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COMORES-Allocution de M. Antoy Abdou, doyen des conseillers d’Anjouan

Publie le vendredi 8 janvier 2010 par Open-Publishing
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Séance d’installation
06 janvier 2010.

http://roinaka.skyrock.com/

Messieurs les Commissaires, Honorables invités, Mesdames, Messieurs

En ma qualité de doyen des Conseillers nouvellement élus, au nom de mes collègues et à mon nom personnel, je vous remercie chaleureusement d’avoir bien voulu honorer de votre présence la cérémonie d’installation des Conseillers de l’Ile Autonome d’Anjouan.. Je remercie également le personnel du Gouvernorat de l’Ile Autonome d’Anjouan et tous ceux qui, de loin ou de près, ont participé à l’organisation de cette cérémonie inaugurale. Chers collègues Vous venez de me confier la présidence de notre Assemblée en qualité de doyen.

Permettez moi, tout d’abord, de vous adresser mes meilleurs vœux pour l’année 2010 en vous souhaitant réussite et succès dans tous vos espoirs ; Je vous remercie de votre confiance et accepte avec fierté, plaisir et passion à animer et à diriger nos travaux au service des Anjouanais. Nous nous trouvons après l’adoption duProjet de loi référendaire portant révision de la Constitution de l’Union des Comores du 23 Décembre 2001 modifiant et remplaçant, en son article 18, les termes « loi fondamentale », « Président de l’Ile » et « Assemblée de l’Ile » respectivement par « loi statutaire », « Gouverneur » et « Conseil de l’île. » Il s’avère que ette loi référendaire a sapé irrémédiablement les dispositions de la constitution relatives à l’autonomie des îles et à la présidence tournante.

C’est ainsi que les élections législatives du 06 et du 30 décembre 2009 ont renouvelé les Députés de l’île qui deviennent désormais Conseillers de l’île Autonome d’Anjouan. Permettez-moi de vous féliciter individuellement et collectivement à la fois d’avoir été élus dans vos circonscriptions respectives. Je considère que vous avez eu la confiance des électeurs parce qu’ils espèrent que vous pouvez contribuer à l’amélioration de leurs conditions de vie. Je suis convaincu que vous mettrez tous passion et engagement dans votre nouveau mandat. Nous venons tous d’horizons divers. Certains de la majorité présidentielle, d’autres de l’Opposition, d’autres encore étaient des Candidats Indépendants que sais-je ? Il n’en demeure pas moins qu’une fois élus, nous sommes investis de la même mission : Celle de servir cette ile que nous aimons tous, j’en suis convaincu, et sa population du mieux que nous pourrons.

Il n’y a pas de fonction plus exaltante, plus noble que celle de représentant du peuple ; ce peuple qui attend de ses représentants le meilleur service possible ; ce peuple à qui nous devons seul rendre des comptes. Pour un élu, servir au mieux le pays c’est sans doute œuvrer pour son unité, sa stabilité, sa cohésion sociale, sa prospérité, son bien être. Cet œuvre de longue haleine ne peut être mené à bien que - Si tous les élus sont solidaires entre eux et se concertent mutuellement dans l’exercice de leur mandat. - Si chaque élu garde toujours à l’esprit qu’il a des engagements non vis-à-vis d’une personne en particulier mais vis-à-vis du peuple, c’est seulement à ces conditions que le mandat d’un représentant du peuple revêt une signification. Messieurs les Conseillers, Ce n’est pas pour rien lorsque je dis que les Conseillers ont des engagements non vis-à-vis d’une personne en particulier mais vis-à-vis de l’ile et de sa population. Nous devons à cette population l’existence, aujourd’hui, d’un Conseil de l’Ile pour statuer sur les affaires de l’ile. Notre mission est donc de poursuivre l’action initiée par la population anjouanaise dans sa détermination pour son bien –être. Pour vous permettre de bien comprendre mes propos un bref rappel historique s’avère nécessaire. Avant 1997 le pays souffrait de nombreux maux qui menaçaient en permanence la cohésion nationale et hypothéquaient sérieusement son développement. Sur le plan administratif la forte centralisation de la gestion des affaires du pays dans la capitale fédérale faisait que pour un simple papier, il fallait se rendre à Moroni. Sur le plan économique les iles étaient reléguées au second plan. Pour avoir un emploi il fallait se rendre à Moroni pour en chercher ; pour mieux rentabiliser un projet économique, il fallait se rendre à Moroni pour s’installer et investir.

Sur le plan politique, le système était tel que, l’élection d’un Président d’origine anjouanaise ou mohelienne était problématique, pour ne pas dire, pratiquement, écartée. La population anjouanaise décida d’exprimer, par des actes, sa réprobation. Elle proclama l’indépendance de l’ile d’Anjouan en Août 1997. Ainsi était née ce qu’on a appelé la « crise séparatiste anjouanaise ». Je ne suis pas séparatiste et, sincèrement, je ne crois pas que le séparatisme soit une solution à nos problèmes. Ce que je voudrais vous faire comprendre ce sont les apports de cette révolution à la vie politique, économique et sociale du pays. En d’autres termes laissons de côté les aspects négatifs et voyons ensemble les améliorations de la vie politique, économique et sociale que cette révolution de la population anjouanaise a apportées au pays. De toutes les crises politiques que le pays avait traversées, celle-ci fut de loin la plus profonde car elle menaçait l’unité du pays lequel était au bord de l’éclatement. C’est pourquoi les autorités nationales avaient sollicité l’implication de la Communauté Internationale pour son règlement. A l’issue de longues et difficiles négociations entre les parties, les anjouanais ont infléchi leur position et ont soumis des propositions allant dans le sens d’une réorganisation plus équitable du système politique qui tiennent compte de la spécificité insulaire du pays. Ces propositions se résumaient en deux points principaux. Une présidence tournante Un partage du pouvoir entre l’Etat et les iles ayant occasionné la large autonomie que jouissent les îles avec leurs lois fondamentales respectives.

Ces propositions furent acceptées d’où la signature de l’Accord Cadre de Fomboni du 17 février 2001 qui a largement inspiré la Constitution du 23 décembre 2001. - Grace à la tournante, chaque ile est assurée, de diriger l’Union pendant 4 ans ; ce qui n’était pas possible avant. - Grâce à la tournante, l’Union des Comores est dirigée aujourd’hui, par un anjouanais. - Grâce à la tournante nous espérons que l’ile sœur de Mohéli dirigera à son tour, le pays à partir de mai 2010. C’est un acquis important de la lutte anjouanaise et pour la consolidation de la jeune démocratie Comorienne. Nous ne pourrons le préserver qu’en respectant scrupuleusement les accords de Fomboni du 17 février 2001 dont l’application est garantie par la Communauté Internationale. En passant le flambeau à l’ile sœur de Mohéli au mois de mai 2010, Anjouan en tirerait des avantages politiques évidents du fait que :

 La tournante est une idée anjouanaise acceptée par les autres iles. Sans doute, Anjouan marquera l’histoire du pays en respectant et en faisant respecter les accords de Fomboni du 17 février 2001. Elle a largement inspiré ces accords et personne ne comprendrait qu’elle tente de les torpiller aujourd’hui.

 Il avait été convenu qu’après la Grande Comore, Mohéli exercerait la tournante avant Anjouan et c’est l’ile de Mohéli qui a proposé, de sa propre initiative, qu’Anjouan passe avant elle. Au lieu de la remercier, Anjouan va-t-elle faire regretter Mohéli sa décision ?

 La surpopulation de l’ile d’Anjouan a toujours entrainé une émigration massive des Anjouanais vers les iles voisines. De toutes les iles d’accueil, c’est Mohéli qui offre un refuge idéal pour les émigrés anjouanais. La forte Communauté anjouanaise qui s’y est établie s’est parfaitement intégrée et s’exprime ou agit comme elle le ferait chez elle.. De ce fait, Anjouan a une dette morale envers Mohéli et devrait lui être reconnaissante. Au lieu de cela, elle va lui priver de son droit constitutionnel d’exercer la tournante dans les délais impartis. Il est à craindre que cette ingratitude qui ne profite qu’à une seule personne ne coûte chère à l’ile et à sa population sans perdre de vue le fait qu’Anjouan rate une occasion de s’assurer une reconnaissance éternelle de Mohéli puisque grâce à la tournante donc à Anjouan Mohéli va diriger un pays qu’il n’aurait jamais dirigé sans cette tournante.

En conséquence, en cédant aux caprices de ceux qui voudraient se servir de nous les élus pour proroger le mandat du Président de l’Union, c’est comme si nous plantions un couteau dans le dos de la population anjouanaise car nous la condamnons. Déjà haie dans les autres îles sœurs, c’est le plus sûr moyen de bien lui fermer les portes en parachevant son isolement total. Nous faisons exactement le contraire de ce que la population anjouanaise est en droit d’attendre de nous. Sommes-nous prêts à supporter le poids de cette trahison ?

Mes chers collègues

Après ce bref rappel des faits historiques des 12 dernières années notamment en ce qui concerne les effets des reformes des institutions constitutionnelles,je me permets, devant cette auguste assemblée, de dénoncer et condamner vigoureusement les actes barbares programmés perpétrés, à Sima, dans l’après midi du mardi 22 décembre 2009, par les forces armées basées à Anjouan ; actes ayant causés la mort d’une femme, l’évacuation d’un blessé grave vers Moroni, le pillage des habitations et l’exode de nombreux habitants vers les forêts et les îles sœurs. A Mayotte, on dénombre, à ce jour, plus d’une centaine de réfugiés. Je termine mes propos en vous souhaitant tous réussite et succès dans l’exercice de votre mandat ; que 2010 soit l’année de l’avènement de l’île Autonome de Moheli à la tête de la magistrature suprême de l’Union des Comores dans la paix et la prospérité.

Je vous remercie

Source : http://roinaka.skyrock.com/

Messages

  • Après ce bref rappel des faits historiques des 12 dernières années notamment en ce qui concerne les effets des reformes des institutions constitutionnelles,je me permets, devant cette auguste assemblée, de dénoncer et condamner vigoureusement les actes barbares programmés perpétrés, à Sima, dans l’après midi du mardi 22 décembre 2009, par les forces armées basées à Anjouan ; actes ayant causés la mort d’une femme, l’évacuation d’un blessé grave vers Moroni, le pillage des habitations et l’exode de nombreux habitants vers les forêts et les îles sœurs. A Mayotte, on dénombre, à ce jour, plus d’une centaine de réfugiés. Je termine mes propos en vous souhaitant tous réussite et succès dans l’exercice de votre mandat ; que 2010 soit l’année de l’avènement de l’île Autonome de Moheli à la tête de la magistrature suprême de l’Union des Comores dans la paix et la prospérité.

    Je vous remercie

    Monsieur le président,
    cette rotorique vous ressemble, je dois vous remercier de l’audace, de la sincérité, de l’ambition de dire la paix, de dire l’union et de souhaiter voir disparaitre la division dans votre pays.
    sauf que cher monsieur le Président, il est majeur de faire connaitre aux responsables comoriens et aux citoyens que la politique ça s’apprend, la démocratie surement.

    Nous force vive, issue de la société civile ne sont pas là que pour critiquer, nous sommes là, aussi pour proposer et nous ne manquerions pas à ses moments précieux :

    le président de la république des Comores doit mettre en place une matrice efficace mais légale en faisant en sorte que notre constitution se voit coller le droit de grève bien sûr avec les mentions qui rallieront cette perspective d’avenir et ça, c’est la démocratie participative dont notre pays à besoin. a ce moment la, dans cette responsabilité très difficile, très compliqué à opérer donnerions aussi l’idée de se dire qu’on est regardé, qu’on est pas seul bref la raison l’emporterait.

    L’encouragement des partis politiques en mettant en place aussi dans cette constitution un réel dynamique d’attribution financière, pouvant avec des méthodes, encourager l’alternance ce qui prônerait du sens sur ce que nous, citoyens ont besoin.

    C’est quoi la constitution ? est donc, c’est une matrice efficace faite avec toute les résolutions possible, pour encadrer et protéger les plus faible.

    C’est la démocratie participative voyez vous mes chers compatriotes ! voilà Monsieur le président en ce qui nous concerne...

    Je le dis aux comoriens, qu’un pacte républicain, un pacte de développement et de démocratie est nécessaire, majeur car il n’y a qu’ensemble tous ensemble, que nous donnions aux Comores le ressort et la force d’affronter son avenir.

    Monsieur le président, je le dis avec gravité et avec résolution : je vous demande tous votre confiance parce qu’en conscience et en vérité, pour notre pays, j’ai confiance.

    Alaby