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Comprendre et combattre le sarkozysme

Publie le dimanche 4 novembre 2007 par Open-Publishing
12 commentaires

de Philippe Marlière *

Comment riposter à l’offensive sarkozyste en France ? Observer, analyser, comprendre les fondements de cette nouvelle droite, telle doit être la tâche prioritaire de toute la gauche. Il a fallu plusieurs années au parti travailliste pour prendre la pleine mesure des transformations politiques suscitées par le thatchérisme.

La gauche britannique comprit trop tardivement que le thatchérisme constituait une rupture avec le consensus welfarist d’après-guerre. Cette incapacité à saisir la signification de ce néoconservatisme facilita la marche triomphale du néolibéralisme en Grande-Bretagne.

Quand le peuple britannique congédia les conservateurs, il était trop tard : la gauche travailliste avait déjà renoncé depuis longtemps à être une force au service de la justice sociale. Nous n’en sommes pas encore là en France, mais des développements réminiscents du cas britannique (notamment dans le Parti socialiste) appellent aujourd’hui à la vigilance.

Le devenir du sarkozysme

Face au sarkozysme, la gauche semble partagée entre la fascination et la résignation. Elle se montre incapable de penser cet objet politique (largement) non identifié : « blairisme gaulois », « néoconservatisme à la française », « social-libéralisme sécuritaire », « populisme médiatique », « pantomime berlusconien », etc. On en conclura que le sarkozysme est en devenir. C’est aussi une stratégie politique labile et attrape-tout ; qui va de l’avant en empruntant, sur un même sujet, à droite et à gauche et, en perturbant de la sorte toutes les grilles de lecture interprétatives, elle déroute le public et les commentateurs politiques. On pourra aussi voir dans le sarkozysme première manière, une variante hexagonale de la « triangulation » chère à Bill Clinton et à Tony Blair.

Il convient de prendre au sérieux cette « droite devenue intelligente » qui, depuis plusieurs années, s’est essayée au débat d’idées, en apparence sans a priori, ni tabous. A l’épreuve du pouvoir, les vieux expédients néolibéraux et autoritaires n’ont certes pas tardé à revenir au galop. Il n’en demeure pas moins que le sarkozysme privilégie le positionnement sur le terrain des valeurs. Fait nouveau, Nicolas Sarkozy cultive à l’envi ce « moment gramscien », censé assurer à la droite l’hégémonie culturelle qui lui a toujours échappé depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.

Dans le combat contre cette nouvelle droite, la gauche devra éviter deux écueils : il ne faudra ni sous-estimer le sarkozysme, ni le surestimer non plus. A l’instar du thatchérisme, le sarkozysme ne sera pas un épiphénomène. Jamais depuis le gaullisme, une nouvelle présidence n’avait bénéficié de circonstances politiques aussi favorables : un parti du président uni, une gauche faible et doutant d’elle-même, des médias domestiqués et un patronat enthousiaste, prêt à rejouer la république des « copains et des coquins » de l’ère pompidolienne. Ces effets de structure seront plus longs à neutraliser que le retournement anti-sarkozyste prévisible d’un électorat peu à peu dégrisé. Le cas britannique, une fois de plus, est édifiant : le néolibéralisme de conquête de la Dame de fer a pu bouleverser en profondeur les îles britanniques alors même qu’il fût majoritairement impopulaire au sein de l’électorat (à l’exception de la brève période qui suivit la guerre des Malouines).

La gauche ne devra donc pas tabler sur un rejet progressif de cette droite décomplexée pour retrouver le chemin des ministères. Souvenons-nous qu’un Sarkozy qui « faisait peur » a aisément battu une Ségolène Royal plébiscitée par les sympathisants de gauche. Jusqu’en avril 2007, les sondages montraient que si les propositions économiques et sociales du PS étaient préférées à celles de l’UMP, Sarkozy écrasait pourtant Royal sur les indicateurs de performance dans ces domaines. Inversement, rien ne permet dire aujourd’hui que le sarkozysme sera cette force inexpugnable, assurée de dominer la politique française dans les dix années à venir. Qui aurait prévu la chute spectaculaire du gouvernement Juppé en 1997 lors de l’élection de Jacques Chirac ?

Des considérations qui précèdent, il est possible de dégager deux axes permettant une contre-offensive : l’un pour déjouer le piège sarkozyste du consensus mou et faux entre la droite et la gauche ; l’autre pour repolitiser les débats politiques et redynamiser le clivage gauche-droite sur les questions sociales et économiques, tout en dénonçant le faux-nez libéral de l’UMP sur les questions sociétales.

Le piège sarkozyste

L’hégémonie culturelle du sarkozysme se construit sur un rythme binaire : d’une part, des triangulations sur le terrain traditionnel de la gauche (l’école, le travail, les discriminations) ; de l’autre, la mise sous tutelle de personnalités politiques de gauche par le biais de la cooptation ou du débauchage. Si cette stratégie est relativement inédite en France, elle est déjà bien éprouvée en Grande-Bretagne, en Italie ou en Allemagne. S’opposer sur le détail ou l’anecdotique (les « petites phrases » et les querelles de personnes) et s’accorder sur l’essentiel (les choix économiques et sociaux majeurs), tels sont les deux piliers d’une tactique qui vise à étouffer tout débat public pluraliste et à tuer dans l’œuf toute politique macro-économique alternative.

En adoptant un positionnement interclassiste, Sarkozy a œuvré à la constitution de ce que l’on appelle en Grande-Bretagne une Big tent coalition. Ce type d’attelage ad hoc ratisse large, à droite et à gauche, recherche le consensus autour des grands dossiers du moment (retraites, temps de travail, immigration, sécurité, école, Europe). Sarkozy (tout comme ses modèles Tony Blair et Gordon Brown) prend constamment l’« opinion publique » à témoin : les problèmes politiques de nos jours sont techniquement complexes et échappent pour une large part à l’emprise des gouvernements (intégration européenne, mondialisation). Par conséquent, le gouvernement doit appliquer à ces dossiers les politiques « adaptées » à une « gouvernance volontariste, mais raisonnable ».

Des débats techniciens sont menés par des « experts » de gauche et de droite interchangeables. Ces acteurs du consensus mou sont d’accord non seulement sur les finalités sociales et économiques, mais encore sur les modalités de leur mise en application. Cette mise au diapason de l’ordre néolibéral des principaux partis de gauche et de droite présuppose l’adhésion de la gauche gouvernementale à tout ou partie des choix sociaux-économiques de la droite. En Grande-Bretagne et, dans une moindre mesure en Allemagne, ce repositionnement a été en partie dicté par de longues périodes passées dans l’opposition. Plus étonnant est le cas italien, où le PCI – une social-démocratie de gauche - a fait le choix de la droitisation au début des années 90, dans le contexte d’une démocratie-chrétienne en plein désarroi moral et électoral.

La France présente une situation hybride. La gauche socialiste et plurielle a gouverné une bonne partie des années 80 et 90. Des mouvements sociaux, combinés à une gauche radicale non négligeable ont remporté des victoires politiques significatives (1995, 2005, 2006) ou de portée plus symbolique (le nombre de voix élevé de la gauche radicale au premier tour de l’élection présidentielle de 2002). Ces succès de gauche ont constitué autant de revers cuisants infligés à la droite et à la fraction néolibérale du PS. Ils ont de fait empêché les forces néolibérales en France d’atteindre ce tipping point au-delà duquel tout retour à l’ante status quo deviendrait des plus improbables. Malgré la relative résilience de la gauche française, des dirigeants socialistes semblent séduits par le faux « apolitisme néolibéral » de la droite. Selon eux, l’avenir de la gauche passerait par une alliance avec le MoDem ou un séjour dans le gouvernement Fillon.

Pour ce qui est d’un rapprochement avec le MoDem, le cas de la création en Italie du Parti démocrate mérite de retenir l’attention. Cet énième recentrage de l’ex-PCI s’inscrit dans le cadre d’une érosion électorale des voix de gauche depuis quinze ans. Désenchanté par la droitisation constante des Démocrates de Gauche (DS), l’électorat de gauche tend de plus en plus à se réfugier dans l’abstention ou à reporter ses suffrages sur le Parti de la refondation communiste (PRC). La situation de la gauche italienne – sur de nombreux points similaire au cas français - devrait faire réfléchir le PS et ses alliés. Car la démarche centriste des DS n’a pas endigué le déclin électoral de la social-démocratie italienne. Elle l’a assurément exacerbé. Par ailleurs, les nombreuses refondations de l’ex-PCI ont été synonyme de droitisation politique ; une droitisation qui a en retour légitimé le discours de Silvio Berlusconi. Ce dernier, promu par le « centre gauche » interlocuteur principal de « centre droit », a eu tout le loisir de se réinventer en homme d’Etat, « modéré » et « raisonnable ».

Faut-il prendre au sérieux les débauchages des Kouchner, Bockel, Besson ou autres Fadela Amara ? Dray, Valls et Lang seront-ils les prochains élus d’une nouvelle ouverture sarkozyste ? Les Gracques apportent-ils une réponse au marasme idéologique de la gauche, avec leur tentative de recycler la Troisième voie blairiste des années 90 ? Ces personnalités de gauche – faux candides, mais vrais demi-habiles - plongent avec délice dans le piège sarkozyste. Ils acceptent de se fondre dans le cadre « post-démocratique » d’une société réputée pacifiée, soumise aux exigences des marchés financiers, pour lesquels des gouvernements de « centre droit » et de « centre gauche » revoient continuellement à la baisse le niveau de protection sociale de leurs concitoyens. Dans ce champ de luttes anesthésiées, les conflits d’intérêt entre catégories sociales et le mode même d’opposition politique sont artificiellement niés. « L’ouverture est un devoir » ; « Je dois aller chercher tous les talents », assénait récemment le président de la République à des parlementaires UMP déroutés par l’ouverture à des personnalités de gauche. Sarkozy est bel et bien blairiste sur ce plan. Et tout comme l’artisan de la guerre d’Irak, il compense cet évitement du politique en dissertant sur les « valeurs ».

Péroraison sur les valeurs

La bouffonnerie « pipole » dans les médias rapproche Sarkozy d’un Berlusconi, le déguisement d’un néolibéralisme dur sous un discours post-politique lénifiant le ramène à Blair et à Brown, mais la péroraison sur les « valeurs » participe d’un rapprochement avec la logique étatsunienne des Culture wars et du « populisme de marché », comme inversion symbolique de la lutte des classes. Il pourrait s’agir de l’élément réellement nouveau du sarkozysme. Puisque le sarko-blairisme a décrété la fin du politique, entendu comme champ de luttes et de distinction, il lui faut faire oublier cet évitement en agitant un leurre : tout comme la droite néoconservatrice aux Etats-Unis, Sarkozy s’empare des valeurs, des notions stratosphériques dans son esprit, car il ne les rattache jamais aux conditions sociales de leur émergence et de leur développement.

Ainsi, « Mai 68 » est-il une érigé au rang de contre-valeur à abattre, symbole d’une bobocratie urbaine, politiquement correcte, coupée du réel vécu par le « peuple-qui-se-lève-tôt ». On peut comprendre que Sarkozy fasse l’impasse sur les conquêtes ouvrières des grèves, sur la démocratisation des rapports sociaux (à l’école, au travail, dans la famille) ou encore sur les avancées des idées féministes. Mais c’est la réaction de Ségolène Royal qui fut plus étonnante : la candidate socialiste, en retour, martela la thématique de l’Ordre (certes « juste ») et exalta le drapeau et la Marseillaise. Parallèlement à cela, l’évitement du terrain social fut des plus patents pendant et après sa campagne (critique maladroite et ambigüe des 35 heures, opposition à la revalorisation du Smic prévue par le programme socialiste).

Les enquêtes qualitatives conduites depuis plus d’une trentaine d’années montrent avec régularité que si les couches populaires sont plus « conservatrices » que les catégories supérieures sur les questions sociétales (en particulier sur les questions touchant à l’autonomie et à la liberté individuelle), elles sont inversement plus « progressistes » sur les questions sociales (redistribution des richesses, égalité économique). Il apparaît donc particulièrement contre-productif d’avoir axé une campagne sur la thématique des valeurs, domaine par excellence de la droite, et d’avoir déserté les questions sociales pourtant plébiscitées par les catégories populaires. Royal est arrivée en tête auprès des employés et des élites urbaines, alors que Sarkozy a été majoritaire parmi les catégories les plus aisées et une majorité d’ouvriers. C’est au sein de ce dernier groupe social que l’élection a été perdue : la timidité du programme social du PS combinée à un discours droitier sur les valeurs, a déplacé une fraction décisive de l’électorat populaire vers Nicolas Sarkozy, le candidat naturel de l’Ordre.

Croyant voter pour la « liberté de travailler et de gagner plus », les Français obtiendront bientôt à la place, l’allongement généralisé de la durée des cotisations retraite ! Le leurre sarkozyste aura fonctionné à merveille, avec le concours indirect de la candidate socialiste qui a déserté le terrain gagnant du progressisme économique, pour se battre sur le terrain perdant du populisme culturel cher à la droite. Julien Dray, fondateur de SOS-Racisme et ancien dirigeant de la Gauche socialiste, a concédé crûment que cette stratégie populiste était censée reconquérir les voix des « petits Blancs » séduits par le Front national. Peine perdue ! Si dans toutes les démocraties occidentales les valeurs ont pris une part aussi prépondérante dans le jeu électoral, c’est parce que la gauche de gouvernement adhère dorénavant au programme économique de la droite. Depuis l’élection présidentielle de 2002, le débat sur les valeurs a pris le pas sur la question de la répartition des richesses (puisque l’UMP et le PS admettent grosso modo l’inévitabilité du cours néolibéral de la mondialisation). Le déplacement des débats du social vers les valeurs assure ainsi une rente politique aux populistes de tout poil, qu’ils soient de gauche (Brown, Blair ou Veltroni) ou de droite (Sarkozy).

Une riposte collective

Des dirigeants socialistes considèrent deux évolutions possibles pour le PS : l’une peut être qualifiée de scénario italien (union électorale, voire organique avec le centre droit selon le modèle du nouveau Parti démocrate en Italie) ; l’autre de scénario allemand (scission de gauche au PS et création d’un nouveau parti de gauche avec tout ou partie du PCF, des altermondialistes, des syndicalistes et des Verts de gauche, selon l’exemple du Linkspartei allemand). Aucune de ces solutions n’est souhaitable, ni pour le PS, ni pour la gauche dans son ensemble. La centralité du PS à gauche (et de ses satellites Verts et radicaux de gauche) ne serait pas remise en cause avec une telle scission de gauche. En se retirant de ce parti, les éléments socialistes du PS faciliteraient grandement la tâche à ceux qui souhaitent mettre à exécution le scénario italien ; une manœuvre qui reste hors de portée de la direction actuelle tant que le PS demeure identifié par le salariat comme un parti « socialiste ».

La gauche radicale, dont la plaque tournante est aujourd’hui la LCR d’Olivier Besancenot, doit tirer les leçons d’une campagne présidentielle ratée. La stratégie mise en œuvre à cette occasion a été non seulement sectaire, mais aussi suicidaire. Pourtant désemparé par le populisme culturel de Ségolène Royal, l’électorat de gauche n’a pas pour autant été séduit par la pureté révolutionnaire de la Ligue. Les électeurs ont soutenu en masse la candidate socialiste car c’était le seul vote à leur disposition pour éviter une répétition du 21 avril 2002. De manière générale, la posture du « tout ou rien » de la LCR ne peut que renforcer la position des néolibéraux du PS. Ces derniers ne sont pas mécontents de ne pas être obligés de traiter avec l’autre gauche. C’est ce que concéda implicitement François Hollande à l’issue du dernier congrès de la LCR : « M. Besancenot veut faire la révolution guévariste en France, je lui souhaite bonne chance. Pour ma part, je prefère me battre pour améliorer le quotidien des Français ».

Il existe une stratégie plus subtile que la gauche radicale serait bien avisée de suivre. Au lieu de le refuser, la LCR devrait rechercher le dialogue avec le PS, le PCF et les Verts, pour tenter d’impliquer l’ex-gauche plurielle dans les luttes économiques. La réunion du groupe Riposte, pour décider d’une position commune contre les mesures les plus antisociales du gouvernement, est un pas modeste en ce sens. La LCR devrait mettre à profit sa présence dans ce collectif pour contraindre le PS à revenir sur le terrain du progressisme économique qu’il a déserté lors de la campagne présidentielle. Cette méthode placerait le PS dans une position inconfortable, car il aurait à se justifier devant ses partenaires de gauche toutes les fois qu’il renonce à se positionner sur le terrain de la justice sociale. In fine, il faudra un PS résolument « social », allié aux formations de la gauche radicale, écologiste et féministe, pour pouvoir démasquer les impostures du sarkozysme et les combattre avec succès.

* Maître de conférences en science politique à University College London (Université de Londres). Ce texte est la version remaniée d’un article paru dans un numéro spécial de la revue Mouvements : « New droite et sarkozysme » (No 52, novembre 2007).

Messages

  • l existe une stratégie plus subtile que la gauche radicale serait bien avisée de suivre. Au lieu de le refuser, la LCR devrait rechercher le dialogue avec le PS, le PCF et les Verts, pour tenter d’impliquer l’ex-gauche plurielle dans les luttes économiques .

    Et surtout notre ami devrait avoir la subtilité d’analyser la nature, les objectifs et le fonctionnement des dits partis de gauche pour saisir que le PS n’est même pas le parti travailliste qui pourtant accoucha du Blairisme. Il n’a aucun contrepoids social l’empêchant d’aller encore plus loin vers la droite que le blairisme, même si il part de plus loin à gauche. les luttes économiques sont pour une partie de la gauche un concept tout à fait surréaliste. En fait les forces essentielles qui gouvernent le PS sont des forces bourgeoises, plus précisément des nomenclaturistes bourgeois.
    La fuite vers Sarko sur une politique beaucoup plus à droite que les droites précédentes de barons historiques du PS ne doit-elle pas faire réfléchir sur la nature de ce parti ?

    Et toute la difficulté est là, la LCR pourrait faire tous les ronds de jambe nécessaire que ça ne ferait pas bouger de beaucoup le PS. D’ailleurs ils ont participé aux discussions avec le PS et ont été contraint de laisser tomber. Le PCF a essayer encore plus longtemps d’infléchir le PS et de le pousser à s’inserrer dans la riposte sociale.

    Puisqu’on parle du comité Riposte, comment ne pas noter tous les efforts faits par le PCF pour conserver le PS dans le jeu, sur des positions devenant finalement complètement inaudibles pour les travailleurs , sans infléchir le PS qui finalement resta l’arme au pied...

    Cet effort, demandé là à la LCR, fut donc fait par le PCF, pour un terrible résultat.

    Comment ne pas reconnaitre une situation et faire porter des propositions saugrenues faute d’analyse sérieuse des forces politiques en présence.

    Ils ne veulent pas !
    Ils jouent le Modem !

    La vérité est que la flamme sociale du PS ne peut se réveiller que si le mouvement social se réactive et reprend puissance, en son absence prévaudra le crédo anti-ouvrier et ultra-libéral du PS qui prévoit la poursuite de l’agression contre les retraites, les logiques policières contre les victimes du capitalisme et les déshérités, qui prévoit des gâteries du TCE, etc. Mais même avec une puissante réactivation, il est fort possible qu’on ne puisse espérer mieux du PS qu’un engagement libéral au sens américain du terme, pas plus. Le PS étant devenu le Parti radical de l’entre-deux-guerres, le radicalisme en moins si j’ose dire.

    C’est là la grande vérité des choses et sa dureté.

    Le mouvement social ne peut qu’avoir très peu d’alliés dans les partis de la nomenclatura politique, dans la réactivation du combat social hélas. Et il n’y a que peu d’illusions à entretenir là dessus. Les dernières illusions ont couté un prix astronomique sous la forme du sarkozysme, et incidemment un prix exceptionnel pour le PCF qui s’est détruit en partie en essayant d’infléchir la trajectoire du PS, du moins d’éviter qu’il ne continue de dériver vers la droite.

    Les quelques terrains où peuvent se faire alliances sont rarissimes . Et pas tant sur la question sociale, terrain central, où justement les positions sont opposées, les natures opposées.

    Le PS a continué de dériver vers sa droite entre les mouvements sociaux post-dernière élection de Chirac et Mai 2005, entre Mai 2005 et la présidentielle, entre la présidentielle et maintenant.

    Rien que pour saisir la main du PS il faudrait lui courir derrière vers la droite et à chaque fois que la mimine nous semblerait à porter celle-ci se déroberait pour aller plus loin.

    Sur le fond on ne peut s’abstraire d’une analyse des forces encore en état de mener une intervention dans les batailles sociales. Si on se passe de cela, on peut batir tous les plans sur la comète possible, même s’imaginer que la LCR avec quelques milliers de militants va être futée comme 10, manœuvrière comme 100, et puissante comme 1000 .

    Même, si ce petit groupe s’engageai là dessus , vous pourriez commencer à roder les mêmes arguments sur LO, car ça en serait fini de la LCR ou presque.

    Passer à la contre-offensive face au sarkozysme nécessite plusieurs terrains d’intervention. Unifier pour reconstruire une force puissante, ouvrière et populaire, indépendante complètement des tentations nomenclaturistes. Cette force est en train d’arriver à portée de main et est en train de se décanter dans le soulèvement des militants du PCF et des organisations LCR et LO. Non pas en tournant cela vers la droite pour en faire une cathédrale de guimauve qui se dispersera comme une volée de moineaux à la première distribution générale de postes électifs, ne freinant la continuité de la dérive vers la droite du PS que le temps d’un souffle passager, mais en tournant ce processus de reconstruction vers le mouvement social, à son service et politiquement vers la gauche. Travailleur donc et vers la gauche. A l’anciene on dirait ouvrier et vers la gauche.

    C’est cette force de gauche, qui existe en filigrane, qui est susceptible d’agglomérer au concret et de donner un souffle puissant au mouvement social, lui donner perspectives politiques. Le travail est là, comme il est également dans le travail de reconstruction de syndicats unifiés, puissants , fortement contrôlés par les militants.

    Donc unir la gauche qui place les travailleurs comme sujets et maitres de la transformation sociale et politique. Bref, rassembler ceux qui estiment que la lutte de classes existe toujours et font choix de participer aux côtés de la classe déshéritée.

    La première réunification doit se fait là et sur ces terrains. Et, in fine, ça sera la seule façon de faire ré-infléchir éventuellement vers la gauche le PS en se concentrant sur la création d’un pôle puissant et distinct du PS.

    La question spécifiquement idéologique de la bataille contre le sarkozysme implique de prendre à l’adversaire certaines leçons bien oubliées : Sarko ne s’attaque à rien sans ce qu’il appelle une préparation d’artillerie longue et massive. C’est à dire, contrôler les médias (ce fut fait en France au cours d’un long processus depuis des années, comme cela se fit méthodiquement aux USA, en Italie et en Grande-Bretagne) et les faire frapper à coups redoublés sur des points précis pendant des années (contre les grèves, contre les spécificités et conquêtes sociales de catégories sociales, contre la réduction du temps de travail, mentir comme un arracheur de dents sur la question du chômage, etc).

    Le PS partageant largement les objectifs du Sarkozysme, ne s’en distinguant que par la façon dont ils mèneraient cette politique, n’a pas fait obstacle à la prise en main des médias par une idéologie ultra-libérale quand il était aux affaires et a été très gêné pour s’y opposer ensuite et ne protestant que seulement quand au bout du bout cette main-mise à finit par les bâillonner à leur tour.

    Pour nous, pour contre-balancer cette propagande ça nécessite d’essayer de trouver des moyens à même d’approcher la force des médias unipolaires, Télé-Sarko , Radio-Sarko et sa presse.....

    En jouant sur des terrains où on peut disposer d’avantages, de forces plus importantes, à défaut d’avoir l’argent et le contrôle.

    Copas

  • je pense qu’une des erreurs c’est de personnaliser le débat autour de Sarko et de tomber dans le pipole.
    C’est le MEDEF qui combat ! et elle n’a qu’un bon maréchal comme gérant de façade, quand au PS d’accord avec Copas, plus on cherche à le tirer à gauche, plus il tire ceux-là sur sa droite et je suis satisfait d’entendre dire MG Buffet que nous avons trop surestimé les accords électoraux et qu’il faut reconstruire un vrai projet...je rajouterais anti-capitaliste ! commençons par appeler les choses par leur nom.

    La guerre ouverte, après les harcèlements sur les pitons (télé, pseudo-intellectuels...) va connaître un épisode important avec la riposte "aux retraites" gagner ce combat là est primordial et c’est l’urgence du moment. Que d’aucuns tergiversent pour leur casaque me laisse pantois, pendant le même temps la question du pouvoir d’achat est posée de plus en plus, de manière disparate,incomplète et incomprise...

    Une des "missions" des forces vraiment à gauche n’est-elle pas de rassembler le plus largement possible sous les bombardement ? ou continuerons-nous à discuter des uniformes des uns et des autres ?

    D’accord : seul le mouvement populaire peut contrebalancer momentanément la dérive droitière intrinséque au PS, encore faut-il être présent sur le terrain avec nos moyens (réduits...)et ouvrir grands les yeux : il suffit de regarder au-delà de nos frontières pour sentir que "le ventre est encore fécond d’où jaillit la bête immonde" et le Capital a toujours plusieurs plusieurs fers au feu, s’il le faut il est capable de tout et du pire !

    Cette période voit naître "des possibles" ceux qui "fou sous la grêle ferons les délicats" porteront une lourde responsabilité dans les malheurs encore plus grave à venir.

    Arlequin

  • pour un individualiste de mon accabi,le jeu tourne autour de mes intérets en toutes saisons et en tous terrains , mais aussi ne faut’il pas faire la part de tout un chacun ,qui est un gage et de prospérité ,de tranquilité ,de paix civile (celui qui se débrouille bien réusi, et je ne suis pas jaloux du tout (bravo) mais ce n’est pas aussi simple lorsque les gens trichent ,grugent a tout vat . :->
    si l’éfondrement de ce système vat a son tèrme, il est a craindre qui la" délinquance légitime "(il n’y a pas de place pour tout le monde et c’est la bagarre ), grandisse , mais le pire a mon avis réside dans l’injustice falgante que peuvent utiliser les gens bien placés dans le système et qui vont en user ,qui vont en profiter,en faire une loi, pour voler les valeurs réelles en employant la violence (pillage , rapine etc)(légitime défence :-)
    ce qui fausse le jeu de la libre activité du citoyen qui se débrouille par lui meme ,mais qui rencontre les lois qui protègent les gens du système etablit .
    si les budjets s’éfondrent , les gens vont imanquablement autopoduir , vous passer en mode nocturne (balck ) et se faire réprimer ,vu qui cela ne rapporte rien a l’état(sangsues ,vampires divèrses et variées )
    la chute risque d’etre encore plus rapide (plus d’impots, plus de payes,etc :-(...................URSSet compagnie )
    parler de rapports G/D,est une illusion que le citoyen doit éloigner de ces croyances en la justice sociale ,puisque tout le monde voit que les vielle peau lythiques ,n’en font qu’a leurs tets, et se fichent du citoyen depuis VGE, puis FM etc.......
    les invèstisseurs ont ete les cheval de troy,les actionaires les pilleurs du travail, le fric est parti et poil aunez .......................................enfin, ce n’est que l’avis dun citoyen du bas ;-)
    (un chouka)

    • je ne suis pas trop surpris par cette politique bonnet blanc et blanc bonnet , puisque durant ma vie professionnelle ;c’etait me meme schémat qui prévalait :le chacun pour soi.
      en effet le mal vient peut etre en partie , de l’éfondrement de la liquidité de la clientelle des PME ?
      cet effet pousse peut etre a la baisse ?
      ceux qui veulent faire des réalisations en savent quelque chose ...............
      la création de richesses ne peut s’organiser ,si les gens n’en n’ont pas les moyens.
      cèrte, il y a une autre masse de chefs d’entreprrises ,qui font dans l’intèrnational,et ne rapportent pas grand chose a la circulation financière (retour du fric ),sur les produits achetes a l’étranger ? donc de mon point de vue, si ce pays prodisait plus de richesses ,il aurait moins de difficultés a entretenir son parc administratif,mais aussi tout ce qui est social (sécu,assurances, retraites ,infrastructures etc.)
      une dévaluation serait peut etre envisagée dans l’europe ,pour briser cette tendance ?
      ainsi c’est le contraire qui se produit,les salariés cotisants d’alors deviènent des pèrsonnes a charge ?
      c’est un double basculement ?
      dans le meme temps, les actionaires qui me semblent inutiles ponctionent les résultas positifs pour faire envoler le fric ayeur .
      cela me donne l’impression que la chute est encore bien plus rapide que ce que les zélites :-) veulent nous faire croire ?
      ainsi un éclatement peut etre subitement déclanché sans que pèrsonne (populasse ,hillotes, piétaille )ne s’en doute :->
      cela peut etre meme planifié pour des raisons "qui échapent au néophite"(mystèrieuses :-) :-(
      ce schémat ne peut donc ,a mon avis inclur l’état social !
      c’est donc une rupture qu’il faut enticiper au plus vit si nous ne voulons pas nous retrouver sans un ?
      il me semble que le replis des travailleurs doit se faire sur eux meme ,s’ils ne veulent pas se faire plumer leurs bénéfices ,par la grande machine qui ramasse aussi sur les indépendants que sont les exclus du système social de vieille date ?(dans un passé recent , pour moi, les artisans, comme les commèrçants,artistes etc.... etait encore plus exposés que les salariés ,et les agents de l’état s’ils ne trichaient pas .)que les chomeurs obsolètes ?
      il me semble donc que la participation a cette" machine ultralibérale" (parasite ) ruine les citoyens ?
      la sortie , ne me semble donc pas du coté des gens de la politique qui ont intéret a ce que cette panade pèrdure sur le dos des créateurs de richesses ?
      parler leur lagage,nous fait oublier nos repères ?
      la politique ne raporte donc rien aux travailleurs qui vont de plus en plus etre des exclus de tout ,a l’exèption de prélèvements fiscaux ?
      c’est un article formidable !
      u c

  • Il n’ y a pas de perspective hors le mouvement social ;et tout le mouvement social ;

    “Il suffit de regarder autour de nous : une très large convergence du mouvement social est en train de se former, à l’initiative de l’Alternative libertaire, autour d’un facteur de cristallisation assez important, et qui s’appelle "droit à un revenu individuel décent" avec, pour référence, le "SMIC revalorisé et des droits sociaux afférents (logement, santé, transport, formation, points rétraite, progression de carrière ...)".

    Des débâts de concertation très intensifs sont en cours (RdV par exemple, à Paris, le 6 novembre, de 18h-20h, Bourse de Travail) entre les portes-paroles de syndicats (CGT chômeurs, FSU ...), des associations, collectifs et réseaux en lutte contre la précarité sous l’égide d’AC !, Attac, et la Confédération paysanne ... Un tel revenu individuel doit être reconnu à TOU(TE)S, il doit être INCONDITIONNEL et inscrit à la CONSTITUTION comme un DROIT DE L’HOMME.”

    http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=54126

    • Pour la citoyenne ordinaire que je suis, il est dur de voir autour de soi autant de personnes adherer à des valeurs qui vont contre leurs interets , ils ont des petits salaires , des petites retraites, des gros loyers.....etc ...mais qui à gauche va leur faire comprendre que les problèmes ne sont ni l’insécurité ni les éventuels fraudeurs .pour ce qui concerne le parti socialiste mieux vaudrait qu’ils se déterminent haut et fort , voyager en plein brouillard est très fatiguant , quand ça dure trop longtemps : ON CHANGE DE ROUTE .
      Allez du courage , cordialement
      lysagil

  • C’est un article intéressant auquel je ferais cependant un "reproche" ou plutôt au sujet du quel j’émets un regret : il n’est pas marxiste, ni même socialiste et je tourvedommage qu’il n’envisage les choses que d’un point de vue assez "idéaliste" et pas assez matérialiste pour moi. C’est une analyse assez "Sciences- Po". Cela étant dit, c’est un élément d’analyse intéressant , il y a des remarques qu’i l faudrait reprendre et creuser, même si elles tiennent surtout à la forme de l’Idée politique, et il faut le rapprocher de celui que vient de publier Georges Gastaud (pour le coup très très marxiste) - publié ici également. Ma questio n serait ici : comment peut on tirer part i de ce type de travaux pour en nourrir une analyse "marxienne"...

    Fraternellement
     ;-)
    La Louve

    • Je te trouve bien gentille là.

      Le problème posé par cet article c’est qu’il ne va pas au fond des choses, comment se construit un parti, comment se construit son idéologie, comment ce qui se passe dans la société pèse d’une façon décisive sur lui.

      Je reviens au fond : Le PS a changé, et il n’a pas changé parce que ses dirigeants ont eu des idées lumineuses, ou traitresses, ou paresseuses , mais parce que ce qui faisait le moteur d’une social-démocratie en France (et en Europe) est enrayé . Plus de compromis capital-travail, donc plus de caste politique qui se nourrit et fait intermédiaire pour ce compromis, plus de substrat donc à son existence .

      A partir de là le PS, du moins les dizaines de milliers d’élus qui font sa colonne vertébrale, ne peuvent plus se tenir en intermédiaires dans un monde où la bourgeoisie a annulé et annule tous les compromis du passé. La bourgeoisie ne reconnait plus comme intermédiaire la social-démocratie , et cette dernière n’a plus d’autre choix que de sortir complètement de sa position passée.

      Il n’y a plus de grain à moudre, donc la social-démocratie ne sert plus à rien. Pire celle-ci s’enfonce vers la droite et l’anti-social pleins feux, et, dans cette course de vitesse, il lui arrive de se faire prendre à revers par un Sarkozy qui peut , à peu de frais, se montrer à gauche d’elle en jouant sur un ouvriérisme ridicule mais qui devient sérieux par le simple fait de la déliquescence anti-sociale du PS.

      De l’autre les travailleurs ont de plus en plus de mal à trouver leur place dans un parti qui ne leur permet plus de disposer des miettes retombées. Ce qui ne signifie pas que personne ne votera pour eux, bien au contraire, mais que le fonctionnement d’antan c’est fini .

      Le principe social-démocrate peut réapparaitre, mais ça nécessitera préalablement de puissants mouvements sociaux qui créent les marges nécessaires à son existence en tant qu’appareils.

      Chercher à mener une politique de main tendue avec une social-démocratie qui n’existe plus c’est se tromper sur à qui on tend la main. Le PS ne peut être convaincu, car le moteur qui le pousse à trancher les dernières amarres sociales est le plus fort. Faire des proclamations, des initiatives, un comité avec eux nécessite de ne rien lâcher sur ce qui permet de mobiliser les travailleurs, sur ce qui défends avec énergie les intérêts des classes populaires. Seule la puissance d’un mouvement social peut avoir influence sur la trajectoire du PS. Et éventuellement lui faire redécouvrir les vertus de la social-démocratie, orientation qui est déjà beaucoup plus à gauche que le fonctionnement actuel du PS.

      Ce qui ne signifie pas évidemment qu’il ne faille pas ne pas leur proposer quelque chose. Au contraire, si ça peut affaiblir le camp d’en face .... Mais sur des bases qui n’affaiblissent pas les travailleurs.

      Par contre, il existe une série de terrains sur lesquels des divisions utiles des pro-bourgeois sont bienvenues. La défense de la liberté d’expression, la question des médias, etc. Toutes des questions qui permettent de mener une bataille idéologique dans de meilleures conditions.

      Cop.

    • Bah, c’est pas bien compliqué : les idéologies , philosophies, sociologies et politique sont à la production ce que la cinématique est à la dynamique. Gros poutous à Elodie. Vieux stal borné.

    • Salut Cop et Elodie, ( j’ai du couper mon post ) les idéologies, philosophies, sociologies et politique, sont à la production ce que la cinématique est à la dynamique. Vieux stal borné.

    • c’est tres bien expliqué, COP.
      le PS,n’est meme plus un intèrlocuteur crédible pour les travailleurs , ces gens ne voient que leurs bénèf financiers .(libéral, libéral )
      il n’ont plus rien a faire avec les travailleurs :faites vos choix amis travailleurs !
      ils sont bien capable de nous entuber avec leurs rapine(réseaux sociaux :-) sur le dos des gens du bas qui détiènent encore des valeurs que ces rapasses ne dédaigneraient pas de réquisitioner au nom du social !
      dans ces conditions , le chacun pour sa gueule est ce qui me semble le plus réaliste :->
      le PS,n’existe plus ,il est remplacé par NS et sa formation :-D