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OLYMPIADES : BARCELONE 36 ou l’Humanisme contre la Barbarie

31 juillet 2012, 18:15, par A.C

DECLARATION DU BUREAU POLITIQUE DU PARTI COMMUNISTE ALLEMAND
(KPD) AU SUJET DES XIe JEUX OLYMPIQUES D’ETE (JUILLET 1936)
(extrait)

L’Olympiade, qui devait être dans sa finalité une compétition pacifique entre équipes
sportives de toutes les nations sous le signe de la compréhension entre les peuples, est organisée par le gouvernement hitlérien comme une grande manifestation de propagande fasciste au service des objectifs intérieurs et extérieurs du Reich.
Dans le prolongement direct des dernières grandes mesures politiques de la dictature fasciste : occupation de la Rhénanie, « plan de paix » allemand, discours « de paix » de Hitler le 1er mai, l’Olympiade sera utilisée à de nouvelles manoeuvres pour tromper le peuple allemand et le monde sur les buts de la politique de guerre fasciste et faire diversion par rapport à la misère des masses et à la répression de toutes les libertés et de tous les droits démocratiques en Allemagne.
La militarisation de tous les domaines de la vie est tellement évidente que même les mesures destinées à faire écran de fumée pendant la trêve olympique ne peuvent pas duper les observateurs attentifs. Le sport lui-même est de plus en plus militarisé : remplacement dusport libre par la préparation militaire sous la direction des SA et de la Reichswehr, enrôlement de la jeunesse dans les organisations de jeunesse, ce qui prive les clubs sportifs de leur recrutement naturel, intégration forcée de la jeunesse sportive dans les Jeunesses hitlériennes et le service militaire, réquisition des terrains de sport comme champs de manoeuvre et terrains d’aviation.

Deux faits symptomatiques montrent à quel point l’organisation de l’Olympiade est liée à ces objectifs de guerre. Tout d’abord sur la carte géographique où est tracé le trajet de la flamme olympique qui va de Grèce à Berlin, le territoire des Sudètes en Tchécoslovaquie a déjà été incorporé au IIIe Reich. Ensuite le village olympique de Berlin, qui a été construit au prix de sommes gigantesques au détriment des
masses populaires allemandes, sera transformé après l’Olympiade en une académie militairede grande envergure.

Pendant que l’on fait des gestes de paix démagogiques envers l’Occident afin de duper le monde, on enseigne aux enfants la haine de l’ennemi héréditaire dans les nouveaux manuels scolaires allemands et à l’aide du bréviaire hitlérien Mein Kampf. Dans les soirées des Jeunesses hitlériennes, des SA et des SS, on organise des campagnes d’excitation contre la France « négrisée » et le Juif Blum, sans même parler des provocations délibérées contre la Tchécoslovaquie et la campagne ouvertement antibolchévique contre l’Union soviétique.Toute la jeunesse allemande est ainsi préparée à la guerre par ce drill et cette éducation militaire. Voilà le véritable contenu que donne le régime fasciste au slogan olympique :
« J’appelle la jeunesse du monde ». Non pas la force, la joie, le bonheur, non pas la paix et l’entente entre les peuples, mais la sombre perspective du génocide. La provocation du président du Sénat de Dantzig, Greiser, vis-à-vis de la Société des nations a bien démontré à quel point la dictature hitlérienne pouvait entraîner du jour au lendemain un risque de guerre aigu.

En organisant la mobilisation de grandes masses à l’aide d’un puissant appareil de
propagande calqué sur le modèle des dernières élections, le gouvernement hitlérien cherchera à répandre l’impression que l’Allemagne est un pays où les masses sont satisfaites, un pays de liberté, un pays où tout est en bon ordre. La tâche de tous les anti-fascistes est donc, chaque fois qu’ils en ont la possibilité, de donner des explications, d’exposer la situation réelle, l’évolution effective des conditions de vie matérielle dans le IIIe Reich. Interrogez les travailleurs et les employés et ils pourront vous faire part de la dégradation de leurs salaires, traitements et prestations sociales.
Sur le plan de la ville de Berlin destiné aux hôtes olympiques, seuls les quartiers bourgeois de l’Ouest portent des indications de rues, tandis que tous les quartiers ouvriers sont effacés par une tache rouge. La propagande de Goebbels a
involontairement imprimé la vérité : le véritable Berlin des masses populaires est rouge, avantcomme après. Allez sur place et écoutez la voix du peuple.
Interrogez les sportifs sur leurs libertés : les organisations des travailleurs sportifs, des catholiques, des protestants, tous les clubs qui ne sont pas nationaux-socialistes ont été dissous et leurs biens saisis. Des milliers de sportifs croupissent dans des camps de concentration, nombreux sont ceux qui ont été condamnés à de longues peines de prison, parfois à perpétuité, certains d’entre eux ont été abattus. Les cadres sportifs qui ont des opinions personnelles et qui ont joui pendant des années de la confiance de la base, comme par exemple dans le mouvement allemand de gymnastique (Turnerschaft) et dans d’autres fédérations, ont été arbitrairement destitués et remplacés par des éléments étrangers au sport, souvent incapables. Il n’existe plus de liberté d’opinion et de vie autonome propre dans les clubs.

Le libre choix des dirigeants par les adhérents a été remplacé par l’intervention
autoritaire venue d’en haut et les combines des commissaires.

Ce n’est pas la qualification sportive qui décide, mais l’appartenance au NSDAP ou la soumission docile à la dictature nazie. La liberté de presse des clubs, les possibilités d’édition autonomes de la presse régionale ont été anéanties. Les conséquences en sont le favoritisme, la délation, la servilité, l’absence de caractère et la corruption. Un appareil de bonzes en chemises brunes alourdit et parasite le fonctionnement de tous les sports.

Le gouvernement va essayer avec une armée de mouchards, d’agents de la gestapo et diverses méthodes d’intimidation d’empêcher que l’on discute de ces réalités avec ceux qui se rendront à Berlin. Il essaiera de dissuader les étrangers, par des méthodes de contrôle et de corruption, d’aller voir derrière les coulisses de la propagande et de la mise en scène de l’Olympiade. Il est donc nécessaire que l’ensemble du front antifasciste en soit conscient et fasse en sorte que
la situation réelle soit publiquement mise en lumière.

Le projet de Hitler est d’utiliser l’Olympiade et les énormes moyens de propagande et de mobilisation de masse dans tout le Reich pour montrer au monde que toute l’Allemagne est derrière lui, qu’il n’y a plus qu’une seule Allemagne national-socialiste unie et qu’il n’existe aucune force d’opposition à la dictature fasciste.

L’opposition, forte de millions de têtes, est aujourd’hui encore obligée de travailler
clandestinement sous la terreur, mais elle est très étroitement liée à tout le peuple dont les éléments les plus avancés collaborent au Front uni. Elle doit pendant les journées de l’Olympiade exprimer l’opinion de l’Allemagne antifasciste par tous les canaux légaux et illégaux. Dans son attitude vis-à-vis de l’Olympiade, elle démontrera que mûrissent en Allemagne les conditions pour créer un large mouvement populaire qui aura inscrit sur son drapeau les vrais mots d’ordre de paix, de liberté et de bien-être pour le peuple allemand.

(Source : Rundschau über Politik, Wirtschaft und Arbeiterbewegung, Bâle, n ° 33, 23 juillet
1936, p. 1359.)

On pourra se reférer aux divers textes(version PDF) ici :

http://www.andreversailleediteur.com/upload/args/bonusautresarticles.pdf

A.C