Accueil > ... > Forum 400903

PRAGUE Août 68:Fût ce une tragédie ayant stoppé un processus qui aurait pu "sauver" le SOCIALISME ?

25 août 2010, 20:14, par Copas

Pour moi, ce qui distingue la Hongrie 1956 de la Tchécoslovaquie de 68 c’est la période et le contexte, mais ce qui rend les deux mouvements similaires c’est qu’une grande partie des cocos hongrois sont dans le mouvement de 1956, qu’une grande partie des cocos tchèques sont dans le mouvement de 68.

Et surtout que dans des deux cas, la classe ouvrière commence à massivement s’organiser , ce qui déclenche dans les deux cas l’intervention des blindés de la caste russe.

Ou plus précisément c’est le début de la centralisation des comités et conseils ouvriers qui dans les deux cas sont le détonateur de l’intervention des dirigeants russes (d’ailleurs une partie des tankistes feront des manœuvres à l’autre bout de l’URSS après pour les décontaminer)

Il n’y a aucun soutien, en Hongrie comme en Tchécoslovaquie, à l’intervention des blindés des nomenclaturistes russes . Les dirigeants russes ont du mal à trouver des gens du pays près à faire le sale boulot.

Il est très intéressant de lire ce que furent les conseils ouvriers hongrois (ce fut une révélation pour moi pour l’épisode).

La Pologne suivra le même chemin quelques années plus tard que la tchéco et essuiera un coup d’état militaire devant la puissance importante de l’auto-organisation des ouvriers polonais.

Dans les trois cas, ce fut cela qui fut brisé, afin de permettre une transition vers le capitalisme, de la transformation paisible et non traumatique d’une grande partie de la bureaucratie en bourgeoisie.

En occident, les PC subirent une hémorragie à ces moments à cause de cette agression et la bourgeoisie, les fascistes en profitèrent pour se tailler une belle virginité. Et je ne parlerai pas de l’aventure de Suez aux côtes des sionistes

La bourgeoisie utilisa les blindés russes pour attaquer le PC si je puis dire.

Pour le PCF français, il eut un très gros choc en 1956, et en 1968 il est probable que la majorité du PC ait été contre cette intervention.

Savoir, dans les 3 cas, Hongrie, Tchéco et Pologne (je dis ça pour simplifier car ça secoue dans tous les pays de l’Est , en Yougo on distribue des armes , les Roumains manœuvrent, etc) si ces expériences si elles n’avaient pas été écrasées dans le sang (et se furent souvent la jeunesse et la classe ouvrière qui se trouva face aux tankistes, pas la petite bourgeoisie nostalgique), auraient donné ou pas une tentative réellement socialiste (le pouvoir aux travailleurs), nul ne le sait.

On sait qu’il y avait des restaurateurs dans les PC hongrois et tchèques de doses de capitalisme importantes (les choses ne sont pas toujours comme on pense ), la deux périodes étaient révolutionnaires et les deux périodes n’étaient pas sous domination de mouvements fascistes ou néo-fascistes. Ceux qui dirigeaient les mouvements de libération (vers la révolution ou vers le capitalisme) étaient des dirigeants des PC hongrois et tchèques, DANS LES DEUX CAS. La Pologne de 1980 est une autre période où il y n’y a plus de PC Polonais gardant des traces en son sein de révolutionnaires.

Le sang a séché depuis longtemps et les choses sont rentrées dans l’histoire. Mais les dirigeants des PC occidentaux ayant soutenu (pas tous) l’agression anti-ouvrière étaient assez coupables car ils savaient eux que l’attaque anti-ouvrière était pour foutre en l’air, dans un cas comme l’autre , des régimes dirigés par des PC.

L’écriture de l’histoire par l’appareil du PC qui parle justement des agressions contre le PCF en 1956, de l’attaque du siège de l’huma par des fachos, de la hargne de la bourgeoisie qui se retrouve là une virginité, pêche car elle plaque ce qui se passe ici sur ce qui se passe là bas.

En Pologne, en Tchéco , en Hongrie, ce qui frappe est donc la puissance organisée montante et indépendante de la classe ouvrière et les répressions sont violentes.

Ces pas vers le pouvoir ouvrier sont brisés, la classe ouvrière est brisée, ses tentatives d’organisation brisées, la route est alors ouverte à la transition bourgeoise.

Pour la Pologne c’est l’église puissante qui n’est plus que le seul endroit où les oppositions peuvent se réunir, le virage à droite d’un Solidarnosc dépendant de plus en plus profondément de l’église peut alors se faire.

Pas de tanks russes pour accueillir les révolutions de velours, l’arrivée aux affaires de Walesa, le passage à l’ouest de la Hongrie, le passage au capitalisme faisant moins peur à la caste bureaucratique qu’un pouvoir des travailleurs.

L’heure est alors au far-west anti-social de nomenclaturistes laissés sans contrôle à la tête des combinats pour pillage et transformation en une bourgeoisie mafiste et arrogante n’ayant pas oublié de coller à la tête de l’état un ancien lieutenant colonel du Komitet Gossoudarstvennoï Bezopasnost.

La grille de lecture sur la Hongrie de 1956, celle de 1968 et du putsch polonais de lunettes noires (il devait se fournir au même magasin que la Pinoche) est pour moi relativement semblable :

La nomenclatura au pouvoir dans les pays de l’Est a la même façon de diriger despotiquement que la bourgeoisie. L’irruption d’une classe ouvrière organisée, même impure, est le crime absolu.

Ca ne veut pas dire que la bureaucratie n’est pas violente dans d’autres occasions mais que face à une classe ouvrière organisée elle joue sa peau, tandis que face à une transition au capitalisme les membres de la nomenclatura sont les mieux placés pour dealer la transition avec les trusts internationaux ou tout simplement se transformer cravates au vent en requins du capitalisme.