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Baroud d’honneur des opposants orthodoxes à Marie-George Buffet
Publie le samedi 25 mars 2006 par Open-Publishing18 commentaires

de Sylvia Zappi
Les opposants "orthodoxes" à Marie-George Buffet ont décidé, vendredi 24 mars, de se rappeler au bon souvenir du congrès du Parti communiste français, réuni au Bourget (Seine-Saint-Denis). Alors que depuis la veille, les 958 délégués communistes avaient studieusement écouté leurs dirigeants défendre à la tribune la "ligne Buffet" - pas de candidature communiste annoncée mais une invitation aux forces de gauche à construire une "candidature unitaire de la gauche sur un programme antilibéral" -, les courants minoritaires ont tenté d’exister par tous les moyens. Y compris l’esclandre.
André Gerin, député du Rhône, dont la motion intitulée "Fiers d’être communistes" a recueilli 13,25 % des votes, après avoir essayé de mettre quelques congressistes de son côté en dénonçant le "rassemblement en trompe-l’oeil du microcosme parisien" proposé par la secrétaire nationale du PCF. Son camarade Jean-Claude Danglot, patron de la fédération du Pas-de-Calais, lui avait emboîté le pas, fustigeant le "flou le plus complet de l’orientation pour 2007" et ironisant sur cette "ouverture limitée à la LCR qui, jusqu’il y a peu, criait "élections pièges à cons"".
Mais seuls quelques timides applaudissements venus de leurs partisans leur ont fait écho. D’autres opposants avaient même fait le choix, devant un congrès acquis à "Marie-George", de ne pas intervenir à la tribune. Robert Hue, son prédécesseur et ancien candidat à l’élection présidentielle, faisait juste part dans les couloirs de son étonnement que la secrétaire nationale se prête à "une course à l’échalote pour attendre qu’Olivier Besancenot parte le premier". Alain Bocquet, président du groupe communiste à l’assemblée nationale, lui, rappelait qu’un parti politique, "ça doit annoncer la couleur clairement et ne pas tergiverser" avant d’invoquer une grippe pour quitter la salle.
Vendredi matin, c’était au tour de Maxime Gremetz, député de la Somme, d’essayer de se faire entendre. Sans mandat de délégué, il s’est d’abord manifesté bruyamment dans les travées. Puis il a provoqué un vif incident à la tribune en riposte aux propos du secrétaire de sa fédération, Joël Carliez, avec lequel la crise est ouverte depuis plusieurs semaines. M. Carliez a évoqué le score d’à peine 4 % obtenu par le député de la Somme sur son texte de congrès dans son propre fief. Et a expliqué que les communistes locaux avaient souhaité ainsi "rejeter le populisme et les agissements de celui qui prétendait porter la colère et l’espoir". M. Gremetz a alors tenté de s’emparer du micro, provoquant l’irritation de la salle.
Les "orthodoxes" se sont alors repliés dans une salle annexe dans laquelle ils annonçaient vouloir "aller jusqu’au bout". En clair : présenter une motion au vote des délégués réclamant de nouveau que le congrès décide du principe d’une candidature communiste à l’élection présidentielle de 2007 et proposer une liste alternative à celle de la direction sortante. L’enjeu, ont-ils expliqué, est d’éviter "un dépôt de bilan du parti avec un congrès qui ne décide de rien".
Il leur faudra cependant récolter les 5 % de délégués exigés par les statuts pour que leur liste alternative soit prise en compte. La direction sortante doute qu’ils puissent atteindre ce score. Sans compter que l’une des figures de l’opposition, en l’occurrence Jean-Claude Danglot, a déjà prévenu qu’il préférait rester sur la liste de la direction pour préserver les trois postes attribués à des représentants de sa fédération.
Messages
1. > Baroud d’honneur des opposants orthodoxes à Marie-George Buffet, 25 mars 2006, 18:19
UNE FOIS N’EST PAS COUTUME !
je voudrais ici remercier les dirigeants de la chaine parlementaire d’avoir pris l’initiative de retransmettre en direct , vendredi , samedi , et demain dimanche à partir de 10 heures , les travaux du 33eme congrés du PCF .
Débats de la salle avec interventions des délégués , et on a pu entendre toutes les sensibilités s’exprimer , plateaux avec des invités , eclaicissements des differents points mis au vote .
Pour une fois la télé à fait du bon boulot , meme si la chaine parlementaire n’a pas une tres grande audience , tous ceux qui voulaient s’informer ont pu le faire .
Ce qui me permet d’affirmer que la journaliste qui a fait ce papier a :
soit passé son temps à la buvette ,
soit entendu ce qu’elle etait venu entendre à l’exception de tout le reste ,
parmis les invités , j’ai ainsi pu entendre krivine , Melanchon , Aschieri , Vaillant , je precise que je n’ai pu suivre l’integralité des retransmissions .
claude de toulouse .
1. > Baroud d’honneur des opposants orthodoxes à Marie-George Buffet, 25 mars 2006, 18:34
Claude assé du stalinisme dans le PCF...
Le PCF a condamné le stalinisme en 2003 !
Trop, tard peut-être...
mais ont revient plus au goulag...
pardon... au "camps de rééducations" de la Sibérie...
Roberto
2. > Baroud d’honneur des opposants orthodoxes à Marie-George Buffet, 25 mars 2006, 19:48
J’espère qu’en 2007 il y aura une candidature unique rassemblant les forces de gauche anti-libérales. Je pense que c’est le seul moyen d’éviter un second tour PS/UMP
Qui, à gauche, peut encore croire le PS un tant soit peu capable de construire une société juste et équitable ?
3. > Baroud d’honneur des opposants orthodoxes à Marie-George Buffet, 25 mars 2006, 20:14
Je ne vois pas en quoi Claude est staliniste. Il t a beau temps qu’il n’y a plus de stalinistes au PCF (depuis le milieu des années 50). Où alors il y a erreur sur ce qu’a été le stalinisme. Il me semble qu’on emploie ici ce terme pour toute critique venant d’un communiste. Ce qui est un galvaudage du terme qui est cerné historiquement.
Il y a des communistes qui estiment que leur parti devrait présenter un candidat. Ce n’est pas du stalinisme. Tout le congrès de la LCR a tourné autour de cette question. La moitié des militants ce parti qui est pour une candidature de leur parti sont-ils des stalinistes ? Et les socialistes sont-ils des staliniens et tous les partis qui vont présenter des candidats ?
Sur la question du stalinisme, je te conseille d’ouvrir un livre d’histoire et de refermer celui de ta morale du bien entendu qui n’a rien vu.
Helge
4. > Baroud d’honneur des opposants orthodoxes à Marie-George Buffet, 25 mars 2006, 20:43
FORT BIEN REPONDU HELGE !
Je suis solidaire intégral des propos de Jean-Claude de Toulouse et de Helge...
Et comme disait Coluche Jésus crie et la caravane passe...
Vive le communisme autogestionnaire !
Vive notre 33° Congrès !
NOSE
5. > Baroud d’honneur des opposants orthodoxes à Marie-George Buffet, 25 mars 2006, 22:06
– STALINISME :
Doctrine, pratique de staline et de ceux qui se rattachent à ses conceptions idéologiques.
Après un pacte avec hitler, rompu après l’invasion allemande en 1941, il a été avec l’aide des USA, de l’angleterre, l’architecte de notre nouveau monde, après le célèbre sommet de YALTA.
le coupable du bordel actuel.
– COMMUNISME :
Doctrine tendant à la collectivisation des moyens de production, à la répartition des biens de consommation suivant les besoins de chacun et à la suppression des classes sociales.
Plûtot sympa non ?
Moi je suis pour.
Selon que vous soyez anti-communiste ou non, ces deux définitions sont synonymes ou distinctes.
Mais c’est cela se complique si on essaie d’ouvrir un manuel d’histoire :
COMMUNE DE PARIS : C’est ce qui est l’origine du terme communiste.
Cela date des années 1870-1972.
A cette époque, Marx, un allemand juif, soutenait l’insurrection parisienne contre l’armée versaillaise du monarchiste marseillais Thiers allié des prussiens victorieux contre l’empereur Napoléon anti-républicain.
En 1948, les anglais impose l’état d’israel comme état juif, pour compenser les crimes commis en europe de l’est par les partisans d’Hitler et de Staline, mais aussi de l’état français plus coupable que l’italie fasciste en matière d’anti-sémitisme.
Les Arabes , déjà soumis au colonnialisme européen, développe durant cette période un nationalisme Arabe anti-sioniste.
Et cela provoque ensuite le bordel actuel datant de la guerre israel-Egypte de 1967.
Ensuite, attentats en europe, et montée de l’islamisme, avec certaines alliances louches contre l’URSS.
Certains pays arabes et africains sont armés par une URSS déclinante pour contrer cette offensive.
La france, les USA vendent des armes à ces pays (dont l’IRAK).
On est dans les années 1980.
Guerre Iran-Irak.
C’est nous (USA-France) qui ont gagné grace au soutien à l’irak.
L’iran Islamique a perdu. L’Irak de Saddam a gagné grace à nous.
Ensuite, lisez les manuels d’histoires, moi je suis fatigué.
Vous avez tout compris ?
vous être très fort donc.
La seule chose claire, c’est qu’en 1871 comme en 2006, la rue ne gouverne pas, elle se révolte quand cela va très mal pour elle.
C’est cela être communiste pour moi.
Impossible d’être communiste et anti-juif, impossible d’être communiste et sionniste.
STALINISME ou HITLERISME, sont des notions clairement relatives au culte d’une personnalité.
concretement, Hitler n’est devenu une insulte qu’après sa mort en 1945.
Entre 1940 et 1944, la france était Hitlérienne.
En 1945 exactement, le terme NAZI (national Socialiste) est devenu officiellement synonyme de criminel en france.
concretement, Staline n’est devenu une insulte qu’après sa mort en 1953.
le PCF, influent juste après 1945, n’a cependant jamais pris le pouvoir en france.
Mais c’est exact qu’il a été Stalinien dans les années 1945-1955, ce qui explique les haines politiques qui ont suivi ensuite.
Mais depuis, le terme ne sert que pour désigner les communistes, et il faut cependant noter que de nombreux communistes ont été victimes de staline.
Bref, mal de tête garanti pour ceux qui sont surs d’avoir raison historiquement.
ces précisions pour ceux qui emploient ces termes à la légère.
Cela dit, mort au CPE, c’est presque sûr historiquement...
vive la rue.
vive la commune.
mais faites gaffe à vous, les communards du 21e siecles.
jyd.
6. > Baroud d’honneur des opposants orthodoxes à Marie-George Buffet, 26 mars 2006, 01:24
Communisme ou stalinisme
"Le mort continue à peser sur le vivant" aurait dit Marx, et le stalinisme, bien que désormais il soit depuis longtemps un "chien mort" continue à laisser sa charge négative sur la refondation du communisme et de la gauche anticapitaliste.
C’est la raison pour laquelle il faut continuer à en analyser les racines et à dénoncer les dégâts qu’il a causés au mouvement ouvrier et à la recherche de construction d’une société alternative au capitalisme.
7. > Baroud d’honneur des opposants orthodoxes à Marie-George Buffet, 26 mars 2006, 09:03
SI ROBESPIERRE AVAIT TENU TRENTE ANS ?
Dirait on aujourd’hui que la revolution française , ou du moins la pensée qui la soutenait , etait foncierement criminelle ?
on dit de la revolution française qu’elle a apportée la liberté aux peuples du monde , dirait on la meme chose ?
Oui staline et le PCUS ont gravement altéré le sens et l’image du communisme , doit on pour autant baisser les bras ?
Laisser le champs libre aux ennemis des peuples , ou construire le communisme tel qu’il aurait du etre .
claude de toulouse .
8. > Baroud d’honneur des opposants orthodoxes à Marie-George Buffet, 26 mars 2006, 20:24
CHER CLAUDE...
Il faudrait se souvenir de tout ce qui a été dit autour du bicentenaire : le procès du jacobinisme, l’assimilation de la GRF (grande révolution française) à la terreur, la condamnation sans appel de Robespierre au nom de la terreur, etc. Avez-vous compris pourquoi ont commémore si peu le souvenir de Robespierre et tous ses amis ? Il n’est vraiment pas en odeur de "sainteté" !
Le révisionisme a battu son plein, les "nouveaux historiens" (comme les "nouveaux philosophes") ont été adoubés pour faire la peau au mouvement révolutionnaire et c’est tout juste si la révolution n’a pas été vouée aux gémonies...
Les historiens "officiels" ont vraiment exploré la voie théorique d’une révolution française précurseur du totalitarisme. Et je pense que ce courant n’a pas dit son dernier mot.
Tant il est vrai que le totalitarisme, c’est toujours l’autre... Mais comme dit B.Brecht, "qui dira la violence des berges qui enserrent le flot tumultueux" ?
NOSE
2. > Baroud d’honneur des opposants orthodoxes à Marie-George Buffet, 26 mars 2006, 00:10
Foutue asymétrie manichéenne ...
Et les gamins de Salo ne purent plus se faire passer pour un centre. Ni gauche libérale, ni droite dans leurs bottes.
16% ils votèrent alors en 2002 à l’extrême droite.
Et il fallut encore 5 années pour rétablir le son et sa pensée devant ces peaux de visage ( skin head ) coupeuses de très près.
Evangélistes à souhait de l’image ORTF/Berlusconi, contre qui il fallut bien quelques articles et ouvrages militants.
Et enfin leur sonner le glas à travers l’écran.
Ecran qui ne méritait même pas notre réponse verbale. Mais bien notre pensée réactive plutôt que réactionnaire. Face à la terreur d’une fausse centre droite. Un dialogue ouvert à gauche et vers l’extérieur.
Sans cette foutue asymétrie manichéenne.
A Péage de Roussillon-Isère-France-NON AGCS, le 25-26 Mars 2006 ( de 23h55 à 00h07 ). Saludos de Izquierda ( saluts de gauche ), Vladi GARCIA
Français&Célib35ansNonBaptisé-AdhérBénévUGICT&FILPAC CGT-ATTAC France&VienneRhod.-OFM-PCF-CAC38
3. > Baroud d’honneur des opposants orthodoxes à Marie-George Buffet, 26 mars 2006, 01:07
Le pouvoir est au bout du fusil et surement pas au bout des doigts qui tapotent un clavier d’ordinateur. Mais bon le P"c"F est nombre des intervenants de ce lieu ne désire pas le pouvoir pour la classe ouvrière mais un strapontin pour l’aristocratie ouvrière. Mais heureusement sur le terrain la jonction entre la frange la plus prolétarisée du monde étudiant et l’avant garde des enfants de la classe ouvrière est en train de se construire.... Loin des pseudo communistes....
L’impérialisme est un tigre de papier...
4. > Baroud d’honneur des opposants orthodoxes à Marie-George Buffet, 26 mars 2006, 01:26
Hors du stalinisme. Pour le communisme
"Oublier Staline", une tentation toujours présente. Mais, si nous voulons changer le monde, tout refoulement est interdit.
de Rina Gagliardi
En 1967, l’Agence NOVOSTI diffusa en Italie une publication de propagande explicite, ayant pour titre L’Union Soviétique. Une petite encyclopédie : un petit livre "naturellement" hagiographique, plein de chiffres et de pourcentages sur l’industrie, l’agriculture et, plus en général, des résultats d’une société désormais acheminée sur la route "de la construction du communisme". La chose la plus singulière de ce texte est qu’un nom y manque complètement : celui de Staline. L’histoire de l’U.R.S.S. - voire de la Russie - y est reconstruite avec une certaine ampleur (à partir du Vème siècle av.J.C. jusqu’à Pierre-le-Grand, de Mikhaïl Lomonosov, fondateur de la première université, jusqu’à la naissance des premières organisations ouvrières), jusqu’à la Révolution d’Octobre. Mais le seul personnage qui y soit nommé est celui de Lénine, puis on passe directement de 1917 au 33ème Congrès du PCUS. Aucune trace de Josif Vissarionovic Dzugasvili, à aucun sujet.
Un refoulement si éclatant qu’il semble incroyable. Un exemple plutôt maladroit, pourrait-on ajouter, de réécriture de l’histoire par effacement, sinistre technique de type stalinien (immortalisée par Orwell dans son célèbre 1984). Ce refoulement nous livre toutefois un indice intéressant d’une tendance répandue, dans des formes différentes, à l’Est comme à l’Ouest : oublier Staline et le stalinisme. Regarder toute une période historique avec la sensation concentrée, et bien sûr angoissée, d’une "grande et terrible" époque pendant laquelle, comme l’écrivit l’historien américain Stephen Cohen, "une montagne d’énormes réalisations" coexista avec "une montagne de délits inouïs”. Mais s’arrêter là, justement. Chercher secours dans la catégorie de l’"accident historique", fût-il de dimensions importantes, revenir à la fatidique devise de Croce du heri dicebamus. Et surtout résister à l’interrogation de fond : celle du pourquoi et celle du comment tout cela a été possible.
La réponse "négationniste"
Les racines du refoulement sont donc très claires et vont au delà de toute recherche historique et politique, même minutieuse, complexe et exigeante. Si la plus grande tentative du XXème siècle de changer une société dans la direction du socialisme s’est terminée, comme elle s’est terminée, par une immense tragédie et par une féroce et sanguinaire dictature, qu’est-ce qui nous garantit qu’il ne s’agisse pas là de l’issue obligée de n’importe quelle transformation révolutionnaire ? Comment redonner à nos mots-clefs - le socialisme, le communisme - le sens qui leur est propre, c’est-à-dire celui d’un grand projet de libération des femmes et des hommes, en les arrachant par une secousse conceptuelle violente, secousse de valeurs et secousse historique, de leurs réalisations concrètes sur cette terre ?
A ces dures questions, comme nous le savons très bien, une grande partie du mouvement communiste (tout le groupe dirigeant du PCI, par exemple) a répondu en amplifiant le processus de refoulement au-delà de ses limites : c’est-à-dire en statuant que le "mal" était tel déjà dans sa racine et jusque dans ses prémisses. Un siècle et demi d’histoire était ainsi banalisé comme erreur ( "illusion", a dit Furet) et même Staline, dans un sens bien précis, justifié dans ses crimes - en tant que seul interprète autorisé, historiquement légitimé, d’un mouvement, le mouvement communiste, aveugle et auto-trompeur par sa nature même. Vice-versa et parallèlement, le capitalisme et son idéologie spécifique, le libéralisme dans toutes ses acceptions, devenaient le seul horizon possible de l’histoire et de la société - tout juste avec quelques corrections, quelques interventions modestes de la politique.
Nous remarquons, encore, que cette énorme "reconversion" politique et idéologique s’est vérifiée non pas à la moitié des années 50 quand le voile sur la période stalinienne commençait à se soulever et même pas à la fin des années 60, pendant la longue agonie brejnévienne, mais juste avant la fin de l’Union Soviétique, devenue désormais son propre fantôme. Le PCI fut capable de dépasser le traumatisme du XXème Congrès et du rapport Kroutchev en tant que porteur d’une expérience propre, originale, relativement autonome de la culture politique du stalinisme. En revanche, il ne survécut pas à la chute du mur de Berlin et au moment où le drapeau rouge fut baissé des flèches du Kremlin, parce qu’il avait perdu désormais son identité révolutionnaire, sa raison d’être. Là aussi, il s’agit d’une donnée restée presque inexpliquée, ou peu creusée, dans la discussion de ces dernières années.
Le stalinisme de Staline
C’est donc entièrement à nous - aux nouveaux communistes du XXIème siècle, à tous ceux qui ne renoncent pas au projet de la "Grande Réforme du Monde" - d’assumer le poids d’un bilan critique, la tentative d’une véritable mise à plat. Sur Staline, avant tout, et sur le "stalinisme de Staline", aucun justificationisme n’est admissible - surtout si l’on est intéressé, comme nous le sommes de façon vitale, à l’avenir du socialisme.
"Sous la dictature de Staline", a écrit Aldo Agosti," le processus révolutionnaire a été déformé et défiguré à tel point que le patrimoine d’idées et de valeurs qui avait été à la base de la révolution d’Octobre a été rendu méconnaissable. Le dommage causé à l’image du socialisme, à sa force d’expansion, à sa valeur d’alternative historique pour l’humanité, a été incalculable". Il est vrai : le tyran géorgien hérita, à la mort de Lénine, d’une sorte de mission impossible. La révolution européenne, et surtout celle de lAllemagne, avaient été défaites, noyées dans le sang : la jeune république soviétique où Lénine avait opéré son "forçage" révolutionnaire sur la base de la prévision d’une catastrophe imminente du capitalisme et d’une prolongation indéfinie du conflit mondial, se retrouvait seule - sans amis ni alliés, entourée en revanche d’ennemis internes et externes. Une fois sortie avec succès de cette immense épreuve, elle emprunta le chemin de l’industrialisation accélérée, de la collectivisation forcée de l’agriculture, du dépassement du sous-développement économique : de "maillon faible de la chaîne"impérialiste, la Russie devenait le siège d’élection d’une autre expérience impossible, la construction du socialisme "dans un seul Pays" .
L’hyper puissance du parti
Les racines de ce qui a été appelé stalinisme se trouvent avant tout ici, dans le modèle de développement qui a eu le dessus après les grands débats des années 20. En un gigantisme économique concentré surtout sur la croissance quantitative (l’acier, l’industrie de base, l’énergie), sur l’obsession, d’ailleurs logique, de la planification centralisée (les plans quinquennaux), sur une modernisation qui a compromis tout rapport équilibré entre la ville et la campagne.
Les résultats, mais surtout les coûts payés pour cette véritable "révolution d’en haut" furent d’une portée énorme. Il suffit de citer les chiffres du premier plan quinquennal, 1929 : ils prévoyaient une croissance de la production industrielle de 180%, de l’agriculture de 55%, du PIB de 103%. Des chiffres qui ne furent atteints que partiellement, mais qui restent un exemple de "titanisme" rarement atteint dans un laps de temps si court. Il suffit de s’arrêter aux chiffres approximatifs de la dramatique guerre civile qui se déroula dans les campagnes jusqu’au début des années 30 : plus de 5 millions de paysans déportés, famines, maladies, déplacement forcé vers les villes.
Les bases structurelles de l’URSS et de la Russie, qui allait devenir une grande puissance économique mondiale, changeaient radicalement.
Mais les changements, dus à l’époque du système économique entraînèrent ceux du système politique : le parti unique, au long de ce processus et de cette répression gigantesque, devint de plus en plus totalisant, jusqu’à se juxtaposer complètement à l’état et à la source unique du pouvoir. Le parti contrôlait tout, des choix à l’organisation de la culture, la vie politique d’en haut comme celle d’en bas, la vie au quotidien et le sort de chacun. Le parti dictait les plans quinquennaux et contraignait le musicien Prokofiev à réécrire sa Katerina Ismailova selon des critères plus "populaires" et moins avant-gardistes. Le parti dirigeait un développement colossal de l’instruction, de la santé, de l’émancipation de la femme, mais uniformisait tout aux paradigmes du marxisme-léninisme, une doctrine systémique qui aurait donné la chair de poule à Lénine lui-même, un penseur d’un pragmatisme extraordinairement aigu.
Le parti était son chef, Jozif Vissarionovic Dzugasvili dit Staline, qui transforma toutes les indications léninistes de propositions contingentes en dogmes ossifiés, d’ "états de nécessité" en sempiternels principes. Par le Manuel d’histoire du parti communiste bolchevique, instrument de formation de base pour au moins trois générations de communistes, Staline fit de lui-même un point de repère théorique indiscutable. Prélude aux tueries des années 30 (le mystérieux cas Kirov, l’assassinat de Trotsky au Mexique en 1940) et aux grandes purges de 38, pendant lesquelles furent assassinés tous les grands protagonistes politiques, intellectuels et militaires de la révolution d’Octobre, de Boukharine au général Tukhacewski. Un nombre exorbitant de communistes fut contraint aux "aveux", à la torture, à l’humiliation d’eux-mêmes, à la mort. Et un nombre incalculable de citoyens fut contraint à une vie indigne de ce nom.
Un héritage dramatique
Mais combien a pesé la culture politique du stalinisme dans l’histoire des communistes du XXème siècle ? Evidemment beaucoup. Comment aurait-il pu en être autrement, L’Union Soviétique a été, forcément, pendant 70 ans, le repère des communistes (mais aussi de nombre de socialistes, travaillistes, démocrates) : elle était la preuve concrète qu’on pouvait aller au-delà du capitalisme et même avec des résultats de premier ordre. Et, avec la victoire de Stalingrad et le tribut de sang et de sacrifice payé à la lutte contre les armées allemandes, il était aussi et surtout le pays auquel l’Occident tout entier devait d’avoir été sauvé de la barbarie nazie. Quels autres modèles étaient disponibles, reconnaissables, utilisables ? Il y avait, c’est vrai, heureusement, la voie italienne vers le socialisme, avec laquelle Togliatti construisit un parti "nouveau", de masse, assez différent du modèle soviétique.
Mais Togliatti lui-même n’arriva pas à aller au-delà de l’idée d’un camp socialiste, par rapport auquel une grande autonomie était de mise mais dont la croissance, même contradictoire, demeurait en tant que garantie objective de sa propre position stratégique : la preuve du fait que les communistes avec tous leur distinguo et toutes leurs spécificités nationales, étaient du bon côté de la barricade de l’histoire. Il y avait certes la Chine de Mao qui, pendant plusieurs années, expérimenta un équilibre différent entre industrialisation et agriculture - en allant jusqu’à l’audace de la révolution culturelle qui mettait en discussion la division sociale des rôles, le rapport entre travail manuel et travail intellectuel, la centralité absolue du "Quartier Général". Mais elle était physiquement et culturellement lointaine - et surtout elle n’apparut jamais comme une expérience "gagnante". Il y avait Cuba, avec sa révolution spéciale et autochtone - mais qui rentra bientôt dans l’orbite du système soviétique. Pour toutes ces raisons et pour beaucoup d’autres, la culture politique du stalinisme été forte, rayonnante et enracinée.
Les nombreux stalinismes
La vérité est que peut-être, tandis que le "stalinisme" est une abstraction difficile à motiver, en-dehors du contexte historique et politique où il murit, il y a eu (et il y a) en revanche plusieurs "stalinismes". Il y a le stalinisme de qui, comme de vastes masses de millions de communistes, a admiré inconditionnellement ce "merveilleux" georgien et n’a jamais cessé de l’admirer avant et de penser à lui nostalgiquement après. Un mélange d’amour pour le leader fort - l’homme, plus ou moins, de la providence - et pour le leader puissant capable de représenter à lui seul tout l’espoir de rachat de l’humanité subalterne et souffrante. Il s’agit là du stalinisme des "justificationnistes", ceux qui, en suivant à la lettre la dictée de Croce, jurent sur le fait que l’histoire ne se fait pas avec des "si", et donc que tout ce qui est réel est rationnel - étant donné que les goulags, les purges et la terreur sont une donnée inévitable de l’histoire et de la construction du socialisme.
Il y a aussi le stalinisme comme hérédité, "métabolisée" mais jamais vraiment mise en discussion, de l’agir politique : une hérédité qui attribue au pouvoir, à sa conquête et à son maintien un rôle si privilégié, qu’on finit par considérer "mineure", par rapport à l’horizon du communisme, la dimension de la transformation sociale, culturelle, interpersonnelle. Evidemment, tous ceux qui ont le culte du primat du pouvoir politique ne sont pas des stalinistes. Et d’ailleurs, tous ceux qui ont le culte de l’état ne soutiennent pas pour autant une conception brutale et autoritaire du rôle de l’état. Toutefois, c’est exactement là que se niche le dérapage qui - dans le régime stalinien - devient erreur systématique et horreur : dans l’absolutisation de la sphère du pouvoir, dans la séparation permanente entre fins et moyens pour les atteindre, entre le lieu unique de la "conscience" (le Parti) et donc de la vérité, et les nombreux lieux du désordre (la société), de la partialité, du non savoir. Oui, notre révolution est redevenue pleinement actuelle. Il sera bon cette fois, de la gagner pour de vrai, dans le politique et dans le social.
Sans partis uniques et sans dépositaires de la conscience extérieure (extérieure à qui ?).
Si possible, avec les masses.
Liberazione, 5 Mars 2003
Traduit de l’italien par Karl & Rosa de Bellaciao
Rifondazione Paris
http://bellaciao.org/fr/art_ge.php?id_article=11929
1. > Baroud d’honneur des opposants orthodoxes à Marie-George Buffet, 26 mars 2006, 19:57
STALINISME ou HITLERISME, sont des notions clairement relatives au culte d’une personnalité.
Non, ce sont des constructions de couches et de classes sociales qui fabriquent un régime.
Renvoyer ces processus à des questions de personnalité c’est être à côté de la plaque.
Pour le Stalinisme ça n’explique pas pourquoi nous eûmes dans TOUS les états de cette période ayant rompu avec le capitalisme des cultes de la personnalité en série.... Ceaucescu, Tito, Castro, Ho Chi Minh, Mao, Staline , Kim il Sung, Henvers Hodja , etc....
Les uns ne valaient pas les autres, ainsi Castro là dedans n’a strictement rien à voir dans l’attitude personnelle.
Je suis aussi souvent assez dubitatif quand on a un discours expliquant trop les évolutions d’une société par des décisions "techniques" (le type de développement industriel par exemple...).
L’ensemble des régimes dont on parle se sont tous distingués par une gestion du pouvoir sans contrôle réel des travailleurs alors que ces régimes se reclamaient du pouvoir de la classe ouvriere...
Et c’est bien le trait distinctif de ces régimes : Une couche sociale qui s’autonomise, très souvent issue de la bourgeoisie, et dirige une société au nom des travailleurs à qui elle dénie le droit de diriger démocratiquement leurs entreprises.
Phenomène accentué souvent par les conditions terrifiantes qui ont permis de battre le capitalisme : Une société dévastée, avec de terribles hémorragies dans ses forces vives, qui doit reconstruire un pays c’est à dire concretement bosser longtemps et sans repos, impliquant par là une impossibilité de gérer et de faire vivre au concret le socialisme dans les lieux de production.
Si les travailleurs n’ont pas le temps et sont trop fatigués dans la bataille de remettre debout une société il y a bien des gens qui vont le faire à sa place : Le parti.
Nous avons là le processus classique de la délégation de confiance à une bureaucratie... bureaucratie qui n’a plus de comptes à rendre à personne et qui ne justifie plus ses actes devant une population, et même devant ses militants caporalisés et militarisés.
Bureaucratie qui dérape lentement de plus en plus loin....
Mais la question de départ est bien de réussir à avoir une démocratie accomplie , faisant sauter les derniers lieux de despotisme que sont les fonctionements internes des entreprises, qui permette de contrôler réellement et limiter au maximum possible les dérives d’une couche sociale, la bureaucratie, au moins à un niveau plus bas que celui que le capitalisme tolere aux diverses nomenklaturas .
Ces questions nous travaillent tous, même dans les plus simples des revendications comme d’avoir des services publics maintenus (qui les gere ? qui les dirige ? etc) où on s’interroge sur les risques d’avoir des systèmes lourds et inefficaces.
Ces questions nous travaillent quand il s’agit de faire vivre des organisations de gauche, des syndicats, des associations , etc.... comment éviter les délégations de pouvoir exagérées qui risquent , par la lassitude des militants dans la dureté du combat quotidien, de laisser s’autonomiser une bureaucratie en notre sein.
Copas
2. > Baroud d’honneur des opposants orthodoxes à Marie-George Buffet, 27 mars 2006, 18:45
""Ceaucescu, Tito, Castro, Ho Chi Minh, Mao, Staline , Kim il Sung, Henvers Hodja , etc....
je ne pensais pas que tu mettrais HO CHI MINH , sur le meme plan que les autres , il s’est battu toute sa vie pour l’independance de son pays , et je ne vois vraiement pas en quoi il peut etre rattaché aux dirigeants cités .
La direction de la guerre de liberation nationale au vietnam a toujours été collective , et contrairement à Staline ou à Tito , l’oncle HO ne sait jamais mélé de la conduite des operations militaires menées par GIAP et ses successeurs .
Que les jeunes etudiants sur les campus aient attaché la guerre du vietnam à l’oncle HO , ne faisait pas de lui un tenant du culte de la personnalité .
claude de toulouse .
5. > Baroud d’honneur des opposants orthodoxes à Marie-George Buffet, 27 mars 2006, 11:56
De Claude d’Auvergne :
Alors moi, je voulais ajouter un com. Mais mon ordi ne le prend pas. J’essairais cette nuit.
A tous : Claude
1. Pas de baroud1, 29 mars 2006, 09:31
Réponse à l’article de Regroupement Communiste n°67
Concernant
L’URSS face à l’agression nazie
Article écrit par David Ramez, extraits :
"Alors que se passe-t-il après 1933 ?
1935 : l’Italie envahit l’Ethiopie, réactions très limitées de la France et de l’Angleterre. Elles veulent
conserver de bons rapports avec Mussolini. On voit là que leur but n’était pas la lutte entre la
démocratie et le fascisme, puisqu’on ménageait Mussolini.
Hitler rétablit le service militaire le 15 mars. Un petit pas dans le rapprochement franco-soviétique :
Laval, ministre des affaires étrangères, signe le 2 mai un pacte d’assistance mutuelle entre les deux
pays. La Tchécoslovaquie fait de même. Puis Laval fait un voyage à Moscou où il refuse de
compléter le pacte par une convention militaire qui lui aurait donné tout son sens. A son retour, à
Varsovie il rencontre longuement Goering. Ce pacte ne sera ratifié par la chambre des députés
française qu’en février 36. On voit ici toutes les tergiversations françaises.
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1936 : Hitler remilitarise le Rhénanie, aucune réaction.
Hitler et Mussolini soutiennent directement par l’envoi d’armes et de troupes Franco. C’est la
politique de non-intervention de la France et de l’Angleterre. La défense de la démocratie, même
bourgeoise, ne les motivaient toujours pas. L’U.R.S.S. a été le seul pays à apporter une aide
militaire à la République bourgeoise espagnole et l’Internationale a mis sur pied les Brigades
Internationales. Nos démocrates bourgeois de France, d’Angleterre et des États-Unis n’ont rien fait
de réel. L’auteur de l’article « l’U.R.S.S. face à l’agression nazie » reproche à l’Union soviétique
d’avoir « modéré son aide aux anti-fascistes espagnols », ce qui est certain c’est que nos donneurs
de leçons de démocratie, de droit constitutionnel etc... des bourgeoisies françaises, anglaises et
autres n’ont pas modéré leur aide puisqu’ils n’ont rien fait.
1937 : En novembre, lord Halifax se rend chez Hitler et le félicite d’avoir « en empêchant le
communisme dans son propre pays interdit son expansion à l’ouest ». Hitler au même moment
empêchait l’expansion de la démocratie en Espagne.
1938 : 13 mars, première révision des frontières, l’Anschluss.
Hitler annexe l’Autriche au Reich. Le 21 février précédent Halifax, ministre anglais des affaires
étrangères, avait déclaré que l’Angleterre n’accordait « aucune garantie » au gouvernement
autrichien. Un laissez-passer pour Hitler. Paris enverra une note de protestation à Berlin. Par contre
l’Union soviétique réagit et le 17 mars propose « d’envisager sans délai avec les autres puissances
des mesures pratiques destinées à enrayer le développement de l’agression. ».
Munich ! Hitler annexe les Sudètes, région de la Tchécoslovaquie en accord avec la France,
l’Angleterre et l’Italie puis en mars 39 le reste de la Bohême-Moravie ( régions de langue non
allemandes qui faisaient partie avant 1914 de l’Autriche-Hongrie ).
La Tchécoslovaquie était le seul pays de démocratie bourgeoise en Europe centrale, orientale et
balkanique. Le combat pour la défense de la démocratie est toujours absent dans la pratique des
bourgeoisies occidentales.
L’accord de Munich entre Allemagne, France, Angleterre et Italie, cela sent le pacte à quatre
proposé par Mussolini en juin 33. Ce n’est pas un accord de marchandage, Hitler ne donne rien en
échange des Sudètes, il gagne sur toute la ligne. La Pologne qui participe au dépeçage se rapproche
de l’Allemagne ainsi que la Hongrie, les petits pays se place sous la protection du plus fort.
La Tchécoslovaquie était le seul pays d’Europe centrale et orientale à avoir de bons rapports avec
l’U.R.S.S. qui lui avait proposée son aide pour la défendre et qui lui avait envoyé quelques dizaines
de bombardiers au printemps 38. La Tchécoslovaquie était aussi un pays industriellement
développé. L’annexion des Sudètes et la mise en tutelle de la Bohème qui en était la suite logique,
renforcera sérieusement le potentiel économique et militaire de l’Allemagne nazie.
L’U.R.S.S., bien sûr avait été totalement exclue de cette capitulation.
Les choses ne s’arrêtent pas là, fin 39, après la « Nuit de cristal » où les juifs sont arrêtés en
Allemagne, Ribbentrop ministre des affaires étrangères de Hitler, vient à Paris signer un traité
d’amitié et on envisage la fabrication d’un avion de guerre franco-allemand.
Entre les deux scénarios : la guerre inter-impérialiste ou l’entente inter-impérialiste à quatre ou cinq
avec le Japon, c’est le second qui prend réalité. Le plus paradoxale, c’est que c’est peut-être à
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Munich que l’échafaudage d’une alliance impérialiste sur le dos de l’U.R.S.S. s’est effondrée. En
effet Hitler a perçu la pusillanimité des gouvernements anglais et français et les a par la suite
méprisé. Mais les munichois de Londres et de Paris y rêveront encore et encore jusqu’à mai 40 et à
Vichy jusqu’en mai 41.
Le chef d’état-major de la Marine française, Darlan le rêveur de Vichy, écrivait dans une note du
22/01/39 : « nous devons avant tout conserver notre Empire. Le reste est secondaire. Aussi sous
réserve qu’elle ne soutienne pas l’Italie dans ses revendications devons nous laisser l’Allemagne
libre d’agir à l’est » ( Archives de la Marine ) ( les revendications de l’Italie était en particulier la
Tunisie française à l’époque ).
Nous voyons que pendant toutes ces années, malgré les propositions de l’U.R.S.S., les puissances
occidentales n’ont rien fait pour s’opposer à Hitler au contraire.
1939 : Annexion par l’Allemagne de Memel, ville à la limite de la Prusse orientale et de la Lituanie.
Les États baltes, la Pologne seront les prochains objectifs de Hitler, c’est l’est de Darlan.
Hitler émet des revendications vis à vis de la Pologne, en particulier le corridor de Danzig qui
séparait l’Allemagne de la Prusse orientale. L’Angleterre jusque là très conciliante avec Berlin,
change d’attitude. Tout au moins en parole, puisque le premier ministre anglais Chamberlain, le 29
mars s’engage solennellement en faveur de la Pologne dans le cas où elle serait attaquée par
l’Allemagne. Mais concrètement que pouvait faire l’Angleterre et la France pour venir en aide à la
Pologne ? Envoyer des armées anglaises et françaises en Pologne était impossible, la fenêtre
polonaise sur la mer Baltique était réduite à quelques kilomètres au niveau du corridor de Danzig
que l’Allemagne pouvait occuper immédiatement en cas de guerre, il aurait été impossible de
ravitailler un corps expéditionnaire. La Pologne n’avait pas de lignes défensives naturelles vis à vis
de l’Allemagne, son armée n’était pas moderne. Elle ne pouvait donc pas tenir longtemps en cas
d’agression, la France dont la politique militaire était la défensive avec la fameuse ligne Maginot ne
pouvait pas lui venir en aide en attaquant l’Allemagne à l’ouest. Cette volonté énoncée par Londres
de soutenir la Pologne ne pouvait prendre un sens, une réalité que si une alliance était conclue avec
l’U.R.S.S.. L’Angleterre au printemps 39 n’y était toujours pas disposée et de plus le gouvernement
réactionnaire polonais ne voulait pas entendre parler d’une intervention soviétique. En août 39 des
tractations auront lieu entre l’Allemagne et l’Angleterre, la France étant en dehors du coup, un
voyage de Goering à Londres fut envisagé.
Ce n’est que le 23 juillet 39, que français et anglais accepte d’entamer des discussions militaire avec
Moscou. Et encore la délégation franco-anglaise partit le 4 août n’arrivera à Moscou que le 11 ( il
n’y avait soit disant pas d’avion, de navire de guerre rapide pour la convoyer, elle prendra un
paquebot navigant à 13 noeuds ). de plus, arrivée à Moscou, la délégation n’avait aucun pouvoir de
décision, elle ne pouvait que discuter. Rien n’était fait vis à vis de la Pologne pour qu’elle accepte
l’intervention soviétique. La situation urgeait, les services secrets était informés que Hitler
attaquerait au début septembre, avant l’hiver.
En réalité, les bourgeoisies occidentales n’avaient pas fait le choix d’un politique réellement
d’opposition à Hitler, elles espéraient une guerre entre l’Allemagne et la Russie.
Staline constate que la politique de rapprochement avec les puissances occidentales a échouée, c’est
évident depuis Munich et dans l’été 39, il est urgeant et vital d’en tirer les conclusions. Cet échec ne
veut pas dire que cette politique était mauvaise, car nous avons vu que si elle n’avait pas été menée,
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l’U.R.S.S. aurait pu se retrouver devant une coalition de toutes les puissances impérialistes
européennes avec le Japon.
Que faire ?
Ne rien faire : laisser l’Allemagne mettre la main sur la Pologne en l’envahissant ou en l’enrôlant
dans sa sphère. Varsovie s’était rapprochée de l’Allemagne depuis 1934, elle avait participé au
partage de la Tchécoslovaquie, sans agression directe de l’Allemagne, par des pressions, des
marchandages de territoires, elle pouvait devenir un protectorat nazi ou un allié de Hitler comme la
Bohème ou la Hongrie. Après la Pologne, Hitler aurait mis la main sur les états baltes où existait
des forces politiques qui lui était favorables. alors les armées allemandes auraient été dans la
banlieue de Minsk et de Leningrad, la frontière entre l’Union soviétique et le bloc pro-nazi du golfe
de Finlande à la mer Noire aurait fait 2000 km. D’un point de vue militaire, pou l’U.R.S.S. cela
aurait été catastrophique.
Intervenir en Pologne en réplique à ’une agression nazie contre ce pays et venir au devant des
armées allemandes, c’était entrer en guerre contre l’Allemagne, en prenant l’initiative de cette guerre
pour l’opinion publique. Dans le cas où la Pologne devenait une sorte de protectorat ou d’allié de
l’Allemagne s’était encore pire. Dans un premier temps les puissances occidentales ne seraient pas
intervenues directement dans ce conflit. Les forces les plus réactionnaires dans l’Europe occidentale
auraient été dopées par la croisade anti-bolchévik du Reich. Si l’U.R.S.S. prenait le dessus, elles
seraient intervenues au côté de l’Allemagne pour défendre le monde capitaliste, si l’Allemagne
prenait le dessus, elles seraient intervenues contre l’Union soviétique pour participer au partage du
gâteau en complicité ou en rivalité avec l’Allemagne. L’U.R.S.S. se retrouvait dans un cas ou dans
l’autre contre toutes les puissances impérialistes.
Jouer sur les contradictions inter-impérialistes et se préparer le mieux possible à une guerre
inévitable contre les nazis. Jouant sur le fait que l’Allemagne cherche à éviter une guerre sur deux
fronts, voulant assurer ses positions militaires face à cet ennemi qu’il devra affronter un jour,
cherchant à gagner du temps pour renforcer son potentiel militaire, Staline signe le pacte de non-
agression avec l’Allemagne. ce qui mettra les puissances occidentales devant leurs responsabilités.
Ce pacte n’était pas une alliance avec l’Allemagne comme le disent beaucoup de livre d’histoire
étudiés aujourd’hui par les lycéens. Les deux pays se préparait en réalité, chacun de leur côté à la
guerre entre eux, guerre qui les opposera à partir du 22 juin 41. L’Allemagne se libérant du front de
l’est avait les mains libres à l’ouest et allait pouvoir tester les occidentaux avant de partir à la
conquête de son espace vital aux dépens de l’U.R.S.S. L’Union soviétique en récupérant les
territoires de la Pologne de 1939 qui étaient essentiellement ukrainiens et biélorusses, en écartant
les pays baltes de la zone d’influence allemande renforçait ses positions militaires.
Ce pacte ne coupait pas les possibilités d’entente avec les puissances occidentales. Lorsque fin août
39, Molotov informa l’ambassadeur de France à Moscou du pacte germano-soviétique il lui dira
« Ayant constaté que, malgré les efforts des trois gouvernements, le refus obstiné de la Pologne
rendait impossible un pacte d’assistance triparti, le gouvernement soviétique a dû résoudre le
problème ... par la signature du pacte de non-agression avec l’Allemagne.... Le pacte franco-
soviétique subsiste toujours. ».
Dans le pacte une clause précisait que « dans l’éventualité d’une guerre polono-allemande, les
allemands ne s’empareraient pas des territoires ukrainiens, biélorusses et lithuaniens appartenant
à l’état polonais et que ces territoires seraient occupés par l’armée soviétique en cas de défaite de
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la Pologne ». C’est trois semaines après l’agression allemande contre la Pologne, celle-ci quasiment
vaincue que les troupes soviétiques interviendront.
Churchill et De Gaulle ont très bien compris, eux qui était décidés à combattre Hitler, le sens de ce
pacte. Le 1er octobre 39, Churchill déclare « Nous aurions pu souhaiter que les russes occupent
leurs positions actuelles en amies et alliés de la Pologne... Mais le fait, pour les armées russes, de
se tenir sur cette ligne est clairement nécessité par la sécurité de la Russie face à la menace
nazie. ». Et De Gaulle dira dans son style « La Russie préféra partager avec l’Allemagne sa proie
plutôt que d’être la sienne. ».
Il est évident que ce pacte mettait en situation délicate l’Internationale, mais c’était un mauvais
moment à passer, l’essentiel pour le mouvement révolutionnaire internationale était d’assurer la
défense, le maintient de son bastion l’U.R.S.S. ; A long terme, le camp de la révolution serait
gagnant, il n’y a qu’à voir le prestige et la force qu’à eu le P.C.F. en 1945.
Les députés P.C.F. à Paris voteront au début septembre 39 la rallonge de crédits militaires, comme
ils le faisaient depuis 1934. Le Parti n’appelle pas à la désertion. Le gouvernement français décrète
sa dissolution et les députés communistes sont arrêtés, rien dans l’attitude du P.C.F. depuis 34 ni au
début de septembre 39 ne le justifiait. Rappelons que le P.C.F. fut le seul parti à voter contre les
accords de Munich. Cette dissolution n’a de sens que si on prend en compte que la bourgeoisie
française avait un autre fer au feu que celui de la guerre au nazis, l’autre c’était une guerre à l’Union
soviétique. Pendant toute la drôle de guerre, au lieu de faire la guerre à l’Allemagne, c’est à la classe
ouvrière française que la bourgeoisie la fera, en arrêtant les élus et militants communistes, en
destituant les conseils municipaux communistes, en écartant les communistes des syndicats.
Après la signature de ce pacte germano-soviétique, si l’Allemagne attaquait la Pologne ce qui était
quasi certain ( quasi, car restait l’hypothèse d’une Pologne protectorat ou alliées des nazis ) les deux
puissances occidentales avaient trois possibilités.
1°/ Ne rien faire, c’était le scénario de Munich et ensuite l’Allemagne n’étant pas repue par ce
nouveau butin, s’entendre avec plus ou moins de conflits avec elle pour se partager le gâteau
soviétique. Ce scénario ne se réalisera pas car la France et L’Angleterre déclarèrent la guerre
à l’Allemagne. Mais sans la faire donc quelque part ce scénario n’était pas abandonné dans
l’hiver 39-40. On verra des tentatives de médiations de Mussolini et des Américains pour
rétablir la paix. Ce scénario ne se réalisera pas essentiellement parce que Hitler n’était pas
homme à discuter, à marchander et qu’il avait depuis la capitulation occidentale de Munich un
mépris pour les gouvernements français et anglais. De plus son objectif étant toujours l’espace
vital à l’est, il ne souhaitait pas avoir quelqu’un dans son dos pendant cette conquête ni
partager quoi que ce soit avec les autres puissances impérialistes.
2°/ Ne rien faire de concret, émettre des protestations, et l’obstacle polonais à un accord avec
Moscou n’étant plus, reprendre le chemin de l’entente avec l’Union soviétique ( possibilité que
Molotov avait laissée ouverte dans ses déclarations aux ambassadeurs français et anglais au
lendemain de la signature du pacte ) pour endiguer l’agressivité nazie.
3°/ Entrer en guerre avec l’Allemagne et la faire réellement pour soutenir la Pologne :
attaquer l’Allemagne à l’ouest, bombarder la Ruhr, faire pression sur la Belgique pour qu’elle
revienne sur sa déclaration de neutralité.
2. > Pas de baroud2, 29 mars 2006, 09:32
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La France et l’Angleterre déclarèrent la guerre à l’Allemagne après l’agression de celle-ci contre la
Pologne, mais ne firent pas la guerre, elles gardaient au feu la première et la troisième possibilité.
Cette déclaration fut faite plus par dépit que par conviction. A la Chambres des députés française,
on ne vota même pas la déclaration de guerre, il y aurait eu des non ou beaucoup d’abstentions, cela
aurait fait désordre, on se limita à voter un supplément de budget pour l’armée.
Pour assurer la défense et l’accès du port de Leningrad ; l’U.R.S.S. proposa un échange de territoire
avec la Finlande, celle-ci n’y était pas perdante. Elle refusa, espérant compter sur un soutien
allemand, ce qui entraîna une guerre entre les deux pays en décembre 39. Alors les stratèges
militaires français qui depuis quatre mois n’avaient pu imaginer aucun plan vis à vis de l’Allemagne
avec qui ils étaient en guerre, se réveillent. Ils mirent au point un plan pour venir en aide à la
Finlande, débarquement à Narvik en Norvège, traversée de la Suède et intervention en Finlande
contre les Soviétiques ; débarquement de troupes à Petsamo, port finlandais sur l’océan arctique et
bombardements des puits de pétrole soviétique à Bakou ( la France avait en Syrie, une armée
dirigée par Weygand, un des tout premier chef militaire, qui était bien au dessus du nécessaire pour
le maintien de l’ordre colonial ).
Dans les comptes rendus des réunions militaires franco-anglaises de décembre 39 à mars 40, on
voit que Daladier et les chefs militaires français réclament l’exécution d’urgence de ses plans. Les
anglais y mettent le haut-là. Lorsque le 19 mars 40, le gouvernement Daladier sera renversé, c’est à
la suite de séances au Sénat et à la Chambre des députés où on lui reproche d’avoir déclaré la guerre
à l’Allemagne en écartant les dernières chances de paix et de ne pas être intervenu en Finlande
contre l’U.R.S.S. Le 5 avril 40, dans un article du journal anglais The Spectator Léon Blum écrivait
« s’il est possible d’éviter de faire la guerre aux soviétiques, tant mieux, sinon faisons-la. ». Le 22
et 23 avril 40, après l’attaque allemande contre le Danemark et la Norvège, première attaque de
Hitler à l’ouest, au Conseil de guerre à Londres, Reynaud nouveau premier ministre français,
réclame que soit mis sur pied le plus vite possible un plan de bombardement du Caucase !
De Gaulle dira dans ses mémoires « Il faut dire que certains milieux voulaient voir l’ennemi plutôt
dans Staline que dans Hitler. Ils se souciaient des moyens de frapper la Russie, soit en aidant la
Finlande, soit en bombardant Bakou, soit en débarquant à Stamboul, beaucoup plus que de la
façon de venir à bout du Reich. ».
Posons nous une question, si au printemps 40, au lieu d’attaquer à l’ouest : Danemark, Norvège,
Pays-Bas, Belgique et France, Hitler avait eu le culot d’attaquer l’U.R.S.S. ? Est-ce que les
puissances occidentales auraient attaqué l’Allemagne à l’ouest pour venir en aide à l’Union
soviétique ? Certainement pas. Elles auraient signé une paix avec Hitler et probablement attaqué
l’U.R.S.S..
Cette guerre inter-impérialiste à l’ouest fut beaucoup plus brève que prévu, l’armée française qui
était considérée comme une des meilleures du monde, fut anéantie en trois semaines. En
Angleterre, bien que certains comme Halifax envisageait la recherche d’une paix avec l’Allemagne,
Churchill ne pouvant accepter que les nazis contrôlent l’Europe et ses côtes ouest du pole Nord à
Gibraltar, décida de poursuivre la guerre.
Il était raisonnable de penser que la guerre entre l’Allemagne et l’Angleterre allait se poursuivre
encore longtemps. Dans la Pravda du 20 juin 40, le général Ivanov écrit « l’Angleterre reste face à
face avec l’Allemagne et l’Italie... les deux camps possèdent de puissantes ressources économiques,
ils peuvent donc poursuivre longtemps une guerre... Il faut attribuer une grande importance au fait
que l’aviation britannique prenne maintenant pour cible les installations militaires allemandes. ».
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Le fameux discours de Churchill et l’Appel du Général De Gaulle furent publiés dans la presse
soviétique. Le 1er août Molotov déclara devant le Soviet suprême : « Nous allons sans doute
affronter une nouvelle phase du conflit - une lutte entre l’Allemagne et l’Italie d’une part, et
l’Angleterre appuyée par les États-Unis de l’autre ».
Staline savait que la guerre avec l’Allemagne était au bout du chemin, il lui fallait s’y préparer pour
la faire dans les meilleures conditions. Ne rien faire qui puisse provoquer l’entrée en guerre de
l’Allemagne contre l’U.R.S.S., il ne voulait pas la guerre, le socialisme réel était synonyme de paix,
les Bolcheviks étaient les seuls à avoir refusé la guerre de 14. Ne rien faire qui puisse aider
l’Allemagne, ennemie numéro un, dans sa guerre contre l’Angleterre, les échanges économiques
entre Moscou et Berlin permettront à l’U.R.S.S. d’obtenir des machines et des armes, en échange de
matières premières qui n’avait rien de décisif pour l’Allemagne. Renforcer ses positions face à
l’Allemagne, voyant la France vaincue, il annexera les Pays Baltes, la Bessarabie et la Bukovine du
nord et élargira ainsi son espace à l’ouest d’où venait le danger ; Renforcer son potentiel militaire,
développer les industries soviétiques à l’est de l’Oural.
La Diplomatie soviétique fut très ferme face aux manoeuvres allemandes en Europe de l’est et dans
les Balkans. Le 26 septembre 40, Molotov demanda à l’ambassadeur allemand à Moscou de
s’expliquer sur les mouvements de troupes allemandes en Finlande et en Roumanie, ainsi que sur le
pacte tripartite Allemagne-Italie-Japon.
Lors de sa visite à Berlin, les 12 et 13 novembre 40, Ribbentrop et Hitler lui proposent de participer
à la guerre contre l’Angleterre pour un partage le l’Empire britannique. Molotov fut très ferme et
répondit en demandant des explications sur les manoeuvres allemandes en Finlande, Roumanie et
Bulgarie. L’interprète Schmidt relata « qu’aucun visiteur étranger ne lui ( Hitler ) avait jamais
parlé sur ce ton. ». Schmidt était interprète à Munich. Tout ceci montre que les soviétiques
voyaient en l’Allemagne, l’ennemie principale et percevaient très bien la menace qui pesait sur
l’U.R.S.S..
Dans les sphères dirigeantes allemandes, il existait deux options. L’une défendue par Ribbentrop :
en finir avec l’Angleterre avant d’attaquer l’U.R.S.S., Hitler déclarait le 23 novembre 39 devant des
officiers supérieurs allemands « Nous ne pouvons nous opposer à la Russie que si nous avons les
mains libres à l’ouest. ». L’autre option qui avait été celle de Goering en août 39 était la recherche
d’une paix avec l’Angleterre ( comme la paix d’Amiens entre Londres et Napoléon ) et d’attaquer
alors l’U.R.S.S.. Hitler fit encore une proposition de paix à l’Angleterre le 19 juillet 40, ceci sans
conviction.
Finalement à l’automne 40, en mettant en étude le plan Barbarossa d’attaque de l’Union soviétique,
il ne choisit ni l’une ni l’autre des deux options. Il s’aventure dans une guerre sur deux fronts.
A l’automne 40, l’Union soviétique et le Japon signèrent un pacte de non-agression. Le Japon, après
la défaite de la France et des Pays-Bas, vu la situation difficile de l’Angleterre, trouvait là l’occasion
de mettre la main sur les Empires asiatiques de ces pays et abandonnait ses objectifs en Sibérie
orientale.
Staline avait réussi à éviter une guerre sur deux fronts à l’ouest contre l’Allemagne, à l’est contre le
Japon. Finalement la politique de Staline depuis 1934, en jouant sur les contradictions inter-
impérialistes a évité que l’U.R.S.S. affronte le bloc des puissances impérialistes.
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Le 22 juin 41, Hitler attaque l’U.R.S.S.. Staline est surpris. Non pas que Hitler l’attaque, il s’y
préparait depuis 1934, mais que Hitler s’engage dans une guerre sur deux fronts. Pendant la
Première Guerre Mondiale, la guerre sur deux fronts avait été le gros problème de l’Allemagne de
Guillaume II, toute la politique d’Hitler jusque là avait été d’éviter la guerre sur deux fronts en
particulier en signant le pacte germano-soviétique. Ce n’est pas Staline qui se trompe, c’est Hitler
qui commet une erreur qui lui sera fatale.
En juin 41, la situation de l’Angleterre n’est pas brillante. Certes elle a gagné la Bataille
d’Angleterre à l’automne 40, bataille aérienne, mais de justesse et avec beaucoup de perte. depuis le
printemps 41, Hitler ayant développé ses sous-marins, l’Angleterre subit de grosses pertes
maritimes. De plus sa situation en Libye est difficile, l’Egypte possession anglaise est menacée et
de la le Canal de Suez avec ses liaisons avec l’Inde et Singapour possessions anglaises en Asie.
Avant d’attaquer l’U.R.S.S. Hitler pouvait, sans débarquer en Angleterre, porter de très rudes coups
à l’Empire britannique et renforcer ses positions pour attaquer l’Union soviétique.
L’auteur de l’article de Regroupement Communistes, nous dit que Hitler avait « le projet de prendre
à revers les troupes britanniques au Moyen-Orient et d’atteindre le Golfe Persique » en attaquant le
sud de la Russie et le Caucase dans l’été 42. Ceci est ridicule, une manoeuvre de revers, vise les
forces principales de l’ennemi. Les troupes britanniques au Moyen-Orient n’étaient pas des forces
importantes.
La manoeuvre de revers, il aurait pu la faire en 41, mais dans l’autre sens. En prenant l’île de Malte,
ce qui était à sa portée, en envoyant des forces importantes à Rommel en Libye, à partir de la Crête
qu’il avait occupée par surprise avec des forces parachutées, il pouvant prendre l’Egypte, Suez et le
Moyen-Orient ( Darlan en mai 41, à partir des positions de Vichy en Syrie était prêt à l’aider ), faire
entrer la Turquie en guerre à ses côtés ou mettre ce pays dans sa zone d’influence, et à partir de là,
menacer l’U.R.S.S. au Caucase et les puits de pétrole de Bakou. Ceci lui aurait ouvert la possibilité
d’une manoeuvre de revers contre l’armée rouge quand il aurait attaqué l’U.R.S.S. C’était d’ailleurs
l’idée de certains chefs militaires allemands. Cette manoeuvre aurait affaiblit l’Angleterre, ses
liaisons avec son Empire asiatique auraient du passer par le sud de l’Afrique, l’allongement des
lignes maritimes aurait réduit le tonnage disponible.
Voyons maintenant, si du 22 juin 41 jusqu’en décembre 41, la progression allemande correspond à
une débâcle de l’armée soviétique ?
Mais d’abord une petite comparaison historique, Napoléon attaqua la Russie un 24 juin, Hitler le 22
juin, Napoléon à pied atteindra Moscou le 14 septembre, Hitler avec des divisions motorisées n’y
arrivera jamais.
Avant le 22 juin :
Les dirigeants soviétiques auraient-ils du pour faire face à l’agression allemande adopter une
stratégie militaire de défense de la frontière ? En 1941 la frontière occidentale de l’U.R.S.S. qui
avait été remaniée par rapport à la frontière de 39 par l’annexion des Pays baltes, d’une partie de la
Pologne de 39 et de la Bessarabie ( ce qui l’avait raccourcie ) s’étendait sur presque 2000 km. dans
des régions de plaine. La géographie commande en partie la tactique militaire. Aucune montagne,
aucun fleuve pouvait être un obstacle naturel à l’agression. Fallait-il construire une ligne Maginot
de 2000 km. ? Cela aurait été une dépense inutile. Les campagnes militaires de 39 et 40 en Pologne
et en France montraient qu’avec les chars et les avions, le guerre serait une guerre de mouvement,
une guerre de manoeuvre. L’Allemagne contrôlant toute l’Europe orientale et les Balkans, ayant
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comme alliés la Roumanie et la Hongrie, pouvait attaquer de la Baltique à la Mer Noire. Livrer
bataille sur la frontière, c’était disposer toutes les armées soviétiques sur 2000 km.. Où serait
l’attaque principale de l’ennemi sur Moscou, sur l’Ukraine ? Attaquerait-il du sud au nord sans
privilégier un axe de pénétration ? Celui qui attaque a toujours l’avantage de la surprise de son plan.
Disposer l’armée Rouge sur la frontière, c’était s’interdire toute manoeuvre pour contrer par la suite
l’ennemi sur son axe de pénétration principal. Hitler avait prévu quatre semaine de bataille sur les
frontières pour anéantir le gros des forces soviétiques. Son plan échouera. Toute l’histoire militaire
de la Russie contre le Roi Charles XII de Suède ou contre Napoléon a consisté à utiliser la
profondeur du territoire russe pour manoeuvrer l’ennemi. Se battre sur les frontières aurait été une
stupidité comparable à celle des chefs militaires français en 40.
Les chefs militaires soviétiques avaient opté pour un dispositif à trois niveaux, 57 divisions à
proximité des frontières en couverture, 52 en deuxième échelon et 62 en réserve. Sur les indications
de Staline qui prévoyait l’axe principal de l’attaque allemande sur l’Ukraine et non sur Moscou, le
front sud-ouest fut le mieux nanti.
Envisageant une guerre de mouvement, ne sachant pas où serait l’attaque principale allemande, c’est
avec sagesse que des forces avaient été gardée en réserve. Si les chefs militaires français avaient
disposé de réserves en mai 40 après la percée allemande dans les Ardennes, le cours de la guerre en
France aurait pu être différent. Mais Gamelin et Weygand n’en disposaient pas et l’armée française
fut disloquée en trois semaines. De plus Gamelin avait fait l’erreur, devant l’attaque allemande,
d’aventurer ses meilleures troupes en Belgique au devant des forces ennemies, se privant ainsi de
toute possibilité de manoeuvre.
Avant l’attaque allemande contre l’U.R.S.S. , prenant conscience de la réalité de la menace, des
dispositions avaient été prises par les dirigeants soviétiques.
Le 17 mai 41, une directive signée de Timochenko, Djanov et Joukov demandait de vérifier les
capacités de combat. Dans la nuit du 20 au 21 juin, ayant été informé de préparatifs allemands au
delà des frontières, une réunion du Bureau Politique du P.C.U.S. se tint sur-le-champ avec
Timochenko ministre de la défense et Joukov chef d’état-major, un ordre de mise en état d’alerte fut
envoyé, Staline précisa d’éviter toute provocation.
L’occupation des Balkans par les nazis au printemps 41 menaçait l’Union soviétique, les allemands
se donnaient la possibilité de l’attaquer depuis la Roumanie sans danger sur leurs arrières. Mais
cette percée dans les Balkans s’était poursuivie par l’occupation de l’île de Crête et le 8 avril Hitler
accordait une aide militaire à Rachid Ali le premier ministre irakien qui s’opposait aux anglais, cette
percée pouvait donc aussi se poursuivre en Méditerranée orientale et au Moyen-Orient. Les bruits
de bottes à la frontière soviétique pouvaient être interprétés comme une pression de Hitler sur
Staline pour obtenir carte blanche au Moyen-Orient. Staline voulait gagner du temps pour renforcer
son potentiel militaire, deux mois et l’approche de l’hiver reporterait la possibilité d’une attaque
allemande au printemps de l’année suivante. Aussi voulut-il éviter toute provocation. "