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Bientôt le licenciement des fonctionnaires à l’EN : le rêve poujadiste réalisé

Publie le vendredi 4 décembre 2009 par Open-Publishing
7 commentaires

L’Académie d’Amiens teste cette année un système qui pourrait être étendu rapidement à tout le pays. Il s’agit d’une fiche établie par la direction « des ressources humaines » qui doit « permettre une gestion préventive, une diligence de traitement » en direction de ses salariés jugés en difficulté. Sous ce verbiage bureaucratique, et au but faussement humaniste, se cache bien mal la volonté de mettre en place un système de fichage de ceux sur lesquels l’administration voudrait faire pression pour les pousser vers la porte de sortie. De plus en plus ces dernières années, elle harcèle en ce sens des salariés qui souffrent de problèmes de santé chroniques. Alors que le projet a été rendu public à la rentrée de septembre 2009, des dizaines de dossiers étaient déjà remontés au rectorat dès le mois de juillet précédent.

La fiche est établie par le chef d’établissement qui acquiert ainsi un nouveau moyen de pression et de rétorsion à l’encontre des professeurs et du personnel administratif ou ouvrier. Le champ des griefs est suffisamment vaste pour offrir tous les prétextes : « santé », « difficultés relationnelles avec les élèves », « avec les adultes » : s’agit-il des collègues ? Des parents d’élèves ? Du chef d’établissement ? Parmi toutes les cases à cocher, il s’en trouve même une mentionnant : « autre » problème...

Dans la majorité des établissements scolaires, les problèmes de discipline augmentent du fait de la réduction drastique du personnel et de la dégradation sociale générale. Alors quel enseignant ne connaît pas de difficultés dans sa « relation avec les élèves » ? Trop souvent déjà, des enseignants se sentent impuissants face à des classes avec lesquelles la plus grande partie des cours se passe à faire de la discipline, mais, se considérant fautifs, ils se taisent. À présent, celui qui se plaindra risquera d’attirer l’attention sur lui et de se faire ficher, ce qui entraînera toute une procédure avec inspection et entretiens. Cela va à l’encontre du but affiché d’apporter une aide au personnel car les collègues concernés éviteront encore plus de s’ouvrir de leurs difficultés.

Cela met du même coup en lumière le véritable objectif du ministère de l’Éducation : explorer toutes les pistes permettant de supprimer des postes dans la fonction publique et laisser planer sur le personnel une épée de Damoclès pour l’engager à tout accepter.

Une véritable aide au personnel consisterait à stopper les suppressions massives de postes dans l’Éducation, à cesser les nominations d’un même professeur sur deux ou trois établissements, à ne plus s’orienter vers une formation « sur le tas », à offrir un suivi médical (totalement inexistant pour les enseignants). Précisément le contraire de la politique du gouvernement.

Messages

  • Le bon prof est déjà celui qui ne met pas de colles, ne fait pas de rapports d’incidents, ne renvoie jamais d’élèves, ce qui est un aveu d’impuissance horrible, il copine un max avec les élèves, pardon les enfants, et n’a jamais de problèmes. Il est content de son salaire, pense qu’il ne faut pas se plaindre car il y a d’autres métiers pires, il est bien formaté et tant qu’on en trouvera des comme ça dans les salles des profs rien ne changera. Tant pis pr les autres qui se feront virer pour oser exprimer leur souffrance ou leur désaccord du système. . Dommage aussi pour l ’avenir de ces élèves-rois auxquels on donne des illusions.

  • Sans parler des centaines de kms faites par les soit disants "remplaçants", qui sont en fait des bouches-trous, qui sont de plus en plus nombreux car il y a de moins en moins de postes. ils font n’importe quoi, n’importe quand, n’importe comment.
    Les déménagements incessants (chaque année) ont eu raison de ma motivation.
    J’ai quitté l’EN, ce qui est assez rare.Et je ne le regrette pas.

  • Et à ceux qui ont le discours du type "les profs sont des fainéants, trop de vacances, etc..." je leur réponds que, actuellement, je fais officiellement 2 fois plus d’heures par semaine, mais que j’ai l’impression d’êtyre en vacances 12 mois/12 à comparer....

  • En tant que ex-vacataire contractuelle, ayant tenté 3 fois le CAPES sans succès, il y a quelque chose que je ne comprends pas : pourquoi se plaindre tant de l’EN quand on a trimé pendant des mois pour y décrocher un poste ?????

    Quand on connait en effet le nombre de personnes qui voudraient y être par vocation, qui sont tout à fait compétents (arrêtons de taper sur les doigts des "remplaçants", je suis convaincue qu’ils sont bien plus capables que certains titulaires !) , certains devraient arrêter de se plaindre ou laisser leur place ?
    Et je pense que c’est juste que les titulaires soient évalués un peu plus souvent que quand l’IPR veut bien se déplacer et qui prévient 1 mois à l’avance, comme ça le prof inspecté a tout le temps de se préparer !!!!

    Enfin, qui n’a pas connu de profs imcompétents, incapables de faire preuve d’un minimum d’autorité ?!!

    Ceux-ci ne devraient pas postuler à l’EN mais faire de la recherche ou travailler dans le privé parce que chacun est conscient, ou du moins devrait l’être, de la réalité du terrain quand il se présente aux concours.

    A bon entendeur.. ;.