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Alimentation forcée et contention des grévistes de la faim de Guantanamo Bay
Publie le dimanche 12 mars 2006 par Open-Publishing
de Davis J Nicholl, Holly G Atkinson, John Kalk, William Hopkins, Elwyn Elias, Adnan Siddiqui, Ronals E Cranford, Oliver Sacks au nom de 255 autres médecins.
traduit par Valérie
Nous nous exprimons à propos de l’alimentation forcée et de la contention imposée aux détenus de Guantanamo Bay qui poursuivent actuellement une grève de la faim 1,2. La World Medical Association interdit spécifiquement l’alimentation forcée dans les Déclarations de Tokyo et de Malte, desquelles elle est signataire.
Le point fondamental de la responsabilité des médecins dans la prise en charge d’un gréviste de la faim est le fait de reconnaître que les prisonniers ont un droit de refus de traitement.
Le gouvernement britannique a respecté ce droit même en de très difficiles circonstances et laissé mourir des grévistes de la faim irlandais. Les médecins n’ont pas à être d’accord avec les prisonniers, mais ils doivent respecter leur décision éclairée. Ceux qui outrepassent ces recommandations devraient avoir à en rendre compte auprès de leur corps de métier. John Edmondson (précédent chef militaire de l’hôpital à Guantanamo) initia cette pratique, et aucun fait ne nous a montré que les procédures avaient changé avec l’actuel médecin en charge, Ronald Sollock3.
Dans une confession écrite, Edmonson déclara que « l’alimentation involontaire était autorisée dans le cadre d’un ordre légal d’une haute autorité militaire »4.
Cette ligne de défense, précédemment désignée comme la défense de Nuremberg5, n’est pas défendable devant la loi. Dans une réponse à une première version de cette lettre, Edmonson dit qu’il n’alimentait pas de force, mais « fournissait volontairement une supplémentation nutritionnelle aux détenus qui souhaitaient protester contre leur confinement en ne prenant pas de nourriture par voie orale ».
Il a été récemment confirmé qu’une enquête est menée sur les membres du personnel de soin médical avant qu’ils travaillent à Guantanamo Bay pour s’assurer qu’ils sont d’accord avec la politique d’alimentation forcée. A son départ, Edmonson a été décoré pour sa « direction modèle et sa performance exemplaire (qui) améliorèrent significativement la qualité des soins médicaux pour les résidents de Guantanamo Bay », et « atteignit un niveau inégalé de 100% dans les évaluations des soins intra et extra hospitaliers »3. Le New York Times relate cependant que les détenus en grève de la faim sont maintenus attachés sur des chaises de contention dans d’inconfortables cellules d’isolement pour les amener à interrompre leur grève de la faim2.
Nous demandons instamment au gouvernement des Etats Unis de s’assurer que la prise en charge des détenus soit assurée par des médecins indépendants et que des techniques telles que l’alimentation forcée et les chaises de contention soient abandonnées immédiatement en accord avec les standards internationaux.
1. Okie S. Glimpses of Guantanamo : medical ethics and the war of terror. New England Journal of Medicine 2005 ; 353 : 2529-34.
2. Golden T. Tough US steps in hunger strike at Camp in Cuba. New York Times Feb 9, 2006.
3. Byrrington S. Sollock takes command of naval Hospital. Guantanamo Bay gazette 2006 ; 63 : 3.
4. Al Joudi et al vs George Bush in the US District Court for the District of Columbia. Case 1 : 05-cv00301-GK. Document 48, Exhibit A. Filed Oct 19, 2005.
5. Spitz V. Doctors from hell : the horrific account of Nazi experiment on Human. Boulder. First Sentinent, 2005.
The Lancet. Vol 367, March 11, 2006 : 811