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Du bon lait cru, qui l’eut cru

Publie le samedi 22 mars 2008 par Open-Publishing
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Un à zéro, et la balle au centre pour un nouvel engagement. C’est le sens du vote des producteurs de camembert en Normandie qui ont mis en échec les multinationales Lactalis et d’Isigny Sainte Mère qui se gaussaient de pouvoir vendre du camembert à partir de lait pasteurisé*. De fait, si vous aviez bien observé, il était devenu impossible de trouver du véritable camembert dans les rayons de nos supermarchés préférés. Au début de cette homérique bataille, les industriels laitiers avaient prétexté une impossibilité d’exportation vers les USA (vous savez ce pays où nous sommes désignés sous le sobriquet « les fromages qui puent » !) au motif que les denrées non pasteurisées présentaient un risque de santé publique. Les vaches normandes en rient encore !…
Cependant, force était de constater que depuis, le fromage au lait cru avait disparu et il fallait de la patience et de l’envie pour dénicher un « coulant baraqué » de bonne facture à un prix raisonnable.

En revanche, ces messieurs à la tête de leurs usines à produire des obèses inondaient et inondent encore le marché de fromages dit camembert, dans lesquels ils ont mis de nombreux agents de saveur et de texture pour faire oublier l’insipidité du lait pasteurisé. Et derrière cette manœuvre, que l’on ne s’y trompe pas, c’est bien la longévité en rayon qui était visée. En effet, un fromage au lait cru doit se vendre plus rapidement qu’un autre au lait pasteurisé qui supporte mieux un séjour en magasin. Les grandes laiteries sont alors obligées de déployer une logistique plus coûteuse en camions réfrigérés plus petits pour des livraisons plus fréquentes.

C’est un peu contre tout cela que les producteurs normands ont choisi d’enrayer en se prononçant pour un retour à un fromage plus traditionnel que les consommateurs vont retrouver bientôt dans les caddies pour le plaisir des papilles. Je ne sais pas comment il faudra les en remercier. Peut-être tout simplement en dégustant un bon « calendos », avec un verre de coteaux du Quercy pour le plaisir des saveurs.
L’AOC est donc pour l’instant sauvé, mais gageons que ces grands pontes industriels ne vont en rester là et qu’il faudra continuer à accompagner les associations de consommateurs et les producteurs dans leur combat pour un goût authentique et à la portée de toutes les bourses.

Alors, risque de Listéria ou non, je vous appelle, fidèles lecteurs à exiger un camembert AOC qui ne sera pas fait à partir de lait thermisé (c’est toujours écrits en tout petit sur les boites…). Ce combat en vaut un autre car il est emblématique de cette propension qu’on les industriels à vouloir nous faire sans cesse « bouffer de la m… ». Désolé cela m’a échappé !

Démocrite le 19 mars 2008

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