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Sondages OpinionWay : Patrick Buisson, le conseiller occulte à 1,5 millions d’euros ?

Publie le lundi 20 juillet 2009 par Open-Publishing
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Patrick Buisson, le conseiller occulte à 1,5 millions d’euros ?

L’hypothèse vient de Marianne2. Quand la Cour des Comptes a publié ce louable premier rapport d’audit sur les dépenses de l’Elysée, nombreux ont été celles et ceux à relever cette troublante révélation : un cabinet d’études a bénéficié, sans appel d’offre et sur la base d’un contrat simplissime (une maigre page), d’une mission facturée 1,5 millions d’euros en 2008.

Dans les heures qui suivirent la publication de ce rapport (que vous pouvez lire ici), Marianne2 a émis l’hypothèse que Patrick Buisson était l’heureux bénéficiaire de cette prestation. Une hypothèse confirmée par Libération et Mediapart.

Qui est Patrick Buisson ?

Ancien journaliste de MINUTE, directeur de la chaîne Histoire, chroniqueur politique à LCI, Patrick Buisson est un journaliste expérimenté évidemment classé à droite. Il a un temps été directeur de la Sepa, la société éditrice de disques de Le Pen, et auteur d’ « OAS, histoire de la résistance française en Algérie ». En septembre 2007, l’homme avait été décoré de la Légion d’Honneur par Nicolas Sarkozy en personne. Christophe Barbier, le directeur de la rédaction de l’Express, témoin de la scène, raconte :

"Nicolas Sarkozy remet la légion d’honneur à Patrick Buisson, spécialiste de l’opinion très adroit et très à droite. Le discours est sincère, profond, touchant, très réussi. Dans cet Elysée où le protocole, c’est palpable, s’est allégé et simplifié (enfin !), le moment ne manque pas de chaleur. Le président évoque les temps forts de la campagne, quand l’avis de Patrick lui fut si précieux : les incidents gare du Nord, le ministère de l’Identité nationale, la pédophilie « innée », l’invocation de Jean-Paul II… Le duo s’est durci au feu électoral, comme il s’était formé sur un autre moment fort : neuf mois avant le 29 mai 2005, Patrick vient dire à Sarkozy, place Beauvau : « Le non va gagner par 55 %. Si je me trompe, vous ne me reverrez plus jamais ».

Il y a, bien sûr, le vieil adage selon lequel "un journaliste décoré, c’est un journaliste de moins" ; mais le talentueux polémiste, constant et frondeur, qu’est devenu Patrick Buisson au fil des ans (le fameux "Buisson ardent") l’éloigne de cette grille d’accusation.

Sarkozy, d’ailleurs, contourne habilement l’obstacle. "Patrick est un journaliste de conviction, ce qui est rare ; Patrick est un journaliste de grande culture, ce qui est très rare", dit le président, pointant deux vérités. "Et si les convictions de Patrick le portaient à droite, cela ne ferait qu’équilibrer ceux que leurs convictions portent ailleurs".

Patrick Buisson a depuis créé son cabinet d’études, Publifact. Cet institut a notamment cosigné avec OpinionWay, une enquête sur l’appréciation des voeux de Sarkozy, en janvier 2008, publié par Le Figaro.

Ce que dit la Cour des Comptes.

L’analyse de la prestation de ce cabinet "non identifié" est détaillée dans les pages 11 et 12 rapport de la Cour des comptes.

1. L’Elysée a confié de manière désinvolte et sans respect du code des marchés publics un contrat de 1,5 millions euros à un cabinet. Certains journaux confirment ce cabinet est celui d’un proche ami de Nicolas Sarkozy.

2. L’Elysée a financé les baromètres bimensuels réalisés par OpinionWay, et publiés par le Figaro et LCI, les fameux "Politoscope", pour 392 000 euros en 2008. L’Elysée a toujours fait mystère de ce financement. Interrogé dimanche 19 juillet sur Europe 1, le secrétaire général de l’Elysée ne nie pas les faits. Il confirme au contraire. Mais il a expliqué qu’il s’agissait d’une coïncidence si les sondages commandés par l’Elysée se retrouvaient ensuite publiés dans la presse :" On commande des sondages, si des journaux veulent acheter les mêmes, nous on n’y peut rien. Ce qui nous intéresse, c’est de voir ce qu’il y a derrière, les analyses fines."

3. Quinze autres sondages, facturés à l’Elysée, ont été également publiés, mais partiellement. L’Elysée a donc doublement manipulé l’opinion : une première fois en masquant son intervention, une seconde en censurant une partie des réponses obtenues.

Denis Pingaud, d’OpinionWay, confirme : " Comme tous les instituts, OpinionWay peut commercialiser les résultats détaillés des études réalisées pour des médias."

Également visé par cette polémique, l’institut Opinionway a envoyé au front son vice-président exécutif Denis Pingaud (embauché en 2008 comme caution "de gauche") : " Tous ceux qui me connaissent, savent que mes inclinations politiques ne sont pas à droite". Concernant les études élyséennes, il apporte une information complémentaire : les sondages Politoscope sont facturés 50 000 euros au Figaro et à LCI, quand l’Elysée, relève la Cour des comptes, paye près de 400 000 euros.

L’institut OpinionWay a également publié sur son site un communiqué dans lequel il conteste les conclusions de la Cour des Comptes : "une autre prestation réalisée par OpinionWay est citée dans les conclusions de la Cour des Comptes. Cette prestation différente correspond à des questions confidentielles posées régulièrement dans l’enquête omnibus (enquête unique rassemblant des questions achetées par des clients différents, bénéficiant ainsi d’économies d’échelle) d’OpinionWay. Elle concerne également la commercialisation des tris détaillés par catégorie de population des résultats de nos enquêtes publiées, comme le font depuis longtemps la plupart des instituts d’études. Contrairement à ce que laisse entendre la Cour des Comptes, cette autre prestation ne correspond donc aucunement aux questions financées par LCI et Le Figaro."

S’il est avéré, ce financement occulte est carrément illégal quand il concerne des sondages ayant un lien direct ou indirect avec une élection. La loi n°77-808 du 19 juillet 1977 relative à la publication et à la diffusion de ces sondages d’opinion impose la transparence totale des commanditaires (article 2).

Or certains baromètres du "Politoscope", mentionnés par la Cour des Comptes, publiés avant les élections (municipales ou européennes) tombent sous le coup de cette obligation légale de transparence.

"La publication et la diffusion de tout sondage tel que défini à l’article 1er doivent être accompagnées des indications suivantes, établies sous la responsabilité de l’organisme qui l’a réalisé :
  Le nom de l’organisme ayant réalisé le sondage ;
  Le nom et la qualité de l’acheteur du sondage ;
  Le nombre des personnes interrogées ;
  La ou les dates auxquelles il a été procédé aux interrogations ;
  Une mention indiquant le droit de toute personne à consulter la notice prévue par l’article 3."

http://sarkofrance.blogspot.com/2009/07/patrick-buisson-le-conseiller-occulte.html

Messages

    • Docteur Jean-Philippe Ould Aoudia 8 décembre 2008

      Monsieur Patrick BUISSON

      Monsieur,

      Sous la signature de Carole Barjon, le numéro 2298 (semaine du jeudi 20 novembre 2008) du Nouvel Observateur a publié un article où il est question de vous.

      Au paragraphe 4, alinéa 2, on peut lire : "Elève au lycée Pasteur de Neuilly, il refuse de se lever pour une minute de silence après un attentat meurtrier de l’OAS".

      Sauf erreur de ma part, il s’agit du lundi 19 mars 1962, vous aviez treize ans à peine, et vous vous êtes abstenu de prendre part à la minute de silence dont le ministre de l’Education nationale, Lucien Paye, avait recommandé le respect dans tous les établissements scolaires, en hommage aux six Inspecteurs des Centres sociaux éducatifs, assassinés par l’OAS le 15 mars 1962 à Alger.

      Par votre attitude vous entendiez ne pas vous associer à la condamnation d’un meurtre collectif d’enseignants.

      Voici le message que les autres jeunes Français ont écouté :

      L’Université française tout entière s’associe au deuil qui, une fois encore, frappe si douloureusement l’Académie d’Alger.
      Hier matin, un groupe de six tueurs de l’OAS a lâchement assassiné à El Biar six de nos collègues dont les noms doivent être cités à la jeunesse de France :

      Maxime Marchand, inspecteur d’Académie, chef du service des Centres sociaux d’Algérie ;
      Mouloud Feraoun, adjoint au chef du service des Centres sociaux ;
      Robert Aimard, inspecteur des Centres sociaux, chef du bureau d’études ;
      Marcel Basset, inspecteur, chef du centre de formation du personnel des centres sociaux ;
      Ali Hammoutene, inspecteur des Centres sociaux pour la région d’Alger ;
      Salah Ould Aoudia, inspecteur des centres sociaux pour la région d’Alger .

      Surpris au milieu d’une réunion de travail, ils ont été alignés devant un mur et sauvagement mitraillés.
      Unis dans le sacrifice comme ils l’étaient dans leur œuvre d’éducation, ils doivent le demeurer dans notre souvenir.

      Leurs noms s’ajoutent à la longue liste des maîtres qui, en Algérie, sont tombés au service des valeurs spirituelles et morales qu’enseigne l’université française et dont les Centres sociaux d’Algérie, expression et moyen de coopération dans l’éducation intellectuelle et l’action sociale, sont l’émouvant symbole.

      En assassinant ces hommes, c’est à ces valeurs morales que l’OAS a voulu s’attaquer.

      Il est capital de savoir si, devenu conseiller du Président de la République, vous reconnaissez rétrospectivement vous être mal comporté en refusant de prendre part à l’hommage rendu à six fonctionnaires de l’Education nationale, hommes de culture, de paix et de réconciliation, massacrés au nom de l’Algérie française, par une organisation terroriste.

      Je ne puis croire en effet que vous persistiez dans cette approbation donnée si ouvertement, quarante-six ans plus tôt, à des agissements que Raoul Salan, chef suprême de l’OAS aurait désavoués à l’époque, et que déplorent aujourd’hui d’anciens criminels de l’organisation.

      J’aimerais cependant que vous m’en donniez la confirmation formelle, ce dont je vous remercie par avance.

      Je vous prie d’accepter, Monsieur, l’expression de mes salutations.

      Jean-Philippe Ould Aoudia

    • Par principe on ne doit pas répondre à ces types de questions hypocrites moralisantes et provocatrices. M. Buisson a agi en conscience et à son âge accomplir un acte anticonformiste et de résistance est exceptionnel. Ne faisons pas à cette occasion une comptabilité des meurtres et assassinats d’innocents provenant de toute part. Le terrorisme nourrit le contre terrorisme. Et celui qui a commencé ne doit pas se plaindre de ses conséquences. Paix à tous ceux qui ont péri. Paix à l’Algérie qui n’est pas du tout sortie de l’obscurantisme cause de tous ses maux et de l’émigration massive en direction de l’ancien colonisateur.