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Attali , quel brave homme !

16 octobre 2010, 09:20, par pilhaouer

ET A NE JAMAIS OUBLIER :


Attali, un banquier à découvert

Par Faure Michel, publié le 24/06/1993 (l’express.fr)

FÂCHEUSE DÉCOUVERTE
Jacques Attali, à qui l’on reconnaît le mérite d’avoir imaginé cette « banque européenne » d’un genre nouveau, joue son fauteuil, devenu dangereusement éjectable depuis qu’il fut révélé, en avril dernier, que la Berd avait dépensé pour elle-même deux fois plus d’argent qu’elle n’en avait déboursé pour ses activités à l’Est. Le « Financial Times » fit une fâcheuse découverte : entre avril 1991 et la fin de 1992, la banque avait consacré à ses activités de prêt et d’investissement à l’Est 101 millions de livres, soit environ 840 millions de francs. Pour elle-même, c’est-à-dire pour l’équipement et l’installation de ses bureaux, les salaires et les voyages de ses employés, elle avait payé 201,5 millions de livres (1,7 milliard de francs). Quelques frais remarquables venaient corser le tout, comme une facture de 4,5 millions de francs, en 1992, pour la location de jets privés (alors que bien souvent des vols réguliers étaient disponibles sur les destinations concernées), une réception, à Noël, à l’hôtel Grosvenor House facturée 390 000 francs, sans parler du remplacement, dans le hall de son nouveau siège, au 1 Exchange Square, dans la City, d’un revêtement de travertin (le Petit Robert cite Stendhal, qui nous décrit « une assez vilaine pierre remplie de trous comme le tuf ») par du marbre de Carrare. Celui-ci est graduellement poli, afin, déclarait à l’époque le directeur du budget, Pierre Pissaloux, de symboliser le désir de la banque de changer la vie des peuples de l’Est, qui passeraient, grâce à elle, du rugueux au lisse. Coût du symbole : 6 millions de francs.
L’affaire fit grand bruit. Les principaux actionnaires annoncèrent qu’ils étaient fort mécontents de la façon dont avait été dépensé l’argent de leurs contribuables. Débat houleux aux Communes, colère de Theo Waigel, ministre allemand des Finances et président du conseil des gouverneurs de la Berd. Critiques également de la Commission européenne, dont l’un des commissaires, Henning Christophersen, jugeait « embarrassantes » les révélations sur toutes ces dépenses inconsidérées. Les plus sévères furent sans doute les Américains, les principaux actionnaires (10% du capital) et les seuls à avoir dit franchement qu’ils voulaient la tête d’Attali. La commission des Finances de la Chambre des représentants vient d’ailleurs d’annuler purement et simplement la contribution des Etats-Unis au budget de la Berd. Les seuls qui restèrent particulièrement discrets furent les Français. La cohabitation, manifestement, ne rend pas bavard, et les contribuables de notre pays attendent toujours de savoir ce que pense notre ministre de l’Economie, Edmond Alphandéry, de l’utilisation de l’argent public français par la Berd. La question fut posée à ses services, par L’Express notamment, et à lui-même, le 16 juin, lors de la séance des questions orales de l’Assemblée nationale. La réponse fut chaque fois la même, plutôt langue de bois : le ministre ne se prononcera qu’après la publication - prévue pour le 15 juillet - d’un audit commandé à la firme Coopers & Lybrand.