le statut de
fonctionnaires a vécu, idem la stabilité d’emploi et la qualification de la
préparation du doctorat comme un travail.

Certains militants s’étonnent de constater que les propositions émanant de la
base des syndicats ne sont guère reprises, que les directions des syndicats ou
les responsables de "Sauvons la Recherche" bloquent ou censurent... Fallait-il
s’attendre à autre chose ? La réalité est qu’il n’existe aucun intérêt commun
entre les patrons les plus influents de "Sauvons la Recherche" et les intérêts
des personnels de la recherche. Mais les directions des syndicats, soit sont
elles-mêmes formées de ce genre de patrons, soit n’osent pas s’en démarquer
quelles qu’en soient les raisons.

Car ne nous y trompons pas : en acceptant d’entreprendre la préparation d’une
nouvelle loi d’orientation, on rentre plein dans le jeu de l’OMC et de l’AGCS
(Accord Général du Commerce des Services) qui s’imposera nécessairement à la
nouvelle loi, d’autant plus qu’il existe même des propositions de vider de leurs
personnels les établissements de recherche et en faire des agences de
financement. Et derrière ce genre de propositions, il y a des signatures de Prix
Nobel. C’est clair comme le jour, qu’une nouvelle loi d’orientation de la
recherche ne ressemblera en rien à celle qui avait été obtenue en 1982 après une
décennie de mobilisations. Pourtant, plus personne ne semble oser dire que
l’actuelle loi est, globalement, une bonne loi. Pourquoi cette "modestie" ? Tout
simplement, parce que la grande finance internationale exige que cette loi saute.

D’ailleurs, que pourront peser les personnels dans une consultation chapeautée
par des académiciens, des directeurs influents, des "sommités" vers qui les
micros vont se tourner ? Le pire risque d’en sortir et les responsables syndicaux
le savent très bien, mais ils ne veulent pas se démarquer de la politique de
capitulation qu’impose "Sauvons la Recherche".

Ce n’est pas tout. A supposer que quelque chose de moins mauvais que prévu
puisse sortir de ces "états généraux", il s’agit uniquement de demander que "ça
soit pris en considération". Mais le Parlement est souverain et sévira
implacablement car personne n’est pour des dérogations à l’AGCS, bien au
contraire. Mais la mobilisation des personnels aura été détournée vers une
attitude de compromis et d’attentisme, et ensuite il sera trop tard.

Il est même à craindre que ce genre d’"états généraux" ne deviennent une
technique standard pour casser l’ensemble des services publics concernés par
l’AGCS, tout en faisant semblant de "défendre le service".

Amitiés
Luis

Messages

  • Quel pessimisme !

    d’abord, le mouvement mené par le collectif "sauvons la recherche", et suivi par une très grande majorité de personnels de labo et de français, n’en est qu’au début de son action. Ensuite, les syndicats dont vous parlez beaucoup ont été pour l’instant plutôt absents des débats (en tous cas c’est mon impression personnelle, et je suis les choses de l’intérieur car je fais partie de 2 laboratoires, l’un à l’INSERM et l’autre à l’Université).
    Je ne vois pas quel meilleur avenir pour le mouvement que celui engagé dans la réflexion et le travail pour établir nous-mêmes les base de la loi qui encadrera les conditions dans lesquelles nous voulons travailler. Manifester et râler, c’est bien pendant un temps, mais il faut aussi mettre un jour la main à la pâte ! Le discours vite stérile des "méchants patrons" face aux "gentils ouvriers" que vous défendez ne se prête guère au conflit actuel. Certes il existe une précarité scandaleuse des personnels de recherche, en particulier des plus jeunes, mais le danger pour ces gens là ne vient pas des responsables du collectif "sauvons la recherche", mais des directeurs des institutions (Inserm, CNRS, Université..), aux ordres de Matignon. La seule erreur des meneurs de la contestation actuelle est d’avoir laissé la situation se dégrader au cours des 20 dernières années, pendant qu’eux mêmes gravissaient les échelons hiérarchiques.

    Alors laissez un peu de côté vos discours de lutte des classes, auxquels je suis habituellement sensible mais que pour une fois je trouve "hors sujet". C’est peut-être pour cela que les syndicats n’ont pas trouvé véritablement leur place dans le mouvement jusqu’à présent, et je pense que c’est tant mieux. Les courants politiques traditionnels ne trouvent plus échos dans la société actuelle, alors les chercheurs ont bien raison de vouloir travailler sans influence.

    valérie