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> Pourquoi le silence sur ce qui se passe en Grêce ?

24 juin 2006, 11:15

LE RETOUR ...

J’étais intervenu avec quelques informations recueillies et d’autres encore non-décryptées, de mon retour de Montreuil le 22 juin où j’avais notamment rencontré Bruno JULLIARD et Karl STOECKEL (excusez les orthographes des noms dont je ne suis pas sûr) parmi plus de 200 personnes rassemblées pour analyser et prolonger le mouvement anti-CPE...

J’étais intervenu pour protester contre le message sectaire, indigne, provoquant et scandaleux de 194*222.
Aujourd’hui, on sait beaucoup plus de choses, qu’à la date de l’article de Monsieur JENNAR quand on veut se donner la peine de se renseigner.
Par exemple un très long article de L’HUMA de vendredi 23 juin couvre toute la page 12 dans la rubrique EUROPE sous le titre "LE "NON" DES ETUDIANTS GRECS À L’UNIVERSITÉ PRIVATISÉE".
On apprend par exemple que 407 UFR sur 456 dans ce pays sont touché par un énorme mouvement qui met en convergence de lutte étudiants, salariés de l’éducation et autres secteurs de la fonction publics. On apprend que la mobilisation depuis un mois est en phase ascendante avec un très fort soutien de l’opinion publique et qu’une semaine après les violences policières du 8 juin, le gouvernement a fait des gestes pour entamer une concertation. La réforme en cause a été renvoyée à l’automne... Le mouvement se poursuit car la jeunesse se méfie de l’opportunité des congés d’été pour des décisions scélérates.
Une énorme manifestation devrait avoir lieu à Athènes mardi 27 juin à l’occasion de la réunion sur place des ministres de l’éducation de l’OCDE. Tiens, tiens !!!

LES RAISONS DE LA COLERE :
Je poursuis avec les points contestés dans la réforme combattue par le mouvement grec.
D’abord l’introduction de frais pour payer les manuels et les supports pédagogiques jusque là fournis par l’état grec depuis l’enseignement primaire. (c’est intéressant quand on sait que chez nous la "gratuité" ne s’étend que du primaire à la fin des études au collège !).
Il y a également introduction d’une limitation du nombre d’échecs aux examens pour faire baisser la durée des études et soit disant écarter les "parasites".
Par ailleurs le projet abaisserait la représentation des étudiants dans les instances universitaires.
De plus, "l’asile académique" qui interdit à la police d’investir les campus serait remis en cause. Or, cette mesure est plus que symbolique. Cet espace de liberté garanti avait été obtenu dans la lutte contre la dictature des colonels durant les années 60.
Autre mesures combattues : l’encouragement aux financements des universités publiques par des fonds privés et la création de facultés privées qui nécessitent une modification de la Constitution grecque.

L’université grecque ayant une image forte dans le peuple en tant que "lieu de tous les savoirs pour tous" et comme outil de promotion sociale en tant que les classes populaires y sont assez bien représentées (mieux que dans bien d’autres pays d’Europe, tel le nôtre) l’opinion publique s’est immédiatement solidarisée.

Par ailleurs, depuis 1 an, le pays s’inscrit totalement dans le processus de Bologne d’harmonisation des cursus universitaires européens (réforme LMD) et le monde universitaire a totalement refusé et bloqué cette décision gouvernementale.

LES MOYENS DE LA LUTTE :
Les forces vives de la jeunesse grecque en lutte sont constituées du Mouvement des Jeunes du Synaspismos (un des 2 partis communistes grecs), des Groupes de jeunes autonomes et des jeunes anarchistes.
Ils ont étudié très attentivement la mobilisation des jeunes de France contre le CPE et ont profité du Forum Social Européen à Athènes pour entrer en contact avec les responsables présents de l’UNEF. Ils ont noué des rapports très étroits avec eux et reçoivent depuis lors un soutien rare (y compris parmi les organisations françaises) de ce syndicat étudiant qui a gagné en Grèce beaucoup de prestige chez les jeunes. (voir site www.unef.fr)

Voilà donc, pour faire un peu le point sur ces événements en Grèce.
Mais Copas avait raison d’insister sur le caractère beaucoup plus large de ce mouvement de lutte contre la marchandisation de l’université et les directives européennes.
Il atteint, selon l’UNEF, d’autres pays comme le Danemark, la Slovénie, la Hongrie et un certain nombre de Länders allemands... Le 22 juin, une 50 taine d’étudiants ont été arrêtés après des affrontements avec la police sur le campus de l’université de Francfort...

Donc, au lieu de salir les mouvements étudiants et leurs organisations, il vaut mieux se documenter et faire preuve de solidarité... Ce sont nos enfants et c’est notre avenir qui est en jeu : j’ai une fille en 3° année (licence) et c’est à elle que je pense.

NOSE DE CHAMPAGNE