Accueil > ANPE : Qui sont les paresseux ?
L’Agence Nationale Pour l’Emploi vient de lancer une campagne de communication afin de redorer son image auprès des entreprises et leur faire connaître ses services d’aide aux recrutement... pour un résultat très, très ambigu.
Réalisée pour un montant total de 900.000 € par l’agence de communication TBWA sous le slogan "Les Services Entreprises de l’ANPE, il y a ceux qui pensent nous connaître, et puis il y a nos clients", cette campagne est diffusée dans la presse quotidienne nationale (aperçu ci-contre, relevé par « Le Canard Enchaîné ») et se poursuivra dans la presse hebdomadaire et mensuelle jusqu’en janvier 2007.
L’idée du paresseux qui tombe de sa branche est celle d’un "créatif", certainement inspiré par la vulgate qui circule sur la fainéantise légendaire des demandeurs d’emploi. Le pubeux qui l’a pondue fait déjà preuve de grande paresse intellectuelle et le symbole imaginé, plus qu’ambigu, semble limite insultant. Pire que le magazine « Le Point », qui a l’habitude de ce genre de calomnie, c’est l’ANPE elle-même qui se charge de faire passer le message.
Interrogé par « Le Canard » sur cette merveilleuse trouvaille, un "dirigeant de l’agence TBWA" avance, "gêné", que cet "argument" est du second degré : « Il s’agissait », en réalité, « de "tordre le cou aux caricatures" et de montrer que les chômeurs ne sont "(pas) paresseux" »... Quelle subtilité !
De l’argent public pour du vent
Le prix de cette campagne équivaut à plus de deux mille mensualités d’ASS (allocation spécifique de solidarité - 14,25 € par jour) dont on sait que les bénéficiaires représentent 17% des chômeurs sanctionnés depuis la réforme du contrôle des demandeurs d’emploi entrée en vigueur le 2 août 2005. Par exemple, pour 3.800 sanctions graduées à - 20% pendant deux mois (la punition "minimale") sur cette population particulièrement fragile, l’économie réalisée par l’Unedic est déjà d’environ 650.000 €...
Notons qu’outre les 900.000 € que coûte cette fantaisie marketing à l’ANPE, l’Etat a également lancé sa petite campagne de communication sur l’emploi des seniors, elle aussi particulièrement navrante (des "quinquas" qui sont censés courir un marathon aussi vite que les autres ou faire l’amour aussi longtemps... mais dont le gâchis de compétences professionnelles est totalement éludé) pour un coût de 5 millions d’euros sur deux ans. Du vent, rien que du vent !
De la paresse générale
Ainsi, pour "sensibiliser" les entreprises, en peu de temps ce sont 6 millions d’euros que les contribuables ont offert bien malgré eux à des pubards branleurs et stupides alors que, concrètement, la formation aux demandeurs d’emploi reste désespérément inaccessible et que la moyenne mensuelle des allocations-chômage avoisine les 800 €. Les employeurs continueront à discriminer, et M. et Mme Michu à croire que les chômeurs sont des parasites de la société.
Mais on se demande qui sont les plus paresseux quand on lorgne vers tous ces décideurs qui imaginent régler les problèmes de fond à grands coûts de communication. Car, voyez-vous, c’est moderne, ça évite de faire preuve de courage politique et, en plus, c’est payé par la collectivité !
Sophie HANCART pour Actuchomage.org
Messages
1. > ANPE : Qui sont les paresseux ? , 5 décembre 2006, 01:02
Bonjour Chomeur Professionnel
J’ai connu le chomage comme bien des femmes jusqu’à ce que je passe mon concours à l’anpe pour y entrer. Crois tu que l’on soit le cul sur une chaise à ne rien faire ? Surement pas !
J’aime mon metier car j’ai pu trouver du boulot à des milliers de gens en vingt ans ! C’est ce qui me met du baume au coeur ! Aujourd’hui, je constate amérement qu’on n’est plus bon à rien ni du coté de la direction, ni du coté des chomeurs qui en arrivent à s’empoigner et s’insulter en pleine agence. Dernièrement, des chaises ont volé ! une femme a ete blessée !
Il m’a donc fallu une fois encore avec des rv toutes les vingt minutes, etre obligée de les separer, et de m’entendre copieusement insultée...Pour arranger le tout, à la fin de ma journée non stop (juste un sandwich dans le ventre et trois quart d’heure pour manger) c’est ma directrice qui m’a engueulée sans meme ecouter ma version des faits àcause d’une gamine qui vient d’etre recrutée et qui croit que j’ai le temps de bavarder avec elle ! pfff
Alors aujourd’hui, je te le dis :demerde toi comme une grande personne puique tu as tant de hargne à pietiner ceux qui bossent ! Pour ma part, je jette l’eponge, trop degoutée à te lire !
Marion future chomeuse !
2. > ANPE : Qui sont les paresseux ? , 5 décembre 2006, 06:42
Moi aussi je travaille à l’ANPE et par contre j’ai lu avec grand plaisir cet article que j’aurai aimé pouvoir écire moi même !
Tout y est juste...et en plus particulièrement bien écrit, ce n’est pas insultant pour les agents de l’ANPE.
Cependant il faut comprendre la collègue qui a écrit le mot précédent car c vrai dans les agences on en peut plus.
Il y a bcp de violence de la part de l’institution envers les chômeurs, et cette violence engencdre d’autres violenses, entre les chômeurs eux mêmes etc etc etc bcp de violences de la part de la direction de l’ANPE envers les agents qui sont considérés comme des pions, des "unités de production" je ne ’invente pas !
bref, merci pour ce genre d’article
A bientôt
3. > ANPE : Qui sont les paresseux ? , 5 décembre 2006, 09:47
Bonjour,
Cet article a été rédigé par mes soins pour www.actuchomage.org
Dommage que "chomeur professionel" ne l’ait pas sourcé...
De plus, cet article n’attaque pas les conseillers ANPE qui, à travers le symbole du paresseux qui tombe de sa branche, peuvent tout aussi bien être l’objet de cette "auto-dérision" pratiquée par TBWA, avec l’approbation de la direction de l’Agence.
Les chômeurs sont habituellement considérés comme des fainéants et des profiteurs, et les conseillers ANPE passent pour des incompétents : deux cibles de choix sur lesquelles on tape pour faire oublier que ce n’est pas l’ANPE qui créé les emplois mais les entreprises, et que les demandeurs d’emploi sont les victimes d’un système économique qui se nourrit du chômage.
Cet article dénonce l’usage qui est fait de l’argent public : au lieu de donner les moyens au service public de l’emploi et aux chômeurs, on file 900.000 € à une agence de pub qui pond du vent en dressant les gens les uns contre les autres, au nom d’un humour "second degré" et de la conquête de "parts de marché". Lamentable.
Sophie HANCART pour Actuchomage.org