Accueil > ... > Forum 429725

J’avoue avoir confondu "Création d’un Parti révolutionnaire" et situation de début 2011

8 février 2011, 01:48, par Copas

c’est pas mal ça :

« Les leçons de l’histoire du PC, de l’abandon de son programme à sa fin, illustrent par la négative, la nécessité de faire vivre un programme indépendant pour le monde du travail, une perspective démocratique et révolutionnaire. La nouvelle période porte en elle la nécessité d’un nouveau parti, qui retrouve et réactualise un programme communiste.

Il y a là des enseignements à en tirer, pour les militants du PC comme du mouvement anticapitaliste qui veulent construire un véritable parti des travailleurs, expression organisée de leur volonté de prendre leur destin et leur liberté en main, pas pour les encadrer, comme le faisaient les partis staliniens au mépris de toute démocratie.

La soumission aux autres forces qui portent des programmes contraires au sien n’amène à rien, qu’à la défaite et la démoralisation. L’indépendance politique du monde du travail est son bien le plus précieux, la confiance dans ses propres forces. La classe ouvrière, la révolution portent l’avenir de l’humanité, le peuple tunisien vient nous le rappeler avec éclat. »

mais c’est insuffisant.

Il ne s’agit pas de savoir si il faut s’approcher au plus prêt des écrits marxistes mais user de marx pour progresser.

Sur la question des masses qui font l’histoire il y a la percussion avec un entendement petit-bourgeois du concept d’avant-garde qui place le parti du communisme (qui vise à résoudre des problèmes de l’humanité entière et non seulement ceux d’une classe, mais au travers de la prise de pouvoir d’une classe contre une autre) comme un corps hors d’une classe, et devant.

C’est à dire que le concept d’indépendance idéologique vis à vis du capital, compréhensible au travers du fait que l’idéologie dominante est celle de la bourgeoisie même dans le prolétariat moderne peut conduire et a conduit d’ailleurs à un glissement vers un parti hors de la classe ouvrière ou s’en exonérant progressivement.

cette question est redoutable.

Perso j’aime bien, et je l’ai déjà dit, la formule du très regretté (*) Mansoor Hekmat qui parle du parti des communistes comme un courant dans la classe ouvrière (indépendamment du reste de sa pensée qui se discute) :

VII : Le parti et la classe

Une autre caractéristique de notre courant est notre compréhension de la relation entre le parti et la classe. Notre parti est le parti d’une certaine tradition de lutte à l’intérieur de la classe elle-même. Sa relation avec la classe ouvrière est ainsi basée sur la relation de cette tendance au sein de la classe à la classe tout entière. Cela signifie, premièrement, que ce n’est pas un parti formé par un groupe de réformateurs sociaux pour le salut de la classe ouvrière, mais formé par une partie, une tendance au sein de la classe ouvrière elle-même avec pour objectif d’unifier et de mener la classe tout entière vers ses objectifs de classe.

Deuxièmement, il est donc clair que le parti communiste ouvrier n’est pas un parti de "tous les travailleurs" indépendamment de leurs objectifs politiques et sociaux... En d’autres mots, ce n’est ni un parti dérivé d’idées préconçues ou d’une théorie qui devrait maintenant être implantée dans la classe ouvrière, ni un parti de tous les travailleurs indépendamment de leur perspective sociale. C’est un parti de travailleurs socialistes qui développent une critique plus fondamentale et plus complète du système actuel.

Nous nous considérons non comme un parti en dehors de la classe, mais comme le parti d’une tendance critique, avec une perspective sociale définie, au sein de la classe elle-même. Il est donc important pour nous de nous confronter avec les autres tendances au sein de la classe, théoriquement, politiquement et idéologiquement.

ailleurs il indique (chacun doit faire l’effort de transcrire ce qui concerne un peu l’Iran des années 80, de ce qui concerne le monde actuel, mais c’est plien d’intelligence) :

I : Le caractère social objectif du socialisme ouvrier

Un point central sur lequel nous avons constamment mis l’accent à travers les débats de ces dernières années est que le socialisme ouvrier est un mouvement social qui existe de façon indépendante, et non le dérivé de l’activité de marxistes ou de communistes. C’est un mouvement qui se déroule historiquement. La lutte contre le capitalisme avec pour objectif de le remplacer par le socialisme à travers une révolution ouvrière, est une vision vivante et fermement établie au sein de la classe ouvrière - c’est une tradition de lutte vivante. La théorie, la conscience de ce mouvement peut, à une période donnée, être adaptée ou inadaptée, vraie ou fausse. Quoiqu’il en soit, il existe toujours un courant au sein du mouvement de la classe ouvrière qui aspire et essaye constamment de pousser la classe tout entière dans cette direction socialiste.

Pour commencer, est que nous voyons le socialisme, le communisme, le parti communiste-ouvrier, comme quelque chose qui prend forme dans le contexte d’une telle lutte réelle et objective de la classe ouvrière, fut-il faible et limité dans ses objectifs, être toujours en mouvement dans la société contemporaine. Le socialisme n’est pas une utopie, une utopie ou un dessein profond pour la société, nous attendant seulement, nous socialistes, pour le mettre en œuvre.

Ce n’est pas un objectif arbitraire ou une prescription importée du royaume de la raison dans celui de la pratique. Le socialisme est, principalement et tout d’abord, un cadre pour une certaine lutte sociale qui est menée inévitablement et indépendamment de la présence ou de l’absence d’un parti ; ... un effort social qui s’est poursuivi tout aux long des dix-neuvième et vingtième siècles, et qui est, encore aujourd’hui, clairement observable.

Il est clair que les différentes tendances sociales tentent d’influencer ce mouvement, cet effort de classe, et de le guider dans la direction de leurs propres conceptions.

Néanmoins, la lutte de la classe ouvrière contre le capitalisme et pour l’égalité sociale se cache sous n’importe quelle couverture dans laquelle d’autres mouvements sociaux ou partis tentent de l’envelopper. Ce mouvement peut être distingué d’autres dans la société contemporaine par ses objectifs sociaux généraux, par la matière et les centres d’intérêts de ses revendications dans la société actuelle, et par ses origines sociales de classe ...

Il y a toujours une partie de la classe ouvrière qui ne se contente pas d’une lutte défensive, qui ne croit pas qu’elle peut obtenir ce qu’elle veut vraiment dans le cadre du système actuel, qui pense que le capitalisme devrait céder la place au socialisme, qui croit que la bourgeoisie devrait être dépossédée des moyens de production, et, finalement, qui pense que pour y arriver, il est nécessaire de s’unir et de faire la révolution.

Ce n’est rien d’autre que la définition du socialisme ouvrier.

Même derrière les activités de syndicats de droite, derrière les paroles de leaders syndicaux locaux, quelques naïves ou timides que soient leurs déclarations, on peut reconnaître certains faits qui montrent la persistance d’une tendance socialiste et d’une lutte socialiste de la classe ouvrière ; des choses que la plupart des tendances radicales de la gauche sont incapables de voir. Les illusions de droite au sein de la classe ouvrière sont acquises, mais les tendances anti-capitalistes, qui forcent les leaders syndicaux à parler ainsi, sont intrinsèques et authentiques. Le socialisme ouvrier est la tendance au sein de la classe qui créé des leaders radicaux et maintient la pression constante du radicalisme sur les leaders non-radicaux.

Reconnaître et mettre l’accent sur l’existence d’un effort objectif, socialiste, au sein de la classe ouvrière elle-même, malgré l’expression intellectuelle qu’il a trouvé dans différentes périodes, est l’une des caractéristiques importantes de notre courant et tradition politique. Nous voyons, au-delà des activités quotidiennes du mouvement ouvrier, l’existence objective d’une tendance socialiste au sein de la classe ouvrière et pensons que l’organisation communiste doit se développer dans le contexte de cette tradition sociale réelle de lutte.

Le parti que nous formons aujourd’hui appartient à cette tradition, et pas à la tradition de l’opposition radicale iranienne, ou de la gauche radicale au sens large.

Les origines politiques et sociales de ce parti ne sont pas à trouver dans la lutte contre la monarchie, contre le régime islamique, contre la dictature ou l’impérialisme. Ce parti est formé dans la tradition de la lutte des travailleurs pour l’égalité économique dans la société - une lutte socialiste qui a été constamment menée dans le socialisme - et c’est là seulement que le Parti communiste-ouvrier d’Iran trouve sa force et son pouvoir.

en revenant au débat AC , la pensée dominante de la classe dominante n’est pas la pensée exclusive.

Ou, autrement dit, le développement du capitalisme et des forces productives construit sans cesse ce qui va le miner, des courants qui apparaissent au sein du mouvement objectif de la classe exploitée (par les luttes concrètes de cette dernière) et qui ambitionne une révolution fondamentale.

Les leçons des explosions sociales et dites "démocratiques" en Afrique du Nord illustrent bien ce processus.

Cela fait des dizaines d’années que dans ces pays la puissance numérique brute d’un prolétariat urbain moderne bien éduqué scolairement, monte . Cela fait des années que des luttes ouvrières industrielles et plus diffuses pètent et explosent ici et là (le cas égyptien est significatif de cette montée de batailles sociales comme d’ailleurs en Tunisie, en Algérie, au Maroc).

L’explosion qui est fondamentalement celle d’une classe presque pure pour ce qu’il en est dans les 3 pays du Maghreb, plus composite en Egypte (à cause d’un processus qui n’est pas encore aussi objectivement mur au niveau des classes sociales en présence), pousse en avant les revendications de liberté de la classe populaire comme ses revendications sociales.

le mouvement même sécrète en son sein des tendances minoritaires allant bien au delà des revendications avancées.

les nombreuses objections des révolutionnaires l’arme au pied s’expriment par les bof-attitudes dues à l’absence de partis révolutionnaires comme petites armées extérieures à la classe. Sans se rendre compte que le mouvement des choses, comme d’éjecter des lieux de travail les patrons collabos de ben ali ou une partie des milices populaires (des fois réactionnaires quand c’est ailleurs la bourgeoisie qui les crée pour se protéger aussi) créent sans cesse en leur sein l’aspiration au pouvoir des travailleurs.

Ce qui se passe dans ces pays illustre au travers d’une formidable bataille populaire l’ensemble des fronts fluctuants dans les bataille de la classe entre le désir de socialisme, de révolution ET les missiles de l’idéologie dominante qui pilonnent la classe exploitée ;

la ré-actualisation de l’objectif d’une révolution socialiste se fait actuellement en Afrique du Nord, pas par exotisme, mais par ce que ces pays ont en commun avec les vieilles métropoles capitalistes : un prolétariat moderne urbain surpuissant numériquement

Le reste est affaires de maillons faibles de ces pays (faiblesses des bases sociales des dictatures dans des pays "modernes").

les eunuques de lutte des cantonnalistes et des spécialistes de l’enkistage dans l’état dans les vieilles métropoles capitalistes illustrent bien leur mépris réciproque pour les processus en cours en Méditerranée (Algérie, Maroc, Tunisie, on mettra aussi la Jordanie là dedans, Egypte, Turquie, Grèce, Albanie et Italie) qui sont en déflagration ou toujours aux limites de la déflagration.

Les secousses en Méditerranée nous font comprendre crument les secousses de nos pays , de plus en plus rapprochées et vives.

le courant révolutionnaire mérite d’être organisé et être baptisé, il pourra alors à l’intérieur des batailles en cours, aider à déblayer le chemin vers la démocratie des travailleurs.

(*) Mansoor Hekmat
http://www.marxists.org/francais/hekmat/index.htm

je ne partage pas une partie des positions de ce grand marxiste mais il est indéniablement un de ceux qui ont apporté un réel neuf parmi les marxistes de ces trente dernières années. Un créateur, par ailleurs bon organisateur, mort trop tôt.

Il faut bien entendu toujours transcrire les mots par rapport aux contextes culturels historiques de l’Iran et de l’Irak, mais ce que ce garçon a écrit il y a 20-30 ans est assez lumineux pour comprendre une partie de ce qui se passe maintenant