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180 milliards d’euros en moins aux salariés, autant en plus aux actionnaires.
Publie le samedi 26 avril 2008 par Open-Publishing4 commentaires
En 1982, la part des salaires dans la valeur ajoutée était de 66,5 %.
En 2005, la part des salaires dans la valeur ajoutée n’était que de 57,2 % !
Ca fait une baisse de 9,3 % !
De 1982 à 2005, la part des profits dans la valeur ajoutée a augmenté de 9,3 %. Ca correspond à 180 milliards d’euros.
De 1982 à 2005, les 180 milliards d’euros que les salariés ont perdus, ce sont les 180 milliards d’euros que les actionnaires ont gagnés.
« Part des salaires : et pourtant elle baisse !
Par Michel Husson, 16 avril 2008.
Dans un texte intitulé « Quelle tendance pour les salaires dans la valeur ajoutée ? », Denis Clerc revient sur la note « La baisse tendancielle de la part salariale » que j’avais rédigée pour Attac (Husson 2007). Il conteste l’existence d’une telle tendance mais ne discute à peu près exclusivement que du cas français, alors que cette tendance concerne l’ensemble des pays avancés et de nombreux pays émergents ou en développement. Dans une version remaniée de ce texte destinée à Inprecor (Husson 2008) - et qui constitue le premier chapitre de mon livre Un pur capitalisme (Husson 2008) - je cite plusieurs études récentes qui partagent ce constat.
Une tendance universelle.
Ainsi, un document récent de la Banque des Règlements Internationaux (Ellis, Smith 2007) établit que « la part des profits a eu tendance a augmenter depuis le milieu des années 1980 dans la plupart des économies développées pour lesquels des données comparables sont disponibles » [Profit shares have trended upwards since about the mid 1980s in most developed economies for which comparable data are available]. Son analyse confirme que la hausse tendancielle de la part du profit [The global upward trend in the profit share] est un phénomène d’ordre structurel qui ne peut être réduit à des fluctuations conjoncturelles.
Le chapitre 5 du World Economic Outlook du FMI d’avril 2007 est intitulé « La mondialisation du travail » et s’intéresse au phénomène ainsi décrit : « La part des salaires dans les pays développés a baissé en moyenne d’environ 7 points depuis le début des années 1980, ce recul étant plus marqué dans les pays européens » [The labor share in advanced countries has declined by about 7 percentage points, on average, since the early 1980s,with the drop being largest in European countries].
La Commission européenne dresse un constat similaire dans le chapitre 5 (« The labour income share in the European Union ») de son rapport annuel sur l’emploi en Europe (Commission européenne 2007) : « Après avoir culminé à la fin des années 1970 et au début des années 1980, la part des revenus du travail a commencé à baisser dans la plupart des Etats membres de l’Union européenne et se situe actuellement à des niveaux historiquement bas » [After having peaked in the late 1970s and early 1980s, the labour income share started to decline in most European Union Member States and now stands at low levels by historical standards].
http://hussonet.free.fr/capurp15.pdf
Concernant les pays en développement pour lesquels il n’existe pas d’étude d’ensemble, je me borne ci-dessus à rapporter les résultats portant sur trois pays représentatifs. Entre 1982 et 2005, la part salariale a reculé de 12 points en Chine et en Thaïlande, et de 17 points au Mexique (Husson 2008).
Je recopie la conclusion de Michel Husson :
« Conclusion : ce que mesure la part salariale, c’est ce que doit verser une entreprise au titre des salaires, et elle est correctement mesurée par le ratio que calcule régulièrement l’Insee. Cette part salariale est aujourd’hui à un niveau inférieur de près de cinq points par rapport aux années 60, et de neuf points par rapport à son pic de 1982. Ce différentiel permet de prendre la mesure de la financiarisation de l’économie. La baisse de la part salariale n’a pas en effet conduit à un surcroît d’investissement : sa principale contrepartie a été l’augmentation des dividendes. »
Messages
1. ARTICLE FONDAMENTAL, 26 avril 2008, 14:38, par JP
Cet article est à mettre en exergue sur Bellaciao et ailleurs. Il s’agit de l’essence même du capitalisme qui tente de renforcer au jour le jour son taux de profit sur le capital accumulé. Pour cela il a besoin de pomper naturellement sur les salaires puisque c’est le travail qui est la seule source possible de création de richesse pour tout le monde, y compris le capital. Le capital n’est que le parasite du monde du travail. JP
1. ARTICLE FONDAMENTAL, 27 avril 2008, 02:41, par baakounine
on ose nous faire croire que le travail est la valeur fondamentale de notre société alors que ce sont les actionnaires qui prfitent le plus de la manne financière produite par le petit peuple. il serait grand temps de se bouger mais pas avec des grèves sporadiques qui paupérise encore davantage les gens dèjà endettés, eh oui les grèves à répétitions ont un coup, mais bien par une grève générale. ça suffit qu’on nous prennent pour des c......
2. 180 milliards d’euros en moins aux salariés, autant en plus aux actionnaires., 29 avril 2008, 00:09, par Copas
Le travail assidu de Husson nous fourni des outils indispensables de compréhension de la phase actuelle.
La popularisation et la vulgarisation de ce genre de travail est indispensable dans les batailles politiques et sociales.
Dans l’argumentaire pour résister aux "réformes" de l’ultra-libéralie ce genre de travail est important pour faire contre-feux aux arrangements avec les faits et la réalité auxquels se livrent un certain nombre d’intervenants permanents dans les médias les plus importants.
3. 180 milliards d’euros en moins aux salariés, autant en plus aux actionnaires., 29 avril 2008, 00:25, par Orwelle
Les salariés se font escroquer aussi par GdF !
Gaz de France : 2,5 milliards d’euros de profits et une augmentation de tarifs injustifiée
L’information est à la Une du Canard Enchaîné sous le titre "les mensonges de GDF pour augmenter les prix du gaz". Le prix du gaz va prochainement augmenter de 5,5%. Il avait déjà augmenté de 4% le 1er janvier dernier.
Cette hausse de 10% en trois mois tombe au plus mal en pleine crise du pouvoir d’achat. Mais Gaz de France a toujours un argument imparable : la hausse est liée à l’augmentation du prix des ressources énergétiques. Sauf que, selon le Canard Enchaîné, les coûts d’approvisionnement de GDF auraient diminué...
http://charlieenchaine.free.fr/spip.php?breve116