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Capitalisme et Diabrotica virgiféra

10 juillet 2007, 09:34

Diabrotica virgifera est probablement venue par avion. Les premiers spécimens ont été observés en 1992 en Serbie, à proximité de l’aéroport de Belgrade. Jusqu’à présent, les spécialistes imaginaient une dispersion à partir de cette source unique : Italie (1998), Suisse (2000), France (2002, près de Roissy et d’Orly), puis Grande-Bretagne, Belgique et Pays-Bas (2005). Or, ce schéma de dispersion est battu en brèche par l’étude de Science, qui révèle que les populations de Diabrotica appartiennent en fait à des souches génétiques différentes...

Plusieurs familles de coléoptères américains auraient-elles pour ainsi dire décidé de prendre des avions différents pour s’établir en divers points, de l’autre côté de l’Atlantique ? On ne peut pas l’exclure, mais la probabilité de ce scénario est pour le mois limitée. Gilles Séralini, biologiste et chercheur à l’unif de Caen, est plus que sceptique : « Cet insecte a mis un siècle pour traverser les USA du Sud au Nord alors que, dès les années 50, les transports de céréales par avion étaient très courants. Ce n’est donc pas normal qu’il arrive en Europe aussi rapidement et de façon aussi fréquente » (2). Certes, la mondialisation des échanges favorise le phénomène des espèces dites invasives. Mais la dispersion réussie d’un insecte sur un nouveau continent n’est pas si aisée : il faut introduire plusieurs couples, qui doivent résister au stress du voyage et trouver un milieu propice à l’arrivée. Pour la France, des chiffres sont disponibles qui montrent que le débarquement réussi de notre Chrysomèle est loin d’être banal : de 1950 à 1999, un seul coléoptère ravageur a été introduit en France, et la Chrysomèle du maïs est le seul représentant de cette catégorie d’insectes à s’être dispersé dans l’Hexagone entre 2000 et 2005 (3)...

Un entomologiste facétieux aurait-il voulu faire une surprise à ses collègues, en droppant des Chrysomèles en plusieurs points du vieux continent ? L’hypothèse ne peut être écartée, mais il en est une autre : que Monsanto elle-même ait joué les passeurs d’insectes clandestins. Incroyable ? Qui sait... En tout cas, certaines coïncidences troublantes méritent d’être épinglées : 1°) la demande d’homologation du maïs MON 863 auprès de la Commission Européenne coïncide avec l’invasion de Diabrotica virgifera ; 2°) en France, Monsanto a commencé ses essais de ce maïs en champ en 1999... trois ans avant que le ravageur ne soit signalé dans le pays ! Depuis quand teste-t-on un procédé de lutte contre un ravageur inexistant ?

Monsanto et les étranges tribulations européennes de la Chrysomèle américaine
TANURO Daniel
20 janvier 2006

http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article1327

IL NE NOUS RESTE PLUS QU’a BOYCOTTER MONSANTO !!!!