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combattre le système : de l’intérieur ou à l’extérieur ?

Publie le vendredi 4 décembre 2009 par Open-Publishing
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Il n’y a que deux manières possibles pour combattre le système :

Le premier consiste à s’infiltrer à l’intérieur de l’actuel pour le faire changer, ou imploser.
Le second mène ses attaques de l’extérieur pour le renverser, c’est à dire le faire exploser.

Au sujet du capitalisme, le choix de la méthode est difficile à faire, car le fonctionnement de ce système est particulièrement bien rodé, et très fortement protégé. En fait, le choix même de la méthode implique dès l’origine soit la soumission au système présent, soit la violence d’un changement brutal ; et dans les deux cas la vanité de son application.

La méthode « d’implosion » peut être considérée comme « douce », en ce sens qu’elle veut croire en la possibilité de participer au système qu’elle combat, tout en espérant peu à peu faire évoluer les comportements à l’intérieur de celui-ci, de sorte de parvenir à la transformation de ce système- et ceci tout en gardant une sorte de recul idéologique suffisant pour ne pas tomber dans la soumission, selon moi inévitable.

Car c’est négliger trop vite le pouvoir psychologique de l’argent, cet argent qui va de pair avec le pouvoir, que de croire en sa capacité d’abstraction. sans compter qu’une fois pris dans les filets du capitalisme, on s’expose à recevoir en retour l’accusation de tous les actes accomplis au profit d’une cause qui, inéluctablement, se trouvent à l’opposée de cette volonté de transformation. La fin ne peut justifier les moyens, à partir du moment où ce sont les moyens que l’on veut détruire. Regardez le NPA : pour faire fonctionner sa structure, il a besoin d’argent ; pour monter dans les sondages il doit communiquer, et ceci coûte cher. Peut-il ainsi se battre contre le capitalisme ?

Mais ce n’est pas tout : les règles de fonctionnement du capitalisme sont telles que la participation à ce système se trouve obligatoirement nous englober totalement dans des relations complexes et infinies, et nous oblige à respecter toutes ses règles sans ni les connaître, ni les pouvoir toutes connaître (les plus grands économistes en rêvent eux-mêmes). Une fois entré dans le système, on ne peut plus qu’en suivre le courant, ou en sortir. Résister est impossible (regardez Nicolas Hulot, ou même tous les soixante-huitards repentis). La puissance financière d’un « combattant de l’intérieur » devrait être si énorme pour s’opposer à la machine capitaliste, qu’elle ne pourrait que devenir capitaliste à son tour.

La méthode « d’explosion », elle, est tout aussi difficile à mettre en oeuvre : que ce soit de manière violente ou pacifique, elle n’a pas d’autre moyen d’exister que de participer, de près ou de loin, au système capitaliste. Les armes, comme les caméras et comme les hommes, s’achètent et se vendent. Comment lutter ?

Une des solutions consiste à accepter l’argent des capitalistes, tout en sachant qu’il est le fruit (qu’on le veuille ou non) de l’exploitation des plus faibles, ou de faire fonctionner l’économie parallèle qui, elle aussi, fonde sa richesse sur l’exploitation.
On peut aussi rêver à la transmission des idées par un canal quasiment gratuit et universel, mais il est évident que le pouvoir capitaliste ne laissera pas les choses se faire très longtemps : comme la loi Hadopi le prouve, toute idée alternative, indépendante, contestataire se voit dans un premier temps ignorée, puis systématiquement attaquée si elle prend de l’ampleur, et enfin détruite si elle devient populaire.

La violence est un autre moyen, celui utilisé par les terroristes qui, pour peu de frais, sont capables de désorganiser le fonctionnement du système. Mais, en dehors de l’immoralité de ces actes, sur laquelle tous sommes d’accord, ces derniers commettent à mon avis deux autres erreurs. : tout d’abord la violence justifiée par une volonté supérieure ne tient pas, car elle n’est pas pérenne et se retournera un jour ou l’autre contre ceux qui l’ont utilisé. Ensuite, cette violence sert plutôt les intérêts capitalistes qu’autre chose, car au lieu de justifier l’injustifiable (la mort des innocents), elle justifie en réalité la répression de la part des grands capitalistes qui sont sans doute ravis de pouvoir vendre des armes aux autorités, ou de participer à la logistique des invasions telles qu’elles ont eu lieu en Afghanistan ou en Irak.

En réalité, le seul moyen n’est à mon avis ni de nager contre le courant, ni même de sortir de ce courant. Il faut se laisser porter sans perdre sa volonté, en tentant d’utiliser les moyens qui ne répugnent ni à notre morale, ni ne force nos défenses psychologiques. Se préparer pour le jour où la source sera tarie, et les évènements favorables. Tenter d’éveiller les consciences tout en préparant, avec toute la bonne volonté et tous les moyens possibles, pour l’occasion qui ne manquera pas de se présenter. Le seul impératif sera d’être prêt pour ce jour, car les peuples auront besoin de se reconstruire un avenir. Il faudra alors être en mesure de nous proposer une autre alternative.

http://calebirri.unblog.fr

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