Accueil > ... > Forum 278711

Réponse au cadeau empoisonné de Bertrand Cantat via le téléchargement libre. Je te salue Marie...

19 novembre 2008, 05:11, par Orphée

Franca, on peut considérer que Cantat soit un beauf et sans doute bien avant le drame que tu rappelles. Mais enfin il y a quand même un moment ou la fée a choisi le beauf, ça c’est pour l’affaire du désir de certaines femmes hétéro pour les hommes dont la virilité est de l’ordre du beauf plutôt que de l’ordre de ses performances amoureuses. La pauvre n’est pour rien dans ce qui lui est arrivé sinon d’avoir été fascinée par un homme de cette trempe bien avant qu’il ne la tue — ce qui n’excuse pas le beauf en quoique ce soit.

Autre point, je ne suis pas d’accord avec toi pour marquer un territoire privilégié des conditions de Cantat, parce que la mise en liberté sous condition d’hommes incarcérés pour des violences gravissimes contre des femmes est banale, quand finalement ils se sont retrouvés en prison, ce qui n’est même pas le cas systématique (parce que les femmes se récusent ou ont peur, ou à cause des enfants etc.)

De plus, les crimes passionnels reconnus comme tels ont toujours été évalués de façon particulière par le régime judiciaire de la criminalité.

Au Mexique, où les crimes passionnels sont aussi souvent le fait des femmes se sentant trahies, ils ne mènent pas à la prison très longtemps, a fortiori si les personnes en cause douvent nourrir des enfants. Je ne dis pas que je sois d’accord avec ceci ou cela (la différenciation de la criminalité passionnelle), mais je dis que ce qui est arrivé à Cantat n’a rien de si exceptionnel que ça, si ce n’est qu’il fasse partie de ceux qui ont eu le plus de chance du point de vue de leur délai de libération, et là sans doute à cause de ses soutiens professionnels.

De là à argumenter une comparaison avec Rouillan non comme une comparaison générale des situations, mais particulière des situations respectives de Cantat et de Rouillan, je trouve cela spécieux et donc pas si chouette que ça pour Rouillan. Et avec l’effet que l’argument féministe en ressorte de façon démagogique (pour ne pas dire populiste).

Réclamer qu’on mette quelqu’un en prison au nom qu’on veuille en voir un autre libéré ne libère personne en réalité, a fortiori si Cantat y retournait cela ne changerait rien pour Rouillan hélas. S’il est libéré cela n’aura rien à voir avec Cantat.

Moi je suis pour l’amnistie.

Mais je comprends bien que ça fasse mal au coeur de constater la manipulation sans rémission dont Rouillan a été l’objet (il y en aura une à terme, si les manoeuvres du ministère de l’intérieur à propos de la SNCF et de la SNCF elle-même, sont déjouées). Maintenant la ministre de l’intérieur en rajoute avec la cellule invisible justement pour justifier que Rouillan reste en prison (et corrélativement pour justifier la muselière générale qu’elle veut étendre à tout le monde avec ses fichiers), ils jouent la nouvelle manip de faire surgir dans l’esprit des gens l’analogie avec Action directe, alors que ça n’a rien à voir (pas de meurtre a fortiori pas de meurtre assumé — écroués sur présomption sans preuve ni aveu de sabotage de caténaires).

Il y a eu des pannes de caténaires tout l’été et l’an passé tout simplement parce qu’il n’y a plus assez de personnel de maintenance des voies pour les tenir à jour, on attend donc les accidents pour réparer ponctuellement, et d’autre part l’argent de la SNCF a été ponctionné pour combler on ne sait quel trou ailleurs, on justifie ainsi de ne pas rénover les équipements des voies. Sans parler de la privatisation... C’est pour dire...

Il y a beaucoup de délicatesse à avoir dans la situation actuelle. Le fait que Noir Désir chante la révolte encore sous la forme d’une chanson traditionnelle dont les paroles ne viennent pas d’eux, je ne vois pas en quoi ce ne serait pas pour eux une prise de risque. Chacun est dans une situation et dans un cadre de presciption différent. Tu peux accuser Cantat d’avoir flingué Marie, mais tu ne peux pas dire que le cadeau soit empoisonné : parce que cela veut dire qu’il viendrait d’un régime de faveur égal au pouvoir qui a accordé le régime de faveur... et mettre Cantat du côté du ministère de l’intérieur ou de la garde des sceaux et de Sarko me semble quand même improbable.

Or retour à la case départ : les crimes passionnels ont un statut judiciaire particulier. S’il n’est pas prouvé que Cantat battait Marie avant le jour où il l’a tuée c’est considéré — jugé — comme un crime passionnel.