Accueil > 17 octobre 1961 : la part des choses
de Amine Lotfi
La commémoration de la tragique journée du 17 octobre 1961 s’inscrit dans la permanence du devoir de mémoire. Il ne faut pas oublier ces événements qui, 45 ans plus tard, rappellent que l’horreur a été possible un jour d’automne sanglant. Bien sûr, les nouvelles générations politiques en France n’admettent pas le principe de repentance sur cette violence de l’histoire imputable à leurs seuls aînés.
La question qui se pose est de savoir si un crime comme celui du 17 octobre 1961 est couvert par la prescription. Beaucoup ne le croient pas et le disent en France même, où intellectuels et simples citoyens avaient été solidaires du peuple algérien dans son combat pour la liberté. En 1961, il y avait aussi cette alternative citoyenne qui a permis que les ultras français n’aient pas gain de cause.
L’Algérie indépendante ne peut bien évidemment pas oublier ces Justes qui n’avaient jamais rien demandé en retour. On se souviendra de l’exemple admirable de Jean-Paul Sartre, philosophe français de stature mondiale, qui se disait prêt à prendre les armes si les responsables politiques de l’Algérie en guerre le lui demandaient.
Sans cette solidarité exceptionnelle, sans ce rempart qu’avaient dressé des Français comme ceux du réseau Jeanson, de nombreux drames comparables à celui de la terrible journée du 17 octobre 1961 étaient possibles dans le contexte extrémiste de l’époque. Ceux que l’on a appelés les porteurs de valises méritent l’hommage constant de cette Algérie retrouvée, retournée à ses enfants.
Célèbres ou anonymes, ces Français qui ont été aux côtés de l’Algérie combattante méritent d’être reconnus comme autant de symboles de l’esprit qui anime les droits universels de l’homme. En se déterminant ainsi pour une juste cause, ils ont épargné à leur pays, la France, de sombrer dans l’abomination du déshonneur.
Ces véritables patriotes n’avaient certainement agi ainsi ni pour l’argent ni pour la gloire, mais pour la dignité du peuple français. Rétrospectivement, l’engagement de ces Français qui avaient eu le sens de l’histoire reste exemplaire, car il n’est pas sans résonances dans l’actualité de deux pays entre lesquels les choses devraient être claires comme de l’eau de roche.
Chacun devant assumer sa part, il est clair que l’Algérie ne peut pas oublier ceux qui, sans arrière-pensées ni préjugés, avaient été à ses côtés. Cette séquence historique introduit une dose de sérénité dans les liens entre l’Algérie et la France qui furent souvent plus à l’orage qu’au beau fixe.
http://www.elwatan.com/spip.php?page=article&id_article=52214