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Rosa Luxemburg "Une grève générale à laquelle on forge à l’avance des chaînes ..."

24 avril 2009, 13:22, par Copas

aujourd’hui, l’immense majorité des travailleurs français n’est pas disposée à s’engager dans une insurrection prolétarienne. C’est triste, mais c’est comme ça.

Mais ça ce n’est pas spécifique à aujourd’hui, les travailleurs n’ont pratiquement jamais été prêts à s’engager dans une insurrection prolétarienne , ce n’est qu’à de rares moments qu’ils peuvent l’être .

Il faut se reporter là dessus au fait que l’exploitation n’est pas seulement qu’une exploitation elle est aussi aliénation, sinon ça ne tiendrait pas 5 minutes, fusils ou pas.

Rosa Luxembourg est beaucoup plus actuelle sur certaines questions que bien des réalistes de gauche (démocratie, bureaucratie, dynamiques des luttes, etc)

Dans ce que tu dis il y a indirectement une chose importante : l’énorme accroissement de la classe ouvrière au sens large du terme, numériquement, en proportion de la population et sur la planète entière.

Et c’est effectivement ce qui rend plus compliqué la violence d’état. Mais c’est également ce qui a démultiplié et massifié les stratégies fines au niveau des médias, leurs possessions et leurs utilisations.

Toutefois, sur la question de la violence elle est toujours extrême et prête à surgir à tout moment dans nos sociétés .

Ainsi les guerres impérialistes, ou colonialistes existent toujours avec d’immenses moyens et ce ne sont plus tant des guerres contre des sociétés agraires mais également contre des sociétés n’ayant plus rien à voir avec le tiers monde d’avant (l’Irak est une société largement urbaine, comme la bande de Gaza, ou d’autres endroits). Cette violence existe toujours et est toujours là avec ses outils.

L’utilisation de cette violence contre les sociétés industrielles (outre qu’elle se pratique déjà dans le "tiers monde" urbanisé ) est préparée (aux USA, ils ont préparé des troupes prêtes à ce travail spécifique contre leur population) et peut se produire .

Ce sont les raisons et la légitimé politique qui font qu’elle ne se produit pas à hauteur de fusillades. Pour 68, si le mouvement avait été un peu plus loin, 6 ans après les massacres d’Algérie, la question aurait été posée.

Nous avons vécu une période exceptionnelle du capitalisme, en Europe et aux USA, c’est presque pas de guerres internes (à part l’ex-Yougoslavie, ce n’est pas peu, la Tchécoslovaquie, les colonels grecs, Franco, salazar, la Hongrie 56, ...), une relative immobilisation des rapports de force entre les classes, puis à partir de la moitié des années 70 une offensive ultra-libérale, un retournement net dés 83 et une dégradation des rapports de force au détriment de la classe ouvrière depuis....

Jusqu’aux secousses de ces dernières 10 années en Europe (il n’y a pas que la France) qui sont devenues de plus en plus importantes, avec enfin l’accélération de la crise capitaliste de ces dernières deux années.

Qui peut croire qu’une société soit éternelle , et sans secousses ? Aucune société n’est stable sur long terme, le capitalisme encore moins que les autres par nature .

Qui peut croire qu’il n’y a pas un risque extrême de fusillades quand des gens sont entrainés à cela ?

Alors evidemment le monde capitaliste, son contrôle, n’a aucunement intérêt à dégager une violence extrême .
Effectivement tant que les travailleurs ne le met pas en cause vraiment , OU que l’issue de la crise l’exige, pas de fusillades.

La question posée par Luxembourg est d’un autre ordre, et pose la question de l’auto-limitation que se pose ou pas un mouvement social. Est-ce qu’il indique comme infranchissable la légalité largement construite au service d’une classe dominante ?

Ou pas.

La plupart des conquêtes sociales et sociétales en France se sont faites sans respecter la légalité telle qu’elle existait .

Tu peux même prendre le cadre des batailles pour la contraception, le droit d’avorter, pour les droits des homosexuels, etc, se furent d’abord des actes et des fonctionnements illégaux. Par nature.

Très souvent d’ailleurs cette illégalité fut d’ailleurs le seul outil efficace disponible. Et les lois changèrent après.

Prends le mouvement actuel de RESF, qui est un des mouvements les plus méritant, massif et prolongé qui soit, même si ça ne fait pas gros titres. C’est précisément sa marque de fabrique d’être une violation permanente de la légalité et l’accentuation de la criminalisation légale ne change rien de l’illégalité préalable de ce mouvement.

La transgression des lois n’est donc pas une question ancienne, elle est toujours actuelle.

Maintenant je suis d’accord avec toi si il s’agit de critiquer les conceptions de ceux qui agissent et pensent que dans le cadre d’une conformité à ce qu’ils pensent être la "pensée" de grands hommes (ou femmes) historiques...

Mais ça c’est le marxisme antiquaire, le trotskysme antiquaire, le léninisme antiquaire...

Ce qui ne change rien aux apports dans la compréhension des sociétés et ce qui peut être fait, par des personnages historiques.

Il y a actuellement des personnes qui apportent beaucoup par leur pouvoir de compréhension du monde moderne et leurs capacités à produire de l’action utile ,et damned, ils semblent servir à quelque chose de plus utile que DSK, Lamy, Hollande, Royal , Fabius, Aubry, etc...

Je me suis dernièrement régalé en écoutant des personnalités du LKP guadeloupéen, leurs capacités d’analyse et d’action. Domota et Lollia , très brillants et fins dans l’analyse des sociétés modernes, des évolutions des rapports de force, des partis et syndicats.