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Pourquoi Onfray-t-il mieux de se taire

Publie le lundi 15 décembre 2008 par Open-Publishing
20 commentaires

de Claude Guillon

Le problème avec Michel Onfray, ça n’est pas qu’il est sot ou malhonnête. Le problème c’est qu’il est convaincu qu’il peut produire une critique légitime de l’activisme politique, depuis l’extérieur. Autrement dit : il se poste sur le trottoir, regarde passer la manif, et ricane sur le mode "Eh ben les p’tits gars, c’est pas comme ça que vous allez changer le monde !".

Personne n’a jamais vu Onfray dans une manifestation, un mouvement social, une assemblée générale, un comité de soutien... Il est connu pour deux prises de position :

1) le soutien à Otto Mühl, ex-actionniste viennois, ex-artiste d’avant-garde, devenu gourou d’une secte reichienne (« un laboratoire », dit Onfray) et violeur de jeunes filles, condamné et emprisonné pour cela ;

2) le soutien (critique) à Olivier Besancenot (il le trouve trop contestataire) qui, comparé au précédent, remporte facilement le prix du type le plus sympathique que la terre a jamais porté. Autrement dit, une vilenie - qui s’explique certainement, selon la théorie d’Onfray lui-même, par quelque détail biographique qu’il ne manquera pas de révéler un jour au public de son université populaire - et une ânerie. Sacré pedigree militant !

Onfray est une espèce de Philippe Val sans passé. Ce dernier a vécu sur le public contestataire, chevelu, antinucléaire etc. pendant des décennies (il lui vendait ses disques et ses spectacles) avant de lui cracher dessus et de le couvrir de leçons de morale ultralibérale. Onfray ne manque pas une occasion de moquer les anarchistes et en général tous les gens assez bêtes pour défiler ou brandir un drapeau, mais ça n’est pas en tant qu’ex revenu de tout, mais en tant que libertaire autoproclamé. Lui qui n’a jamais milité, jamais distribué un tract, jamais monté un comité de soutien, jamais soutenu une grève ou vendu un journal à la criée, explique au bon peuple ce qu’il faut penser de tout ça et comment on mène une lutte !

C’est du fait de cette prétention exorbitante, elle-même procédant de son extériorité absolue à tout antagonisme de classe et à toute perspective historique (la révolution est désormais impossible, et d’ailleurs peu souhaitable...), qu’il devait nécessairement adopter un point de vue de journaliste-flic dans l’affaire dite de Tarnac.

Ça commence dans le Journal officiel de l’esprit franchouillard, dont il est l’un des fleurons, Siné Hebdo n° 11 du 19 novembre 2008, sous le titre « Du bon usage du sabotage ». Onfray a-t-il jamais saboté quoi que ce soit ? On pariera que non. Peut-être une petite malveillance ici ou là, dans sa prime jeunesse (les pieds sur la banquette ?). Mais, dans la logique du personnage, c’est précisément ce qui lui donne le doit de parler urbi et orbi des sabotages attribués à d’autres par la police.

« Anarchistes, les saboteurs de TGV à la petite semaine ? Curieux qualificatif pour des rigolos qui servent surtout le dogme sécuritaire. [...] La poignée de crétins qui, semble-t-il, jouissaient d’immobiliser les TGV en sabotant les caténaires [...]. »

Semble-t-il. La présomption d’innocence tient à peu de choses sous certaines plumes.

Mais comme Onfray, aveuglé par sa légitimité de carton pâte, ne sait littéralement plus ce qu’il écrit, il se paie le luxe de critiquer chez les confrères de Libération ce qu’il vient de commettre lui-même trois lignes plus haut : « D’où une couverture du journal (“L’ultra-gauche déraille”) suivie de deux pages intérieures vaguement démarquées de la thèse du ministre de l’Intérieur [...] avec un éditorial qui, discrètement tout de même, recourt au conditionnel. On ne sait jamais... »

Recourir au conditionnel ! Fi donc ! C’est bon pour les journalistes de Libé qui « veulent discréditer la vraie gauche, la gauche de gauche » (avec des vrais morceaux de LCR dedans !). Onfray, lui, est un philosophe libertaire-nietzschéen-de-gauche. Lui peut donc ne pas se démarquer du tout de la thèse du ministère de l’Intérieur, sans passer le moins du monde pour une crapule.

Que ces saboteurs « adolescents attardés », « ces demeurés se réclament de l’anarchisme et de l’anarcho-syndicalisme s’ils le souhaitent. Mais qu’alors ils lisent Émile Pouget et son petit livre intitulé Le Sabotage. »

Où Onfray a-t-il pris que les saboteurs présumés se réclament de l’anarchisme ? Dans les communiqués de la police. Mais peu importe puisqu’il s’agit de faire croire que ces militants ne peuvent qu’ignorer Émile Pouget, comme d’ailleurs les lecteurs de Onfray, auxquels il le révèle. C’est un principe de publicité de lui-même sur lequel Onfray ne transige pas : il ne cite pas, il révèle. N’attendez pas de lui qu’il signale l’édition du Sabotage en poche chez Mille et une nuits ou la réédition aux Presses du Réel, ou les nombreuses versions téléchargeables sur le Net auxquelles n’importe quel moteur de recherche vous mènera en 3 secondes. Cela atténuerait son mérite !

L’article se clôt sur un appel à « des formes modernes de luttes qui permettent, par exemple de transformer les grèves en fêtes gratuites pendant lesquelles on voyagerait sans billets. Ou qu’on défende l’idée de la gratuité des transports en commun - ce à quoi je souscris. À quoi servent, sinon, les impôts ? »

Depuis la position qu’il occupe dans la société, Onfray ignore que des militant(e)s (beuark ! avec des drapeaux ?) se battent effectivement pour la gratuité des transports. Ils n’y souscrivent pas ; ils organisent des actions coup de poing pour imposer la gratuité dans des stations de métro, ce qui suppose de se donner des rendez-vous, de rédiger des tracts, puis de les distribuer, puis d’affronter les contrôleurs et les flics (c’est l’objectif du Réseau pour l’Abolition des Transports Payants (RATP, 145, rue Amelot 75011 Paris Site RATP.). Toutes activités parfaitement ridicules et dépassées aux yeux d’Onfray.
Deuxième couche

Il semble que le premier article d’Onfray a suscité de nombreuses réactions, majoritairement défavorables, voire agressives. Que fait le véritable philosophe ? Un examen de conscience ? Une autocritique ? Vous n’y êtes pas. Il prend le rouleau et en remet une couche. Épaisse et malodorante.

C’est dans Siné hebdo n° 13 du 3 décembre 2008. Après un petit topo pédagogique sur les conditions (pénibles) d’une collaboration hebdomadaire à un journal (songez qu’il faut que l’article ait été rédigé avant d’être imprimé !), Onfray réitère ses positions précédentes : critique de Libé, éloge de Pouget, du sabotage bien pensé - celui qui nuit aux patrons et non au peuple - et de la grève festive.

Il ajoute : « Qu’est-ce que je ne disais pas ? 1. Que ces individus arrêtés étaient des « terroristes » ; 2. Qu’on avait raison de les poursuivre sans preuve - j’écrivais le lendemain de l’arrestation et tout le monde ignorait qu’il n’existait aucune preuve tangible contre eux ; 3. Qu’ils étaient des “anarcho-autonomes” ou des tenants de “l’ultra-gauche”. Je persiste et je signe. »

Tout le monde ignorait qu’il n’existait aucune preuve tangible. C’était donc ça ! Ben alors, y’avait vraiment pas de quoi s’énerver. Il se trouvait que le libertaire gauche-gauche n’avait pas encore en sa possession les informations que les journalistes, sur lesquels il crachait (c’est un tic ! anarchistes, journalistes, tout y passe), allaient lui fournir au fil des jours. Et, franchement, qui aurait pu imaginer l’incroyable vérité que ces saboteurs de la vraie gauche allaient révéler : la police avait menti ! On se pince ! Comment voulez-vous qu’un gauche-gauche aille penser une chose pareille avant de la lire dans Libération ou de l’entendre sur France-Inter.

Et d’ailleurs, ici je demande toute l’attention bienveillante du lecteur, le gauche-gauche est bien un libertaire incontestable puisqu’il est... je vous le donne en mille... abonné au Monde libertaire ! Il le confie non sans fierté aux lecteurs de Siné hebdo : « Je lis dans Le Monde libertaire, auquel je suis abonné ».

Mille pardons Michel, je retire tout ce que j’ai dit qui a pu t’offenser. Abonné au Monde libertaire ! Alors là, respect ! Ça en jette. Un exemple, moi. J’ai déjà acheté ce journal, j’ai même écrit dedans, au début des années 1970 pour la première fois, eh bien je ne me suis jamais abonné. On voit tout de suite qui a le véritable rapport au réel réel de gauche pour de vrai.

Que trouve Onfray dans l’hebdomadaire de la Fédération anarchiste (numéro daté du 20 au 26 novembre 2008) ? Ce qui l’arrange, bien entendu. L’expression « bras cassés » dans un article signé, et la désapprobation des actes de sabotage dans un communiqué de la FA daté du 15 novembre. La FA pense bien ce qu’elle veut des sabotages de lignes TGV, mais voici ce que l’on peut lire dans son communiqué : « La précipitation policière et l’emballement médiatique à présenter ces présumés innocents comme de dangereux saboteurs et futurs poseurs de bombe [...]. Que sont quelques caténaires arrachées (parmi 27 000 actes de malveillance recensés par la SNCF pour la seule année 2007) causant le retard de quelques dizaines de trains [...]. Les anarchistes ne croient pas que la propagande par le fait, conçue comme le réveil mythique de la conscience du prolétariat toujours prêt à la riposte, puisse obtenir le moindre succès. [...] Même si la Fédération anarchiste n’a jamais fait le choix de l’avant-gardisme, elle demande la libération immédiate de toutes les personnes emprisonnées et mises en examen. »

On voit immédiatement où Onfray peut rejoindre la FA, mais on voit très bien aussi ce qui figure dans le communiqué et qui est totalement absent des DEUX textes d’Onfray : la demande de mise en liberté des personnes arrêtées. Onfray n’en parle pas, parce qu’il n’y pense pas ; il n’y pense pas parce qu’il pense comme et avec les flics et les journalistes. Sa façon de s’abriter derrière des anarchistes assez embarrassés, auxquels il donne, mais pour l’occasion seulement, un brevet de sérieux libertaire, est une manœuvre pitoyable.
Où la couche ment

Il y a un troisième épisode à l’affaire. Onfray est sollicité par Libération (3 décembre 2008), ce qui lui permet de présenter une espèce d’autocritique alambiquée... aux lecteurs de Siné hebdo, lesquels sont supposés lire chaque matin un journal « qui a opté pour la gauche de droite » et sur lequel il crachait dans Siné hebdo. Cohérent n’est-il pas ?

Pour se défendre des accusations, Onfray défend toute la profession plumitive (l’adjectif s’applique également aux poulets et aux journaflics) dans un plaidoyer à mourir de rire :

« [...] La présomption d’innocence fonctionnait, certes [c’est toujours mieux que « semble-t-il »], mais la présentation des faits par les médias, relayant à chaud, faute de mieux, la version policière, ne semblait faire aucun doute : il s’agissait là des personnes qui posaient les fameux fers à béton sur les caténaires. Informé par cette seule source, dont la une de Libération [...] j’ai rédigé mon billet hebdomadaire ». Gna gna gna, gna gna gna.

Faute de mieux ! Ce faute de mieux mérite de prendre la place qui lui revient dans le musée de la philosophie policière. On dira dans les manuels « Michel-"faute de mieux"-Onfray ». En effet, chères lectrices, chers lecteurs, si les journalistes reproduisent sans y changer une virgule les communiqués du ministère de l’Intérieur, ça n’est pas du tout parce qu’ils partagent avec ce ministère et ses employés une même vision policière du monde. Ça n’est pas non plus parce que leur fonction sociale est de faire la publicité de l’état des choses existant, c’est-à-dire l’exploitation salariée plus la fiction d’une démocratie représentative. Non, c’est faute de mieux. Et comme le mieux, c’est bien connu, est l’ennemi du bien, les menteurs salariés ne sont pas près de changer de camp.

Onfray, lui, se découvre, au fur et à mesure de sa lecture de la presse, une vocation de journaliste d’investigation. Il était, faute de mieux, convaincu par la version policière ; il la renverse comme un sablier : « Car le dossier ne comporte rien ». Les « rigolos » et les « crétins » (termes jamais retirés ou autocritiqués) sont devenus des gens respectables, à qui on ne va tout de même pas reprocher un activisme international et une bibliothèque !

Onfray - c’est un peu son job - pose une question, douloureuse, par l’intermédiaire de Libération : « Devant un dossier vide et une totale absence de preuves, que peut le journalisme pour ne pas se déjuger plus que de raison ? En appeler au débat et aux dossiers - plus tard... J’y contribue d’autant plus volontiers que, dans Siné hebdo, j’ai moi-même donné le change en emboîtant le pas aux journalistes d’en face ! [Vous suivez toujours ?] Le temps d’une chronique, certes, mais quand même. [Vous avez bien lu ! Il dit une chronique.] Une leçon sur le journalisme qui est un pouvoir comme les autres et [probablement pour « ce »] que le libertaire que je tente d’être ne se rappelle probablement pas assez... » Bla bla bla, bla bla bla.

Notez que j’ai parlé de trois épisodes. Mais je n’écarte pas l’hypothèse qu’un quatrième m’ait échappé ou que d’autres soient à venir. Ce type se bonifie. Laissez-lui six mois et il découvrira l’existence des textes de lois antiterroristes français qui prévoient très précisément ce dont il s’offusque comme d’une anomalie incompréhensible. Dans un an, il aura compris que l’angélisme innocentiste, qu’il endosse pour se racheter après la cagoule antiterroriste, a de quoi faire vomir ou pisser de rire tous les libertaires du monde. En 2010...

Restons-en là. Vous avez peut-être, comme moi, autre chose à penser. J’en termine par une courte lettre ouverte :

Onfray, petit bonhomme ! Pourquoi ne pas te contenter de déblatérer sur Sade ou les Enragés ? Tu dis des sottises, bien sûr, mais tout le monde s’en tamponne. « Le libertaire que tu tentes d’être » ! Mais résiste à la tentation, mon gars ! On ne t’a rien demandé, t’es pas doué, tu te mêles de choses auxquelles tu ne comprends rien en nuisant à des gens qui pourraient t’en vouloir. C’est pourtant simple : la prochaine fois que tu sens le « libertaire » en toi qui veut s’exprimer, ferme-la !

http://claudeguillon.internetdown.o...

Messages

  • Trés , trés bien. je n’ai jamais compris pourquoi certains aiment souligner la présence d’Onfray dans leurs listes de signatures pour telle ou telle pétition ou action. C’est un trés mauvais service que l’on rend aux militants de se glorifier du soutien d’Onfray. C’est un clown comme tous nos soi-disants philosophes modernes qui causent dans la lucarne.

    Quand je vois le nom d’Onfray dans une liste, je ne lis même plus l’appel ni le texte, je ne signe pas et pour moi la cause est considérée perdue d’avance.

  • pour faire simple " tais-toi quand tu parles " me semble bien coller au personnage , dans une émission bien connue ou je n’y suis pas encore !on en cause pourtant en référence !

  • Ouah !
    ce que ça fait du bien de lire tout haut ce qu’on pensait tout bas sans jamais prendre le temps de le formuler.
    Un grand merci à l’auteur de cet article qui me débarrasse d’un quelconque doute.

  • Pourquoi vos "cibles" ne seraient -elles pas mieux "ciblées" ? Onfray serait-il l’"ennemi de classe"(comme on ne dit plus, hélas) ?

    Cela me rappelle les "trostkystes"(de toutes "tendances") dont les seules attaques étaient pour les "stals"(Communistes) et cela leur tenait lieu de programme ...

    Une VRAIE critique ne se borne pas à la démolition (haineuse en plus m’a-t-il semblé ?) .

    Onfray ne détient certainement pas LA vérité(même si ,lui, en est persuadé) MAIS il a redonné (ou essayé de redonner) un peu de réflexion ("ils se mirent à réfléchir") à l’opinion POPULAIRE(comme son université) .......Education POPULAIRE,ce n’est pas péjoratif !

    Wilhelm Reich ne violait pas les petites filles ...ni personne,mais prônait une sexualité épanouie... ce qui decrait être inscrit,aussi, dans les statuts du Parti communiste....("Moi,communiste petit-bourgeois"...)

    Pourquoi démolir quelqu’un qui ne fait que proposer autre chose (que le "bien-pensant") ?...et s’il a des exagérations et/ou des ereeurs(vénielles à mon avis),...il faut le critiquer mais avec des arguments dignes d’un débat "populaire",pas avec des anathèmes dignes d’un curé(=religieux !

    Est-ce parcequ’il s’exprime de façon compréhensible ?... "ce qui se conçoit bien s’exprime clairement..."

    Et,lui,est sensible aux problèmes que certains continuent à qualifier "sociétaux"...car tout est SOCIAL ..."Rien de ce qui est Humain ne m’est étranger" La sexualité fait partie ,aussi, de ce qui différencie l’Homme( des 2 sexes) des animaux !

    Mais on va finir par y arriver !

    • D’accord avec le post ci-dessus.

      Un homme qui écrit "Les trois monothéismes, animés par une même pulsion de mort généalogique, partagent une série de mépris identiques : haine de la raison et de l’intelligence ; haine de la liberté ; haine de tous les livres au nom d’un seul ; haine de la vie ; haine de la sexualité, des femmes et du plaisir ; haine du féminin ; haine des corps, des désirs, des pulsions. En lieu et place de tout cela, judaïsme, christianisme et islam défendent : la foi et la croyance, l’obéissance et la soumission, le goût de la mort et la passion de l’au-delà ; l’ange asexué et la chasteté, la virginité, l’âme et l’esprit. Autant dire la vie crucifiée et le néant célébré" dans son "Traité d’athéologie" ne mérite pas qu’on lui demande le silence (même s’il a merdé côté Tarnac)...

       :)

      Brunz

    • Quand je dis qu’"on va finir par y arriver" !

      Ce qui me fait "drôle" c’est d’être bien reçue..fût-ce par une personne !
      Salut Fraternel( fraternel concerne les soeurs ET les frères, toutes les féministes ne sont pas "miroir de machistes")à Brunz

    • Onfray le "gaullo-gauchiste" antilibéral et défenseur du capitalisme... pfffffffffff

      Dr
      Furioso


      http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=41746

      Onfray défenseur du capitalisme et de la constitution de 58. Beau renfort pour Bové !
      vendredi 26 janvier 2007
      (15h39)

      Extraits d’un dialogue avec Onfray dans le Nouvel Observateur du 25 janvier et intitulé : "A quoi sert l’extreme gauche ?"

      [...]
      L’extrême gauche plurielle est un vrai concept, très opératoire. Il manque quelqu’un capable de lier cette pluralité. Il y eut Mitterrand en son temps et pour son camp. Et c’était quand même nettement plus difficile de faire l’union de la gauche avec le Parti communiste stalinien de Georges Marchais et un pharmacien radical de sous-préfecture !

      C’était beaucoup plus ardu que de fédérer une extrême gauche plurielle qui dispose d’un point commun, l’antilibéralisme. Par ailleurs, cette extrême gauche plurielle confond capitalisme et libéralisme.

      Or le capitalisme est un mode de production des richesses par la propriété privée et le libéralisme, une modalité de leur répartition par le marché libre. On peut donc être, ce qui est mon cas, antilibéral et défenseur du capitalisme.

      [...]
      Je défends la Constitution de 1958. Je suis gaullien, « gaullo-gauchiste » aurait dit Maurice Clavel ! Le Clavel de Mai-68 me plaît bien. Je ne suis pas pour la VIe République ni pour un changement de Constitution. Je pense que la présidentielle, c’est, de fait, la rencontre d’un homme et d’un peuple. Aujourd’hui, c’est devenu une affaire de partis politiques et d’états-majors. A cause d’une espèce de pudeur libertaire du « je voudrais bien le pouvoir, mais j’aimerais qu’on me le donne sans faire ce qu’il faut pour l’avoir », certains n’y sont pas allés, et l’union ne s’est pas faite.

    • « Mesure pour Mesure », dit Shakespeare.

      Dire (écrire) que :

      ... et s’il a des exagérations et/ou des erreurs (vénielles à mon avis)

      pose problème lorsqu’il s’agit de pratiques liberticides, ici et maintenant.

      En tant qu’universitaire, M. Onfray doit se faire une place dans un establishment qui est bien... établi.

      La voie étant barrée, il donne de la ...voix. Il se cherche un public, et, comme souvent dans ces cas là, va le chercher dans une gauche tiède au savoir (et à l’approche critique du savoir) incertain. Il a sorti des nimbes, il est vrai, quelques personnages sympathiques. Mais surtout des auteurs comme lui ignorés du « système ». On connait ce genre d’association : en vantant des rejetés, des rebelles, je deviens (je me pose), dans mon temps, moi-même emblème de l’esprit libre et ...libertin. D’où l’Université... populaire ! Pour avoir un marché, autant se le créer ! Mais, comme par hasard, ces écrits ne mettent pas grand chose en question du système (voir commentaire de Roberto Ferrario) : oui, Brunz, d’accord, les religions, mais bon... Je le vois bien en discuter avec le pape comme il l’a fait avec le nabot... et publier un article dans le Figaro !

      Le capitalisme... libertin passe bien à la télé ou à France Culture.

      C’est pourquoi, quel que soit l’intérêt de certains de ses dires (prenons ce qui nous sert), il nous faut bien prendre en compte leur rapport avec ses positions politico-sociales (hic !). Ce qui met en lumière leur intérêt... relatif pour ce qui nous anime.

      Ce qu’il y a de bon, ici, c’est que M. Onfray est de notre temps et que nous sommes directement confrontés à ses dires et ses actes (contrairement à Reich par exemple). Et l’auteur de l’article a raison de décortiquer ces derniers, je n’y vois pas de haine mais de la bonne vindicte. Car de la position que les médias (qui aiment bien les critiques-alibis pour faire leur curée) lui ont acquise, c’est bien un acte - politique - que d’exprimer une sentence qui va curieusement dans le sens du pouvoir. Il en est comptable.

      Nous pouvons mesurer, grâce aux avertis qui nous aide par leur critique argumentée, le rôle que s’attribuent des intellectuels (dans un cadre fait pour les accueillir) pour tromper ce Peuple qui leur est si cher. Et les contorsions que l’on doit dénoncer. Vous êtes l’exemple de ce peuple cocu par votre réaction, qui confond et le mot et le fond. La sexualité, bien sûr, c’est de bon ton. Il faut la défendre car ce n’est pas gagné, et, si je n’étais pas le premier, je ne serai pas le dernier. Mais en se battant contre ce qui la réprime, comme tant d’autres “pulsions” de vie, pas en la promouvant comme seul argument.

      Et bien oui, y’ en a marre de se faire enfler par tous ces tristes Onfray. La chance que l’on a c’est qu’il y en a tant eu qu’on commence à les repérer plus vite. Personne ne l’empêche de faire son métier, mais s’il continue à utiliser sa “notoriété” pour dire des sottises meurtrières (on meurt en prison de nos jours, monsieur !), il se peut néanmoins, que même là, il se prenne une pêche.

      P’tit Nico

    • N’empêche que Michel Onfray a servi davantage la Culture en la rendant accessible au plus grand nombre.

      Mais s’il était issu,"comme les autres" du milieu bourgeois(bobos compris)...il serait moins critiqué par ses "pairs"(conscience de classe) ; il n’aurait pas créé son "Université Populaire" et aurait écrit des "essais,réflexions,études..." pour ses "pairs",pour qui les autres sont toujours des"manants "...ce qu’il écrit n’est pas que de la(bonne) vulgarisation ,mais il ne correspond pas à l’"esthétique Telerama"...où il y a ce qu’on doit/peut aimer et ce qu’on ne doit pas...il a quand même l’agrégation de philo et s’il n’a pas(comme Sartre ,Aron et d’autres) "intégré" Normale Sup...c’est (peut-être ou sûrement) parcequ’il n’est pas "du sérail"...et il noublie pas ses origines sociales... alors "critiquons"-le(analyse et discussion)mais ne le dénigrons pas systématiquement...car nous ne pouvons ,ainsi,que le heurter...et,par conséquent entraîner de sa part des réactions violentes et contreproductives. "Sortir du rang" est difficile à plusieurs niveaux:il faut travailler davantage pour y arriver, et...une fois arrivé(e),comment se servir de cet "outil" inconnu ?
      Comme on disait jadis"il est plus dur d’^tre enfant de curé que d’archevêque".

      C’est aussi par "conscience de classe"que je soutiendrai TOUJOURS les Onfray...ne les poussons pas à "trahir" !

      Le succès lui(Onfray) est peut-être un peu monté à la tête et il a tendance à se "disperser"...OUI MAIS... lorsque ,justement, ce(la notoriété et le succès) n’est pas "de famille"...ça peut au moins "troubler"...moi, je lui suis "globalement" reconnaissante...

      P’tit Nico,je te lis avec plaisir(même quand tu m’épingles).
      Je voudrais arriver à isoler et encadrer ,comme vous le faites ,des "citations" .... (mais ce n’est pas un "chat" ici !).

    • N’empêche que Michel Onfray a servi davantage la Culture en la rendant accessible au plus grand nombre.

      En voilà une belle « citation » à encadrer !

      Car la formulation situe bien le clivage.

      Pour ma part j’écrirais :

      N’empêche qu’il a servi davantage la classe ouvrière en lui rendant accessible la culture.

      Ce qui m’obligerait, en conscience... de classe !, sinon pour respecter celles et ceux avec lesquels je cause (puisque je les choisis, c’est la moindre des choses), à définir (d’après moi, ou au moins proposer), car ce n’est pas “donné” :

      la classe ; l’ouvrier ; la classe... ouvrière ; la culture (et non La Culture) ; il (celui dont on parle, « sa » position sociale, « ses » positions affichées, etc., du moins pour ce que l’on en sait) ; rendre accessible ; servir ; servir la classe ouvrière.

      Certes, cela ressemble à du coupage de cheveux en quatre. mais n’est-ce pas le minimum lorsque l’on prétend faire en commun un projet de société « pour le communisme ». Sauf, bien sûr, pour celles et ceux qui l’ont déjà ficelé.

      D’où, me semble-t-il, la moindre des choses est déjà de répondre précisément aux arguments (être issu du “peuple” ne vaut qu’un court instant). Ce que ne fait ni Brunz, ni toi, chère (si j’ai bien compris) fcourvoisier. Car, même si Dr Furioso se met vite en colère, il apporte des preuves. Pour le style, je ne jetterai pas la première pierre, ni à lui, ni à Brunz, ni à moi (en ce moment. je ne suis pas colère, donc je fais le pesant).

      Sinon je suis sûr que chacun à autre chose à faire.

      P’tit Nico, donneur de leçons.

  • ce que l’auteur de l’artiste critique c’est la réaction à chaud, le réflexe instinctif qui situe MO du côté de MAM. Il aurait mieux fait de se taire, c’est vrai. Mais qu’il continue d’écrire et de "révéler" pour ce qui me concerne je ne le considère pas comme un ennemi.
    Veuzit

  • je ne voudrais répondre qu a un seul point de votre article , ne connaissant pas suffisament les questions soulevées par vous .......mais votre virulente attaque contre otto muehl et attaque a michel onfray qui a eu le courage de s’interposé dans les années 90 , contre " la chasse aux sorcières" établit dans une autriche d’extrem droite contre un artiste ( dont vous pouvez écouter le 23 dec une émission sur dans " surpris par le nuit " france culture) qui fur accusé de tous les maux de la terre est trés déplacé et non vérifié de votre part ...il faut perdre l habitude de croire effectivement que ce que l on lit dans les journaux est une vérité à ne pas discutter et là vous devriez commencer vous même ...je suis prête a vous recevoir et vous répondre par mail lui précisemment en ce qui concerne l’actionniste viennois otto muehl, artiste déterminant par sa vie et ses oeuvres pour notre siècle..bien sincèrement daniele roussel

    • Bien !

      "1) le soutien à Otto Mühl, ex-actionniste viennois, ex-artiste d’avant-garde, devenu gourou d’une secte reichienne (« un laboratoire », dit Onfray) et violeur de jeunes filles, condamné et emprisonné pour cela"

      Voilà une phrase "faute de mieux" !

      Moi qui suis plus basique, je me contente de dire que Michel Onfray est un con, sans attendre d’en avoir la preuve scientifique. Faute de mieux ! C’est direct, franc et sans détour, et surtout ça m’évite de dire des conneries !!!

  • je pense exactement la meme chose de michel onfray.
    si j’avais la plume facile j’aurais surement ecrit cet excellent point de vue.
    en tout cas val, onfray et compagnie sont des profiteurs sous leur vernis contestataire, moi je dis pseudo-contestataires.

  • bon,les religions ont souvent servi de masque aux conflits inter-ethniques herites de notre passe polytheiste.
    les monotheismes devraient plutot unir les gens et les faire converger vers le createur de toutes choses. or,les hommes se servent des religions pour s’affronter, comme ils le faisaient sans les religions,et comme ils le feraient s’il n’y avaient aucune religion. ils se battent aussi au nom de la civilisation colonialisme et ses crimes, au nom de la democratie Irak, au nom de la liberte afghanistan,et meme au nom de la superiorite raciale nazisme.

    Les religieux sont avant tout des humains. donc ils font le mal via la religion.
    comme les scientifiques qui sont avant tout des humains qui mettent leur intelligence pour inventer des bombes, des armes,ou assister les tortionnaires.
    c’est quand meme pas un religieux qui balance la bombe atomique sur nagazaki et iroshima.
    onfray pond des mots mais il ne propose aucune solution.

  • Il faut s’en prendre aux clowns comme onfray mais si on le faisait avec de bons arguments ca serait mieux. En quoi ne pas avoir monté de comités de soutien ou distribué de tracts vous range-t-il systématiquement du mauvais coté ? Lénine a-t-il distribué beaucoup de tracts dans sa vie ? Non, mais il a su développer la seule perspective valable pour la classe ouvrière et c’est à partir de ces questions de perspective qu’il faut attaquer les anti-communistes.

    • Dans une émission de télévision Onfray entouré de représentants socialistes et droitiers présentait ainsi toute la généreuse ambition du programme politique du NPA tel qu’il le conçoit, réouvrir des bureaux de postes dans les campagnes. Cette ambition n’était pas même métaphorique car Onfray a les moyens de faire de la métaphore et s’il n’en a pas fait c’est que rééllement son ambition politique se limite à ça de réouvrir des bureaux de postes dans les campagnes car il n’a pas même évoqué la désertification des campagnes et la volonté du pouvoir de concentrer son peuple entre les quatre murs d’un logis où la télévision tient lieu de Big brother qu’on regarde. Non Michel Onfray jouit d’une certaine pratique notoriété qui lui confère dans l’existence des agréments qui le satisfont : un compte en banque correctement garni, un certain pouvoir (de malfaisance), des femmes mouillées par sa notoriété et son goût immodéré de suiveurs de fêtes qui sont toujours privatives, qui ne concernent personne que lui et les siens, une minorité de jouisseurs sans entraves auxquels dont l’aimable existence les autorise à donner des leçons de morales très professorales dans la mécanique du bien nanti qu’on lui connaît.
      Voilà un homme qui s’est bien manqué et qui manque désormais à peu près tout.

  • Etre contre la o les religions ne veux pas dire être nécessairement a gauche et encore moins libertaire...

    Etre anticommuniste par contre pas de problème pour Onfray... cet pseudo philosophe des salon bobo parisien...

    Après que un grand mouvement de soutien a Siné et la solidarité publique de Bellaciao, de la sortie du premier numéro de "Siné Hebdo" je ecrit le commentaire suivante...

    Ciao
    Dr
    Furioso


    http://bellaciao.org/fr/spip.php?article70955

    Siné Hebdo en rupture de stocks, malgré un tirage de 140.000 exemplaires

    Personnellement assez déçu, je ne comprend pas leur premier numéro, au lieu de "fédéré" et garde "l’unité" que la solidarité a pu crée le licenciement abusif de Siné...

    Presque tous a été fait pour cogne sur les cocos, a partir même de l’éditoriale, comme si c’est le "ennemi numéro un" a éliminé sur cet terre, aucun effort pour constate que les "communistes" sont pas obligatoirement qui suive aveuglement le PCF mais sont qui refuse tous référence a l’expérience du "socialisme réelle" du "moustachu soviétique", et que son capable de faire une nette différence entre "la gauche social-démocratique-libero-capitaliste" et la "gauche communiste" et que font un énorme effort contre tous les "pense unique" compris cel de "gauche"...

    Et oui Michel ces communistes la ne sont pas encore mort et sont loin de etre "Des crétin utiles" comme tu a ecrit sur ton article, en plus venons de toi "grand philosophe" incapable de faire une analyse correct... certainement tu te "auto proclame" d’être en bonne foi, c’est çà non ?

    C’est pour ca que pour respecte la "rigidité" anarco-libertaire et pour etre "décapent" on a fait même écrire des socialiste sur cet premier apparition... !???

    Bref on peut que "imaginer" que le "tir" soit corrige par la suite...

    Très amusante la "virginité" de Michel Onfray que avant la sortie de "Siné-Hebdo" choisi qui va l’ interviewe...

    Un notoire hebdomadaire, certainement gauchisant, tendance trotsko-libertaire-anar comme lui même aime définir "ces amis" le celebre "L’Express", papier imprimé pour "Fédérer une gauche qui ne soit pas une gauche de droite, dominante aujourd’hui dans la presse", comme lui même défini ce propre projet...

    Et bien... Lui a bien choisie un digne représentant "alternative" a la "presse dominant" que en realite "Fédère une droite qui ne soit pas une droite de gauche, dominante aujourd’hui dans la presse" ...

    ciao

    Dr Furioso


    Michel Onfray : "Je serai attentif au contenu de chaque numéro de Siné-Hebdo"

    de Thierry Dupont

    Le premier numéro de Siné-Hebdo sort ce mercredi dans les kiosques. Le philosophe Michel Onfray, qui participe à l’aventure, revient pour LEXPRESS.fr sur ce qu’il attend de ce nouveau journal satirique mais aussi sur les accusations d’antismétisme qui ont valu à son dessinateur fondateur d’être viré cet été de Charlie-Hebdo.

    Pourquoi participez-vous à cette aventure ?

    Ma motivation repose sur quatre points :

    1) Défendre la liberté de la presse. On peut faire des gorges chaudes de la liberté de la presse, mais lorsqu’on a l’occasion de contribuer à la diversité d’expression, il ne faut pas hésiter.

    2) Fédérer une gauche qui ne soit pas une gauche de droite, dominante aujourd’hui dans la presse. Libération est devenu ségoléniste et bayroutiste, Charlie-Hebdo trouve formidables Bernard-Henri Levy et Dominique Strauss-Kahn... Il y a de la place pour une gauche libertaire et anarchiste qui pense que le marché ne doit pas faire la loi.

    3) Défendre le droit à l’athéisme. Aujourd’hui, on se couche trop facilement devant les croyances et les religions. Critiquez l’islam ou le judaïsme et vous êtes islamophobe ou antisémite. Bien sûr, vous pouvez critiquer le christianisme, mais vous tirez sur une ambulance. Si vous dites qu’ouvrir la mer en deux ou marcher sur l’eau, ce sont des fables, vous êtes une personne qui blasphème, qui insulte.

    4) Rétablir le droit à l’humour. Le droit à la caricature et à la satire ont disparu car vous êtes aussitôt jugé insultant ou offensant. Siné, c’est vrai, tutoie parfois la ligne jaune mais le droit à la satire se paie de ce prix-là.

    Mais c’est un acte fort de participer, comme vous le faites, au capital du journal...

    Soyons précis, ma participation est modeste. Mais je crois qu’il faut disposer d’une autonomie financière pour ne pas avoir de comptes à rendre sur les contenus.

    Qu’avez-vous pensé de la façon dont Siné a été licencié de Charlie Hebdo et des accusations d’antisémitisme qui ont été proférés à cette occasion ?

    Philippe Val pourrait tout aussi bien être qualifié d’antisémite car, je vous le rappelle, il a laissé paraître ce fameux article qualifié d’antisémite. Dès lors, soit il démissionne pour faute car il n’aurait pas vu, bien que directeur de ce journal, que ce texte était antisémite, soit il explique pourquoi il a laissé paraître un texte antisémite.

    Dernière possibilité, Siné n’est pas l’antisémite que Val dit, ce que je pense. Ce qu’a écrit Siné n’est pas une généralité, il n’a pas écrit "Les juifs aiment l’argent", ce qui serait effectivement antisémite. Mais il a expliqué que, factuellement, la supposée conversion de Jean Sarkozy au judaïsme ne procédait pas d’une démarche spirituelle mais d’un simple opportunisme, tout comme il aurait pu se convertir à l’islam pour épouser une riche princesse du Golfe. Il ne s’agit donc pas d’un avis général mais du commentaire d’un cas particulier, car il s’agit de Jean Sarkozy, de Siné et de Charlie-Hebdo qui est un journal qui franchit sans arrêt les limites et qui fait bien. Je remarque que Libération, qui est le journal qui a diffusé l’information sur la conversion de Jean Sarkozy, n’est pas traité de journal antisémite.

    Pour vous, Siné n’est donc pas antisémite...

    Je ne suivrais pas une seconde un antisémite dans cette aventure. Je n’ai pas la même opinion que Siné sur le conflit israélo-palestien. Je suis sioniste : je défends la cause palestinienne aussi bien que la cause juive. Je serai donc attentif au contenu de chaque numéro pour savoir si je continue. Mais je défends le droit à la satire, d’autant plus que j’en ai moi-même fait les frais dans Charlie-Hebdo où Polac et Charb m’ont maltraité, Polac allant jusqu’à écrire que mon travail se résumait à : "Y en a marre des rescapés des camps de la mort". Val a aussi qualifié les électeurs ayant voté non au référendum de "nationaux et socialistes". Arrêtons donc de prendre en otage la Shoah pour éviter de penser en insultant l’adversaire...

    Vous croyez au succès de Siné-Hebdo ?

    Ce succès ne pourra être que populaire. Comme il n’y aura pas de pub dedans, Siné-Hebdo ne vivra que si les lecteurs veulent qu’il existe.

    http://www.lexpress.fr/actualite/me...

  • Bien envoyé !

    Lire aussi ici, l’article au vitriol paru dans Alternative libertaire à l’été 2007 : "Girouettisme : Onfray mieux d’se taire"

  • J’ai écrit ceci à Michel Onfray qui ne m’a jamais répondu :

    Erratum

    Un certain nombre de coquilles se sont glissées dans l’article de Michel Onfray paru dans Siné Hebdo du 17 décembre (Passez Noël avec Camus).

    A la place de la phrase :
    « Camus veut s’engager dès 1939, mais son état de santé lui vaudra un refus des autorités, Sartre découvre la Résistance et l’engagement une fois la guerre finie ».
    Il fallait lire :
    « Mobilisé dès 1939, Sartre est fait prisonnier et passe le début de l’occupation dans un stalag. En 1944-45, il résiste aux côtés -et sous la direction- de Camus, au sein du réseau Combat. Pour le reste, ses faits de résistance ont effectivement été exagérés après coup. »

    A la place de la phrase
    « Sartre accompagne tous les totalitarismes, pourvu qu’ils soient de gauche, il pense que « tout anticommuniste est un chien » . »
    Il fallait lire :
    « Après quelques atermoiements (pour « ne pas désespérer Billancourt »), Sartre prend résolument position contre le stalinisme, quand les révélations sur les camps soviétiques commencent à affluer. Dès 1950, il écrit dans les Temps Modernes« il n’y a pas de socialisme quand un citoyen sur vingt est au camp ». Il mène campagne avec l’ancien déporté David Rousset. Les stalinien-ne-s le traitent de « hyène dactylographe ». Ayant retrouvé les militant-e-s communistes dans la lutte contre les guerres coloniales menées par l’armée française. Il rompt définitivement avec le P.C.F. après l’invasion de la Hongrie par l’U.R.S.S. (1956). »

    A la place de la phrase :
    « Camus ne défend aucune sorte de terreur ; Sartre la défend quand elle est palestinienne, relève de la bande à Baader, de la « justice prolétarienne » maoïste. »
    Il fallait lire :
    « Sartre a toujours défendu le droit de l’Etat d’Israël à exister et à « se défendre ». Il s’est totalement désintéressé du peuple palestinien et de sa (juste) Résistance. Il y était même assez hostile, comme le raconte l’écrivain palestinien Edward Saïd., qui s’étonne d’une telle attitude venant d’un anticolonialiste proclamé.
    Sartre n’a jamais soutenu la Fraction Armée Rouge (« bande à Baader »). Il a rendu visite à ses militant-e-s emprisonné-e-s pour dénoncer la « torture blanche » par isolement sensoriel. Il a tenu à se démarquer publiquement des agissements d’Andréas Baader et de ses camarades. Ce dernier lui a d’ailleurs déclaré « je croyais rencontrer un camarade et j’ai rencontré un juge. ». Je n’ose croire que Michel Onfray soit partisan de la torture blanche.
    En avril 1972, le corps dénudé et mutilé d’une jeune fille de 16 ans, Brigitte Dewevre, est retrouvé sur un terrain vague de Bruay-en-Artois. Les flics poussent Jean-Pierre, un jeune ouvrier « fragile » à tout avouer. Le juge Henri Pascal préfère inculper un notable, le notaire Pierre Leroy. Les maoïstes prennent le parti de Jean-Pierre et du « petit juge » menacé par sa hiérarchie. Face à ce qu’il faut bien appeler une justice de classe, ils appellent de leurs vœux une « justice populaire » expéditive. Sartre a tenu à marquer son désaccord avec « un amalgame qui risquerait de pousser au lynchage » : « il faut le reconnaître : le lynchage est une pratique trop louche (voyez les lynchages au Etats-Unis), souvent trop empreinte d’une idéologie réactionnaire pour qu’il puisse devenir une sanction régulière de la justice populaire ».

    A la place de la phrase :
    « Camus voulait une solution pacifique pour l’Algérie, via une formule fédéraliste chère au cœur des socialistes libertaires ; Sartre soutenait la terreur du FLN. »
    Il fallait lire :
    « Dans un contexte de guerre coloniale totale, face à une extrême droite haineuse qui le menace quotidiennement de mort, Sartre soutient le droit inconditionnel du peuple algérien à l’indépendance. Dans ce cadre, il prend parti pour le FLN, seul représentant crédible de la Résistance algérienne (en partie parce qu’il avait liquidé ses concurrents).
    Dans le même contexte, Camus s’est opposé à l’indépendance algérienne (« L’Algérie algérienne, ça n’a aucun sens »). Il rêvait probablement d’une Algérie idéale où toutes les communautés vivraient fraternellement, mais en refusant même d’envisager l’indépendance, il a contribué à détruire son propre rêve. Ajoutons que la pseudo-« formule fédérale » dans le cadre de la France, chère à Camus, n’était pas partagée par l’ensemble des libertaires. Daniel Guérin fut un anticolonialiste courageux, tout en refusant de signer un chèque en blanc au FLN. »

    « Sartre agresse, accuse, attaque calomnie. », « Sartre boxe et se détruit le portrait tout en jouissant de la destruction de celui de son adversaire »… Je veux bien, mais que fais Onfray ? Pourquoi faire à Sartre un procès dans le style de celui que lui fit jadis Jdanov , l’idéologue en chef de Joseph Staline ? Quel est l’intérêt de prêter à Sartre des positions à l’opposé de celles qui furent réellement les siennes pour mieux le démolir ? Pourquoi tant de haine ? On pense à la description que Michel Ardouin dit « Porte-avion » donne de son complice Jacques Mesrine : « il devait souffrir d’un dérèglement hormonal : la plupart du temps, il faisait preuve d’une grande intelligence dans l’action mais, une fois par semaine, il avait une journée de méchanceté gratuite comme je n’en ai vu chez personne d’autre. «