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Petite allégorie du patronat

Publie le mercredi 20 janvier 2010 par Open-Publishing

lundi 18 janvier 2010

 Bonjour grosse pute d’assistante sociale.

 Bonjour, gentil quémandeur. Que puis-je faire pour vous ?

 Me filer du pognon, grognasse. Et plus vite que ça.

 Voui, avec grand plaisir mon minou. Juste, c’est à quel titre, simple curiosité ?

 Parce que je peux pas m’en sortir sans toi, morue, et tu le sais très bien. J’ai beau brailler partout que je suis complètement autonome de partout, que j’ai besoin de personne et que je fais grave confiance à la main invisible et que les fonctionnaires dans ton genre peuvent tous crever, je m’en sors jamais si tu allonges pas régulièrement la grosse maille. Alors je viens toucher mon chèque. Connasse.

 Je compatis complètement et il n y a évidemment aucun problème. En espèce ou par virement ?

 En vrais biftons avec des numéros de série qui se suivent pas, pour que je puisse le planquer et pas payer d’impôts dessus, manquerait plus que ça. J’ai besoin de fric, tu m’en donne sans moufter, je garde tout pour ma gueule et je vire tout le monde dans la foulée. C’est le deal, et ça marche très bien comme ça depuis des décennies. T’a quelque chose à y redire, salope trotskyste ?

 Nullement et je vous le donne avec enthousiasme, tenez. Autre chose ?

 Je te hais.

 Ce n’est pas grave, vous êtes soumis à tellement de pressions, pauvre lapin...

 Putain à qui le dis tu ! Quelle saloperie de pays bolchevisé à fond dans lequel on peut jamais prendre de risques en se lançant dans la noble aventure de l’entreprise, chier tiens ! On fait ce qu’on peut, on se casse le cul à mort, on croit aux Évangiles selon Hayek, tout ça pour se rendre compte que ça marche pas, putain ! Mais merde, ça devrait marcher ! On doit pouvoir vivre tout seul, sans État, sans collectivisme, sans rien, avec que la concurrence libre et non faussée qui s’équilibre comme par miracle, pouf, et on vivrait dans un pays tout mignon de liberté et d’entrepreneurs qui se font des bisous et...et. Et. Et. Ça marche pas, putain, je, je comprends pas, j’ai essayé et je rate à chaque fois et quand je suis au bord d’être à la rue je viens te voir salope et tu me donnes du fric sans jamais rien me demander en échange et je t’en veux pour ça et oooooohhh mon Dieuuuuu jesaisplusquoifaiiiire !!!!!! (sanglots convulsifs).

 Mais non, allez, venez dans mes bras doux et accueillants, allez, séchez moi ces vilaines larmes, tenez, un autre gros chèque bien dodu sans contrepartie, ça me fait plaisir et de toutes façons c’est pas mon pognon pour ce que j’en ai à foutre, hein. Rhalala, c’est du gros chagrin ça, on a un gros chagrin vouivouivoui ça va allez, je vous berce tendrement en vous caressant les cheveux, ça va aller...

 Snif...au fond je suis pas méchant tu sais...moi tout ce que je voulais c’est construire quelque chose de beau et de grand...snif...et les gens sont tellement méchants...tu te rends compte qu’au dernier plan social j’ai été séquestré presque 24 heures par des ouvriers qui sentaient mauvais...snif...c’était l’horreur, l’horreur, et même que les chocolatines qu’ils m’ont offert le matin, elles étaient rassises...snif...personne ne m’aime...personne ne me comprends...

 Mais si. Mais si. Moi je t’aime. Je te donne tout ce que tu veux, tu le sais bien...est-ce que j’ai déjà exigé quelque chose en retour, même une seule fois ? Alors, tu vois bien que des gens t’aiment très fort, délicieux voyou...

 Tu comprends, je te détestes et tout, je souhaite que les gens comme toi ils crèvent la gueule ouverte, hein, mais au fond de moi, je sais très bien que sans toi, jamais, jamais je pourrais m’en sortir...je comprends plus, sur le papier le libéralisme ça marche à fond je comprends pluuuus ouiiiiiiiiinnnnnn !!!!

 Rhooo, allez, il faut se reprendre là,on est un grand garçon très courageux, là, lààààààà, voilàààà, on essuie ses beaux yeux hein, et maintenant on se redresse et on va mieux. Allez, c’es fini, là, c’est fini...

 Snif. Snif. Espère pas que je te remercie non plus, pétasse.

 C’est pas grave, je comprends.

 Va te faire enculer.

 Je suis pas contre mais c’est-à-dire que j’ai déjà reçu la FNSEA ce matin, alors je suis encore un peu sensible de ce côté...

 Tu m’écœures. Tu est écœurante. Je me casse. À la semaine prochaine. Morue.

 À très bientôt mon petit cœur, courage !

 Pute

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