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Italie : LA RÉFORME TREMONTI-GELMINI DOIT ÊTRE BLOQUÉE ! (videos Napoli, Pisa, Firenze, Milano...)

Publie le mercredi 29 octobre 2008 par Open-Publishing

de DOCTORANTS ET CHERCHEURS DES UNIVERSITÉS DE NAPLES

Avec le blitz du 6 août le gouvernement Berlusconi a converti en loi le décret 122, impunément appelé "Dispositions urgentes pour le développement économique, la simplification, la compétitivité, la stabilisation de la finance publique et la péréquation fiscale", en poursuivant le processus de "réforme" de l’école et de l’université. Depuis un mois à présent, contre cette mesure, descendent sur les places élèves, parents, instituteurs, professeurs, personnel technique et administratif, précaires de l’enseignement.

La mobilisation est forte également dans les universités : la protestation d’étudiants, doctorants, précaires de la recherche, s’étend de Turin à Palerme, en passant par Milan, Gênes, Pise, Florence, Bologne, Rome (et bientôt Bergame, Parme, Venise, Padoue, Ferrare, Pérouse, Bari, Salerne, Cagliari, Reggio Calabria, Catane)... Certaines facultés sont déjà occupées, dans d’autres les cours ont été interrompus, l’année suspendue.

Il n’y a pas de quoi s’étonner : tous ceux qui vivent et travaillent dans les écoles et dans les universités ont compris, que derrière des vocables comme "simplification" ou "stabilisation" il y a le désengagement de l’État, que "compétitivité" et "péréquation" signifient en réalité "revente". Des écoles maternelles au-delà des écoles doctorales, tout le système de l’instruction est déstructuré, à travers la suppression des financements, la mise en précarité, le blocage des recrutements.

La loi 133/08 ne représente pas cependant une absolue nouveauté : elle s’insère en effet dans le processus de démantèlement de l’instruction publique entrepris depuis au moins 15 ans par les gouvernements de centre-droit et de centre-gauche. Cela fait longtemps en effet que se succèdent de supposées "réformes", destinées à seconder les préceptes idéologiques du néo-libéralisme.
Ce dernier vise à re-dessiner comme il l’entend les rapports entre capital et travail, en piochant dans les dépenses sociales comme la santé, les salaires et les retraites, disséminant partout insécurité et précarité.

L’université se trouve au cœur de ce processus. Elle est naturellement un espace clé à investir à tout prix : ici en effet on endoctrine les futures élites, on habitue au travail les futurs précaires de demain. Déjà la réforme qui introduisait le tristement célèbre "3+2" avait assené un coup dur au système : les étudiants, fragmentés en myriades de licences aussi nombreuses qu’inutiles, sont contraints de suivre obligatoirement les cours, de grappiller des "crédits" ça et là, de se plier à des formes de travail non rétribué sous forme de stage, en étudiant de façon parcellaire, obsessionnelle et mécanique.

Et pourtant la manœuvre Tremonti-Gelmini réussit à faire pire. Grâce à une campagne médiatique violente et inédite, vouée à criminaliser le statut fixe (par trop propre aux fainéants), on tente de ramener l’instruction 40 ans en arrière pour créer une Université de série A, constituée de pôles d’excellence, où éduquer les dirigeants de demain, et de série B, où asservir la future main d’œuvre à bas prix. Comme déjà expérimenté ailleurs, on tente de détruire par tous les moyens le secteur public pour ensuite faire valoir des urgences, et mettre en œuvre, sous le paravent idéologique de la "réforme", des mesures qui minent le fondement du système public.

Voilà ce que prévoit la loi Tremonti-Gelmini :

 Blocage des recrutements : dans les trois prochaines années est prévue une seule embauche pour cinq départs en retraite. Ce qui signifie une réduction dramatique du « turn over » et un conséquent vieillissement de la classe enseignante, déjà aujourd’hui parmi les plus vieilles d’Europe. Ceci marquera l’impossibilité pour les plus jeunes d’accéder à la recherche et à l’enseignement, en allongeant de façon insoutenable les échéances de recrutement. Seront intégrés seuls ceux qui peuvent patienter sur de longues et fastidieuses « listes d’attente » : pour les autres qui ne viennent pas d’une famille aisée c’est la résignation ou l’exil. Un abandon qui appauvrit toute la société, étant donné que l’instruction et la recherche ne sont pas des dépenses superflues, mais ce sur quoi se joue le futur d’un pays.

 Coupe claire dans le budget ordinaire : Jusqu’en 2013 est prévue une suppression de 1441 millions d’euros, soit 20% en moins du bilan budgétaire de 2008. Bilan du reste dérisoire, étant donné que 90% des universités sont déjà contraintes de dépasser les plafonds de dépense. Ces coupes aboutiront à une augmentation des frais et du nombre d’étudiants par enseignant, et à une ultérieure dégradation de la qualité de la pédagogie, de la recherche et de tous les services, avec la réduction des bourses d’étude, dégradation ou fermeture de cantines, bibliothèques, laboratoire, secrétariats, résidences universitaires...

 Possibilité de transformer les Universités en Fondations de droit privé : pour se financer et jouir au mieux de leur « autonomie » (mais autonomie de quoi ? des liens sociaux que la collectivité abandonne aux intérêts sans limites du marché !), les universités ouvriront à des sujets privés, comme des mécènes particuliers ou des entreprises, l’accès aux instances de direction des Facultés. Personne n’offre gratuitement, et ainsi ce qui appartenait à tous sera aliéné. Conséquences : adéquation des programmes aux intérêts des entreprises, contrôle majeur de la recherche (seront en effet financés seulement les programmes qui entrent dans des critères déterminés par le gouvernement ou l’UE), jusqu’à la revente matérielle du patrimoine immobilier pour récupérer des fonds.

En tant que doctorants, boursiers, précaires de la recherche, chercheurs contractuels, à temps partiel, « à discrétion », et toujours « à disposition », nous jugeons cette réforme, plus encore que les précédentes, comme une véritable sauvagerie. En consonance avec la restructuration néo-libérale du marché du travail, nous sommes fragmentés en une myriade de contrats et statuts divers, sous-payés ou sans aucune rétribution, sans droits ni reconnaissance d’aucun type, assimilés à des logiques baronales et de cooptation. Nous pouvons accéder à un contrat décent seulement si « affiliés » au bon créneau d’enseignants, nous sommes contraints de subir la répartition des postes ad personam, des mécanismes de recrutement corrompus et burlesques, alimentés par des dessous de table entre groupes de pouvoir. Et ce malgré les prédispositions constitutionnelles à des concours ouverts et transparents pour l’accès aux charges publiques (art.97). Celles-ci devant être « fondée sur le travail » protégé à temps indéterminé (art.1), et œuvrer pour « la suppression de tous les obstacles d’ordre économique et social, qui, limitant de fait la liberté et l’égalité des citoyens, empêchent le développement complet de la personne et la participation de tous les travaux à l’organisation politique, économique et sociale du Pays » (art. 3) !

Ces éléments nous rendent difficile toute identification à une subjectivité de même qu’à un type de lutte déterminés. Mais en pratique, dans notre activité quotidienne, nous sommes un sujet unitaire. On s’est tant étendu sur notre présumée faiblesse, notre incapacité à être le moteur de ce mouvement sans l’appui de pouvoirs forts, des institutions et des nombreux barons. Nous pensons en revanche qu’eux sont faibles par leur recours (et gestion à tout va) à la protestation pour défendre leurs privilèges. Nous ne devons pas nous leurrer : aujourd’hui ils nous flattent au nom d’un présumé intérêt commun, mais demain le carrosse redeviendra citrouille et, comme toutes les têtes de bois, une fois devenues inutiles, nous serons jetés.

Dans l’université italienne, il manque au moins 30000 chercheurs pour entrer dans la moyenne OCSE. Nous avons le plus faible nombre de docteurs et de chercheurs par habitants d’Europe. Certes pas pour des préoccupations d’ordre social ou culturel, mais seulement pour « s ’armer » dans l’aspre compétition du marché global, les gouvernements de l’UE se sont employés en 2002 à consacrer à la recherche au moins 3% du PIB : notre pays en dépense aujourd’hui 1%. Mais même dans une période de crise économique les coupes doivent être faites ailleurs : l’Italie est au 8è rang mondial des dépenses militaires (25milliards d’euros, plus de 2% du PIB, en continuelle augmentation), sans parler de l’évasion fiscale et des 3milliards d’euros consacrés au financement des privilèges d’une des classes politiques plus riches et corrompues d’Europe.

Aujourd’hui plus que jamais nous affirmons que l’Université s’appuie sur le travail de 60000 précaires, soit la moitié des préposés à l’enseignement et à la recherche. Avec les étudiants et les travailleurs ce sont les premiers touchés par cette situation, et, justement parce qu’ils n’ont aucun privilège à défendre, ils doivent s’allier pour contrer l’asservissement du public aux intérêts du privé et aux desseins de Confindustria, d’abord mis en pratique par le gouvernement de centre-gauche, par celui du centre-droit aujourd’hui.

Nous ne voulons pas défendre l’Université du présent, classiste et baronale, mais la refaire : repenser l’école et l’université comme lieux de critique et instruments sociaux d’émancipation, ouvertes au territoire de la société.

CONTRE LA TRANSFORMATION DES UNIVERSITÉS EN FONDATIONS !

CONTRE LE BLOCCAGE DES RECRUTEMENTS !

CONTRE LES COUPES CLAIRES DANS LES BUDGETS !

LUTTONS UNIS AVEC LES ETUDIANTS ET LES TRAVAILLEURS

POUR BLOQUER LA REFORME ET POUR UNE UNIVERSITÉ LIBRE ET ACCESSIBILE A TOUS !

DOCTORANTS ET CHERCHEURS DES UNIVERSITÉS DE NAPLES

rete.univ.napoli@gmail.com

Photo et videos trouvées par Dr Furioso


Contro la Gelmini Napoli


Contro la legge 133 ! Assemblea in Piazza dei Cavalieri, Pisa


Manifestazione contro la legge 133 a Firenze


Movimenti anti Gelmini assalto in Cadorna Milano