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LA FRANCE VIOLE UN PAYS MINEUR A MAYOTTE

Publie le jeudi 5 mars 2009 par Open-Publishing
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Le gouvernement français signe un accord avec le gouvernement d’autonomie interne de l’archipel des Comores le 5 Juin 1973 sur l’organisation d’un référendum sur l’accession à l’indépendance des Comores. Cet accord stipule que les résultats de ces élections seront pris en compte globalement sur l’archipel des Comores et non île par île.

Les Comores avaient reçu de la part de la France la promesse de l’octroi de l’indépendance dans le respect de l’ « intégrité territoriale » en témoigne la déclaration sur les Comores, de Monsieur Valery Giscard d’Estaing président de la république française fraichement élu dans le monde daté du 26 octobre 1974 :

« C’est une population qui est homogène, dans laquelle il n’existe pratiquement pas de peuplement d’origine française, ou un peuplement très limité. Est-il raisonnable d’imaginer qu’une partie de l’archipel devienne indépendante et qu’une île, quelle que soit la sympathie qu’on puisse éprouver pour ses habitants, conserve un statut différent ?
Je crois qu’il faut accepter les réalités contemporaines. Les Comores sont une unité ; il est naturel que leur sort soit commun, même si, en effet, certains d’entre eux pouvaient souhaiter – et ceci naturellement nous touche, et bien que, nous ne puissions pas, ne devions-nous pas en tirer des conséquences – même si certains pouvaient souhaiter une autre solution. Nous n’avons pas, à l’occasion de l’indépendance d’un territoire, à proposer de briser l’unité de ce qui a toujours été l’unique archipel des Comores. ».

22 décembre 1974, à la question, souhaiteriez-vous que le territoire des Comores devienne indépendant ? Les Comores ont répondu à une très large majorité pour le « oui ». (94,5 %)
Cela signifie que 94,5 % des comoriens souhaitent que le territoire des Comores dont Mayotte fait partie devienne indépendant. Jusqu’à maintenant on parle du territoire des Comores, composé de 4 îles.

Le 6 juillet 1975 Ahmed Abdallah déclare unilatéralement l’indépendance des Comores.

Le 12 Novembre 1975 l’Union Africaine (UA ex OUA), la Ligue Arabe et les Nations Unies ont admis les Comores (Gd-comore, Mohéli, Anjouan et Mayotte) en leur sein selon la résolution 3385 (XXX) suivante :

Assemblée générale – Trentième session

3385 (XXX) Admission des Comores à l’Organisation des Nations Unies

L’Assemblée générale,

Ayant reçu la communication du Conseil de sécurité, en date du 17 octobre 1975, recommandant l’admission des Comores à l’Organisation des Nations Unies14 ,
Ayant examiné la demande d’admission des Comores15,
Réaffirmant la nécessité de respecter l’unité et l’intégrité territoriale de l’archipel des Comores, composé des îles d’Anjouan, de la Grande-Comore, de Mayotte et de Mohéli, comme le soulignent la résolution 3291 (XXIX) du 13 décembre 1974 et d’autres résolutions de l’Assemblée générale,
Décide d’admettre les Comores à l’Organisation des Nations Unies

2402e séance plénière
12 novembre 1975

Les Comores deviennent ainsi un pays indépendant composé de quatre îles : Gd-Comore, Mohéli, Anjouan et Mayotte. C’est à partir de maintenant que la France va troubler le jeu :

Le 8 avril 1976, la France organise une consultation à Mayotte. (Alors que juridiquement Mayotte fait partie des Comores). A cette date Mayotte n’est plus française.

Questions :
Je souhaite que Mayotte demeure au sein de la république française ou
Je souhaite que Mayotte fasse partie de l’Etat Comorien
Inscrits : 21671 Votants : 18061. Une très large majorité (17845 voix) avait choisi le maintien avec la France.

Le 11 avril 1976, la France organise une autre consultation à Mayotte. (Alors que juridiquement Mayotte fait partie des Comores)
Question :
Souhaitez-vous que Mayotte conserve ou abandonne le statut de territoire d’outre-mer ?
Inscrits : 21659
Votants : 17384
Bulletins blancs et nuls : 13 837 (ENVIRON 80%)
Exprimés : 3547(20,40%)
Abandon statut : 3457
Maintien : 90 (2,53%)

Marcel Henry (de parti mahorais) avait introduit un autre bulletin « parasite » (ce qui doit annuler normalement le scrutin) demandant le statut de département. Malgré ce bulletin parasite le scrutin a été validé par l’Etat Français. Je ne me répète pas en disant que ces mascarades ont lieu après l’acceptation des Comores aux nations unies comme archipel composé de quatre îles.
Heureusement pour les Comores, la Communauté internationale a toujours soutenu leur cause. Comme cette résolution datant de 1976.

21 octobre 1976 : Question de l’île comorienne de Mayotte
L’Assemblée générale,

Rappelant que l’ensemble du peuple de la République des Comores, par le référendum du 22 décembre 1974, a exprimé à une écrasante majorité sa volonté d’accéder à l’indépendance dans l’unité politique et l’intégrité territoriale, Considérant que les référendums imposés aux habitants de l’île comorienne de Mayotte constituent une violation de la souveraineté de l’Etat comorien et de son intégrité territoriale, Considérant que l’occupation par la France de l’île comorienne de Mayotte constitue une atteinte flagrante à l’unité nationale de l’Etat comorien, Membre de l’Organisation des Nations Unies, Considérant qu’une telle attitude de la France constitue une violation des principes des résolutions pertinentes de l’Organisation des Nations Unies, en particulier de la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale, en date du 14 décembre 1960, relative à l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, qui garantit l’unité nationale et l’intégrité territoriale de ces pays

1. Condamne les référendums du 8 février et du 11 avril 1976 organisés dans l’île comorienne de Mayotte par le Gouvernement français et les considère comme nuls et non avenus, et rejette :

a) Toute autre forme de référendums ou consultations qui pourraient être organisés ultérieurement en territoire comorien de Mayotte par la France ;

b) Toute législation étrangère tendant à légaliser une quelconque présence coloniale française en territoire comorien de Mayotte ;

2. Condamne énergiquement la présence de la France à Mayotte, qui constitue une violation de l’unité nationale, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de la République indépendante des Comores ;

3. Demande au Gouvernement français de se retirer immédiatement de l’île comorienne de Mayotte, partie intégrante de la République indépendante des Comores, et de respecter sa souveraineté ;

4. Invite tous les Etats Membres à apporter, individuellement et collectivement, une aide efficace à l’Etat comorien et à coopérer avec lui dans tous les domaines pour lui permettre de défendre et sauvegarder son indépendance, l’intégrité de son territoire et sa souveraineté nationale ;

5. Lance un appel à tous les Etats Membres afin qu’ils interviennent, individuellement et collectivement, auprès du Gouvernement français en vue de l’amener à renoncer définitivement à son projet de détacher l’île comorienne de Mayotte de la République des Comores ;
6. Demande au Gouvernement français d’entamer immédiatement des négociations avec le Gouvernement comorien pour la mise en application des dispositions de la présente résolution.

39e séance plénière 21 octobre 1976. Fin.

Voilà comment un grand pays « démocratique » « massacre » un petit pays pauvre de quelques habitants. Pour quels intérêts ? L’avenir le dira. Je rigole quand j’entends la France donner de leçons de démocratie, de liberté, de justice aux autres.

En droit international la France est coupable de crime contre l’humanité. Depuis l’instauration du visa Balladur en 1994 appelé visa de la mort, plus de 6000 comoriens ont péri dans le bras de mer séparant Mayotte d’Anjouan, l’île la plus proche de Mayotte. Proportionnellement à la population française, cela correspondrait à 600 000 morts français. La plupart ce sont des personnes voulant rejoindre leurs proches (enfants, conjoints) après avoir été expulsées de Mayotte par l’occupant.
Au lieu de se retirer de l’île comorienne de Mayotte et respecter ainsi la souveraineté des Comores, la France s’apprête à organiser une autre consultation pour s’emparer définitivement de Mayotte.
Dans les actualités du jour (aujourd’hui), le président soudanais Omar al-Bachir vient de déclarer : « Les véritables criminels, ce sont les leaders des Etats-Unis et de l’Europe » au lendemain du mandat d’arrêt émis contre lui par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et contre l’humanité au Darfour.
Quand à la France, elle « rappelle son soutien à la justice pénale internationale. Elle demande instamment au Soudan de coopérer pleinement avec la CPI pour la mise en oeuvre des décisions prises par les juges ».

R. Gislaine


14 Documents officiels de l’Assemblée générale, trentième session, Annexes, point 22 de l’ordre du jour, document A/10302
15 A/10293-S/11848. Pour le texte imprimé, voir Documents officiels du Conseil de sécurité, trentième année, Supplément d’octobre, novembre et décembre 1975

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