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Internet, Capitalisme et Cyber-politique

12 novembre 2007, 20:45

Des questions...

Je n’aurai jamais imaginé qu’un jour un tel outil comme le net puisse exister. Car ce qui me semble une réelle rupture n’est pas tant la machine mais le réseau .

C’est le réseau qui permet à des gens, avec tous les excès possibles, de rentrer dans des débats qui leur auraient été totalement inaccessibles avant. Cet aspect est énorme. Avant de rentrer dans la critique il s’agit d’en isoler ce qui est novateur.

Ce qui est novateur c’est un média qui n’est pas unipolaire. Qui permet des échanges à une échelle impensable avant . Quel était l’avant ? L’avant c’était des journaux à presque 100% sous contrôle, où il était impensable de mener débat sauf à être une plume reconnue et adoubée. Pour une petite fraction des intellectuels qui vivent au jour le jour dans un monde où l’échange et le débat d’idées est relativement habituel le gain du net ne semble pas considérable. Par contre pour les autres (et je pense qu’ici énormément de gens sont dans ce cas) c’est indéniablement une incroyable nouveauté.

Délicatement je ne parlerai pas des autres médias où il est impensable qu’un échange puisse s’instaurer car télés et radios, par nature et tels qu’elles sont, ne sont pas souples, ne peuvent fonctionner en centaines de milliers de débat.

Il s’est produit une série de bonds en avant grâce au réseau. L’accès à la création de blogs, facile et aisée, même si le mouvement en ce sens s’assagit, c’est quand même des millions de blogs et sites en France, c’est un big bang à prendre en considération, même si il est souvent le fruit de sites futiles, cet élan de création, même avec ses limites, est d’une taille inconnue dans l’histoire de l’humanité. Cet élan s’est produit par le double aspect d’un réseau ouvert et par le cout approchant de zéro pour un citoyen pour créer un petit site

Le moteur semble maintenant s’être également allumé en Chine là sous grand contrôle mais à une échelle de plus en plus gigantesque en nombre d’internautes comme en créations de blogs.

Autre aspect, l’accès beaucoup plus large à l’information, avec tous ses excès et toutes ses manipulations (mais on pourrait parler des manipulations des médias traditionnels qui sont, elles, sans aucune réponse sérieuse), mais un accès inouï et totalement incontrôlable jusqu’à présent .

Cet accès transperce souvent les frontières. Les derniers messages du soulèvement birman sont passés par ce canal. Ca ne surprends personne et c’est une histoire qu’on connait depuis le meurtre de Chico Mendes .

Cet aspect dégage déjà des lignes de force pour tous ceux qui défendent une société de liberté , et donc déjà de la liberté d’échanger accessible à tous.

Ces lignes de force sont donc l’extension à très haut débit à tous et avec des couts socialisés du réseau, avec des aspects saute-frontières . Donc simple : Le net très haut débit pour tous et gratos (nos impots) en débordant autant que possible avec des satellites sur les pays voisins .

Autre ligne de force : Favoriser la création d’un réseau non espionable par des entreprises d’état ou privées. Liquider donc toutes les lois visant à favoriser le contrôle et l’espionnage sur le net et les remplacer par des lois strictement inverses.

Proposer des appels d’offre pour récompenser ceux qui inventeraient des systèmes permettant d’avoir un réseau sans tuyaux contrôlables, qui rendraient encore plus aisés et faciles l’accès au net, interdire aux chaînes de télé dominantes l’accès au net, faire des appels d’offres afin de récompenser ceux qui permettraient de démocratiser encore plus le net en allant vers une multiplication des radios et télés à faible cout (c’est à dire que la différence ne se fasse plus par le gros chèque et le monopole concédé).

Voilà à mon sens des propositions simples sur lesquelles on devrait avancer. Et la gauche est immensément loin de défendre cet espace de liberté avec toute l’énergie nécessaire, par ses craintes devant quelque chose qui n’emprunte pas les voix hiérarchiques habituelles (il y a d’abord souvent une explosion de peurs préalable à tout et c’est quelque chose dont chacun doit faire examen personnel).

Beaucoup de militants de gauche ont peur du net, cette peur est reproduite par l’attaque permanente que sucite ce média sur les médias "concurents" . Il ne se passe pas une semaine sans que des commentaires tors nous viennent qui nous feraient croire qu’avant le net n’existaient ni pédophilie, ni pornographies, ni trafics, etc...

Dernièrement à coups redoublés deux éditoriaux de deux grands quotidiens nationaux ont mené une charge ordurière contre le net. Les uns disant que le divorce de sarko c’était pas vrai et que le net produisait des fausses rumeurs (le directeur de Libé, bravo... il n’y avait apparemment que lui qui ne savait pas... July reviens ! toi qui connais bien Sarko) et une charge récente du Monde du même tonneau ( faisant comprendre en filigrane qu’il faut contrôler le net), le site le plus gouniafier avec ses pubs envahissantes....

Il faut mesurer les vrais dangers du net, mais ne pas mélanger tout. Les menaces sur le net sont d’abord celles des interets privés (les majors, les chaines de télé, les marchands de lessive de tout ordre, etc) et des liberticides main dans la main (de Sarko au Monde, de Libé aux petits commissaires européens délirants).

Même la question "américaine" n’est pas si simple que cela. Ce n’est pas la nationalité ni l’origine de technologies qui importent c’est quels intérêts les portent, les contradictions qu’ils ont avec d’autres intérêts,... Bref il y a un spectre américain du net qui n’est pas sans rapport au spectre qu’on connait ici. Des poussées vers la démocratisation et également des tentatives de contrôler et de kidnapper la liberté des contenus.

La gauche et là je rejoins La Louve doit essayer d’agir sur ce média, mais avant même de parler à agir en meute, il faut défendre l’espace de liberté et mettre les moyens nécessaires afin de défendre et faire vivre nos orientations et notre camp.

On a à portée de main la capacité de faire des sites nationaux, régionaux et locaux qui disputeront en popularité les quotidiens internationaux, régionaux (Nice-Matin, Sud-Ouest, etc) pour un cout très faible, mais un engagement important, en y rajoutant toute la puissance d’échange et de liens d’un tel média. L’expérience de sites comme les sites Indymédia régionaux, par leurs limites, leurs échecs, montre des choses qu’on pourrait reprendre peut-être autrement. L’objectif étant de créer des sites qui disputent aux médias traditionnels l’accès aux plus larges "publics" (guillemets car on visera à ce qu’ils soient émetteurs et non seuls consommateurs).

L’existence, malheureusement encore très réduite de sites comme Bellaciao montre que des sites nationaux sont possibles avec des moyens qui ne doivent pas être gigantesques.

Sinon OK pour les réflexions sur Linux . Ok pour les travers du débat (Bellaciao en sait quelque chose, on s’énerve on s’énerve et....) , à réfléchir sur les formations à la guerilla du net...

Mais d’abord et avant tout se mêler de toutes les batailles pour la liberté du net et l’extension du net .

Coaps