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J’ai écrit ce poème écologique en 1969.
Je l’ai traduit en occitan il y a quelques années et publié dans l’Almanach des Amis de Mesclum.
LES ARBRES
sur leur ligne de front
ne sont ni les plus vieux
ni ceux au bois épais
mais les plus pacifiques
*
rien ne les sauve
ni le temps
ni leur dignité
*
j’ai souvent pensé leur force inépuisable
c’était sans compter
sur leur résignation
*
leurs doigts ne sentent plus
*
ils crient de ça de là
par gros temps
jusqu’à la limite
où plus un n’est là pour répondre
*
leur souffle gigantesque
l’un ajouté aux autres
éteint de mille meurtres
s’est tu
*
séparés
l’ombre tourne autour d’eux
*
à leur pied
le vaste territoire
où les racines ne s’étreignent pas
*
l’eau n’a plus tout son sens
pour ceux qui restent en cage
*
ils sont rocs à tout jamais
et dispersent les airs
*
hauts et pétrifiés
les arbres se taisent
*
en pierre dorée
en soleil de résine
en gouttes silencieuses
*
en poussière
en poussière
la terre gardera leur sang
*
un jour
qu’il me reste encor mes mains
pour caresser leur corps
*
les arbres et les enfants des arbres
sont morts
et la pluie ruisselle
quelquefois
sur leur cadavre de pierre
1969