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Libérez TOUT Guantanamo !

Publie le samedi 31 juillet 2004 par Open-Publishing

Quatre Français qui croupissaient dans les cages de Guantanamo sont libérés.

Après deux ans de séquestration dans l’indifférence de la mère patrie. Quoi qu’ils aient fait, on peut désapprouver.

Le Monde du 28 juillet 2004 nous apprend que « Les Américains libèrent quatre des sept Français de Guantanamo. » Le journal du soir ajoute : « la base de Guantanamo Bay, (est) formellement louée à l’Etat cubain. »

En fait, elle est occupée, par la force et contre l’avis des Cubains qui refusent d’en percevoir le loyer. Et elle ne s’appelle pas plus « Guantanamo Bay » que Bagdad ne s’appelle « Bagdad City ».

Les ravisseurs US ont posé trois conditions à la France :

1) qu’elle garantisse qu’ils « ne reviendraient pas sur le territoire des Etats-Unis » (mais ils n’y ont jamais mis les pieds, sauf à considérer (par anticipation ?) que le Pakistan et l’Afghanistan, où ils ont été raflés et Guantanamo où ils ont été mis en « cages », « pieds et mains enchaînés », sont des territoires ajoutés à la bannière étoilée.

2) que les Français assurent leur « traçabilité » (comme pour la viande de bœuf) et en informent les Américains. Bref, ils exigent de la France qu’elle leur fournisse des informations sur des citoyens Français vivant en France et ayant purgé ; sur une zone de non-droit, une peine dont le bien-fondé n’est pas établi.

3) que la France s’engage à « les traiter humainement. » Là, on se pince ! Cette superpuissance, représentée par un sous-développé du bulbe handicapé par vingt ans d’alcoolisme, un illuminé intégriste religieux, un magouilleur dans le pétrole, un trafiquant d’urnes, maintient depuis deux ans près de six cents prisonniers (qui ne sont pas des chiens, quelle que soit notre opinion sur leur combat et leurs chefs) de quarante quatre nationalités dans des conditions inhumaines : encagés, enchaînés, tantôt yeux bandés, moufles aux mains, bouchons dans les oreilles pour annihiler toute sensation et les rendre fous, tantôt soumis à des musiques assourdissantes et à des lumières aveuglantes, toujours pour les rendre fous, interrogés des dizaines d’heures durant hors de la présence d’avocats, soumis à une justice d’exception conçue spécialement pour eux, exclus des garanties de la Convention de Genève, poussés au suicide. Dans le tas (le mot renvoie à l’empilement des résistants nus en Irak), des enfants. Bref, le bagne de Guantanamo est un lieu de torture et de mépris de la personne humaine.

S’il ne l’était pas, la presse, les avocats, les députés US, les ONG (Amnesty, Human Rights Watch, etc.) n’y seraient pas persona non grata. La demande de Bush est d’un effrayant cynisme. Le bâtonnier de Paris, Maître Paul-Albert Iweins, commis d’office en 2002, affirme que « tout repose sur le dossier, or celui-ci est vide. » L’avocat de deux des prisonniers a déposé une plainte pour « enlèvement et détention arbitraire. » Mais pourquoi a-t-il fallu deux ans pour libérer ces quatre Français ? Le même avocat parle de « silence terrible », de « mur d’indifférence » et il explique qu’il avait organisé « une journée d’audition publique au Parlement européen. Pas un seul député français n’était présent. » Et comment est fixée la durée de la détention ? Le Pentagone avoue sans honte qu’elle « dépend de son intérêt en termes de renseignements. » Justice, vous avez dit Justice ? Et que se passe-t-il si les ravisseurs se sont trompés ? Un Pakistanais libéré après six mois de cage raconte : « Ils m’ont juste dit : « vous êtes innocent. »

Mais personne ne s’est excusé. » Dernière question : la grande presse française qui se réveille au moment où, enfin, des libérations interviennent, cette presse si prompte à s’enflammer contre les injustices, cette presse sourcilleuse sur tout ce qui touche à notre souveraineté, qu’a-t-elle dit et fait, depuis deux ans ? Elle a martelé son aversion pour le gouvernement cubain, elle a joué contre l’île sa partition de musique militaire, paroles de décervelage empruntées à la chanson ayant servi à justifier l’invasion de l’Irak. Elle a œuvré à diaboliser Cuba, elle a absous par son silence l’arrogance de l’US Army, elle a contribué à préparer l’opinion à une guantanamoïsation de l’île tout entière. Elle s’acharne à nous convaincre que l’oncle Sam doit démocratiser Cuba (comme il l’a si bien réussi au Koweït, en Afghanistan, en Irak ?) alors que l’urgence est de libérer Guantanamo.

C’est-à-dire d’entendre le cri des peuples : « US go home ! »

MaximeVivas. Ecrivain