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> Philippe Corcuff : une accusation infondée inacceptable

2 novembre 2005, 22:15

C’est un peu ça que je voulais dire par mon message > 1er novembre 2005 - 22h48 - Posté par 82.***.218.***

Comme dit ironiquement un autre encore (le précédent cité étant Marx, celui-ci est moins recommandable) : "l’émancipation des travailleurs sera l’oeuvre de leurs écrits vains même".
D’où parlent les uns ou les autres ? Dans quelle posture, en tant que quoi ?

Il n’est pas besoin d’être grand clair pour saisir qu’aucun chef de parti ou de syndicat, et plus encore qu’aucun intellectuel appointé par l’Université française et bien en chaire (et en chère sans problème, particulièrement ceux dont les noms nous inondent parisiennement), ne parle d’où il existe socialement, sans pour autant qu’il soit l’Engels patron subvenant aux besoins divers et variés du Marx d’aujourd’hui, mais produisant une pensée effectivement communiste.

Tout ce monde là appartient à la sphère appointée par l’Etat avec le discours (pré-marxien, "révolutionnaire bourgeois") qui va avec, la citoyenneté contre/avec l’Etat, et dont la production intellectuelle (contrairement, sous réserve d’inventaire, à celle d’Engels en tant que patron exploiteur et conscient de l’être) n’a strictement rien de révolutionnaire, cad permettant de saisir dans l’activité même de la lutte de classes ce qui porte la potentialité d’abolition du capitalisme. C’est même tout le contraire qui se passe, et le rôle spécifique de la LCR, comme plaque tournante avec le PCF de cette nouvelle idéologie réformiste dure, s’éclaire d’année en année depuis 1995, dans l’enjeu, pour la petite histoire, de balancer par-dessus bord tout ce qu’on se traîne de bolchévisme (léniniste ou trotskiste) caduque.

C’est ici qu’intervient la nécessité de vendre ce montage idéologique et sa quête de démocratie absolue (mais la démocratie n’est en rien, absolue ou pas, le contraire du capitalisme, elle est sa forme politiquement nécessaire et suffisante, jusqu’à preuve du contraire apparent, le régime fort, militaire, ’fasciste’, qui en est le prolongement naturel, comme le montre toute l’histoire de Bonaparte à Poutine, en passant par Hitler, Staline, Franco, Mussolini... dirigeants d’Etats de formes politiques adéquates au capitalisme, en tant qu’économie politique -les diverses formes du Spectacle, pour Debord).

Et pour le vendre, rien de tel que les retrouvailles historiques des frères ennemis, qui post-stalinien, qui post-trotskiste, qui post-anar, qui post-républicain... Nous vivons le moment historique de la convergence des vieilleries qui feront obstacle, un jour ou l’autre et ensemble, à "l’émancipation des travailleurs comme oeuvre des travailleurs eux-mêmes". Que les militants et gogos qui donnent là-dedans se posent tout de même la question, surtout pour ceux qui ne sont pas nés d’avant-hier.

Corcuff, et quelques dizaines d’autres, sont les idéologues de ce mouvement-là, avec leurs préoccupations nombrilistes et petites bourgeoises. Il suffit d’avoir en tête la phrase de Lénine (ben oui, à contre-léninisme pour le coup) : "les individus seront toujours les dupes stupides d’eux-mêmes tant qu’ils ne sauraont pas discerner derrière tel discours... les intérêts de telle ou telle classe". Qu’un universitaire puisse parler en sa position de prolétaire nu, exploité par l’Etat français et remettant en cause son rôle-même de maître à penser serait une chose. Qu’un Corcuff se glisse partout où il peut comme sous-maître à penser, en tant qu’il a une position de pouvoir dans l’Université, dans les médias, dans un parti qui se pose comme radicalement "social-démocrate libertaire" (Manifeste de la Ligue), cela n’abusera que ceux qui se laisseront enfiler une fois de plus, par devant ou derrière, par la démocratie libertarienne exprimée par des hommes de pouvoirs, payés par l’Etat, et posant en alternatifs radicaux.

Donc, devant nous : le capital, et notre condition de prolétaire exploité, ou exploitable, par le salariat, avec sa cohorte de fonctionnaires et sa fOnction publique... le nec plus ultra da la radicalité révolutionnaire ? Mais qu’aucun de ceux qui montent sur ce cheval citoyen ne se prétende ni ’marxiste’, ni ’révolutionnaire’, ni ’libertaire’, ni ’anarchiste’, ni, en un mot : communiste.

La soupe petite bourge et les bruits de chiottes médiatiques entre appareils parisiens de l’alternative officielle, ya un moment on en a vraiment ras le bol, surtout quand elle défile quotidiennement, comme à la télé, sur des écrans ouverts complaisamment comme par d’autres à d’autres au 20 heures, là où l’on affiche de vouloir changer le monde : le ver dans le fruit ?

Bella Ciao !

P.