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Apeis : une autre lecture des évènements

Publie le mercredi 9 novembre 2005 par Open-Publishing

Le communiqué de presse de l’Apeis

Le slogan « Qui sème la misère récolte la colère » est bel et bien
d’actualité suite aux déclarations incendiaires de Sarkozy ; suite à la
mort de Zyad Benna et Bouna Traoré dans des circonstances douteuses ;
suite au déploiement inconsidéré de forces de l’ordre en tenue de combat
pour quadriller les quartiers populaires et en faire de fait des ghettos ;
suite, aussi et surtout, au fait qu’il y a 21% de chômage chez les jeunes
des quartiers populaires, chiffre qui atteint 43% quand ces mêmes jeunes
sont issus de l’immigration.

On sait bien qu’en-dehors des coups nous
n’avons rien à attendre de la droite, de "ceux d’en face", mais tout au
long des réactions dont nous abreuvent les hommes de gauche ayant volonté
d’encadrer cette misère, les citoyens redresseurs de torts se voulant
compréhensifs, tout au long de leurs appels à la paix sociale, avez-vous
remarqué que la troisième personne (« ils », « eux ») est la seule
utilisée pour causer d’une colère qui pourtant nous concerne tous ? Une
colère que nous partageons en fait dans notre grande majorité, nous les
bannis des feux de la rampe, les exploités, les abandonnés.

Le pétage de
plomb n’est pas « jeune », il est généralisé, bien au-delà de ses
conséquences visibles en couleur au journal de 20h, sauf qu’une dépression
ou un suicide sont moins spectaculaires qu’un bel incendie. Quand t’en
peux plus, t’exploses... quitte à éclabousser le voisin, car le temps de
la réflexion et de l’analyse est aussi un luxe. Alors on peut en écrire
des pages, dire "qu’ils" (ces autres, ces étrangers à nos brillantes
analyses autoproclamées) auraient dû faire ci et pas ça, dire ceci au lieu
d’attaquer cela, mais jusqu’à quand va-t-on ignorer notre propre douleur,
notre propre envie d’en finir avec une vie de survie ?

Et surtout
s’apercevoir que "leur" révolte est NÔTRE, car eux c’est nous, nos
enfants, nos frères, cousins, voisins. La pensée de classe semble avoir
bel et bien disparu du panorama des réflexions d’une gauche qui est moins
de masse que de plus en plus « à la masse »... En échange on y retrouve la
peur du « gueux », du « voyou », de la « racaille », de la « canaille »,
du « lumpen », la trouille de ce « prolétariat en haillons » qui grouille
sous les pieds de l’honnête salarié, prêt à lui saisir la cheville, lui
casser sa bagnole et l’entraîner vers les affres du chômage et de la
précarité à tout crin. Ouh le méchant gueux qui ne fait que le jeu du FN,
qui tape à côté et préfère crâmer les miettes puisqu’il ne peut avoir le
gâteau...

Crétin de gueux, tu crois qu’au Sahel ils seraient pas contents
de les avoir les belles miettes de droits que tu as ?! Ingrat de gueux,
tu ne sais pas qu’il y a toujours eu la petite bourgeoisie humaniste pour
recadrer ta colère comme en 1789 afin de la rendre productive et te donner
de beaux droits ? Sale petit con de gueux, tu ne sais pas que pendant que
tu baves d’envie aux vitrines de l’illusion capitaliste, la vrai
avant-garde éclairée n’a que faire de basses volontés de possession
matérialiste et préfère lire des livres qui causent de toi, pauvre gueux
voyoutocrate transformé en glorieux prolétariat idéalisé ? Aujourd’hui tu
crâmes l’institution qui te tend la main, mais c’est pas parce que tu n’as
pas de foie gras qu’il faut brûler les toasts !!! Salaud de pauvre,
jamais content !

Ah, ce qui embête les politiques et les fabricants de boucs-émissaires,
c’est peut-être qu’ils ne savent pas par quel bout récupérer la colère
populaire ! "On dit d’un fleuve emportant tout qu’il est violent mais on
ne dit jamais rien de la violence des rives qui l’enserrent" Serait-ce
trop demander à la gauche que de réveiller sa propre révolte de son
sommeil plein de compromis confortables et d’exprimer sa fraternité aux
insurgés en se rappelant cette phrase de Bertolt Brecht ?

Explication Loi n°55-385 du 3 avril 1955 Loi instituant un état d’urgence
et en déclarant l’application en Algérie.

http://www.apeis.org/article.php3?id_article=237

Le texte de la loi

http://www.apeis.org/article.php3?id_article=238

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