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Clémentine Autain : "Je suis prête à donner ma signature d’élue a José Bové"

3 février 2007, 18:18

Oui la méthode employée pose un "problème" de fond : COMMENTAIRE SUR UNE PETITION PLEBISCITE

Sur l’usage électronique de la démocratie, la pétition initiée en dehors de la démarche des « collectifs » pour tenter de remettre en selle José Bové pose des problèmes de plusieurs nature :

 En premier il y a doute concernant le choix ainsi proposé (qui n’était pas celui des collectifs n’ayant pas abouti à un consensus, mais seulement à une majorité relative dont s’est emparé le PCF pour tenter de légitimer en force sa candidate). José Bové qui s’était préalablement retiré ne figurait pas même dans ce palmarès

 En second surtout c’est la méthode qui pose problème ; car désormais à la pratique des débats en collectifs avec recherche du consensus s’est substitué pour la fraction pro-bové la validation d’une pétition électronique qui serait un meilleur substitut à nos pratiques en situation d’échec ! Le plébiscite en lieu et place du débat démocratique ? Ne serions nous pas la caricature de ce que nous dénoncions justement dans le chapitre « institutions » de notre programme ? Mais peut-être suis-je naïf d’imaginer que ceux là l’avaient lu ou se soucient de son contenu.

Mais de qui se moque t-on ? De quel processus démocratique parlons-nous ici avec le recueil de milliers de signatures d’inconnus jamais vus dans les collectifs pour la plupart ? Combien ont lu les propositions et s’y reconnaissent ? Que penser des appels sur forums à voter JB puis abstention au deuxième tour en contradiction avec une des premières mesures prises par consensus qui était de battre la droite au deuxième tour quel que soit le scénario du premier ? Ne voyons nous pas que la force qui émerge est à la fois pour une part d’entre elle anticommuniste d’abord et pro-bové ensuite ? Que la fraction ici en cause accepte que « la politique autrement » accepte de s’affranchir du débat pour lui substituer le plébiscite sans même s’interroger sur l’origine des votes et leur adhésion au programme que nous avons élaboré collectivement sur plusieurs mois ? C’est clairement faire table rase de tout le travail effectué que de vouloir légitimer un « candidat-non-candidat-auto-exclu-déja-par-lui-même » par cette méthode...

Et puis si j’étais sarkosien je donnerai consigne d’envoyer vingt mille signatures pour JB pour confirmer la confusion à gauche et affaiblir un peu plus la rivale du Poitou, en faisant croire à José que le peuple n’attend que lui ! Il est assez ahurissant que nos alters-divers ne prennent pas eux-mêmes conscience du fait que la méthode utilisée est un déni du processus engagé et aussi la porte ouverte à toutes les manipulations d’ici la fin février... Alors bonne chance à ceux-là... Je ne signe pas l’appel JB comme déjà expliqué dans "José Bové, 10% et alors ?"

Une autre critique de la méthode est fondée sur un des combats que nous devrons probablement mener tous ensemble, contre le vote électronique que Sarkozy ne se cache pas de vouloir généraliser. L’expérience US et plus récemment italienne a montré la vulnérabilité des systèmes à une volonté de manipulation par le pouvoir et les fraudes massives ont été avérées, aux USA comme en Italie…Nous devrons un jour combattre cela ; mais il nous sera répliqué que les « alters » eux-mêmes étaient promoteurs de la méthode ! Merci à eux pour leur clairvoyance …

Si nous devons "sauver quelque chose" de ce processus c’est en constatant l’échec actuel. Oui l’échec, comme il en existe en politique souvent, même si le constat en est douloureux pour tous ceux qui ont mis beaucoup d’énergie et d’espoir dans ce combat.

Gardons seulement et si possible tous ensemble la volonté de ne pas compromettre la poursuite de la démarche programmatique d’abord puis politique ensuite pour les échéances futures, pour l’ensemble de la gauche antilibérale. Quelle gauche antilibérale ? Toute ! La même ! Sans exclure personne et mieux en réussissant demain l’élargissement et l’unité que les logiques d’appareil et de fraction ont entravé cette fois-ci. Pour préserver cela il n’y a aucune place pour l’anticommunisme ou la stigmatisation dans ce processus, sauf à continuer de « rouler » pour l’un ou pour l’autre en tentant d’instrumentaliser l’ensemble. Chaque partie de cette gauche devra bien au lendemain de son échec annoncé avec des scores éparpillés lamentables, se poser quelques questions sur ses pratiques et ses illusions ; ceci étant également vrai pour les illusionnistes de la dernière heure qui veulent remettre en selle José Bové "à son insu de son plein grès"...

J’ai déjà explicité pourquoi je considérais qu’il s’agissait d’une faute politique lourde, avec pour effet collatéral non accessoire de "griller" José pour longtemps alors que nous avons énormément besoin de lui pour des combats assez spécifiques dans lesquels sa notoriété et sa crédibilité sont de première importance. Que certains de ses plus proches amis dans ces combats ne prennent pas la mesure de cet aspect du problème et de la mise en péril de leur propre cause me semble très regrettable. Il semble hélas que certains soient prêts à "utiliser" José Bové comme caution d’une autre démarche dans une perspective électoraliste qui n’a plus rien avoir avec la présidentielle et avec le projet de "changement de société" et de "changement d’institution" qui motivait la recherche du candidat unique, crédible pour le premier comme pour le deuxième tour...

Nous nous sommes irrémédiablement éloignés de ce scénario, il ne reste plus que les candidatures de témoignages et la satisfaction des ego, ce qui n’est pas une démarche politiquement responsable, car elle occulte le devenir même du processus, pour 2007, 2008 et au-delà. Notre seul souci, passé le temps de l’immense déception de tous, devrait être de maintenir possible une forte réactivité unitaire face au gouvernement qui va ramasser le fruit de nos divisions dans des proportions qu’il n’aurait jamais osé espérer au lendemain du vote NON à l’Europe libérale... Maintenir cette capacité d’être des intervenants crédibles dans le mouvement social demain est incompatible avec le discours entourant la démarche « alter » qui ne cache même pas sa volonté de se débarrasser « des appareils », dans un anticommunisme redevenu primaire et même une revendication de « refondation » qui ouvre la voie à tous les populismes protestataires, mais s’éloigne irrémédiablement d’une démarche à volonté majoritaire sur la base du programme antilibéral qui est le nôtre. Ce programme pouvait réunir toute la gauche antilibérale et espérer le soutien en cours de négociation du mouvement social et syndical dans ses composantes variées, comme ce fut le cas dans la campagne contre le TCE. Mais la promotion d’un homme seulement pour se dérober aux analyses d’un échec et à l’effort immense qui serait nécessaire pour conforter l’unité et la détermination ne le peut pas.

Nous avons été "mauvais", ne soyons pas "nuls" en feignant de croire possible un miracle ! Lourdes n’est pas dans le Larzac et José Bové aussi ne peut à lui seul incarner l’ensemble du rassemblement. J’espère qu’il aura l’intelligence et la pensée stratégique qui lui permettront de survoler d’autres horizons que la consolation de nos erreurs, pour confirmer rapidement lui-même sa non-candidature, au mépris de l’applaudimètre électronique qui n’est que l’image de la dérision en face des débats que nous n’avons pas à rougir d’avoir su mener, même si le terme en est resté décevant.

JACQUES RICHAUD (collectif 31) Je suis aussi favorable au non-anonymat qui devrait être une règle assez large, surtout pour les débats politiques... Les forums sont l’outil qui rend possible cet anonymat et des expressions parfois indignes qui sont aux antipodes de la citoyenneté revendiquée par tous. 14 janvier 2007