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Un sdf est mort cette nuit au bois de vincennes.
Les"autorités" font pratiquer une autopsie.
Le résultat est simple : des milliards pour les banquiers, pas un liard pour la pauvreté.
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Un sdf est mort cette nuit au bois de vincennes.
Les"autorités" font pratiquer une autopsie.
Le résultat est simple : des milliards pour les banquiers, pas un liard pour la pauvreté.
Messages
1. AUTOPSIE, 23 novembre 2008, 10:14, par Marcel !
Mort de mort naturelle : victime du système.
On ne peut pas assumer toute la misère du monde, il faut bien qu’il ait des morts et des autopsies pour expliquer que peut être cet homme-là était trop fragile pour ce monde de brutes. C’est la sélection naturelle.
Au(x) prochain(s) !
2. AUTOPSIE, 23 novembre 2008, 14:23, par Samuel
UN BON SDF EST UN SDF MORT !
De leur vie, ni Joseph Geihe, Karl Melchior ou Lucian Szczyptierowski, ni leurs modestes existences n’avaient été l’objet d’une telle attention. Quel honneur tout d’un coup ! Des sommités médicales – des Conseillers secrets en titre – fouillaient leurs entrailles de leur propre main. Le contenu de leur estomac – dont le monde s’était jusque alors éperdument moqué –, voilà qu’on l’examine minutieusement et qu’on en discute dans la presse. Dix Messieurs – les journaux l’ont dit – sont occupés à isoler des cultures du bacille responsable de la mort des pensionnaires de l’asile. Et le monde veut savoir avec précision où chacun des sans-abri a contracté son mal : dans la grange où la police l’a trouvé mort ou bien à l’asile où il avait passé la nuit d’avant ? Lucian Szczyptierowski est brusquement devenu une importante personnalité : sûr qu’il enflerait de vanité s’il ne gisait, cadavre nauséabond, sur la table de dissection.
Lucian Szczyptierowski, qui finit sa vie dans la rue, empoisonné par un hareng pourri, fait partie du prolétariat au même titre que n’importe quel ouvrier qualifié et bien rémunéré qui se paie des cartes de nouvel an imprimées et une chaîne de montre plaqué or. L’asile de nuit pour sans-abri et les contrôles de police sont les piliers de la société actuelle au même titre que le Palais du Chancelier du Reich et la Deutsche Bank. Et le banquet aux harengs et au tord-boyaux empoisonné de l’asile de nuit municipal constitue le soubassement invisible du caviar et du champagne qu’on voit sur la table des millionnaires. Messieurs les Conseillers médicaux peuvent toujours rechercher au microscope le germe mortel dans les intestins des intoxiqués et isoler leurs « cultures pures » : le véritable bacille, celui qui a causé la mort des pensionnaires de l’asile berlinois, c’est l’ordre social capitaliste à l’état pur.
D’ordinaire un cadavre est quelque chose de muet et peu remarquable. Mais il en est qui crient plus fort que des trompettes et éclairent plus que des flambeaux. Au lendemain des barricades du 18 mars 1848, les ouvriers berlinois relevèrent les corps des insurgés tués et les portèrent devant le Château royal, forçant le despotisme à découvrir son front devant ces victimes. A présent il s’agit de hisser les corps empoisonnés des sans-abri de Berlin, qui sont la chair de notre chair et le sang de notre sang, sur des milliers de mains de prolétaires et de les porter dans cette nouvelle année de lutte en criant : A bas l’infâme régime social qui engendre de pareilles horreurs !
Rosa Luxembourg (extrait)
Première publication le 1er janvier 1912 dans le journal des femmes socialistes Die Gleichheit (L’Égalité) dirigé par Clara Zetkin
Extrait de « Un bon vagabond est un vagabond mort », revue Marginales, n°3/4 Les Dépossédés. Figures du refus social, janvier 2005.