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CMB-Arkéa : 14ème jour de grève de la faim, debout les galériens !

19 mars 2013, 10:11, par Chico

Un Montilien embourbé dans un prêt toxique infernal

Rémi* s’en mord les doigts : « J’ai fait confiance ». Trois ans en arrière, il s’est laissé convaincre par une banque d’emprunter 213 000 € indexés sur le taux de change du franc suisse. Comprenez un taux variable en fonction de la parité euro/franc suisse.

Aujourd’hui, il a remboursé 50 800 €. Mais la somme totale qu’il doit, intérêts compris, a augmenté de 20 % avec la crise financière et la dégringolade de l’euro. « C’est comme verser de l’argent dans un puits sans fond », se désole ce Montilien de 58 ans dont l’un des trois enfants est étudiant et l’autre au chômage.

Il a emprunté 213 000 €, il doit rembourser 263 533 €

À la veille de la retraite, il avait misé dans la pierre. Un appartement à Villeurbanne soumis au dispositif de défiscalisation Scellier. Finalement, le voilà embourbé dans un prêt toxique dont il ne voit pas la fin. « Je dois désormais 263 533 €, mais qu’en sera-t-il dans neuf ans ? », s’inquiète-t-il.

Avant de plaider coupable : « Je n’ai pas compris tout le charabia des banquiers, je ne suis pas dans la finance… Moi, je travaille dans l’Éducation nationale ». Justement, n’aurait-il pas dû être mieux informé par l’organisme qui lui a accordé ce crédit, Personal Finance, filiale de BNP Paribas ?

Des doutes, des plaintes et des enquêtes

C’est l’une des principales interrogations de l’avocat du collectif de victimes “Helvet Immo” (du nom de ce produit financier). Charles Constantin-Vallet martèle que le prêt avait été présenté comme « la meilleure offre du marché offrant sécurité et stabilité ». Or « la réalité est tout autre ».

À l’Assemblée nationale, le socialiste François Brottes (Isère) a expliqué que « la variabilité du taux d’intérêt n’aurait pas été exposée de manière claire ». Et Franck Reynier, député-maire de Montélimar (UDI), a précisé que « 4 000 familles en France » sont concernées « pour un préjudice global estimé à plus de 150 millions d’euros ». Il a aussi écrit à la filiale de BNP Paribas pour lui demander de trouver une solution au cas de Rémi.

En vain. Dans sa réponse, le “directeur des risques spéciaux” (ça ne s’invente pas !) de Personal Finance estime l’avoir « pleinement informé du mécanisme de fonctionnement de [son] crédit ».

Pourtant, Rémi n’est pas le seul concerné. Le collectif a réuni plus de 300 victimes. Des plaintes ont été déposées (ce n’est pas le cas de Rémi). Une enquête a été ouverte par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes et une autre par l’Autorité de contrôle prudentiel.

Le Montilien, lui, surveille quotidiennement les variations de taux de change avec un seul espoir : « Que ça ne va pas s’aggraver ».

À la date d’aujourd’hui, Rémi est encore engagé par son prêt pour les dix-huit prochaines années. À moins que le taux de change lui joue un mauvais tour et ne fasse grimper encore les intérêts de la somme qu’il doit rembourser.

Dans ce cas, son remboursement sera étalé au-delà de l‘échéance initialement prévue. En effet, le contrat du Montilien stipule que la mensualité choisie au moment de la signature du crédit est fixe. Chaque mois, quelle que soit la variation du taux de change, Rémi verse donc à la filiale de BNP Paribas 1 441,41 €.

Mais si la mensualité ne bouge pas, c’est que la durée de remboursement va s’allonger.

La BNP Paribas Personal Finance a bien voulu répondre à nos questions. Mais elle ne souhaite pas être citée et a refusé de commenter la situation du Montilien que nous avons rencontré. Elle invoque pour se justifier les différentes plaintes déposées à son encontre par des particuliers.

Voilà donc les informations que nous avons pu obtenir sur l’offre de crédit “Helvet Immo” proposée entre 2008 et fin 2009. À une époque où les taux variables en francs suisses (CHF) étaient relativement stables avec une parité moyenne de 1 € = 1,50 CHF.

Des particuliers avaient été démarchés en fonction d’un profil bien particulier : des propriétaires susceptibles d’être intéressés par une opération immobilière défiscalisée leur permettant de faire entrer un pécule. Environ 3 700 prêts ont été conclus.
Toxique ?

Personal Finance refuse que son offre soit qualifiée de “toxique” : d’après elle, il n’y a pas de spéculation. Elle affirme que la banque n‘a pas de marge appliquée à la hausse ou à la baisse du taux de change. Pourtant, le prêt “Helvet Immo” ressemble aux prêts dits toxiques dans lesquels se sont embourbées des Mairies, des Départements et des Régions qui étaient indexés sur le cours du yen… et du franc suisse.
Remboursement anticipé ?

La banque rappelle aussi à ses clients que tous les trois ans, ils peuvent rembourser par anticipation leur crédit ou le transformer en offre à taux fixe.

Sauf que dans le cas de Rémi, le taux proposé en janvier 2013 est à 4,5 %… alors que les taux des crédits immobiliers sont actuellement beaucoup plus bas, entre 3 et 3,30 %. Pas d’explication à ce sujet de la part de la banque. Est-ce que cela explique le fait que 96 % des clients ayant souscrit l’offre “Helvet Immo” n’ont pas souhaité changer leur offre ?

http://www.ledauphine.com/drome/2013/03/18/un-montilien-embourbe-dans-un-pret-toxique-infernal