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Aux États-Unis, deux millions d’enfants drogués chaque jour

Publie le mercredi 15 mars 2006 par Open-Publishing

Premiers bénéficiaires de cette pratique, les laboratoires pharmaceutiques.

Chaque jour, deux millions d’enfants et un million d’adultes prennent des antidépresseurs aux États-Unis. Des chiffres publiés en février dernier par l’Institut national de recherche sur l’abus des médicaments, le National Institute on Drug Abuses (NIDA). Des chiffres en dessous de la réalité, selon des psychiatres et des associations qui s’inquiètent de l’augmentation de cette consommation : plus 250 % depuis 1990. L’agence fédérale qui contrôle les produits alimentaires et les médicaments (Food and Drug Administration) a lancé le mois dernier un avertissement sur l’emploi de ces psychotropes qui peuvent avoir de graves effets secondaires, notamment des accidents cardio-vasculaires.

Les enfants sont les premières victimes de ces pratiques. Ils sont vite étiquetés hyperactifs, pour carence d’attention ou impulsivité. Dans la grande majorité des cas, on leur prescrit de la Ritaline pour les rendre plus obéissants, plus dociles. Alors que les problèmes de ces enfants relèvent le plus souvent de leur contexte familial, social ou culturel. Des psys, des associations s’inquiètent, dénoncent. Une loi a même été votée interdisant aux écoles de prôner la consommation de ces drogues.

Mais la pression culturelle du système est très forte. « Nous vivons dans une société hautement compétitive, où il faut obtenir les plus hauts diplômes, par tous les moyens », constate Nora Volkow, la directrice du NIDA. La fièvre de la compétition commence même avant l’arrivée à l’école, à l’âge de deux ou trois ans, encouragée par une directive, « Good start, good smart » (littéralement : un bon départ, une bonne intelligence) demandant la multiplication des tests de connaissance des enfants et d’efficacité des établissements d’enseignement. George Bush est le maître d’oeuvre de ce choix politique.

Un choix qui n’est pas seulement idéologique. Il convient parfaitement à l’industrie pharmaceutique. Le fabricant de la Ritaline, Novartis Ciba, en tire des millions de dollars. D’autres labos ne sont pas en reste. Tous nient ou minimisent les effets de leurs drogues et continuent tranquillement à accumuler les profits. Pour le plus grand bonheur des partis républicain et démocrate, auxquels ils ont versé plus de treize millions de dollars. Plus pour le premier d’ailleurs, celui du président, dont l’industrie pharmaceutique constitue le principal fournisseur de fonds. Ces labos entretiennent par ailleurs le plus fort nombre de lobbyistes à Washington (1 200 selon un dirigeant syndical), afin de guider les intentions de vote des parlementaires.

http://www.humanite.presse.fr/journal/2006-03-14/2006-03-14-826197