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COMORES : Mohéli dans la tourmente (ou tournante ?)

Publie le lundi 4 janvier 2010 par Open-Publishing

Les mohéliens ne veulent rien savoir, ils veulent que l’on investisse le plus rapidement possible un des leurs à Beit Salam. Je me suis longtemps posé les questions suivantes : « est-il dans notre intérêt de leur céder les rênes de ce pays dans la précipitation ? » et « quels sont les moyens de riposte réels de Mohéli en cas de refus des deux autres îles de leur céder la présidence ? ».

Il n’est pas inutile de rappeler que Mohéli est la plus petite des quatre îles des Comores et que sa population ne représente que 5% de l’ensemble des comoriens. Dans les contributions fiscales et douanières, l’île de Mohéli contribue à hauteur de 5 à 10 millions de francs comoriens par mois. Ce qui est 9 à 18 fois moins que la masse salariale des fonctionnaires de l’île de Djumbé Fatima. Par conséquent, les mohéliens vivent et perçoivent des salaires grâce aux contributions des deux îles sœurs (Ngazidja et Ndzouani). Avec 30 000 habitants, ce qui est moins que la population de Moroni ou Mutsamudu, Mohéli a eu droit à 4 députés et 9 conseillers aux dernières législatives, soit en tout 13 élus, contre 4 à Moroni et 3 à Mutsamudu. Au sein du gouvernement de l’Union des Comores, les mohéliens occupent 3 ministères sur 12, soit 25% alors qu’ils ne représentent que 5% de la population comorienne.
Je peux comprendre que dans une configuration insulaire comme la nôtre, on est parfois contraint de faire des concessions pour ne pas minimiser des uns et les autres. Cependant, ce qui m’écoeure c’est qu’en faisant un petit tour d’horizon dans les ministères dirigés par nos frères de île de Djumbé Fatima, on se rend vite compte que le séparatisme est de mise. Du conseiller du ministre au petit planton en passant par la secrétaire, tout le monde est mohélien. Des nominations à tout va à des postes de responsabilité, pour des gens qui la plupart du temps, n’ont même pas obtenu le BEPC. Alors comment ne pas avoir peur pour notre avenir ? Comment concéder la présidence à des gens qui sont profondément ancrés dans le séparatisme insulaire ? Le seul et unique but de la tournante pour les mohéliens est la nomination massive des leurs aux plus hautes fonctions de l’Etat. Céder à ces caprices ne serait pas une erreur mais une faute très grave.

De toutes les façons une chose est sure, l’île de Djoumbé Fatima ne pourra pas faire scission Pourquoi ? Tout simplement parce qu’elle n’a pas les moyens financiers, naturels et logistiques, pour se libérer de la perfusion que lui offre ses sœurs au sein de l’Union des Comores. Alors il est bien beau de lire par ci, par là, les menaces des gens de l’opposition faisant part d’une possible rébellion à Mohéli. Mais avec quels moyens (armes par exemple) pourront-ils arriver à cette scission ? Je ne vois vraiment pas. Non, à mon avis ce qu’il faudrait c’est expliquer et mettre en garde les mohéliens contre leurs pratiques séparatistes. Ensuite, il faudra laisser le temps au président actuel pour mettre en place les bases institutionnelles propices au développement du pays, avant de leur céder la place. Ce n’est surtout pas dans l’intimidation et la précipitation qu’il faudra laisser notre pays couler sous prétexte de vouloir suivre une constitution qui a été modifiée il y a quelques mois avec le consentement de plus de 93% de la population.

Avant de conclure je demanderai, à toute personne encore sceptique sur mon raisonnement concernant l’esprit séparatiste des mohéliens, à faire un tour dans les différents ministères qui avaient été attribués à des mohéliens au début du mandat de Sambi (par exemple le ministère de l’environnement et de l’agriculture de Sitti Kassim ou encore la santé du vice-président Ikililou) pour voir que ces ministères n’ont pas pu se relever du passage mal négocié de ces derniers. Alors mes chers compatriotes, faisons tout pour retarder l’échéance d’arrivée au pouvoir de la personne qui fera couler définitivement le pays.

SALIM HOUSSEIN AHMED
Moroni

Source : http://wongo.skyrock.com/