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Mayotte : « le GTHN, c’est de la poudre aux yeux »

Publie le jeudi 14 janvier 2010 par Open-Publishing

Interview de Moustoifa Said Cheikh le fondateur du Front démocratique (FD)qu’il avait accordé à albalad à la veille de la célébration de la journée nationale Maoré, le 12 novembre 2009
Albalad est allé à la rencontre d’un infatigable militant du retour de Mayotte, Moustoifa Said Cheikh. Le fondateur du Front démocratique (FD) a toujours considéré qu’il n’y a pas de développement possible pour les Comores tant que Mayotte restera occupée. Il livre ici ses analyses sur les dernières évolutions du contentieux franco-comorien.

• Comment réagissez-vous à la proposition du président Sambi sur Mayotte ?

Elle est valable mais mal venue. La proposition du président Sambi a son fondement dans la volonté de certains patriotes qui souhaitent voit un règlement du contentieux. Il fallait proposer quelque chose Mais le moment est mal choisi pour deux raisons. D’une part, la proposition prend le contre-pied de l’initiative de l‘Union Africaine et de l’autre côté, elle nous met dans un face-à-face avec la France défavorable pour nous.

• L’ambassadeur de France aux Comores a clairement laissé entendre que la proposition de Sambi n’était pas recevable pour la France. Qu’en dites-vous ?

C’est la position d’une grande puissance arrogante. Je déplore le fait que cela émane d’un ambassadeur. Je ne comprends pas qu’une proposition de dialogue soit rejetée de cette façon. Cela montre que le face- face n’est pas la bonne solution.

• L’ambassadeur Luc Hallade a indiqué récemment, dans une interview à Albalad, qu’il fallait « dépasser » cette question et rechercher d’autres formes de partenariat. Quelle est votre réaction ?

C’est absurde. On ne peut pas dépasser l’occupation de notre territoire. La France qui a été dépouillée de l’Alsace Lorraine en 1870 ne l’avait jamais lâché jusqu’à faire la guerre. II est vrai que nous ne pouvons pas libérer Mayotte par la guerre mais nous comptons mettre à contribution la solidarité internationale pour une décolonisation de cette île.

• Comment analysez-vous l’idée du gouvernement comorien d’associer les élus mahorais dans les discussions sachant qu’ils sont hostiles à l’idée de réunification ?

Cela a été toujours la stratégie de la France qui veut faire de Mayotte un territoire à part entière. Mais les pouvoirs qui se sont succédé ont toujours cédé à cette volonté qui consiste à jouer les stratagèmes en faisant des Comoriens des étrangers à Mayotte et à faire comme si les Mahorais n’étaient pas des Comoriens. Ce qui serait souhaitable c’est de soutenir les patriotes qui se battent pour la réunification du pays. Je déplore ce manque de soutien (..)C’est d’ailleurs pour cela que notre camarade Kamardine Ahamada est décédé dans l’anonymat

• Pensez-vous que le groupe de travail de haut niveau (GTHN) a été utile ?

A mon sens c’est plutôt un des stratagèmes de la France. Le GTHN, c’est de la poudre aux yeux.

• Comment expliquez-vous cette volonté de la France de vouloir garder à tout prix l’île de Mayotte ?

La France veut contrôler le pays pour ses intérêts, elle veut garder ses intérêts géostratégiques dans cette partie du monde. Mais c’est aussi un moyen de bloquer notre développement et maintenir son plan de déstabilisation de l’archipel.

• Le ministre des Relation5 extérieures avait affirmé que le Comité Maoré, c’est pas représentatif et qu’il n’a pas le monopole de nationalisme comorien. Quelle est votre réaction ?

Je ne peux pas répondre au nom du Comité Maoré mais je sais qu’il a joué et joue encore un rôle notable dans la sensibilisation du peuple comorien sur cette question quant à l’impératif de réintégration de l’île comorienne de Mayotte dans son ensemble nature.

• On a l’impression que le problème de Mayotte ne mobilise plus vraiment la population. Peut-on parler d’une désaffection de l’opinion sur cette question ?

Je ne suis pas d’accord avec vous, il n’y a pas désaffection. Le mal vient de nos pouvoirs respectifs. On sent qu’il y a deux discours. D’un côté, on veut la réintégration de Mayotte et on continue, de l’autre, à composer avec la France pour des intérêts.
Ce sont deux discours qui tuent la mobilisation populaire sur cette question. La question de Mayotte devient un problème personnel du chef de l’Etat au lieu d’être un combat national porté par la population.

A.S. KEMBA

Source : albalad n°125 du 11/11/ 2009

Voir aussi :http://wongo.skyrock.com/