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> 10 objections majeures au commerce équitable

15 juillet 2004, 14:48

Rarement ai-je pu lire un contre-argumentaire sur le commerce équitable aussi développé. Chapeau.

MAIS.

Il me semble tiré d’une volonté d’aller jusqu’au bout de pratiques et de valeurs dont le commerce équitable s’inspire. Du miel qui concurrence le miel local, un surplus de revenus pour acheter ce dont on a besoin pour vivre et non pas le cultiver (ayant lu à plusieurs reprises les standards sur fairtrade.net, la culture vivrière est une condition du CE...). Les mots portent, font réfléchir.

Le CE n’a de sens que s’il s’inscrit dans le mouvement de la consommation responsable. acheter du miel bio cubain n’a pas de sens si on peut trouver un miel bio de gaspésie à montréal. aussi pathétique d’ailleurs que d’acheter un kiwi bio de nouvelle-zélande.

Or, outre le fait que le CE représente à la fois la dignité pour les petits producteurs et une force éducative pour les consommateurs passifs du Nord, il a le mérite de se positionner au centre-gauche du baromètre politico-économique. Le CE n’est pas la solution. Il est UNE DES solutions. Trop habitué aux discours jusqu’au-boutiste de certains écolos, je ne peux que remarquer l’écho que les arguments du CE peuvent avoir dans les couches les plus désabusés de la population. Le CE, c’est du concret. Le CE, c’est de l’accessible pour le commun des mortels. Ce n’est pas une série de gestes impossibles à poser au quotidien qui demande une complète révolution dans le mode de vie des citoyens, mais également de toute la collectivité. Le CE est une façon simple de faire évoluer les pratiques d’achats des épiciers, comme des écoles ou des entreprises.

Mieux encore, le CE, ça marche. Économiquement entends-je. Ça marche tellement que les sympathiques multinationales du café sont en train de développer leurs propres normes éthiques pour limiter les dégâts que le CE fait dans leur part de marché et dans les questions qu’elles reçoivent lors de leurs assemblées d’actionnaires.

Le CE, c’est l’étapisme. Le contre-argumentaire ressemble plus au grand soir. Et bien... il y en a qui l’attende et en discute patiemment autour d’un bon café...équitable. D’autres tentent de le faire advenir. Petit à petit. Chi va piano va sano. E chi va sano, va lontano. On ne peut créer de marché pour des produits équitables que si on change les valeurs de consommation. Et pour que ce changement se matérialise, ce n’est pas en vendant les produits, mais en prenant la vente comme prétexte d’éducation.

Merci aux auteurs du contre-argumentaire, il servira aux formations futures de nos employés, supporters, partenaires et bénévoles. Et vive la conversation ! Seule façon de faire avancer la connaissance !

Dario Iezzoni