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Retrouvailles gâchées en zone d’attente

Publie le jeudi 24 décembre 2009 par Open-Publishing

de Pierre Duquesne

Valentia n’avait pas vu sa mère, haïtienne, depuis treize ans. Les autorités françaises ont tout fait pour empêcher leur rencontre.

Treize ans que Valentia Aristil n’avait pas vu Marie-Marthe, sa mère qui vit en Haïti. Devenue aide-soignante à l’hôpital Cochin après être arrivée seule en France à onze ans, la jeune femme se faisait une joie de lui montrer le chemin parcouru. Mais à l’arrivée de son avion à Orly, dimanche, « tout le monde est descendu, sauf elle ».

Au lieu d’émouvantes retrouvailles, Marie-Marthe a eu droit à un placement en zone d’attente. Motif ? La police de l’air et des frontières lui reproche d’être arrivée avec une date de retour postérieure à la fin son visa. Deuxième grief, Marie-Marthe est arrivée en France sans argent. « C’est inhumain, s’indigne sa fille. Je l’ai vue furtivement cinq heures plus tard en zone d’attente. Ça ne se fait pas d’accueillir les gens comme ça ! »

Une colère d’autant plus légitime que tout avait été fait dans les règles  : « Le consulat de France en Haïti a accordé le visa après la date du vol de ma mère, initialement prévu le 4 novembre. Ce qui nous a obligés à décaler son voyage. »

Quant aux 22 euros par jour exigé des personnes dormant chez des proches installés en France, « l’information n’est souvent pas donnée à l’étranger », explique une militante de la Ligue des droits de l’homme. Contacté, un fonctionnaire du consulat de Port-au-Prince confirme que cette précision est absente du document remis avec le visa.

Valentia a donc apporté ladite somme, et changé la date de retour de sa mère. Insuffisant pour les autorités qui informent la jeune femme, lundi soir, que sa mère repartira mardi matin. Devant l’énergie de sa fille, Marie-Marthe a finalement été relâchée hier matin. Après deux jours passés en salle d’attente d’Orly, où aucune association d’aide n’est présente. Valentia, elle, a pleuré pendant deux jours. Ce n’était pas de joie.

http://www.humanite.fr/article2757740,2757740