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Iran, De La Confrontation A La Réconciliation

Publie le lundi 18 janvier 2010 par Open-Publishing
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Iran, De La Confrontation A La Réconciliation ?

« … Au lieu « d’un effondrement imminent » de la République Islamique, comme ce que propage largement les medias occidentaux, le pays est sur le point d’effectuer une volte face vers une stabilisation et une réconciliation politique… » Explications (traduites) de Kaveh L. Afrasiabi dans Asia Times On Line

Ce n’est pas productif d’être percu comme s’ingérant...

Mohsen Rezaee, un ancien commandant du Corps des Gardes De La Révolution Iranienne et candidat l’année dernière lors de l’élection présidentielle, qui occupe actuellement le puissant poste de secrétaire de l’Expediency Council a écrit au dirigeant suprême, l’Ayatollah Ali Khamenei, le pressant de faire une déclaration conciliante pour initier « un nouveau mouvement d’unité et de fraternité de tous ».

Il a écrit , « le renoncement par le chef de l’opposition, Mr Mir Hossein Mousavi , à ne pas reconnaître le gouvernement de Mr Mahmoud Ahmadinejad et sa suggestion constructive que le parlement et le pouvoir judiciaire devraient agir selon leurs fonctions légales concernant le manque de réserve du gouvernement , bien que tardive pourrait être le commencement d’un mouvement unifiant le front d’opposition avec les autres. »

Après des mois de grand drame politique qui a secoué l’Iran avec des scènes devenues maintenant familières de mobilisation dans les rues et de contre mobilisations par l’opposition et par les forces pro gouvernementales, ayant culminé par de multiples morts et des centaines d’arrestations, au lieu « d’un effondrement imminent » de la République Islamique, comme largement propagé dans les médias occidentaux, le pays est sur le point d’effectuer une volte face vers une stabilisation et une réconciliation politique.

« Le système a le pouvoir d’atteindre cet important objectif en étant prévoyant et en adoptant une attitude respectueuse et bienveillante avec toutes les personnes et tous les groupes, « a écrit Mousavi dans sa dernière déclaration dans laquelle il fait 5 propositions pour sortir de « l’actuelle crise sérieuse ».

La démarche de réconciliation de Mousavi peut être interprétée par d’autres factions du mouvement hétérogène vert comme une « capitulation » et par conséquent il doit montrer à ces supporters en faisant son « retrait » politique qu’il obtient des gains politiques. Tout processus de réconciliation sera surement compliqué et sujet à des tensions avec polarisation politique élevée.

En plus de Rezaee, un certain nombre de politiciens de haut rang de Téhéran, dont l’ancien président l’Ayatollah Hashemi Rafsanjani, qui dirige l’Expediency Council, ont appelé à « l’unité pour tous » et à un « retour au calme ».

Par conséquent la première partie de 2010 verra probablement une volte face qualitative éloignant du tumulte de ces sept derniers mois ayant suivi l’élection présidentielle controversée de la mi juin, et cette agitation intermittente faite de manifestations de l’opposition à Téhéran et dans d’autres villes. Les protestations ont été tout récemment motivées par la mort du Grand Ayatollah Hoseyn Ali Montazeri, pro réformateur, dont les funérailles ont fourni au mouvement vert l’opportunité de faire campagne pour ses demandes démocratiques.

A la fois Mousavi et des intellectuels du mouvement vert tel qu’ Akbar Ganji, se sont explicitement distancés des manifestants violents, Ganji allant plus loin en écrivant que « notre problème aujourd’hui c’est que certaines hautes personnalités du mouvement et beaucoup de ses intellectuels se sont eux-mêmes hypothéqués dans l’action populiste collective (les manifestations de rue de l’opposition)… Avoir recours à la violence n’est pas justifiable il n’y a aucune excuse ».

Tous ceux qui sont affiliés au mouvement vert ne souscrivent pas à un tel conseil sur l’importance de la résistance non violente. Un cas exemplaire c’est celui du réalisateur de film, Mohsen Makhmalbaf, qui a été un proche conseiller lors de la campagne présidentielle de Mousavi en Juin dernier, et qui maintenant de son exil en France - qu’il s’est imposé à lui-même - publie des textes incendiaires pour le renversement de la République Islamique. Il a accusé le dirigeant suprême d’être devenu un « Yazid » c’est-à-dire l’instrument de vengeance principal du Shi’isme historique, ne tenant pas compte ainsi de l’avertissement de Ganji que le choix de la comparaison avec Hosseini-Yazidi est une « stratégie très dangereuse ». A ce jour, Mousavi malgré son dernier communiqué où il réaffirme son allégeance à la « Constitution islamique » ne s’est pas explicitement dissocié de certains de ses supporters radicaux, tel Makhmalbaf, qui par inadvertance font plus de mal à la légitimité du mouvement vert par leurs discours violents.

Mousavi n’a pas montré non plus de signe d’auto critique dans son appel au gouvernement à reconnaître qu’il y a une crise sérieuse en Iran – et le fait qu’il est partiellement responsable de la création de cette crise, qui aurait pu être largement évitée s’il avait reconnu sa défaite et la victoire électorale d’Ahmadinejad au lieu de s’accrocher à des accusations de prétendues fraudes électorales.

Un problème plus important porte sur l’administration de Barack Obama aux Etats Unis, en lien avec la condamnation ferme la semaine dernière de la répression gouvernementale contre les manifestants et défendant ces derniers comme de simples citoyens qui réclament que tous leurs droits démocratiques soient respectés. Pour un président qui a pris ses fonctions il y a un an en envoyant des messages clairs à Téhéran qu’il n’était pas intéressé par un changement de régime en Iran, actuellement d ’une certaine façon Obama ressemble à son prédécesseur ,G.W.Bush, qui, avant de prendre ses fonctions de président et de lancer des guerres en Afghanistan et en Irak promettait continuellement à l’Amérique et au monde qu’il n’était pas intéressé par le rôle joué par les US dans « la construction nationale ». ( changement de régime pour être plus clair ndlt)

Le refus d’Obama de condamner la violence anti gouvernement en Iran et de réclamer de la part de l’opposition un comportement respectueux de la loi a largement été interprété en Iran comme un signe d’ingérence des US dans les affaires intérieures de l’Iran, plaçant ainsi le mouvement vert et ses dirigeants sur la défensive.

Acculé dans un coin par une combinaison de répression venant d’en haut et des mauvais conseils en matière de tactiques et de stratégies venant d’en bas, une insulte à la sensibilité religieuse des Shi’ites iraniens, le mouvement vert est secoué par une crise qu’il a lui même créee. Cela nécessite maintenant de revenir à la nature pacifique et purement réformatrice du mouvement et sortir de l’emprise des tendances extrémistes.

Si le mouvement vert réussit dans cette tâche difficile de retour aux sources sur un terrain purement légal et réformiste, l’optimisme prudent sur une réconciliation politique possible évoquée plus haut pourrait se réaliser.

En conclusion, un signe important de la flexibilité du gouvernement et de sa volonté de s’engager sur la voie de la réconciliation c’est la décision d’autoriser de nouveau la publication du journal pro réformiste, Bahar, après qu’il eut été interdit. Dirigé par Saeed Pour Azizi, un ancien secrétaire de presse de l’ex président Mohammed Khatami, Bahar est destiné à remplir un vide important en articulant un discours sensé, cohérent et réformiste modéré en Iran.

Kaveh L. Afrasiabi 05/01/10

http://www.atimes.com/atimes/Middle_East/LA05Ak04.html

Kaveh L. Afrasiabi Phd est l’auteur de “After Khomeini : New Directions in Iran’s Foreign Policy (Westview Press) . Son dernier livre “ Reading In Iran Foreign Policy After September 11 » (BookSurge Publishing , October 23, 2008) est maintenant disponible

Messages

  • Ho oui. C’est beau des factions rivales de la bourgeoisie qui se réconcilent pour garder leur pouvoir sur les masses. Et puis c’est vrai que Moussavi le boucher de 88 s’est fait un tout petit peu dépasser par les évènement, il en demandait pas tant le bougre, juste une plus grosse part.