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La « dangerosité » de Jean-Marc Rouillan va être examinée

Publie le dimanche 17 janvier 2010 par Open-Publishing
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Jean-Marc Rouillan pourrait être transféré au Centre National d’Observation (CNO) de Fresnes le 31 janvier 2010. Prévue par la loi, cette mesure déterminera si l’ancien militant d’Action Directe est… « dangereux » !

Depuis le 27 octobre dernier, Jean-Marc Rouillan est incarcéré au centre de détention de Muret, près de Toulouse. Atteint par une grave maladie rare et évolutive, le syndrome de Chester-Erdheim, il est sans soins depuis de nombreux mois. Un scandale qui a conduit, en décembre, Jean-Marc Rouillan à porter plainte pour non-assistance en danger. Sans suite.

Au pays de l’arbitraire, passons sur le fait que Jean-Marc Rouillan a terminé sa peine de sûreté en 2005. Passons sur le fait que Jean-Marc Rouillan devrait pouvoir bénéficier de la loi du 4 mars 2002, dite loi Kouchner, et obtenir une suspension de peine pour raisons médicales. Passons sur le fait que, jusqu’au piège médiatico-politique qui a suivi la fameuse interview à L’Express, Jean-Marc Rouillan a pu bénéficier sans encombre d’une semi-liberté entre décembre 2007 et octobre 2008 en travaillant aux éditions Agone, à Marseille. Passons sur le fait que Jean-Marc Rouillan a adhéré à un parti légal, le NPA. À l’évidence, tout ceci ne suffit pas pour libérer l’écrivain insoumis. « Vous êtes devenu dangereux par les mots », lui a déclaré un représentant de l’État qui réclame repentance et reniement.

Au pays de l’arbitraire, Jean-Marc Rouillan est loin de voir le bout du tunnel. La loi du 25 février 2008 relative à la rétention de sûreté rend obligatoire l’avis d’une commission pluridisciplinaire lorsqu’une personne condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité fait une demande de libération conditionnelle. Cette commission est composée d’un président de chambre à la cour d’appel, d’un représentant du préfet de région, d’un représentant du directeur interrégional des services pénitentiaires, d’un expert psychiatre, d’un expert psychologue, d’un représentant d’une association nationale d’aide aux victimes et d’un avocat, membre du conseil de l’ordre. Cette commission doit demander le placement du prisonnier pour une durée d’au moins six semaines, dans un service spécialisé chargé de l’observation des personnes détenues aux fins d’une évaluation pluridisciplinaire de dangerosité. Durant cette période le détenu sera « auditionné » par un directeur de la prison, un médecin du travail, un représentant du service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation, un psychologue et deux psychiatres.

Ensuite, le CNO de Fresnes rendra son rapport à la commission pluridisciplinaire qui transmettra un avis favorable ou défavorable à un juge. Ce juge examinera alors la demande de libération. Cela peut encore prendre des semaines… ou des mois. Pendant tout ce temps, il n’est pas dit que Jean-Marc Rouillan pourra être vu par le seul spécialiste français du syndrome de Chester-Erdheim qui se trouve pourtant à Paris, à la Pitié Salpétrière. C’est le SEUL examen dont Jean-Marc Rouillan a impérativement besoin. Histoire de rappeler que sa maladie n’est pas du cinéma et que des soins immédiats sont indispensables.

Deux pétitions circulent pour demander la libération de Jean-Marc Rouillan et de Georges Cipriani qui déposera une nouvelle demande de semi-liberté début février. En France, en Belgique, en Allemagne, des collectifs se mobilisent. Une banderole a été déployée le 10 janvier à Berlin à l’occasion de la manifestation annuelle en l’honneur de Rosa Luxembourg et de Karl Liebknecht. Des projections de films, des débats, des concerts sont prévus à Strasbourg, Grenoble, Dijon, Paris, Le Havre, Angers, Bordeaux, Saint-Etienne, Toulouse, Tours… « Nous ne demandons ni sympathie, ni adhésion à ce qu’a été Action Directe, mais simplement que les principes d’un État qui se proclame laïque et démocratique soient appliqués », expliquent les comités de soutien à Georges Cipriani et à Jean-Marc Rouillan.

Plus d’informations sur les initiatives et les pétitions sur le blog Action Directe

En illustration, une affiche de soutien à Georges Cipriani et à Jean-Marc Rouillan réalisée à partir d’un collage de Joelle Aubron, militante d’Action Directe libérée pour raisons médicales le 16 juin 2004 et décédée le 1er mars 2006.