Accueil > Antisémitisme et duplicité
La conférence de l’ONU sur le racisme, dite Durban II, est l’occasion propice à une manœuvre de propagande d’ampleur mondiale. Un tir de barrage préventif a été déclenché à l’initiative des Américains, soucieux, disent-ils, de ne pas cautionner la réédition de la conférence de Durban I en Afrique du Sud, qui avait vu le sionisme être assimilé à une forme de racisme. Dans un élan unanime, les alliés indéfectibles d’Israël ont suivi la démarche américaine en boycottant la réunion de Genève.
Il n’est pas question en effet pour ces parangons autoproclamés de vertu et ces modèles consubstantiels de justice et d’humanisme de cautionner les dérives « antisémites » qui, selon eux, caractériseront obligatoirement les travaux de la Conférence. Le deuxième étage de la fusée d’agitprop, pris en charge par des pays non boycotteurs, a consisté à condamner d’avance le discours du président Ahmadinedjad. La diabolisation du chef d’Etat iranien est, depuis longtemps, l’axe privilégié du matraquage médiatique, où le mensonge grossier alterne avec la déformation « décomplexée » des faits et des propos de l’ennemi iranien voué à la vindicte. Ce n’est pas nouveau. Gamal Abdelnasser a bien été qualifié de « Hitler du Nil » par la meilleure presse d’Occident de son époque...
La dénonciation véhémente de l’antisémitisme s’accompagne de la réaffirmation de la légitimité de la critique des religions, déclinaison essentielle de la liberté d’expression. Les postures d’indignation se succèdent pour proclamer l’extraordinaire - l’évidente - supériorité morale de l’Occident, territoire exclusif et consacré de l’équité et du droit.
L’accusation d’antisémitisme vaut, dans le discours de ces excellents donneurs de leçons d’intox, excommunication majeure de la communauté humaine et sonne comme une menace à peine voilée. Les cris d’horreur feints et les déclarations exaltées ne parviennent pas, malgré tout, à modifier la réalité. Et cette réalité, fondée historiquement sur le fait que l’antisémitisme - comme le racisme - est une invention occidentale, n’a rien à voir avec le cœur du débat.
Au-delà d’une tentative désespérée de vider les mots de leurs sens, ce qui est en cause, nul ne s’y trompe, n’est pas la haine des juifs ou de la religion hébraïque, mais bien la nature coloniale de l’Etat israélien et son soubassement idéologique. Ce qui pose problème à ces nobles âmes d’Occident est que la majorité de la communauté internationale - au sens plein de la formule - rejette le sionisme et ses tragiques implications.
Qu’ils le veuillent ou non, le sionisme signifie, dans les faits, spoliation, dépossession, exil et déshérence pour le peuple arabe de Palestine. Si noyer le sionisme dans l’antisémitisme est le mode traditionnel des propagandistes de la confusion, masquer l’islamophobie derrière la liberté d’expression est le revers, plus moderne, de la même médaille. La stigmatisation de l’Islam et les injures récurrentes sont enveloppées dans le lit virginal d’un droit fondamental.
Le talent indéniable des propagandistes peine pourtant à escamoter un niveau de duplicité insoutenable. Les héritiers d’une civilisation génocidaire peuvent tenter de laver leur culpabilité historique sur le dos des Palestiniens, ils ne parviendront pas à transformer le bourreau en victime.
Messages
1. Antisémitisme et duplicité, 21 avril 2009, 23:54
Quelle que soit la religion, celle-ci devrait rester dans le domaine privé : un état basé sur une religion, porte en lui le racisme qui est une sorte de totalitarisme. une des rares valeurs de l’"Occident" qui pourrait avoir une valeur universelle, c’est plus que la tolérance c’est la laïcité. C’est bon pour le "rêve d’Israël qui pourrit dans la haine" pour paraphraser une chanson de François Béranger , dans la haine des Palestiniens et dans le mépris et la méfiance à l’égard de ceux qui ne sont juifs. Ceci est valable pour tous les pays soumis à des lois religieuses : il n’est pas très correct d’appeler à chaque discours à des affrontements de "civilisations", en dressant les Musulmans contre les Chrétiens ou l’inverse.
Un peuple avec son armée qui en colonise un autre connaît de fortes dérives racistes en effet, nous en savons quelque chose en France avec toutes les guerres de conquêtes de notre histoire.